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Assemblea di a Ghjuventù : Nanette Maupertuis lance un appel à la mobilisation de la jeunesse corse


Nicole Mari le Jeudi 9 Mai 2024 à 15:43

La mandature de l’Assemblea di a Ghjuventù s’achevant, la campagne de candidature pour la désignation des 62 nouveaux membres est ouverte jusqu'au 31 mai 2024. La présidente de cette Assemblea et présidente de l’Assemblée de Corse, Nanette Maupertuis, lance un appel aux jeunes âgés de 16 à 29 ans pour les inciter à rejoindre cet organe consultatif mis en place en 2016. Elle dresse pour Corse Net Infos un bilan positif des travaux effectués pendant la mandature et invite les jeunes à s’engager activement dans le débat démocratique à travers cet outil qui leur permet de s'exprimer et de participer activement aux affaires politiques.



Nanette Maupertuis, présidente de l’Assemblée de Corse et de l’Assemblea di a Ghjuventù, représentante de la Corse au Comité européen des régions et professeur d’économie à l’université de Corse.
Nanette Maupertuis, présidente de l’Assemblée de Corse et de l’Assemblea di a Ghjuventù, représentante de la Corse au Comité européen des régions et professeur d’économie à l’université de Corse.
- Pourquoi cet appel à candidature ?
- La mandature actuelle de l’Assemblea di a Ghjuventù touche à sa fin le 1er juin prochain. C’était la troisième mandature de cette assemblée qui comporte, à l’instar de l’Assemblée de Corse, 62 membres plus la présidente que je suis. L’assemblée sortante a fait un travail remarquable. Et là, il convient de désigner les nouveaux membres au sein de plusieurs collèges. La moitié, soit 31 membres, sera désignée par des syndicats étudiants, par des conseils de la vie lycéenne, mais également par des syndicats professionnels pour les jeunes actifs qui sont déjà sur le marché du travail. L’autre moitié, également 31 personnes, sont des candidatures individuelles. Donc cet appel, que je lance aujourd’hui, vise à une mobilisation de la jeunesse corse, il s’adresse à tous les jeunes âgés de 16 à 29 ans qui s’intéresse à la chose publique et finalement… à l’avenir de la Corse et donc aux leurs.
 
- Concrètement comment les jeunes peuvent-ils candidater à titre individuel ?
- Je les invite à se rendre sur le site de l’Assemblée de Corse pour déposer un premier dossier de candidature ou renouveler leur candidature avant le 31 mai prochain. Ces dossiers seront examinés par un jury émanant de l’Assemblée de Corse tous groupes confondus.
 
- Quel est, selon vous, le bon profil pour être candidat ?
- Le bon profil est celui de tout jeune qui a envie de s’engager dans l’apprentissage de l’exercice démocratique, qui a envie de débattre des sujets qui concernent la Corse et les Corses, qui a envie aussi de s’exprimer sur des problématiques essentielles pour notre île que ce soit dans les domaines économique, social ou environnemental, mais aussi sur la question institutionnelle. C’est véritablement un profil d’une jeune personne, fille ou garçon, qui, quelle que soit sa trajectoire personnelle, familiale, associative, politique souhaite s’engager dans la vie publique et est suffisamment motivée pour s’essayer à la pratique parlementaire. La motivation doit être importante car au-delà des quatre sessions annuelles, il faut s’impliquer dans les commissions de travail, rédiger des questions orales ou proposer des motions et des résolutions. Aucun des sortants n’a regretté cette expérience.
 
- Vous avez dit lors de la dernière session que les débats avaient été vifs, intéressants, parfois plus que ceux de l’Assemblée de Corse ?
- Oui ! Tout à fait ! Je rappelle que l’Assemblea di a Ghjuventù est un des organes consultatifs de la Collectivité de Corse au même titre par exemple que le Conseil économique, social, environnemental et culturel (CESEC). C’est une création ex-nihilo de l’Assemblée de Corse en 2016 à l’initiative du président de l’époque, Jean-Guy Talamoni. Elle a eu un peu de mal à démarrer et à prendre ses marques. Et surtout la troisième mandature a été percutée par deux évènements importants : d’une part, les retards liés à la crise du Covid et, d’autre part, l’assassinat d’Yvan Colonna et la forte mobilisation de la jeunesse lors des évènements du printemps 2022 qui en ont résulté. Donc, des moments difficiles qui ont certes ralenti la dynamique initiale mais qui ont permis à la jeunesse confrontée à ces chocs de se mobiliser aussi au sein de l’hémicycle par le débat démocratique dans une logique vraiment transpartisane et dans le respect du pluralisme des idées. Et ça, c’est très positif !
 
