Christian Troadec, maire de Carhaix, candidat à l’élection présidentielle de mars 2017 sous l’étiquette régionaliste, et François Alfonsi, président de l’Alliance Libre européenne (ALE), maire d'Osani et membre de l'Exécutif du PNC..
- Quel est l’objet de cette visite en Corse ?
- C’est un voyage officiel à l’invitation de François Alfonsi, ancien député européen, dans le cadre de Régions & Peuples solidaires, pour recueillir les 500 signatures nécessaires à une candidature régionaliste à l’élection présidentielle de 2017. C’est avec beaucoup de fierté que nous avons été reçu, hier soir, à la Collectivité territoriale de Corse par Gilles Simeoni, président de l’Exécutif, et Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse. C’était, pour moi, l’occasion de les féliciter pour leur élection. Ce qui s’est passé en Corse en décembre dernier est un événement pour l’ensemble de l’hexagone.
- En quoi l’est-il ?
- Ce fut un moment marquant par rapport à un Etat de plus en plus centralisateur. Depuis dix ans, que ce soit sous Nicolas Sarkozy ou sous François Hollande, la décentralisation a régressé. L’Etat français s’est re-centralisé. C’est pourquoi cette visite en Corse revêt un caractère si important. Il nous semble essentiel de rencontrer le maximum d’élus, non seulement pour obtenir le nombre de signatures nécessaires, mais aussi pour bien prendre conscience des dossiers et des enjeux nationaux de chaque peuple, de discuter avec les gens pour enrichir le programme qui pourrait être le nôtre, si nous parvenons à recueillir les 500 signatures.
- Quel regard portez-vous de l’extérieur sur la victoire des Nationalistes et leurs premiers mois de mandature ?
- Un regard très positif ! D’abord, de la joie devant la réussite de gens profondément convaincus de l’existence de leur peuple et de son avenir. Ensuite, de Bretagne et d’ailleurs dans l’hexagone, nous voyons la capacité des gens, qui ont été portés au pouvoir, d’entamer des réformes nécessaires à ce pays. Nous sommes très attentifs, peut-être aussi un peu jaloux de temps en temps, de regarder comment les choses se construisent ici. Peut-être même pourrions-nous nous inspirer des meilleures expériences qui seront réalisées en Corse pour les transposer à d’autres régions désireuses de les mettre en œuvre.
- Que représente l’étiquette régionaliste sous laquelle vous êtes candidat ?
- Elle signifie que nous sommes d’abord là pour écouter les revendications de chaque peuple, en Corse comme ailleurs, concernant leurs droits spécifiques dans le respect de la démocratie. J’étais candidat aux dernières élections régionales en Bretagne où ma liste a obtenu près de 7% des suffrages, soit plus de 100 000 voix sur quatre départements. Cette région compte en réalité cinq départements avec la Bretagne historique. La réforme territoriale a été un véritable gâchis ! Des hauts fonctionnaires de l’Elysée ont découpé la carte de l’hexagone selon leurs propres idées sans, à aucun moment, tenir compte des réalités locales, identitaires, culturelles et historiques. Aujourd’hui, nous voulons remettre en avant le fait que les territoires sont tout à fait capables de penser de nouvelles politiques, de les imaginer et de les mettre en œuvre en faisant tout simplement confiance à l’intelligence des gens. Chaque territoire a de vraies capacités d’innovation et de création d’emplois qui permettraient aux gens de rester vivre et travailler au pays.
- Qu’attendez-vous d’un engagement dans cette bataille très difficile pour les petits candidats qui font, en général, des scores très faibles ?
- Depuis 1974, il n’y a plus eu de candidat régionaliste à l’élection présidentielle. Cette expression est toujours passée par les autres pour être entendue. Aujourd’hui, nous nous présentons sous nos propres couleurs. Je ne suis pas certain que nous ferons peu de voix, ni qu’on peut nous considérer comme un petit candidat. Nous pouvons aussi créer la surprise d’abord parce qu’il y a un rejet très profond de la classe politique actuelle et des grands partis parisiens, que ce soit le Parti socialiste ou Les Républicains. Les gens l’expriment régulièrement par l’abstention. Il n’y a plus, hélas, qu’un électeur sur deux qui se déplace aux urnes ! Près d’un quart de ceux qui se déplacent votent, désormais, pour le parti d’Extrême-droite de Marine Le Pen. Il faut proposer une alternative issue des régions et de la démocratie des territoires, une volonté de construire différemment la République qui ne reconnaît pas l’existence des différents peuples qui la composent. Nous croyons en la capacité de ces peuples à se faire entendre et à faire entendre une voix différente dans une campagne électorale qui est un barnum médiatique.
