Josépha Giacometti, conseillère exécutive, en charge de l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche.
- Quelle est la spécificité de ce contrat de plan d’orientation et de formation professionnelle ?
- Nous l’avons voulu dans une approche globale qui n’avait pas suffisamment présidé à l’élaboration de ce type de plan auparavant. Nous avons, d’abord, effectué une réorganisation du travail des services - l’enseignement secondaire, l’enseignement supérieur et la formation professionnelle – pour qu’ils agissent de concert à l’émergence d’un projet éducatif qui part de la formation initiale pour arriver jusqu’à la formation professionnelle et l’enseignement supérieur. Nous avons mené une large concertation dans le cadre du CREFOP (Comité régional de l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelles) qui est l’instance de concertation territoriale quadripartite où sont présents les partenaires sociaux, des représentants des branches professionnelles, l’Etat et la Collectivité territoriale (CTC). Nous avons consulté, également, les CFA (Centre de formation des apprentis), les lycées et les collèges.
- Concrètement, que proposez-vous ?
- Nous avons défini des outils et 21 fiches action, en mettant un accent particulier sur la question du décrochage scolaire qui, malheureusement dans notre île, est précoce. Nous devons discuter avec le rectorat pour la mise en œuvre de dispositifs innovants. Nous allons agir sur la question de l’orientation pour pouvoir orienter les gens tout au long de la vie, des plus jeunes jusqu’aux adultes qui sont confrontés à des réorientations professionnelles. Nous devons mieux accompagner ces dispositifs d’orientation, notre petit nombre devient, de ce fait, un atout.
- Mieux orienter, signifie-t-il coller aux besoins du marché local du travail ?
- Pour nous, la formation initiale a vocation à former des citoyens libres et à permettre aux jeunes d’accéder à leurs aspirations. Nous devons le garantir, c’est un service public fondamental. La formation professionnelle doit trouver le juste équilibre entre le besoin des entreprises, le besoin des publics, c’est-à-dire des hommes et des femmes que l’on forme, et les besoins de notre territoire. Ces derniers découlent des orientations stratégiques sur les grands secteurs que la CTC a validés, notamment dans le Schéma de développement économique (SRDE2I) : la transition énergétique qui va du secteur du bâtiment aux énergies renouvelables, le numérique, les métiers autour de l’environnement, du patrimoine… La Corse aura besoin d’une montée en compétence que nous devons être, aujourd’hui, en capacité d’accompagner pour répondre à ces besoins.
- Comment comptez-vous l’accompagner ?
- D’abord, en étant plus proactif et plus performant sur l’élaboration des cartes de formation. C’est important puisque la CTC a compétence pour les élaborer et les valider. Concernant la formation des chômeurs, notamment de longue durée, nous devons faire valoir notre droit à l’expérimentation. La semaine dernière, nous avons eu, sous l’égide du président de l’Assemblée de Corse, un débat sur le dispositif « Chômeurs de longue durée, territoire zéro chômeur ».
- Ce dispositif est-il intéressant et applicable en Corse ?
- Oui ! Il peut l’être d’autant que, là aussi, nous bénéficions de la loi du petit nombre et que nous pouvons agir de manière chirurgicale avec des dispositifs très innovants en devenant un lieu d’expériences. Jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons pas été assez ambitieux sur ces questions-là. Une des 21 fiches actions est, d’ailleurs, consacrée à l’expérimentation. Il faut que nous nous engagions dans ces dispositifs avec l’ensemble des partenaires.
- En matière de formation, l’abondance d’acteurs n’est-elle pas contreproductive ?
- Nous n’avons, effectivement, pas assez d’outils pour coordonner cette multiplicité d’acteurs. C’est pourquoi une autre ligne force du plan est, par exemple, de croiser les données statistiques, qui sont souvent biaisées et imparfaites, entre Pôle Emploi, la DIRECCTE, l’URSSAF et nos propres données. Nous devons, notamment à travers l’outil Corsica Statistica, être capable d’avoir une analyse plus fine des besoins des territoires, des entreprises et des publics pour faire coller l’offre de formation à ces besoins.
- Comment coordonner des acteurs qui dépendent de l’Etat avec des acteurs qui dépendent de la CTC ?
