- Qu’inaugurez-vous exactement ?
- Ce samedi, nous dévoilerons au Pigno la deuxième borne de la Via San Martinu. La première borne est située devant l’église San Martinu de Patrimoniu qui est un monument emblématique du patrimoine martinien, connu dans toute l’Europe. Par cette pose, nous ouvrons symboliquement, entre Patrimoniu et le Pigno, le premier tronçon corse de l’itinéraire culturel européen. Le tronçon ne sera véritablement ouvert que dans quelques semaines. Les intempéries et la lente mise en place de la Comcom du Nebbiu ont retardé les opérations de débroussaillage. Nous avons, néanmoins, tenu à respecter la date parce que u Centru culturale San Martinu-Corsica a reçu l’habilitation du Conseil de l’Europe jusqu’en 2020 pour l’itinéraire culturel, a Via Sancti Martini. Nous faisons partie du réseau des douze pays de l’itinéraire.
- Pourquoi poser une borne sur le Pigno ?
- Cette borne est la première au cœur de la Méditerranée, au milieu de la mer. Elle permet à la Via San Martinu d’être un des seuls itinéraires au monde où l’on peut voir en même temps deux mers ! C’est ici, sur le Pigno ! De plus, la légende dit que San Martinu serait venu sur les crêtes du Pigno qui ouvrent sur la Ligurie et la Toscane, deux zones importantes pour l’histoire de la Corse depuis des millénaires. San Martinu est resté quatre ans sur l’île de Gallinaria à quelques miles nautiques de Centuri, du bout du Cap Corse. La place de la Corse en Méditerranée, le fait qu’elle soit une île, donne une lecture originale et importante.
- Est-on sûr que San Martinu soit venu en Corse ?
- Non ! On n’en est pas sûr. Néanmoins, ce personnage impacte fortement la toponymie corse. Au Moyen-âge, soixante Pieve s’appelaient San Martinu. C’est énorme ! C’est le vocable le plus important après Saint Jean-Baptiste et Santa Maria. Sans compter des centaines de lieux, des traditions, du patrimoine immatériel… L’histoire de l’art est hors champ parce que notre île a échappé aux guerres de religion et à la Révolution française, ce qui nous a permis de conserver quelques trésors, des œuvres qui ont disparu ailleurs. Si on veut voir des choses très curieuses sur le patrimoine martinien, c’est en Corse qu’il faut venir !
- Que revêt la présence du maire de Tours à cette cérémonie ?
- Nous accueillons avec plaisir Serge Barbary, maire de Tours, et Antoine Selosse, instigateur de l’itinéraire et directeur du Centre Culturel Européen Saint Martin de Tours, qui viennent signifier que la Corse est une étape importante de la Via Sancti Martini. Une délégation corse a été invitée d’honneur à Tours en juillet 2016 lors de la célébration du 1700ème anniversaire de la naissance de saint Martin et l’ouverture officielle de l’itinéraire européen qui s’étend sur 2500 kms entre la Hongrie et la France. Etaient à Tours le président de l’Exécutif corse, Gilles Simeoni, Mattea Lacave, adjointe à la culture du maire de Bastia, José Poggioli, maire de Patrimoniu, et des membres de diverses confréries. L’idée est de faire de notre île une terre d’excellence martinienne, un point référent, et de la faire rayonner en Europe.
- Quelles seront les prochaines étapes ouvertes de l’itinéraire ?
- Les deux premières bornes tracent le premier tronçon qui se poursuivra, ensuite, jusqu’à Centuri au Nord, et jusqu’à l’Extrême-Sud. Le but est de relier tout le territoire de la pointe Nord à la pointe Sud et d’impacter notamment les zones rurales et de l’intérieur. San Martinu est présent sur 110 communes corses. La plupart des territoires, qui portent l’empreinte de San Martinu, avaient une production agraire importante. Une dizaine de communes, qui ont accueilli le festival de la ruralité, manifestation clef de la Via San Martinu, ont déjà délibéré pour s’inscrire sur l’itinéraire. Cette année, le festival d’automne, qui connaît un succès croissant, débutera le 21 octobre à Sotta dans le Sud, et se terminera, le 9 novembre, à Centuri.
- Quel est l’intérêt des communes d’accueillir cet itinéraire ?
