Les candidats de Corsica Libera autour du leader de la liste, Jean-Guy Talamoni, et de Petr'Anto Tomasi, numéro 5.
- Quelle est la philosophie de votre programme économique ?
- D’abord, c’est un programme socio-économique parce c’est, pour nous, une impérieuse nécessité de faire le lien entre la production de richesses et la répartition équitable de cette richesse. Donc, une nécessaire corrélation entre politique de développement et politique sociale. La philosophie générale est toujours la même : la souveraineté, en cette matière comme en d’autres. Cette cohérence, au niveau du projet, part du principe que la dépendance nous tue ! Dans les secteurs stratégiques d’enjeu national tels que les transports, la santé et l’énergie, il est indispensable de sortir de la dépendance et de mettre en œuvre une politique de développement fondée sur l’éducation, l’innovation, un développement social et solidaire. Mais, pour cela, il faut des moyens, des leviers que nous présentons aujourd’hui.
- Quels sont-ils ?
- D’abord, il faut poser de grandes orientations. Nous nous situons, à l’échelle européenne, dans le courant anti-austérité, incarné, au niveau des idées, par le prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz, qui estime que la crise est causée par les inégalités sociales. Pour sortir de la crise, il ne faut pas avoir la phobie de la dette publique, ni considérer sa réduction comme un dogme, mais au contraire investir en priorité sur la ressource humaine, c’est-à-dire la formation des hommes. Ensuite, il faut sortir de la dépendance économique vis-à-vis de la France et construire la souveraineté dans ces domaines.
- Comment comptez-vous construire cette autonomie économique, énergétique et alimentaire que vous appelez de vos vœux ?
- Nous avons des propositions très concrètes. La 1ère est de quadrupler le budget Recherche & Développement de la Collectivité territoriale de Corse (CTC). Cette mesure peut-être mise en place dès le lendemain de l’élection à cadre constant. La 2nde est de créer un pôle de compétitivité dans la région cortenaise, en lien avec l’Université de Corse pour favoriser la création d’entreprises innovantes. La 3ème est de mobiliser des ressources financières et fiscales à travers, notamment, la mobilisation de l’épargne corse qui, aujourd’hui, ne profite pas à la Corse.
- Pensez-vous réussir à instaurer assez de confiance pour convaincre les Corses de mobiliser leur épargne et de l’investir dans l’île ?
- L’épargne corse est considérable. Elle représente entre 10 et 12 milliards €. La part, investie dans l’économie productive locale, est infime. Aujourd’hui, le système bancaire ne joue pas le jeu pour les Corses. Il faut, donc, construire des outils financiers à travers deux propositions : un fonds de garantie et une banque de développement avec des principes éthiques. C’est au prix d’une conjonction de mesures cohérentes que nous créerons de la richesse, que nous sortirons du saupoudrage et de l’assistanat et que nous engendrerons une responsabilisation.
- Quelles seront les incidences de vos propositions sur l’emploi et la précarité dans le court terme ?
- La mesure sur la formation aura un effet immédiat. Des études européennes ont démontré que, lorsqu’on investit dans la formation des hommes, la société y gagne, pas uniquement sur un plan philosophique. Dans la lignée de la politique paoliste, nous pensons que la formation des hommes est fondamentale pour un pays qui veut conquérir sa souveraineté. Plus prosaïquement, cela rapporte de l’argent. Il a été mesuré qu’un diplômé de l’enseignement supérieur rapporte au moins 80 000 € par an au pays. Concernant la fiscalité, celle, qui nous est imposée, ne permet, ni le développement de nos entreprises, ni le rééquilibrage des richesses au niveau territorial. Il faut une justice fiscale et territoriale en adaptant la fiscalité par le biais de zones franches. Ce qui ne veut pas dire zéro impôt, mais mobiliser un levier pour inciter à la création d’emplois dans des secteurs porteurs et dans des régions qui en ont besoin.
- La Corse entière deviendrait-elle zone franche ?
- Non ! Notre vision n’est pas une exonération totale d’impôt, mais de définir un coefficient de pondération en faveur des secteurs porteurs qui créent de l’économie réelle, et non de l’économie spéculative, tels que les nouvelles technologies, l’énergie, l’environnement, la valorisation de notre identité. C’est, aussi, inciter par des mesures fiscales et parafiscales à l’installation d’actifs dans des régions rurales qui n’ont pas, aujourd’hui, les mêmes droits à la santé et au transport que les autres régions. Il est normal que les gens, qui veulent s’installer dans ces régions, ne soient pas soumis aux mêmes règles que ceux qui vivent dans des pôles plus développés.