- Quelles sont les grandes lignes de votre programme ?
- Concernant la Corse, la première chose sera de répercuter immédiatement ses demandes très fortes qui ne sont pas reconnues aujourd’hui. Par exemple la coofficialisation de la langue corse qui est quelque chose de tellement naturel et de bon sens qu’on se demande pourquoi on est encore en train de la réclamer ! C’est un vrai besoin aussi pour toutes les autres langues de l’hexagone, pour permettre le sauvetage d’un patrimoine extraordinaire en termes linguistique, culturel et patrimonial. Nous devons faire en sorte que ces langues sociales continuent de perdurer grâce à des moyens financiers, éducatifs, médiatiques et aux outils nécessaires à leur développement. Si nous sommes portés à la présidence de la République, une première action immédiate sera la coofficialisation de l’ensemble des langues parlées par les différents peuples de l’hexagone.
- Que pensez-vous de la réforme institutionnelle qui se prépare en Corse avec la suppression des départements et la création d’une collectivité unique ?
- Il appartient aux Corses d’en décider. Il y a, pour nous, l’obligation de respecter la volonté des peuples. Il n’appartient pas à un Etat centralisateur de décider, comme il le fait aujourd’hui, unilatéralement et uniformément pour l’ensemble de l’hexagone. Les Corses doivent choisir eux-mêmes le meilleur système institutionnel, administratif et politique qui permettra de répondre aux exigences et aux besoins des populations. Aux Corses d’y réfléchir, aux élus, qui représentent aujourd’hui majoritairement ce peuple, de trouver la meilleure solution pour défendre au mieux ses intérêts.
- C’est un voyage officiel à l’invitation de François Alfonsi, ancien député européen, dans le cadre de Régions & Peuples solidaires, pour recueillir les 500 signatures nécessaires à une candidature régionaliste à l’élection présidentielle de 2017. C’est avec beaucoup de fierté que nous avons été reçu, hier soir, à la Collectivité territoriale de Corse par Gilles Simeoni, président de l’Exécutif, et Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse. C’était, pour moi, l’occasion de les féliciter pour leur élection. Ce qui s’est passé en Corse en décembre dernier est un événement pour l’ensemble de l’hexagone.
- En quoi l’est-il ?
- Ce fut un moment marquant par rapport à un Etat de plus en plus centralisateur. Depuis dix ans, que ce soit sous Nicolas Sarkozy ou sous François Hollande, la décentralisation a régressé. L’Etat français s’est re-centralisé. C’est pourquoi cette visite en Corse revêt un caractère si important. Il nous semble essentiel de rencontrer le maximum d’élus, non seulement pour obtenir le nombre de signatures nécessaires, mais aussi pour bien prendre conscience des dossiers et des enjeux nationaux de chaque peuple, de discuter avec les gens pour enrichir le programme qui pourrait être le nôtre, si nous parvenons à recueillir les 500 signatures.
- Quel regard portez-vous de l’extérieur sur la victoire des Nationalistes et leurs premiers mois de mandature ?
- Un regard très positif ! D’abord, de la joie devant la réussite de gens profondément convaincus de l’existence de leur peuple et de son avenir. Ensuite, de Bretagne et d’ailleurs dans l’hexagone, nous voyons la capacité des gens, qui ont été portés au pouvoir, d’entamer des réformes nécessaires à ce pays. Nous sommes très attentifs, peut-être aussi un peu jaloux de temps en temps, de regarder comment les choses se construisent ici. Peut-être même pourrions-nous nous inspirer des meilleures expériences qui seront réalisées en Corse pour les transposer à d’autres régions désireuses de les mettre en œuvre.
- Que représente l’étiquette régionaliste sous laquelle vous êtes candidat ?