- Des espaces de concertation existent déjà, mais cette coordination fait l’objet du rapport qui accompagne le contrat de plan. Aujourd’hui, la CTC est au milieu du gué et est entravée dans l’exercice de ses compétences qui sont exorbitantes par rapport au droit commun en matière d’éducation et de formation. Or, lorsqu’on veut les mettre en œuvre, on se heurte parfois à l’impossibilité de piloter réellement les dispositifs. Le rapport a montré les différentes entraves que nous pouvons rencontrer.
- Lesquelles, par exemple ?
- Par exemple, le CREFOP, l’instance de concertation où doit s’élaborer le contrat de plan, est coprésidée par le président du Conseil exécutif et le préfet. Cela entretient une confusion entre l’élaboration, le vote et l’exercice des compétences. L’espace de concertation doit, de par les compétences qui nous sont dévolues, être présidé par le président du Conseil exécutif et réunir l’ensemble des partenaires pour que la CTC soit un véritable chef de file en matière d’orientation et de formation. C’est ce que nous avons proposé et qui a été adopté par l’Assemblée de Corse. Autre écueil du CREFOP : si l’instance de concertation est indispensable, si, comme nous l’avons dit et réaffirmé, elle doit réunir l’ensemble des partenaires sociaux, il manque le STC (Sindicatu di i travagliadori corsi).
- Pourquoi est-il absent ?
- Les textes exigent une représentation nationale et, donc, de fait, excluent le STC du CREFOP alors qu’il est la première force syndicale de l’île. On ne peut pas élaborer des plans avec des partenaires sociaux sans la première force syndicale de l’île ! Tous les syndicats doivent être représentés, tous les partenaires sociaux et certaines branches professionnelles comme l’économie sociale et solidaire qui, à notre sens, ne l’est pas suffisamment. Il nous faut des instances à la mesure de nos compétences et des spécificités de notre territoire, si nous voulons porter des plans efficaces.
- Vous parlez d’entraves à vos compétences ?
- Oui ! Dans le cadre des futures réformes de l’apprentissage, des retraites ou de l’emploi, 14 propositions ont été rédigées par l’association des régions de France. Alors que ces régions sont dans le droit commun, qu’elles ont donc moins de compétences que la Corse dans ces domaines, elles se posent la question de l’exercice de leurs compétences et se disent entravées dans cet exercice. Que devrions-nous dire, nous qui avons un statut particulier et qui sommes parfois renvoyés dans les cordes quand nous voulons exercer nos compétences ! Je l’avais déjà dit, en janvier dernier, quand j’ai présenté la demande de cadre normatif spécifique de notre académie qui se résume à la mise hors-normes de l’académie.
- Quel est l'intérêt ?
- Cela signifie des moyens et des ressources supplémentaires correspondant aux spécificités de notre académie. Mais, c’est aussi l’exercice simple à cadre constant des compétences du président du Conseil exécutif. Normalement, il devrait pouvoir négocier les moyens de l’académie en direct avec le ministère de l’Education nationale. Or, aujourd’hui, nous sommes renvoyés dans le dialogue de gestion où c’est le rectorat qui discute des moyens. On nous donne une dotation horaire globale, et nous devons faire avec ! Ce n’est pas acceptable ! Ce n’est pas acceptable au regard des textes ! Ce n’est pas acceptable au regard de nos compétences ! Ce n’est pas acceptable au regard de nos spécificités !
- Cela concerne l’éducation et la formation initiale. Est-ce la même chose en matière d’orientation professionnelle ?
- Tout à fait ! L’espace de gouvernance n’est pas adapté à nos compétences et à nos spécificités. Concernant les moyens, nous savons que nous serons impactés par les différentes réformes, mais nous savons aussi qu’il est absolument anormal que nous ne soyons saisis que d’un avis consultatif sur l’octroi des fonds libres de la taxe d’apprentissage aux CFA. Or, au regard des compétences qui sont les nôtres, nous arrêtons, élaborons et validons les cartes de formation, nous finançons les CFA, nous devons, donc, décider de l’octroi de la taxe d’apprentissage. Sans quoi, c’est une entrave à nos compétences ! Une entrave dans les moyens et les ressources financières dons nous devons disposer pour mener une politique ambitieuse en matière de formation et d’orientation.
- La question de la langue corse a fait débat avec la droite. Pourquoi ?