- Vous militez pour le transfert de la fiscalité, notamment des successions. Si vous parvenez aux responsabilités, mettrez-vous, tout de suite, sur la table le problème des Arrêtés Miot ?
- Bien sûr ! On sait qu’il y aura une négociation avec l’Etat sur la collectivité unique pour l’élaboration des ordonnances avec des questions techniques très importantes à traiter, comme le transfert des personnels et la question sociale induite, l’architecture institutionnelle de la représentation territoriale… En tant que Nationalistes, nous ne pourrons pas éluder ce qui a été voté, parfois de façon unanime, par l’Assemblée de Corse lors de la dernière mandature, notamment la fiscalité du patrimoine, les défunts Arrêtés Miot. Nous avons formulé une proposition concrète qui est la proposition de l’Assemblée de Corse, c’est-à-dire le transfert de la fiscalité du patrimoine à la CTC pour permettre une exonération totale de la quasi-totalité des successions.
- Comment compenserez-vous la perte induite par ces exonérations dans le transfert de la compétence fiscale ?
- Tout simplement en jouant sur l’assiette, sur les taux et les abattements, en taxant un peu plus fortement les très grosses successions. On arriverait, ainsi, à lutter contre la dépossession des familles corses. Le 2ème aspect est la territorialisation de l’imposition. Il faut sortir d’une logique d’assistanat pour entrer dans une logique de responsabilité. Autrement dit, substituer aux dotations versées annuellement par la France, qui sont en baisse et que l’on nous reproche, le transfert des impôts payés par les Corses qui seront mobilisés pour la Corse. Nous sommes en faveur d’un transfert total. De façon immédiate, nous demandons le transfert du produit de la TVA (Taxe sur la valeur ajoutée) qui a été voté, à notre initiative. C’est une mesure de dignité et de responsabilité pour notre peuple.
- La France a opposé un refus net à toutes les délibérations votées par la CTC. Comment pensez-vous parvenir à la faire fléchir ?
- C’est une question de volonté politique et de rapports de force. Corsica Libera a mis en place une stratégie à l’issue des élections territoriales de 2010. Les Nationalistes étaient minoritaires, malgré 36 % des suffrages obtenus. Nous avons fait le choix de nous adresser à toutes les forces politiques pour inscrire à l’agenda des revendications d’urgence pour la survie de notre peuple. Nous l’avons fait sans rien renier à notre idéal, à nos revendications, à notre objectif final de souveraineté, à nos solidarités avec tous ceux qui se sont battus pour la Corse. Aujourd’hui, nous sommes arrivés à la fin de cette stratégie. Nous avons gagné la bataille des idées. Nous avons permis que les revendications nationalistes deviennent celles de l’ensemble des Corses, que des responsables politiques, qui ne sont pas issus du mouvement national, s’engagent sur un projet corse qui, pour nous, est un projet national. Il faut, maintenant, passer à l’étape supérieure.
- C’est-à-dire ?
- On a vu qu’il n’y avait pas de volonté d’aller au rapport de forces avec Paris. Un gouvernement nationaliste doit imposer, dans le cadre de la négociation, l’ensemble de ces mesures. Dès le 13 décembre, il doit pointer le curseur le plus haut possible sur ce que l’on peut appliquer à cadre constant et ne rien lâcher sur le rapport de forces. Nous sommes persuadés que, si le mouvement national a une large majorité au sein de la société et de l’Exécutif corse et qu’il maintient le cap, il y aura, à court ou moyen terme, des avancées substantielles. Nous ferons plier l’Etat.
- D’abord, c’est un programme socio-économique parce c’est, pour nous, une impérieuse nécessité de faire le lien entre la production de richesses et la répartition équitable de cette richesse. Donc, une nécessaire corrélation entre politique de développement et politique sociale. La philosophie générale est toujours la même : la souveraineté, en cette matière comme en d’autres. Cette cohérence, au niveau du projet, part du principe que la dépendance nous tue ! Dans les secteurs stratégiques d’enjeu national tels que les transports, la santé et l’énergie, il est indispensable de sortir de la dépendance et de mettre en œuvre une politique de développement fondée sur l’éducation, l’innovation, un développement social et solidaire. Mais, pour cela, il faut des moyens, des leviers que nous présentons aujourd’hui.