- Elle signifie que nous sommes d’abord là pour écouter les revendications de chaque peuple, en Corse comme ailleurs, concernant leurs droits spécifiques dans le respect de la démocratie. J’étais candidat aux dernières élections régionales en Bretagne où ma liste a obtenu près de 7% des suffrages, soit plus de 100 000 voix sur quatre départements. Cette région compte en réalité cinq départements avec la Bretagne historique. La réforme territoriale a été un véritable gâchis ! Des hauts fonctionnaires de l’Elysée ont découpé la carte de l’hexagone selon leurs propres idées sans, à aucun moment, tenir compte des réalités locales, identitaires, culturelles et historiques. Aujourd’hui, nous voulons remettre en avant le fait que les territoires sont tout à fait capables de penser de nouvelles politiques, de les imaginer et de les mettre en œuvre en faisant tout simplement confiance à l’intelligence des gens. Chaque territoire a de vraies capacités d’innovation et de création d’emplois qui permettraient aux gens de rester vivre et travailler au pays.
- Qu’attendez-vous d’un engagement dans cette bataille très difficile pour les petits candidats qui font, en général, des scores très faibles ?
- Depuis 1974, il n’y a plus eu de candidat régionaliste à l’élection présidentielle. Cette expression est toujours passée par les autres pour être entendue. Aujourd’hui, nous nous présentons sous nos propres couleurs. Je ne suis pas certain que nous ferons peu de voix, ni qu’on peut nous considérer comme un petit candidat. Nous pouvons aussi créer la surprise d’abord parce qu’il y a un rejet très profond de la classe politique actuelle et des grands partis parisiens, que ce soit le Parti socialiste ou Les Républicains. Les gens l’expriment régulièrement par l’abstention. Il n’y a plus, hélas, qu’un électeur sur deux qui se déplace aux urnes ! Près d’un quart de ceux qui se déplacent votent, désormais, pour le parti d’Extrême-droite de Marine Le Pen. Il faut proposer une alternative issue des régions et de la démocratie des territoires, une volonté de construire différemment la République qui ne reconnaît pas l’existence des différents peuples qui la composent. Nous croyons en la capacité de ces peuples à se faire entendre et à faire entendre une voix différente dans une campagne électorale qui est un barnum médiatique.
- Quelles sont les grandes lignes de votre programme ?
- Concernant la Corse, la première chose sera de répercuter immédiatement ses demandes très fortes qui ne sont pas reconnues aujourd’hui. Par exemple la coofficialisation de la langue corse qui est quelque chose de tellement naturel et de bon sens qu’on se demande pourquoi on est encore en train de la réclamer ! C’est un vrai besoin aussi pour toutes les autres langues de l’hexagone, pour permettre le sauvetage d’un patrimoine extraordinaire en termes linguistique, culturel et patrimonial. Nous devons faire en sorte que ces langues sociales continuent de perdurer grâce à des moyens financiers, éducatifs, médiatiques et aux outils nécessaires à leur développement. Si nous sommes portés à la présidence de la République, une première action immédiate sera la coofficialisation de l’ensemble des langues parlées par les différents peuples de l’hexagone.
- Que pensez-vous de la réforme institutionnelle qui se prépare en Corse avec la suppression des départements et la création d’une collectivité unique ?
- Il appartient aux Corses d’en décider. Il y a, pour nous, l’obligation de respecter la volonté des peuples. Il n’appartient pas à un Etat centralisateur de décider, comme il le fait aujourd’hui, unilatéralement et uniformément pour l’ensemble de l’hexagone. Les Corses doivent choisir eux-mêmes le meilleur système institutionnel, administratif et politique qui permettra de répondre aux exigences et aux besoins des populations. Aux Corses d’y réfléchir, aux élus, qui représentent aujourd’hui majoritairement ce peuple, de trouver la meilleure solution pour défendre au mieux ses intérêts.
- Vous êtes favorable au statut de résident. Pourquoi ?
- D’abord, parce il est demandé par l’Exécutif corse. Ensuite, il permet aux gens de pouvoir vivre au pays. Ce problème, qui existe en Corse, est spécifique aux îles. On le retrouve, par exemple, en Bretagne où la pression foncière et immobilière s’exerce de plus en plus sur des îles très cotées par les touristes. Il est important d’y conserver une population locale qui, tout au long de l’année, s’efforce de faire vivre son île. Cette résidence corse, si elle est réalisée, pourrait être transférée à d’autres régions.