- Nous avons intégré la langue corse dans tous les dispositifs de formation. Nous le disons et nous l’assumons : nous mettons en œuvre une coofficialité de fait ! Nous pensons que l’apprentissage d’une langue ne peut pas appauvrir un dispositif de formation ! De plus, la coofficialité de fait signifie donner les mêmes moyens à la langue corse qu’aux autres enseignements et investir dans une politique forte.
- La droite vous accuse, également, de porter ce plan en dernière minute, juste avant les élections, histoire de montrer que vous avez fait quelque chose. Que répondez-vous ?
- Nous répondons très tranquillement par notre bilan ! Nous avons porté sur les fonds baptismaux un campus des métiers de la transition énergétique qui nous permettra de construire des parcours de formation dans ce secteur. Nous avons porté la demande de cadre normatif spécifique, mais nous n’avons pas attendu pour mener un travail plus qualitatif avec l’ensemble des établissements corses et définir une carte des formations correspondant mieux à nos besoins. Nous avons eu un dialogue très constructif pendant 20 mois avec les chefs d’établissements. Nous avons accompagné la mise en place d’une grande école du numérique. Nous avons signé une nouvelle convention quinquennale avec l’ensemble des CFA pour avoir une approche plus qualitative...
- Vous avez néanmoins mis 20 mois pour présenter ce plan. Quand sera-t-il opérationnel ?
- Nous aurions pu faire le choix de présenter un plan qui aurait tracé de grands objectifs et de grandes lignes, mais qui n’aurait pas été opérationnel. Nous avons fait le choix de porter un certain nombre d’ateliers avec les branches professionnelles et de mener cette action conjointement avec le président de l’ADEC (Agence de développement économique de la Corse) dans le cadre du SRDE2I pour coller aux grandes orientations stratégiques en matière économique. Nous assumons nos choix. Nous avons mis plus de temps, mais pour aboutir à 21 fiches action concrètes et à des outils qui pourront être mis en œuvre dès 2018. De plus, nous avons, au début de l’été, commandé une étude pour rendre nos dispositifs plus performants. Nous avons voulu doter la future collectivité unie d’un cadre d’actions en matière de formation et d’orientation professionnelle.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Nous l’avons voulu dans une approche globale qui n’avait pas suffisamment présidé à l’élaboration de ce type de plan auparavant. Nous avons, d’abord, effectué une réorganisation du travail des services - l’enseignement secondaire, l’enseignement supérieur et la formation professionnelle – pour qu’ils agissent de concert à l’émergence d’un projet éducatif qui part de la formation initiale pour arriver jusqu’à la formation professionnelle et l’enseignement supérieur. Nous avons mené une large concertation dans le cadre du CREFOP (Comité régional de l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelles) qui est l’instance de concertation territoriale quadripartite où sont présents les partenaires sociaux, des représentants des branches professionnelles, l’Etat et la Collectivité territoriale (CTC). Nous avons consulté, également, les CFA (Centre de formation des apprentis), les lycées et les collèges.
- Concrètement, que proposez-vous ?
- Nous avons défini des outils et 21 fiches action, en mettant un accent particulier sur la question du décrochage scolaire qui, malheureusement dans notre île, est précoce. Nous devons discuter avec le rectorat pour la mise en œuvre de dispositifs innovants. Nous allons agir sur la question de l’orientation pour pouvoir orienter les gens tout au long de la vie, des plus jeunes jusqu’aux adultes qui sont confrontés à des réorientations professionnelles. Nous devons mieux accompagner ces dispositifs d’orientation, notre petit nombre devient, de ce fait, un atout.
- Mieux orienter, signifie-t-il coller aux besoins du marché local du travail ?
- Pour nous, la formation initiale a vocation à former des citoyens libres et à permettre aux jeunes d’accéder à leurs aspirations. Nous devons le garantir, c’est un service public fondamental. La formation professionnelle doit trouver le juste équilibre entre le besoin des entreprises, le besoin des publics, c’est-à-dire des hommes et des femmes que l’on forme, et les besoins de notre territoire. Ces derniers découlent des orientations stratégiques sur les grands secteurs que la CTC a validés, notamment dans le Schéma de développement économique (SRDE2I) : la transition énergétique qui va du secteur du bâtiment aux énergies renouvelables, le numérique, les métiers autour de l’environnement, du patrimoine… La Corse aura besoin d’une montée en compétence que nous devons être, aujourd’hui, en capacité d’accompagner pour répondre à ces besoins.
