Retour sur les détails de cet appel avec Jean Brignole, le secrétaire général du syndicat :
" Nous sommes à l'orée de l'année 2016, et nous interpellons les nouveaux élus de l'assemblée de Corse pour leur dire clairement qu'il va falloir prendre notre problème à bras-le-corps. Nous sommes là comme force de propositions, force d'accompagnement, on va faire l'état des lieux pour que les choses aillent vers le mieux, pour garantir le service public au peuple corse au niveau des moyens d'intervention et de secours. À partir des constats tirés dans chaque département, essayer de trouver les bonnes propositions à la fois humaines, matérielles, structurelles, etc.
Aujourd'hui il y a une nouvelle mandature qui commence à l'Assemblée de Corse, avec des nationalistes, et nous nous serons là pour les accompagner, en jouant notre rôle de syndicat et toujours avec notre philosophie, c'est à dire que demain, on ne va pas nous imposer le service territorial, Paris ne va pas nous l'imposer et qui de mieux que les pompiers, et à travers eux le syndicat majoritaire au sein des deux SDIS, pour faire des propositions concrètes en matière de fonctionnement?
Ce n'est pas une fuite en avant où l'idée serait de dépenser plus, il faut dépenser mieux. Et pour cela, il faut savoir d'où l'on vient et quelle situation on a aujourd'hui. "
- Qu'est-ce qui vous inquiète aujourd'hui ?
- C'est la situation qui a pu avoir lieu ailleurs, où l'on dit : "On transfère les compétences et on verra après". Si cela se passe comme ça, c'est voué à l'échec, c'est voué à faire supporter à la nouvelle collectivité unique des dysfonctionnements qui ne sont pas de son fait, qui auront été transférés sans réflexion. Si on veut transférer il faudra le faire a minima et que cela serve à trouver les solutions pour résorber un maximum de déficit.
Ensuite, nous avons un maillage territorial qui fait que nous ne pouvons pas rester en équilibre en permanence, là où il n'y a pas beaucoup de population il faut le même service que partout ailleurs, et il faudra que les pompiers interviennent de la même façons, avec la même rapidité, peut-être même avec les mêmes équipements que si l'on avais été en centre ville. La Corse est faite comme cela, il ne faut pas l'oublier, les gens qui vivent à l'intérieur des terres ont le droit d'avoir un service équivalent. Notre but c'est celui-là, nous espérons que l'Exécutif soit en mesure d'écouter ces choix, et de prendre en compte les propositions du syndicat et des pompiers.
- Vous avez déjà contacté les nouveaux responsables politiques ?
- Nous avons fait une démarche syndicale au niveau le plus large possible, la commission exécutive du syndicat s'est réunie la semaine dernière et nous avons décidé prendre contact. Courrier a été envoyé lundi à Monsieur Simeoni, le nouveau président de l'Exécutif, en lui demandant de nous rencontrer très rapidement, avec l'ensemble de son exécutif, tous les présidents d'Offices et Agences, parce que la question des pompiers et de la sécurité est une problématique transversale qui touche l'ensemble de l'exécutif et l'ensemble du peuple corse.
Il est important d'instaurer dès maintenant le dialogue, pour qu'on ne se retrouve pas dans une situation comme on a pu la connaître ici à Corti, avec quinze jours de conflits avec l'Office de l'Environnement, et au final la situation ne s'est pas améliorée, elle a même parfois empirée, malgré le fait que nous ayons fait beaucoup de démarches auprès de l'exécutif sortant. Aujourd'hui avec un nouvel exécutif on s'attend à une autre vision des choses, une autre façon de procéder, et nous, nous jouerons toujours notre rôle de proposition et d'accompagnement. Aujourd'hui c'est inédit, ce sont des nationalistes qui sont à l'Assemblée de Corse, ça ne s'est jamais produit depuis l'existence du syndicat, c'est une opportunité et nous espérons pouvoir accomplir notre rôle. Souvent le syndicalisme c'est l'aiguillon social, c'est notre rôle auprès de politiques et nous serons là pour le faire valoir parce qu'il en va du devenir des pompiers, et plus généralement, du devenir de la Corse.
Nous avons une vision la plus large possible, on a fait la démarche que font les pompiers aujourd'hui au niveau des deux conseils départementaux de la CTC, ils travaillent depuis des mois, ensemble, ils ont créé un lien permanent. Ce lien permanent, nous voulons le créer entre le STC et l'Assemblée de Corse. Il n'a y que comme ça que nous pourrons faire avancer les choses, on a deux ans de mandature devant nous, il y a tellement de projets, tellement de dossiers sur la table, si on ne se retrousse pas les manches très rapidement on va louper des opportunités. Le message que l'on adresse aux politiques c'est : " On sera là, prenez en compte notre volonté, nous sommes incontournable parce que majoritaires, à la fois dans les collectivités, chez les pompiers et autres, et nous serons force de propositions et d'accompagnement dans la création de cette collectivité unique."
Pour renforcer ces revendications, Lucien Rossini, en charge de la question au sein du syndicat présente le projet et en précise les deux grands axes, structurel et opérationnel :
" Le but au niveau structurel c'est de construire un service territorial d'Incendie et de Secours qui repose sur un équilibre financier stable pour ne pas reproduire les erreurs du passé. Sur l'aspect opérationnel, c'est à dire ce qui est relatif au déplacement des secours sur le terrain, la synergie des compétences doit aboutir à une distribution rationnelle égale ou équivalente dans le rural comme dans l'urbain.
Jean Brignole le disait précédemment, il y a des déséquilibres démographiques en Corse, un rural en désertification et nous, nous sommes souvent le dernier service public dans ces zones reculées. Donc, en plus de notre activité opérationnelle de secours des biens et des personnes, il y a aussi une dimension sociale au travail des pompiers.
Mais tout cela, ça se construit, et vu la réticence qu'il y avait au niveau politique, aucune symbiose entre Haute-Corse et Corse du Sud, nous voyons se profiler des dangers et on dit clairement qu'il faut dès à présent discuter et mettre tout le monde autour de la table pour solutionner les problèmes sans attendre d'en arriver à des problèmes de gestion semblable à ceux occasionnés par la gestion des déchets, dont nous connaissons tous aujourd'hui les conséquences. Imaginez une telle gestion dans le cadre de la sécurité et du secours, les conséquences pourraient être désastreuses."