- Quels sont-ils ?
- D’abord, il faut poser de grandes orientations. Nous nous situons, à l’échelle européenne, dans le courant anti-austérité, incarné, au niveau des idées, par le prix Nobel d’économie, Joseph Stiglitz, qui estime que la crise est causée par les inégalités sociales. Pour sortir de la crise, il ne faut pas avoir la phobie de la dette publique, ni considérer sa réduction comme un dogme, mais au contraire investir en priorité sur la ressource humaine, c’est-à-dire la formation des hommes. Ensuite, il faut sortir de la dépendance économique vis-à-vis de la France et construire la souveraineté dans ces domaines.
- Comment comptez-vous construire cette autonomie économique, énergétique et alimentaire que vous appelez de vos vœux ?
- Nous avons des propositions très concrètes. La 1ère est de quadrupler le budget Recherche & Développement de la Collectivité territoriale de Corse (CTC). Cette mesure peut-être mise en place dès le lendemain de l’élection à cadre constant. La 2nde est de créer un pôle de compétitivité dans la région cortenaise, en lien avec l’Université de Corse pour favoriser la création d’entreprises innovantes. La 3ème est de mobiliser des ressources financières et fiscales à travers, notamment, la mobilisation de l’épargne corse qui, aujourd’hui, ne profite pas à la Corse.
- Pensez-vous réussir à instaurer assez de confiance pour convaincre les Corses de mobiliser leur épargne et de l’investir dans l’île ?
- L’épargne corse est considérable. Elle représente entre 10 et 12 milliards €. La part, investie dans l’économie productive locale, est infime. Aujourd’hui, le système bancaire ne joue pas le jeu pour les Corses. Il faut, donc, construire des outils financiers à travers deux propositions : un fonds de garantie et une banque de développement avec des principes éthiques. C’est au prix d’une conjonction de mesures cohérentes que nous créerons de la richesse, que nous sortirons du saupoudrage et de l’assistanat et que nous engendrerons une responsabilisation.
- Quelles seront les incidences de vos propositions sur l’emploi et la précarité dans le court terme ?
- La mesure sur la formation aura un effet immédiat. Des études européennes ont démontré que, lorsqu’on investit dans la formation des hommes, la société y gagne, pas uniquement sur un plan philosophique. Dans la lignée de la politique paoliste, nous pensons que la formation des hommes est fondamentale pour un pays qui veut conquérir sa souveraineté. Plus prosaïquement, cela rapporte de l’argent. Il a été mesuré qu’un diplômé de l’enseignement supérieur rapporte au moins 80 000 € par an au pays. Concernant la fiscalité, celle, qui nous est imposée, ne permet, ni le développement de nos entreprises, ni le rééquilibrage des richesses au niveau territorial. Il faut une justice fiscale et territoriale en adaptant la fiscalité par le biais de zones franches. Ce qui ne veut pas dire zéro impôt, mais mobiliser un levier pour inciter à la création d’emplois dans des secteurs porteurs et dans des régions qui en ont besoin.
- La Corse entière deviendrait-elle zone franche ?
- Non ! Notre vision n’est pas une exonération totale d’impôt, mais de définir un coefficient de pondération en faveur des secteurs porteurs qui créent de l’économie réelle, et non de l’économie spéculative, tels que les nouvelles technologies, l’énergie, l’environnement, la valorisation de notre identité. C’est, aussi, inciter par des mesures fiscales et parafiscales à l’installation d’actifs dans des régions rurales qui n’ont pas, aujourd’hui, les mêmes droits à la santé et au transport que les autres régions. Il est normal que les gens, qui veulent s’installer dans ces régions, ne soient pas soumis aux mêmes règles que ceux qui vivent dans des pôles plus développés.
- Vous militez pour le transfert de la fiscalité, notamment des successions. Si vous parvenez aux responsabilités, mettrez-vous, tout de suite, sur la table le problème des Arrêtés Miot ?