- Pensez-vous que ces demandes de coofficialité ou de résidence peuvent être audibles et acceptées dans une élection nationale ?
- Les régions y sont favorables. Il faut d’abord que l’hexagone en connaisse la nature et l’expression. La difficulté est que ces demandes ont été totalement dénaturées ! L’exigence d’identité, l’histoire des peuples et leurs revendications modernes sont en butte à une caricature permanente par les médias parisiens qui vivent dans une petite bulle confortable. Nous pensons qu’avec de l’explication, de la pédagogie qui est l’art de la répétition, les gens comprendront. Même s’ils ne sont pas concernés par un sujet, ils peuvent y être sensibles au nom du droit à la différence qui doit s’exercer sur un territoire. Encore faut-il qu’à chaque élection, ces différences puissent être entendues ! C’est le travail que nous mettons en œuvre aujourd’hui.
- Quel bilan tirez-vous du quinquennat Hollande ?
- On n’attendait pas grand chose de François Hollande, mais on est déçu quand même ! Par rapport à tout ce qu’il avait promis, comme la ratification de la Charte des langues régionales et minoritaires, et qu’il n’a pas mis en œuvre. Par rapport à tout ce qu’on n’attendait pas, comme la réforme territoriale où il est allé jusqu’à charcuter totalement les régions. Son discours est devenu agressif, violent et même brutal dans son expression du nationalisme français. L’Etat est de plus en plus centralisateur, il se recroqueville sur lui-même. Il ne regarde même plus l’Europe et subit les décisions venues d’ailleurs alors même qu’il devrait en être acteur. On a aujourd’hui affaire à une République extrêmement frileuse. Si elle veut se régénérer, se ré-oxygéner, elle doit, d’abord, faire confiance à ses territoires. C’est dans les territoires qu’on trouvera les capacités à rebondir !
- La pauvreté et la précarité s’étendent dramatiquement en France. Quelle ligne d’action proposez-vous pour lutter contre le chômage et la crise économique ?
- De libérer les énergies ! Donner les capacités aux régions qui, pour beaucoup d’entre elles, en termes politique, administratif et institutionnel, ne disposent pas des budgets nécessaires et indispensables à la réalisation de leur propre politique. Les budgets régionaux sont, aujourd’hui, minimes. Les régions françaises sont des nains financiers et politiques face aux autres régions européennes. Il faut croire en l’intelligence des gens ! En Corse, énormément de gens ont envie d’aller de l’avant et n’attendent qu’une chose : que les énergies se libèrent, qu’on leur donne la possibilité de créer des entreprises, de l’emploi, de la richesse sur le territoire. On le voit dans d’autres régions, nations ou futurs Etats comme l’Ecosse, la Catalogne ou les Länders allemands qui ont bénéficié de vrais moyens financiers et d’une volonté politique d’aller de l’avant, de créer des initiatives nouvelles qui ont sorti le pays de l’ornière. On a besoin de s’arrimer à ces réussites.
- L’attentat de Nice a déclenché une polémique sur la manière dont le gouvernement lutte contre le terrorisme. Quelle est votre position ?
- Je tiens à dire l’émotion forte qui nous a tous saisis. Le choc terrible devant cet acte effroyable : des enfants, des adultes écrasés par un camion ! C’est inacceptable ! Ce sont désormais des centaines de morts avec les attentats de Paris, de Bruxelles et d’ailleurs en Europe. La France, aujourd’hui, ne peut plus s’épargner une réflexion sur sa politique extérieure et intérieure. En allant en Libye, en semant la pagaille et le désordre dans bon nombre de pays du Moyen-Orient, on savait qu’on courait le risque, un jour, d’entrer en guerre. Comme François Hollande l’a dit, la France est désormais en guerre. Nous en subissons les conséquences sans avoir été consulté sur cette question. On est entré en guerre sans le savoir ! Il faut un vrai débat parlementaire, une vraie transparence et mettre beaucoup plus de moyens sur le renseignement, qui est indispensable, que sur un état d’urgence à l’efficacité très limitée. Les attentats, qui se succèdent, avec des drames humains terribles et effrayants, en sont la preuve.
- Le Brexit anglais a secoué l’Europe. Cela vous inquiète-t-il ?