- L’itinéraire se veut une structuration du tourisme de l’intérieur et de la ruralité. Un travail de dix ans sur les territoires nous permet d’avoir une vision assez fine du terrain. Avec un personnage comme San Martinu, on ne peut pas faire fi du monde rural qui est la richesse de la Corse. Il n’y a pas que la beauté des paysages, il y a aussi le travail des hommes. Depuis quelques années, on entend beaucoup parler de ruralité, mais il faut mettre des effets derrière les mots. Nos territoires ont besoin de réalisations concrètes. Comment peut-on vouloir redynamiser l’intérieur sans retrouver les chemins, tracer des routes, inventer de nouveaux flux ? Les gens ne viendront pas comme ça ! Il faut capter les flux à l’extérieur, mais pas forcément dans les foires ou les salons où la Corse est à peine visible dans l’abondance de l’offre marchande touristique. Il faut créer une nouvelle vision de la Corse, mais cela nécessite un immense travail !
- A Via San Martinu participe-t-elle de cette nouvelle vision ?
- Oui ! Elle nous permet d’avoir un écho favorable auprès du Conseil de l’Europe grâce au travail déjà fait, et des liens privilégiés avec de grandes régions de France comme la Touraine, capitale mondiale de la gastronomie, qui a ouvert 300 kilomètres d’itinéraire vert. Les itinéraires du Conseil de l’Europe sont, par les milliers de personnes qu’ils drainent, des catalyseurs du développement, ils ont permis de revaloriser le monde rural, en Espagne notamment. Mais cette clientèle ne vient pas en Corse, aujourd’hui. Les collectivités font beaucoup d’efforts pour développer une offre culturelle et restaurer des monuments qui n’attirent les touristes que de façon résiduelle, pendant les deux mois d’été. En décembre, Saint Michel de Murato est toujours là, pourquoi les touristes ne viennent-ils pas ? La richesse de notre patrimoine, parfois même son caractère unique, peut engendrer de nouveaux flux. Mais, il faut, pour cela, travailler l’attractivité des territoires, aller chercher des publics dédiés et inventer une nouvelle ambiance touristique, comme nous nous efforçons de le faire, depuis dix ans, avec le festival d’automne de la ruralité.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Ce samedi, nous dévoilerons au Pigno la deuxième borne de la Via San Martinu. La première borne est située devant l’église San Martinu de Patrimoniu qui est un monument emblématique du patrimoine martinien, connu dans toute l’Europe. Par cette pose, nous ouvrons symboliquement, entre Patrimoniu et le Pigno, le premier tronçon corse de l’itinéraire culturel européen. Le tronçon ne sera véritablement ouvert que dans quelques semaines. Les intempéries et la lente mise en place de la Comcom du Nebbiu ont retardé les opérations de débroussaillage. Nous avons, néanmoins, tenu à respecter la date parce que u Centru culturale San Martinu-Corsica a reçu l’habilitation du Conseil de l’Europe jusqu’en 2020 pour l’itinéraire culturel, a Via Sancti Martini. Nous faisons partie du réseau des douze pays de l’itinéraire.
- Pourquoi poser une borne sur le Pigno ?
- Cette borne est la première au cœur de la Méditerranée, au milieu de la mer. Elle permet à la Via San Martinu d’être un des seuls itinéraires au monde où l’on peut voir en même temps deux mers ! C’est ici, sur le Pigno ! De plus, la légende dit que San Martinu serait venu sur les crêtes du Pigno qui ouvrent sur la Ligurie et la Toscane, deux zones importantes pour l’histoire de la Corse depuis des millénaires. San Martinu est resté quatre ans sur l’île de Gallinaria à quelques miles nautiques de Centuri, du bout du Cap Corse. La place de la Corse en Méditerranée, le fait qu’elle soit une île, donne une lecture originale et importante.
- Est-on sûr que San Martinu soit venu en Corse ?
- Non ! On n’en est pas sûr. Néanmoins, ce personnage impacte fortement la toponymie corse. Au Moyen-âge, soixante Pieve s’appelaient San Martinu. C’est énorme ! C’est le vocable le plus important après Saint Jean-Baptiste et Santa Maria. Sans compter des centaines de lieux, des traditions, du patrimoine immatériel… L’histoire de l’art est hors champ parce que notre île a échappé aux guerres de religion et à la Révolution française, ce qui nous a permis de conserver quelques trésors, des œuvres qui ont disparu ailleurs. Si on veut voir des choses très curieuses sur le patrimoine martinien, c’est en Corse qu’il faut venir !