- Bien sûr ! On sait qu’il y aura une négociation avec l’Etat sur la collectivité unique pour l’élaboration des ordonnances avec des questions techniques très importantes à traiter, comme le transfert des personnels et la question sociale induite, l’architecture institutionnelle de la représentation territoriale… En tant que Nationalistes, nous ne pourrons pas éluder ce qui a été voté, parfois de façon unanime, par l’Assemblée de Corse lors de la dernière mandature, notamment la fiscalité du patrimoine, les défunts Arrêtés Miot. Nous avons formulé une proposition concrète qui est la proposition de l’Assemblée de Corse, c’est-à-dire le transfert de la fiscalité du patrimoine à la CTC pour permettre une exonération totale de la quasi-totalité des successions.
- Comment compenserez-vous la perte induite par ces exonérations dans le transfert de la compétence fiscale ?
- Tout simplement en jouant sur l’assiette, sur les taux et les abattements, en taxant un peu plus fortement les très grosses successions. On arriverait, ainsi, à lutter contre la dépossession des familles corses. Le 2ème aspect est la territorialisation de l’imposition. Il faut sortir d’une logique d’assistanat pour entrer dans une logique de responsabilité. Autrement dit, substituer aux dotations versées annuellement par la France, qui sont en baisse et que l’on nous reproche, le transfert des impôts payés par les Corses qui seront mobilisés pour la Corse. Nous sommes en faveur d’un transfert total. De façon immédiate, nous demandons le transfert du produit de la TVA (Taxe sur la valeur ajoutée) qui a été voté, à notre initiative. C’est une mesure de dignité et de responsabilité pour notre peuple.
- La France a opposé un refus net à toutes les délibérations votées par la CTC. Comment pensez-vous parvenir à la faire fléchir ?
- C’est une question de volonté politique et de rapports de force. Corsica Libera a mis en place une stratégie à l’issue des élections territoriales de 2010. Les Nationalistes étaient minoritaires, malgré 36 % des suffrages obtenus. Nous avons fait le choix de nous adresser à toutes les forces politiques pour inscrire à l’agenda des revendications d’urgence pour la survie de notre peuple. Nous l’avons fait sans rien renier à notre idéal, à nos revendications, à notre objectif final de souveraineté, à nos solidarités avec tous ceux qui se sont battus pour la Corse. Aujourd’hui, nous sommes arrivés à la fin de cette stratégie. Nous avons gagné la bataille des idées. Nous avons permis que les revendications nationalistes deviennent celles de l’ensemble des Corses, que des responsables politiques, qui ne sont pas issus du mouvement national, s’engagent sur un projet corse qui, pour nous, est un projet national. Il faut, maintenant, passer à l’étape supérieure.
- C’est-à-dire ?
- On a vu qu’il n’y avait pas de volonté d’aller au rapport de forces avec Paris. Un gouvernement nationaliste doit imposer, dans le cadre de la négociation, l’ensemble de ces mesures. Dès le 13 décembre, il doit pointer le curseur le plus haut possible sur ce que l’on peut appliquer à cadre constant et ne rien lâcher sur le rapport de forces. Nous sommes persuadés que, si le mouvement national a une large majorité au sein de la société et de l’Exécutif corse et qu’il maintient le cap, il y aura, à court ou moyen terme, des avancées substantielles. Nous ferons plier l’Etat.
- Côté transports, vous réaffirmez la nécessité de la création d’une compagnie maritime régionale. Comment réagissez-vous aux derniers évènements concernant la SNCM ?
- Nous proposons, effectivement depuis longtemps, la création d’une compagnie maritime corse et publique. Notre projet est cohérent et a été soumis à l’ensemble des Corses en 2005, au moment de la privatisation de la SNCM. Le système actuel ruine la Corse, la maintient dans une dépendance vis-à-vis de la France, plus particulièrement du port de Marseille avec une coalition de forces qui utilise l’argent de la Corse et la dotation de continuité territoriale au profit d’intérêts étrangers. Une coalition entre la CGT du port de Marseille, la communauté portuaire de Marseille et la multinationale Veolia. Il faut briser ce système ! Il y a eu plusieurs offres privées de reprise de la SNCM. Des entrepreneurs corses, comme Corsica Marritima, se sont organisés pour créer de la richesse. C’est positif ! Mais, les transports sont un secteur stratégique d’enjeu national, les institutions de la Corse doivent en avoir la maîtrise.
