Paul-Félix Benedetti, leader d’U Rinnovu Naziunale, distribuant des tracts devant le restaurant l'Aria Marina.
- Pourquoi une telle mobilisation ?
- Nous sommes confrontés à un problème d’agression, de spéculation immobilière et de reniement d’une parole donnée. La famille Santini détient depuis 30 ans un établissement commercial sur la commune de Santa Maria Poghju avec un achat sans trace, sans acte notarié, comme cela se faisait beaucoup à l’époque, un droit à construire et, donc, une construction. Comme fait exprès, il y a quelques années, les héritiers Jahlan, qui sont des riches promoteurs monégasques, se manifestent pour faire valoir leurs droits sur le foncier. La famille Santini leur oppose son droit de possession, elle gagne au tribunal qui valide ce droit. Mais, face à une cohorte d’avocats et de manipulateurs, elle perd en appel. Les voies de recours étant épuisées, la famille Santini vient de recevoir une notification d’expulsion et un arrêté de démolition de l’établissement.
- Savez-vous ce que les héritiers Jahlan comptent faire de ce terrain ?
- Ils ont déposé un permis de construire pour un complexe immobilier de 20 logements destinés à la vente en pleine spéculation. Ils veulent construire à la place du restaurant et demandent, donc, qu’il soit rasé. Ils ont obtenu une décision de justice en ce sens. Ce qui est paradoxal, c’est que ce terrain, qui est agricole, n’aurait jamais du être constructible. Il n’est passé constructible, lors de la dernière révision du PLU (Plan local d’urbanisme) de la commune de Santa Maria Poghju, que parce qu’il y avait déjà une construction dessus, à savoir le restaurant. Malgré le compromis, c’est cette constructibilité qui a réveillé les appétits !
- C’est-à-dire ?
- Dans les années 60, les Rothschild et les Jahlan sont devenus propriétaires de plus de 200 hectares en Plaine orientale. Ces terrains ont été acquis à des prix dérisoires. C’était des terrains sans valeur, des zones de marécage et de paludisme. Ces 200 hectares sont toujours aux mains des héritiers de ces familles et ont fait l’objet, dans les années passées, de programmes de spéculation gigantesques : des projets de golf, des projets immobiliers comme ceux réalisés en Sardaigne dans les années 60-70… Tout ceci a été stoppé ! Les terrains sont gelés ! Dans l’esprit de ces spéculateurs à long terme, ce sont des réserves patrimoniales. Ils espèrent toujours, qu’un jour ou l’autre, des modifications politiques permettront à ces terrains de reprendre de la constructibilité. Mais, ce n’est pas le cas ! La parcelle d’un hectare, sur laquelle se trouve Tony Santini, est la seule de tous les domaines Jahlan-Rothschild à être, aujourd’hui, constructible.
- Vous parlez d’un compromis. De quoi s’agit-il ?
- Un compromis avait été trouvé entre la famille Santini et les Jahlan. Les Santini gardaient un détachement parcellaire de 2000 mètres carrés (m2) sur lequel se trouve le restaurant, et les Jahlan conservaient les 8 000 m2 constructibles restants. Mais, prétextant un désaccord entre héritiers, ces derniers se sont ravisés, ont déposé un permis de construire et ont demandé la démolition de l’établissement !
- La décision d’expropriation est-elle immédiatement exécutoire ?
- Dans un premier temps, nous entendons qu’il n’y ait aucune décision exécutoire, ni aucun zèle de réquisition de la part des autorités. Il y a quand même des droits légitimes fondamentaux qui sont imprescriptibles ! Ensuite, nous entendons que le sort de ce terrain soit réglé une fois pour toutes.
- De quelle manière ?
- C’est très simple ! Nous demandons que la parole donnée soit tenue, que les actes de vente verbaux, qui ont été, une première fois, validés par la justice et acceptés naturellement par les héritiers de la famille Jahlan, soit actés de manière définitive par une clause léonine d’un accord des parties. Il ne pourra pas en être autrement ! Si ce terrain continue à rester constructible, nous demandons qu’il soit repris par l’Office foncier. Il doit rentrer au patrimoine de la Corse et servir de réserve foncière pour des projets immobiliers à destination des habitants de la région, des Corses qui ont de grands problèmes de logement dans une zone où la spéculation est très forte. Nous demandons, également, que les terrains agricoles soient repris par la SAFER, avec, éventuellement, une dotation publique du fonds foncier dont dispose la Corse, afin de faire des allotissements à de jeunes agriculteurs.
- Cette affaire est-elle, pour vous, emblématique ?
- Oui ! Dans la mesure où tant que le terrain était agricole et gelé, personne n’est venu contester la légitimité de la possession de la famille Santini qui n’avait pas de titre, mais un droit oral de construire. Aujourd’hui, des propriétaires rigoureux leur oppose le droit du sol et la démolition de leur restaurant parce que le terrain est devenu constructible et qu’il a pris de la valeur. Il est passé d’une valeur de 30 à 40 centimes le m2, qui est le prix d’un terrain agricole classique en zone de plaine, soit 3000 € à 4000 € l’hectare, à une valeur de 150 € à 200 € le m2, soit 2 millions € l’hectare. Vous voyez la culbute ! Sans compter les plus values à venir sur la constructibilité, sur des logements luxueux et autres… Tout cela fait qu’à des choses naturellement sans valeur, si on avait respecté un code de l’urbanisme cohérent, la constructibilité a donné une valeur qui autorise la spéculation. Aujourd’hui, il faut que ces spéculateurs se ravisent et qu’il y ait des propositions de rétrocession à un prix qui soit celui de la réalité économique agricole du moment, c’est-à-dire un prix très en dessous de ce que ces gens peuvent espérer.