- Que revêt la présence du maire de Tours à cette cérémonie ?
- Nous accueillons avec plaisir Serge Barbary, maire de Tours, et Antoine Selosse, instigateur de l’itinéraire et directeur du Centre Culturel Européen Saint Martin de Tours, qui viennent signifier que la Corse est une étape importante de la Via Sancti Martini. Une délégation corse a été invitée d’honneur à Tours en juillet 2016 lors de la célébration du 1700ème anniversaire de la naissance de saint Martin et l’ouverture officielle de l’itinéraire européen qui s’étend sur 2500 kms entre la Hongrie et la France. Etaient à Tours le président de l’Exécutif corse, Gilles Simeoni, Mattea Lacave, adjointe à la culture du maire de Bastia, José Poggioli, maire de Patrimoniu, et des membres de diverses confréries. L’idée est de faire de notre île une terre d’excellence martinienne, un point référent, et de la faire rayonner en Europe.
- Quelles seront les prochaines étapes ouvertes de l’itinéraire ?
- Les deux premières bornes tracent le premier tronçon qui se poursuivra, ensuite, jusqu’à Centuri au Nord, et jusqu’à l’Extrême-Sud. Le but est de relier tout le territoire de la pointe Nord à la pointe Sud et d’impacter notamment les zones rurales et de l’intérieur. San Martinu est présent sur 110 communes corses. La plupart des territoires, qui portent l’empreinte de San Martinu, avaient une production agraire importante. Une dizaine de communes, qui ont accueilli le festival de la ruralité, manifestation clef de la Via San Martinu, ont déjà délibéré pour s’inscrire sur l’itinéraire. Cette année, le festival d’automne, qui connaît un succès croissant, débutera le 21 octobre à Sotta dans le Sud, et se terminera, le 9 novembre, à Centuri.
- Quel est l’intérêt des communes d’accueillir cet itinéraire ?
- L’itinéraire se veut une structuration du tourisme de l’intérieur et de la ruralité. Un travail de dix ans sur les territoires nous permet d’avoir une vision assez fine du terrain. Avec un personnage comme San Martinu, on ne peut pas faire fi du monde rural qui est la richesse de la Corse. Il n’y a pas que la beauté des paysages, il y a aussi le travail des hommes. Depuis quelques années, on entend beaucoup parler de ruralité, mais il faut mettre des effets derrière les mots. Nos territoires ont besoin de réalisations concrètes. Comment peut-on vouloir redynamiser l’intérieur sans retrouver les chemins, tracer des routes, inventer de nouveaux flux ? Les gens ne viendront pas comme ça ! Il faut capter les flux à l’extérieur, mais pas forcément dans les foires ou les salons où la Corse est à peine visible dans l’abondance de l’offre marchande touristique. Il faut créer une nouvelle vision de la Corse, mais cela nécessite un immense travail !
- A Via San Martinu participe-t-elle de cette nouvelle vision ?
- Oui ! Elle nous permet d’avoir un écho favorable auprès du Conseil de l’Europe grâce au travail déjà fait, et des liens privilégiés avec de grandes régions de France comme la Touraine, capitale mondiale de la gastronomie, qui a ouvert 300 kilomètres d’itinéraire vert. Les itinéraires du Conseil de l’Europe sont, par les milliers de personnes qu’ils drainent, des catalyseurs du développement, ils ont permis de revaloriser le monde rural, en Espagne notamment. Mais cette clientèle ne vient pas en Corse, aujourd’hui. Les collectivités font beaucoup d’efforts pour développer une offre culturelle et restaurer des monuments qui n’attirent les touristes que de façon résiduelle, pendant les deux mois d’été. En décembre, Saint Michel de Murato est toujours là, pourquoi les touristes ne viennent-ils pas ? La richesse de notre patrimoine, parfois même son caractère unique, peut engendrer de nouveaux flux. Mais, il faut, pour cela, travailler l’attractivité des territoires, aller chercher des publics dédiés et inventer une nouvelle ambiance touristique, comme nous nous efforçons de le faire, depuis dix ans, avec le festival d’automne de la ruralité.
Propos recueillis par Nicole MARI.
Christian Andreani, président du Centru culturale San Martinu Corsica.
La Via Sancti Martini.