- L’Exécutif vous accuse d’avoir voté contre sa SEM (Société d’économie mixte d’investissements). Que lui répondez-vous ?
- Nous avons interpellé l’Exécutif sur ce sujet depuis le début de la mandature. Nous avons obtenu la création d’une commission d’étude de faisabilité, qui ne s’est quasiment jamais réunie, sauf fort tardivement. Il y a eu, dans ce dossier, une faillite de la part de l’Exécutif et une rupture très franche. Pour nous, la CTC doit être propriétaire des navires et doit avoir la maîtrise de sa politique des transports. L’Exécutif a voulu faire croire qu’il présentait un projet de compagnie régionale. Ce qui n’était pas du tout le cas ! Il nous proposait d’acheter des navires, avec l’argent des Corses, et d’en laisser la gestion à des privés. Ce n’était pas acceptable et nous avons voté contre. Nous pouvons nous poser la question de savoir pourquoi l’Exécutif a joué la montre, pourquoi cette mesure dilatoire ? Au regard de ce qui s’est passé ces derniers jours, on peut avoir des éléments de réponse.
- Pensez-vous, comme le disent le délibéré du Tribunal de commerce de Marseille et d’autres candidats à ces territoriales, que l’Exécutif aurait joué en faveur de Patrick Rocca ?
- Ce qui apparaît de façon certaine, c’est qu’en dépit des effets d’annonce, l’Exécutif n’avait aucune volonté d’aller vers la création d’une compagnie maritime régionale. On peut penser que la solution choisie par le Tribunal ne dérange pas l’Exécutif. L’important, aujourd’hui, est de regarder ce qui se passera après le 13 décembre. La décision du Tribunal ne ferme pas la porte à la compagnie publique. Ce que voudront faire les élus de la Corse sera déterminant. Si le gouvernement nationaliste a les idées claires sur cette question, il réinscrira cette revendication au centre de l’enjeu.
- De quelle façon ?
- Il y aura deux possibilités : soit on refait une DSP (Délégation de service public) bâtie pour des privés, notamment pour le repreneur actuel, soit on prend un chemin tout à fait différent. Pour Corsica libera, c’est ce chemin qu’il faut prendre, c’est la seule solution pour que les Corses aient collectivement la maîtrise de leurs transports. Nous ne sommes favorables, ni au monopole privé, ni au monopole public, mais la puissance publique doit avoir la maîtrise de ce secteur stratégique et les privés, leur périmètre d’action.
- Autre sujet brûlant et autre faillite de l’Exécutif : les déchets. Comment envisagez-vous de régler ce problème ?
- Il y a, effectivement, eu, depuis des décennies, une faillite, un manque d’anticipation et la recherche de mauvaises solutions. Il y a eu des projets locaux surdimensionnés avec des enjeux financiers importants. Il faut rejeter la fausse solution de l’incinérateur, dévastatrice sur le plan de la santé publique, qui obéit à une vision de maîtrise par le privé et de logique de profits à tous prix qui n’est pas la nôtre. Nous avons fait des propositions. Nos militants se sont mobilisés. Il faut s’engager sur la seule politique qui fonctionne ailleurs, celle du tri sélectif avec une collecte au porte-à-porte. Là où elle est appliquée, en Italie par exemple, les collectivités sont parfois bénéficiaires, mais, en tous cas, jamais déficitaires en la matière. Il faut des centres d’enfouissement plus modestes, une maîtrise publique et un effort plus équitablement réparti sur le territoire. On ne peut pas toujours demander aux mêmes régions de supporter cet effort.
- Deux ans n’est-ce pas un peu court pour mettre en place votre programme ? Que pourrez-vous faire concrètement ?
- Nous n’allons pas raconter de blagues aux Corses ! Nous allons, d’abord, élever le niveau de rapport de force avec Paris pour avancer sur les dossiers votés, démocratiquement et après expertise, par les élus de la Corse : la coofficialité, le statut de résident, le statut fiscal, l’évolution institutionnelle, l’amnistie des prisonniers… qui n’ont pas été traités de façon convenable par le gouvernement français. Nous allons mettre en place, dans de bonnes conditions, la collectivité unique avec le transfert des personnels en garantissant les acquis sociaux et avec la juste représentativité des territoires à travers la revendication de la Chambre des territoires qui n’a pas été actée par l’Etat français. Nous allons, enfin, poser les jalons de notre nouvelle politique en initiant des mesures immédiates en matière de transports maritimes publics, d’investissements et de compétitivité. Egalement, un contrôle de la gestion des fonds et des politiques publics qui correspond à la gestion, non d’une simple collectivité territoriale avec les dérives clientélistes qu’on lui connaît, mais d’une nation qui doit renaître.