- Comment comptez-vous l’accompagner ?
- D’abord, en étant plus proactif et plus performant sur l’élaboration des cartes de formation. C’est important puisque la CTC a compétence pour les élaborer et les valider. Concernant la formation des chômeurs, notamment de longue durée, nous devons faire valoir notre droit à l’expérimentation. La semaine dernière, nous avons eu, sous l’égide du président de l’Assemblée de Corse, un débat sur le dispositif « Chômeurs de longue durée, territoire zéro chômeur ».
- Ce dispositif est-il intéressant et applicable en Corse ?
- Oui ! Il peut l’être d’autant que, là aussi, nous bénéficions de la loi du petit nombre et que nous pouvons agir de manière chirurgicale avec des dispositifs très innovants en devenant un lieu d’expériences. Jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons pas été assez ambitieux sur ces questions-là. Une des 21 fiches actions est, d’ailleurs, consacrée à l’expérimentation. Il faut que nous nous engagions dans ces dispositifs avec l’ensemble des partenaires.
- En matière de formation, l’abondance d’acteurs n’est-elle pas contreproductive ?
- Nous n’avons, effectivement, pas assez d’outils pour coordonner cette multiplicité d’acteurs. C’est pourquoi une autre ligne force du plan est, par exemple, de croiser les données statistiques, qui sont souvent biaisées et imparfaites, entre Pôle Emploi, la DIRECCTE, l’URSSAF et nos propres données. Nous devons, notamment à travers l’outil Corsica Statistica, être capable d’avoir une analyse plus fine des besoins des territoires, des entreprises et des publics pour faire coller l’offre de formation à ces besoins.
- Comment coordonner des acteurs qui dépendent de l’Etat avec des acteurs qui dépendent de la CTC ?
- Des espaces de concertation existent déjà, mais cette coordination fait l’objet du rapport qui accompagne le contrat de plan. Aujourd’hui, la CTC est au milieu du gué et est entravée dans l’exercice de ses compétences qui sont exorbitantes par rapport au droit commun en matière d’éducation et de formation. Or, lorsqu’on veut les mettre en œuvre, on se heurte parfois à l’impossibilité de piloter réellement les dispositifs. Le rapport a montré les différentes entraves que nous pouvons rencontrer.
- Lesquelles, par exemple ?
- Par exemple, le CREFOP, l’instance de concertation où doit s’élaborer le contrat de plan, est coprésidée par le président du Conseil exécutif et le préfet. Cela entretient une confusion entre l’élaboration, le vote et l’exercice des compétences. L’espace de concertation doit, de par les compétences qui nous sont dévolues, être présidé par le président du Conseil exécutif et réunir l’ensemble des partenaires pour que la CTC soit un véritable chef de file en matière d’orientation et de formation. C’est ce que nous avons proposé et qui a été adopté par l’Assemblée de Corse. Autre écueil du CREFOP : si l’instance de concertation est indispensable, si, comme nous l’avons dit et réaffirmé, elle doit réunir l’ensemble des partenaires sociaux, il manque le STC (Sindicatu di i travagliadori corsi).
- Pourquoi est-il absent ?
- Les textes exigent une représentation nationale et, donc, de fait, excluent le STC du CREFOP alors qu’il est la première force syndicale de l’île. On ne peut pas élaborer des plans avec des partenaires sociaux sans la première force syndicale de l’île ! Tous les syndicats doivent être représentés, tous les partenaires sociaux et certaines branches professionnelles comme l’économie sociale et solidaire qui, à notre sens, ne l’est pas suffisamment. Il nous faut des instances à la mesure de nos compétences et des spécificités de notre territoire, si nous voulons porter des plans efficaces.
- Vous parlez d’entraves à vos compétences ?