- J’ai peur du retour des Etats-nations ! La décision de l’Angleterre, c’est le renforcement de l’Etat-nation, d’un concept totalement dépassé. Nous l’avons subi pendant 500 ans, mais il n’est pas adapté aux besoins et aux réalités de la société moderne. Je crois beaucoup plus à ces pays qui entrouvrent la porte du concert des nations. Je crois à l’Europe des peuples, à cette capacité de dialogue permanent des peuples entre eux. Je suis un pacifiste et je crois en la capacité des êtres à vivre bien et en paix, là où ils sont.
- Avez-vous des difficultés à recueillir les 500 parrainages nécessaires à votre candidature ?
- Ce n’est pas simple ! Le gouvernement a durci les conditions d’accès à la candidature. C’est pourquoi nous nous déplaçons sur le terrain à la rencontre des élus pour convaincre, ceux qui ont des convictions et ceux qui acceptent la pluralité des opinions, de donner accès, pour la première fois dans l’histoire de la République depuis 1974, à une candidature régionaliste. Nous espérons obtenir les 500 signatures pour la fin de l’année. C’est bien parti, vu l’accueil que nous recevons dans nos différents déplacements. Je me suis déjà rendu en Alsace, en Occitanie, au Pays Basque, aujourd’hui en Corse. En plus des 150 signatures déjà obtenues, nous espérons en recueillir, ici, plusieurs dizaines.
- Quel score escomptez-vous faire au 1er tour des présidentielles ?
- Si nous recueillons les 500 signatures, nous espérons obtenir un résultat conséquent au 1er tour de l’élection présidentielle pour qu’une fois pour toutes, la voix des régionalistes et des autonomistes soit entendue en France et qu’elle enclenche une révolution institutionnelle. Notre objectif est que la France se fédéralise et reconnaisse l’existence du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce que, pour l’instant, elle n’a jamais reconnu !
Propos recueillis par Nicole MARI.
- D’abord, parce il est demandé par l’Exécutif corse. Ensuite, il permet aux gens de pouvoir vivre au pays. Ce problème, qui existe en Corse, est spécifique aux îles. On le retrouve, par exemple, en Bretagne où la pression foncière et immobilière s’exerce de plus en plus sur des îles très cotées par les touristes. Il est important d’y conserver une population locale qui, tout au long de l’année, s’efforce de faire vivre son île. Cette résidence corse, si elle est réalisée, pourrait être transférée à d’autres régions.
- Pensez-vous que ces demandes de coofficialité ou de résidence peuvent être audibles et acceptées dans une élection nationale ?
- Les régions y sont favorables. Il faut d’abord que l’hexagone en connaisse la nature et l’expression. La difficulté est que ces demandes ont été totalement dénaturées ! L’exigence d’identité, l’histoire des peuples et leurs revendications modernes sont en butte à une caricature permanente par les médias parisiens qui vivent dans une petite bulle confortable. Nous pensons qu’avec de l’explication, de la pédagogie qui est l’art de la répétition, les gens comprendront. Même s’ils ne sont pas concernés par un sujet, ils peuvent y être sensibles au nom du droit à la différence qui doit s’exercer sur un territoire. Encore faut-il qu’à chaque élection, ces différences puissent être entendues ! C’est le travail que nous mettons en œuvre aujourd’hui.
- Quel bilan tirez-vous du quinquennat Hollande ?
- On n’attendait pas grand chose de François Hollande, mais on est déçu quand même ! Par rapport à tout ce qu’il avait promis, comme la ratification de la Charte des langues régionales et minoritaires, et qu’il n’a pas mis en œuvre. Par rapport à tout ce qu’on n’attendait pas, comme la réforme territoriale où il est allé jusqu’à charcuter totalement les régions. Son discours est devenu agressif, violent et même brutal dans son expression du nationalisme français. L’Etat est de plus en plus centralisateur, il se recroqueville sur lui-même. Il ne regarde même plus l’Europe et subit les décisions venues d’ailleurs alors même qu’il devrait en être acteur. On a aujourd’hui affaire à une République extrêmement frileuse. Si elle veut se régénérer, se ré-oxygéner, elle doit, d’abord, faire confiance à ses territoires. C’est dans les territoires qu’on trouvera les capacités à rebondir !