- L’économie, qui était la préoccupation première des Corses, a été remplacée, comme partout ailleurs, depuis les attentats de Paris, par un besoin de sécurité. La peur n’a-t-elle pas confisqué le débat ?
- Je ne sais pas si elle a confisqué le débat, mais elle a bouleversé cette campagne électorale. Il était normal de la suspendre comme marque de respect pour les victimes et de rentrer dans la campagne en donnant une position, comme nous l’avons fait. Aujourd’hui, la politique, c’est-à-dire l’organisation de la vie de la société, reprend ces droits. Même si la situation est inquiétante, les Corses doivent prendre la maîtrise de leur destin, se prononcer sur le modèle de société qu’ils veulent, sur les conditions d’intégration et les mesures en matière de sécurité. Ils doivent se mobiliser pour sortir de la dépendance et se réapproprier des pans de souveraineté. C’est l’enjeu de cette élection. Il faut rejeter le vote de la peur et faire un vote d’espoir. Cet espoir, nous le ressentons fortement dans nos meetings et dans la rue. Des Corses franchissent le pas. Des murs tombent. Il y a la possibilité, les 6 et 13 décembre, de poser les premières pierres d’une Corse nouvelle.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Nous proposons, effectivement depuis longtemps, la création d’une compagnie maritime corse et publique. Notre projet est cohérent et a été soumis à l’ensemble des Corses en 2005, au moment de la privatisation de la SNCM. Le système actuel ruine la Corse, la maintient dans une dépendance vis-à-vis de la France, plus particulièrement du port de Marseille avec une coalition de forces qui utilise l’argent de la Corse et la dotation de continuité territoriale au profit d’intérêts étrangers. Une coalition entre la CGT du port de Marseille, la communauté portuaire de Marseille et la multinationale Veolia. Il faut briser ce système ! Il y a eu plusieurs offres privées de reprise de la SNCM. Des entrepreneurs corses, comme Corsica Marritima, se sont organisés pour créer de la richesse. C’est positif ! Mais, les transports sont un secteur stratégique d’enjeu national, les institutions de la Corse doivent en avoir la maîtrise.
- L’Exécutif vous accuse d’avoir voté contre sa SEM (Société d’économie mixte d’investissements). Que lui répondez-vous ?
- Nous avons interpellé l’Exécutif sur ce sujet depuis le début de la mandature. Nous avons obtenu la création d’une commission d’étude de faisabilité, qui ne s’est quasiment jamais réunie, sauf fort tardivement. Il y a eu, dans ce dossier, une faillite de la part de l’Exécutif et une rupture très franche. Pour nous, la CTC doit être propriétaire des navires et doit avoir la maîtrise de sa politique des transports. L’Exécutif a voulu faire croire qu’il présentait un projet de compagnie régionale. Ce qui n’était pas du tout le cas ! Il nous proposait d’acheter des navires, avec l’argent des Corses, et d’en laisser la gestion à des privés. Ce n’était pas acceptable et nous avons voté contre. Nous pouvons nous poser la question de savoir pourquoi l’Exécutif a joué la montre, pourquoi cette mesure dilatoire ? Au regard de ce qui s’est passé ces derniers jours, on peut avoir des éléments de réponse.
- Pensez-vous, comme le disent le délibéré du Tribunal de commerce de Marseille et d’autres candidats à ces territoriales, que l’Exécutif aurait joué en faveur de Patrick Rocca ?
- Ce qui apparaît de façon certaine, c’est qu’en dépit des effets d’annonce, l’Exécutif n’avait aucune volonté d’aller vers la création d’une compagnie maritime régionale. On peut penser que la solution choisie par le Tribunal ne dérange pas l’Exécutif. L’important, aujourd’hui, est de regarder ce qui se passera après le 13 décembre. La décision du Tribunal ne ferme pas la porte à la compagnie publique. Ce que voudront faire les élus de la Corse sera déterminant. Si le gouvernement nationaliste a les idées claires sur cette question, il réinscrira cette revendication au centre de l’enjeu.