- Cette Assemblea n’est donc pas, à l’instar d’autres assemblées de jeunes, un gadget politique ou un prétexte opportuniste, mais un outil qui fonctionne ?
- Ce n’est pas une institution gadget ! Elle est consultée par le Conseil exécutif et par la présidence de l’Assemblée de Corse. Elle est saisie comme le CESEC pour émettre des avis sur de nombreux rapports présentés par l’Exécutif, mais elle peut aussi s’auto-saisir. Elle fonctionne comme l’Assemblée de Corse avec des commissions qui examinent les rapports et rédigent des avis étayés sur de nombreux sujets. Par exemple, les jeunes ont travaillé sur les violences faites aux femmes, la mobilité, la délégation de service public dans le transport aérien… C’est particulièrement important car ces avis nous permettent de prendre le pouls de l’opinion de la jeunesse corse, en tout cas de ses représentants. Ces jeunes ont un regard souvent différent, et cela est très salutaire en démocratie. Ils ont aussi des idées innovantes, des avis parfois contradictoires, mais aussi complémentaires. Ils mettent en avant des points que nous pourrions ne pas avoir identifiés. On peut s’enorgueillir de disposer d’un tel organe consultatif qui n’est pas qu’un parlement des jeunes ne débattant que de questions relatives à la jeunesse. Il a des parlements de jeunes en Europe, l’Assemblea di a Ghjuventù est allée à leur rencontre à plusieurs reprises. Notamment, il y a deux ans à Strasbourg lors de la conférence sur l’avenir de l’Europe. Là, on s’est aperçu que les jeunes Corses étaient particulièrement politisés, et qu’au-delà des questions qui concernaient strictement la jeunesse - la violence des jeunes, la drogue, les addictions, etc. - ils étaient en capacité d’émettre des avis sur les rapports de l’Exécutif, quels qu’ils soient. C’est une originalité dans le paysage européen et, je le pense sincèrement, un avantage pour nous, élus. C’est aussi pour eux une opportunité réelle sur le plan collectif, comme sur le plan individuel, de bénéficier d’une expérience unique d’engagement au service de la conduite de la politique publique et des affaires politiques en Corse.
 
- Ces avis sont-ils vraiment pris en compte par l’Exécutif ?
- Ces avis sont lus à l’Assemblée de Corse au moment des débats. Par ma bi-présidence de l’Assemblée de Corse et de l’assemblea di a Ghjuventù, j’assure le lien entre les deux institutions. Je transmets les avis des commissions et de la plénière de l’Assemblea di a Ghjuventù en séance plénière de l’Assemblée de Corse. Des avis que l’Exécutif a pris en compte à de multiples reprises. Je le redis, c’est un atout pour nos institutions.
 
- Y a-t-il une grande différence d’appréciation entre le ressenti des jeunes et le ressenti des élus de l’Assemblée de Corse ?
- Pas forcément. Ceci étant, l’Assemblea di a Ghjuventù est bien plus pluraliste dans sa composition politique que l’Assemblée de Corse. Elle se compose de six groupes. Par exemple, la gauche et les écologistes y sont représentés, ce qui n’est pas le cas à l’Assemblée de Corse. Il y a aussi, comme à l’Assemblée de Corse, un groupe de droite, des groupes autonomiste et indépendantiste. Mais les différences entre ces jeunes sont finalement moins fortes que ce que l’on observe à l’Assemblée de Corse. Leurs préoccupations sont souvent communes et le débat leur permet de converger très rapidement vers des points d’équilibre. D’ailleurs, on ne connait pas la couleur politique des candidatures individuelles. Et cela peut donner lieu à des recompositions dans les groupes au cours des mois qui sont toujours de bon aloi. Les avis sont fonction évidemment de la couleur politique, mais aussi du parcours personnel, familial, culturel, éducatif… Par contre, les jeunes cherchent à aller plus directement au but. Il est connu que la jeunesse veut toujours aller plus vite dans la forme et directement au but dans le fond. Elle est plus beaucoup plus cash et plus directe. Cela ne fait pas de mal ! Les jeunes nous challengent et je trouve que c’est très vivifiant pour la démocratie et l’Assemblée de Corse en particulier.
 
- Quand sera installée la prochaine Assemblea di a Ghjuventù ?
- Le jury va se réunir tout au long du mois de juin pour sélectionner les candidatures individuelles. On attendra aussi la désignation des membres des autres collèges par les syndicats et les conseils de la vie lycéenne. Les jeunes sont désignés pour deux ans renouvelables une fois. La prochaine assemblée pour la quatrième mandature sera donc installée fin septembre – début octobre.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.