- La pauvreté et la précarité s’étendent dramatiquement en France. Quelle ligne d’action proposez-vous pour lutter contre le chômage et la crise économique ?
- De libérer les énergies ! Donner les capacités aux régions qui, pour beaucoup d’entre elles, en termes politique, administratif et institutionnel, ne disposent pas des budgets nécessaires et indispensables à la réalisation de leur propre politique. Les budgets régionaux sont, aujourd’hui, minimes. Les régions françaises sont des nains financiers et politiques face aux autres régions européennes. Il faut croire en l’intelligence des gens ! En Corse, énormément de gens ont envie d’aller de l’avant et n’attendent qu’une chose : que les énergies se libèrent, qu’on leur donne la possibilité de créer des entreprises, de l’emploi, de la richesse sur le territoire. On le voit dans d’autres régions, nations ou futurs Etats comme l’Ecosse, la Catalogne ou les Länders allemands qui ont bénéficié de vrais moyens financiers et d’une volonté politique d’aller de l’avant, de créer des initiatives nouvelles qui ont sorti le pays de l’ornière. On a besoin de s’arrimer à ces réussites.
- L’attentat de Nice a déclenché une polémique sur la manière dont le gouvernement lutte contre le terrorisme. Quelle est votre position ?
- Je tiens à dire l’émotion forte qui nous a tous saisis. Le choc terrible devant cet acte effroyable : des enfants, des adultes écrasés par un camion ! C’est inacceptable ! Ce sont désormais des centaines de morts avec les attentats de Paris, de Bruxelles et d’ailleurs en Europe. La France, aujourd’hui, ne peut plus s’épargner une réflexion sur sa politique extérieure et intérieure. En allant en Libye, en semant la pagaille et le désordre dans bon nombre de pays du Moyen-Orient, on savait qu’on courait le risque, un jour, d’entrer en guerre. Comme François Hollande l’a dit, la France est désormais en guerre. Nous en subissons les conséquences sans avoir été consulté sur cette question. On est entré en guerre sans le savoir ! Il faut un vrai débat parlementaire, une vraie transparence et mettre beaucoup plus de moyens sur le renseignement, qui est indispensable, que sur un état d’urgence à l’efficacité très limitée. Les attentats, qui se succèdent, avec des drames humains terribles et effrayants, en sont la preuve.
- Le Brexit anglais a secoué l’Europe. Cela vous inquiète-t-il ?
- J’ai peur du retour des Etats-nations ! La décision de l’Angleterre, c’est le renforcement de l’Etat-nation, d’un concept totalement dépassé. Nous l’avons subi pendant 500 ans, mais il n’est pas adapté aux besoins et aux réalités de la société moderne. Je crois beaucoup plus à ces pays qui entrouvrent la porte du concert des nations. Je crois à l’Europe des peuples, à cette capacité de dialogue permanent des peuples entre eux. Je suis un pacifiste et je crois en la capacité des êtres à vivre bien et en paix, là où ils sont.
- Avez-vous des difficultés à recueillir les 500 parrainages nécessaires à votre candidature ?
- Ce n’est pas simple ! Le gouvernement a durci les conditions d’accès à la candidature. C’est pourquoi nous nous déplaçons sur le terrain à la rencontre des élus pour convaincre, ceux qui ont des convictions et ceux qui acceptent la pluralité des opinions, de donner accès, pour la première fois dans l’histoire de la République depuis 1974, à une candidature régionaliste. Nous espérons obtenir les 500 signatures pour la fin de l’année. C’est bien parti, vu l’accueil que nous recevons dans nos différents déplacements. Je me suis déjà rendu en Alsace, en Occitanie, au Pays Basque, aujourd’hui en Corse. En plus des 150 signatures déjà obtenues, nous espérons en recueillir, ici, plusieurs dizaines.
- Quel score escomptez-vous faire au 1er tour des présidentielles ?
- Si nous recueillons les 500 signatures, nous espérons obtenir un résultat conséquent au 1er tour de l’élection présidentielle pour qu’une fois pour toutes, la voix des régionalistes et des autonomistes soit entendue en France et qu’elle enclenche une révolution institutionnelle. Notre objectif est que la France se fédéralise et reconnaisse l’existence du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce que, pour l’instant, elle n’a jamais reconnu !
Propos recueillis par Nicole MARI.