- De quelle façon ?
- Il y aura deux possibilités : soit on refait une DSP (Délégation de service public) bâtie pour des privés, notamment pour le repreneur actuel, soit on prend un chemin tout à fait différent. Pour Corsica libera, c’est ce chemin qu’il faut prendre, c’est la seule solution pour que les Corses aient collectivement la maîtrise de leurs transports. Nous ne sommes favorables, ni au monopole privé, ni au monopole public, mais la puissance publique doit avoir la maîtrise de ce secteur stratégique et les privés, leur périmètre d’action.
- Autre sujet brûlant et autre faillite de l’Exécutif : les déchets. Comment envisagez-vous de régler ce problème ?
- Il y a, effectivement, eu, depuis des décennies, une faillite, un manque d’anticipation et la recherche de mauvaises solutions. Il y a eu des projets locaux surdimensionnés avec des enjeux financiers importants. Il faut rejeter la fausse solution de l’incinérateur, dévastatrice sur le plan de la santé publique, qui obéit à une vision de maîtrise par le privé et de logique de profits à tous prix qui n’est pas la nôtre. Nous avons fait des propositions. Nos militants se sont mobilisés. Il faut s’engager sur la seule politique qui fonctionne ailleurs, celle du tri sélectif avec une collecte au porte-à-porte. Là où elle est appliquée, en Italie par exemple, les collectivités sont parfois bénéficiaires, mais, en tous cas, jamais déficitaires en la matière. Il faut des centres d’enfouissement plus modestes, une maîtrise publique et un effort plus équitablement réparti sur le territoire. On ne peut pas toujours demander aux mêmes régions de supporter cet effort.
- Deux ans n’est-ce pas un peu court pour mettre en place votre programme ? Que pourrez-vous faire concrètement ?
- Nous n’allons pas raconter de blagues aux Corses ! Nous allons, d’abord, élever le niveau de rapport de force avec Paris pour avancer sur les dossiers votés, démocratiquement et après expertise, par les élus de la Corse : la coofficialité, le statut de résident, le statut fiscal, l’évolution institutionnelle, l’amnistie des prisonniers… qui n’ont pas été traités de façon convenable par le gouvernement français. Nous allons mettre en place, dans de bonnes conditions, la collectivité unique avec le transfert des personnels en garantissant les acquis sociaux et avec la juste représentativité des territoires à travers la revendication de la Chambre des territoires qui n’a pas été actée par l’Etat français. Nous allons, enfin, poser les jalons de notre nouvelle politique en initiant des mesures immédiates en matière de transports maritimes publics, d’investissements et de compétitivité. Egalement, un contrôle de la gestion des fonds et des politiques publics qui correspond à la gestion, non d’une simple collectivité territoriale avec les dérives clientélistes qu’on lui connaît, mais d’une nation qui doit renaître.
- L’économie, qui était la préoccupation première des Corses, a été remplacée, comme partout ailleurs, depuis les attentats de Paris, par un besoin de sécurité. La peur n’a-t-elle pas confisqué le débat ?
- Je ne sais pas si elle a confisqué le débat, mais elle a bouleversé cette campagne électorale. Il était normal de la suspendre comme marque de respect pour les victimes et de rentrer dans la campagne en donnant une position, comme nous l’avons fait. Aujourd’hui, la politique, c’est-à-dire l’organisation de la vie de la société, reprend ces droits. Même si la situation est inquiétante, les Corses doivent prendre la maîtrise de leur destin, se prononcer sur le modèle de société qu’ils veulent, sur les conditions d’intégration et les mesures en matière de sécurité. Ils doivent se mobiliser pour sortir de la dépendance et se réapproprier des pans de souveraineté. C’est l’enjeu de cette élection. Il faut rejeter le vote de la peur et faire un vote d’espoir. Cet espoir, nous le ressentons fortement dans nos meetings et dans la rue. Des Corses franchissent le pas. Des murs tombent. Il y a la possibilité, les 6 et 13 décembre, de poser les premières pierres d’une Corse nouvelle.
Propos recueillis par Nicole MARI.