- Oui ! Dans le cadre des futures réformes de l’apprentissage, des retraites ou de l’emploi, 14 propositions ont été rédigées par l’association des régions de France. Alors que ces régions sont dans le droit commun, qu’elles ont donc moins de compétences que la Corse dans ces domaines, elles se posent la question de l’exercice de leurs compétences et se disent entravées dans cet exercice. Que devrions-nous dire, nous qui avons un statut particulier et qui sommes parfois renvoyés dans les cordes quand nous voulons exercer nos compétences ! Je l’avais déjà dit, en janvier dernier, quand j’ai présenté la demande de cadre normatif spécifique de notre académie qui se résume à la mise hors-normes de l’académie.
- Quel est l'intérêt ?
- Cela signifie des moyens et des ressources supplémentaires correspondant aux spécificités de notre académie. Mais, c’est aussi l’exercice simple à cadre constant des compétences du président du Conseil exécutif. Normalement, il devrait pouvoir négocier les moyens de l’académie en direct avec le ministère de l’Education nationale. Or, aujourd’hui, nous sommes renvoyés dans le dialogue de gestion où c’est le rectorat qui discute des moyens. On nous donne une dotation horaire globale, et nous devons faire avec ! Ce n’est pas acceptable ! Ce n’est pas acceptable au regard des textes ! Ce n’est pas acceptable au regard de nos compétences ! Ce n’est pas acceptable au regard de nos spécificités !
- Cela concerne l’éducation et la formation initiale. Est-ce la même chose en matière d’orientation professionnelle ?
- Tout à fait ! L’espace de gouvernance n’est pas adapté à nos compétences et à nos spécificités. Concernant les moyens, nous savons que nous serons impactés par les différentes réformes, mais nous savons aussi qu’il est absolument anormal que nous ne soyons saisis que d’un avis consultatif sur l’octroi des fonds libres de la taxe d’apprentissage aux CFA. Or, au regard des compétences qui sont les nôtres, nous arrêtons, élaborons et validons les cartes de formation, nous finançons les CFA, nous devons, donc, décider de l’octroi de la taxe d’apprentissage. Sans quoi, c’est une entrave à nos compétences ! Une entrave dans les moyens et les ressources financières dons nous devons disposer pour mener une politique ambitieuse en matière de formation et d’orientation.
- La question de la langue corse a fait débat avec la droite. Pourquoi ?
- Nous avons intégré la langue corse dans tous les dispositifs de formation. Nous le disons et nous l’assumons : nous mettons en œuvre une coofficialité de fait ! Nous pensons que l’apprentissage d’une langue ne peut pas appauvrir un dispositif de formation ! De plus, la coofficialité de fait signifie donner les mêmes moyens à la langue corse qu’aux autres enseignements et investir dans une politique forte.
- La droite vous accuse, également, de porter ce plan en dernière minute, juste avant les élections, histoire de montrer que vous avez fait quelque chose. Que répondez-vous ?
- Nous répondons très tranquillement par notre bilan ! Nous avons porté sur les fonds baptismaux un campus des métiers de la transition énergétique qui nous permettra de construire des parcours de formation dans ce secteur. Nous avons porté la demande de cadre normatif spécifique, mais nous n’avons pas attendu pour mener un travail plus qualitatif avec l’ensemble des établissements corses et définir une carte des formations correspondant mieux à nos besoins. Nous avons eu un dialogue très constructif pendant 20 mois avec les chefs d’établissements. Nous avons accompagné la mise en place d’une grande école du numérique. Nous avons signé une nouvelle convention quinquennale avec l’ensemble des CFA pour avoir une approche plus qualitative...
- Vous avez néanmoins mis 20 mois pour présenter ce plan. Quand sera-t-il opérationnel ?
- Nous aurions pu faire le choix de présenter un plan qui aurait tracé de grands objectifs et de grandes lignes, mais qui n’aurait pas été opérationnel. Nous avons fait le choix de porter un certain nombre d’ateliers avec les branches professionnelles et de mener cette action conjointement avec le président de l’ADEC (Agence de développement économique de la Corse) dans le cadre du SRDE2I pour coller aux grandes orientations stratégiques en matière économique. Nous assumons nos choix. Nous avons mis plus de temps, mais pour aboutir à 21 fiches action concrètes et à des outils qui pourront être mis en œuvre dès 2018. De plus, nous avons, au début de l’été, commandé une étude pour rendre nos dispositifs plus performants. Nous avons voulu doter la future collectivité unie d’un cadre d’actions en matière de formation et d’orientation professionnelle.
Propos recueillis par Nicole MARI.