- Est-il temps, selon vous, d’appliquer le statut de résident ?
- Il est temps d’appliquer non seulement le statut de résident, mais il est temps que la Corse reprenne les rênes de son auto-administration et que nous ayons des comportements rationnels à tous les niveaux.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Nous sommes confrontés à un problème d’agression, de spéculation immobilière et de reniement d’une parole donnée. La famille Santini détient depuis 30 ans un établissement commercial sur la commune de Santa Maria Poghju avec un achat sans trace, sans acte notarié, comme cela se faisait beaucoup à l’époque, un droit à construire et, donc, une construction. Comme fait exprès, il y a quelques années, les héritiers Jahlan, qui sont des riches promoteurs monégasques, se manifestent pour faire valoir leurs droits sur le foncier. La famille Santini leur oppose son droit de possession, elle gagne au tribunal qui valide ce droit. Mais, face à une cohorte d’avocats et de manipulateurs, elle perd en appel. Les voies de recours étant épuisées, la famille Santini vient de recevoir une notification d’expulsion et un arrêté de démolition de l’établissement.
- Savez-vous ce que les héritiers Jahlan comptent faire de ce terrain ?
- Ils ont déposé un permis de construire pour un complexe immobilier de 20 logements destinés à la vente en pleine spéculation. Ils veulent construire à la place du restaurant et demandent, donc, qu’il soit rasé. Ils ont obtenu une décision de justice en ce sens. Ce qui est paradoxal, c’est que ce terrain, qui est agricole, n’aurait jamais du être constructible. Il n’est passé constructible, lors de la dernière révision du PLU (Plan local d’urbanisme) de la commune de Santa Maria Poghju, que parce qu’il y avait déjà une construction dessus, à savoir le restaurant. Malgré le compromis, c’est cette constructibilité qui a réveillé les appétits !
- C’est-à-dire ?
- Dans les années 60, les Rothschild et les Jahlan sont devenus propriétaires de plus de 200 hectares en Plaine orientale. Ces terrains ont été acquis à des prix dérisoires. C’était des terrains sans valeur, des zones de marécage et de paludisme. Ces 200 hectares sont toujours aux mains des héritiers de ces familles et ont fait l’objet, dans les années passées, de programmes de spéculation gigantesques : des projets de golf, des projets immobiliers comme ceux réalisés en Sardaigne dans les années 60-70… Tout ceci a été stoppé ! Les terrains sont gelés ! Dans l’esprit de ces spéculateurs à long terme, ce sont des réserves patrimoniales. Ils espèrent toujours, qu’un jour ou l’autre, des modifications politiques permettront à ces terrains de reprendre de la constructibilité. Mais, ce n’est pas le cas ! La parcelle d’un hectare, sur laquelle se trouve Tony Santini, est la seule de tous les domaines Jahlan-Rothschild à être, aujourd’hui, constructible.
- Vous parlez d’un compromis. De quoi s’agit-il ?
- Un compromis avait été trouvé entre la famille Santini et les Jahlan. Les Santini gardaient un détachement parcellaire de 2000 mètres carrés (m2) sur lequel se trouve le restaurant, et les Jahlan conservaient les 8 000 m2 constructibles restants. Mais, prétextant un désaccord entre héritiers, ces derniers se sont ravisés, ont déposé un permis de construire et ont demandé la démolition de l’établissement !
- La décision d’expropriation est-elle immédiatement exécutoire ?
- Dans un premier temps, nous entendons qu’il n’y ait aucune décision exécutoire, ni aucun zèle de réquisition de la part des autorités. Il y a quand même des droits légitimes fondamentaux qui sont imprescriptibles ! Ensuite, nous entendons que le sort de ce terrain soit réglé une fois pour toutes.
- De quelle manière ?
- C’est très simple ! Nous demandons que la parole donnée soit tenue, que les actes de vente verbaux, qui ont été, une première fois, validés par la justice et acceptés naturellement par les héritiers de la famille Jahlan, soit actés de manière définitive par une clause léonine d’un accord des parties. Il ne pourra pas en être autrement ! Si ce terrain continue à rester constructible, nous demandons qu’il soit repris par l’Office foncier. Il doit rentrer au patrimoine de la Corse et servir de réserve foncière pour des projets immobiliers à destination des habitants de la région, des Corses qui ont de grands problèmes de logement dans une zone où la spéculation est très forte. Nous demandons, également, que les terrains agricoles soient repris par la SAFER, avec, éventuellement, une dotation publique du fonds foncier dont dispose la Corse, afin de faire des allotissements à de jeunes agriculteurs.
- Cette affaire est-elle, pour vous, emblématique ?
- Oui ! Dans la mesure où tant que le terrain était agricole et gelé, personne n’est venu contester la légitimité de la possession de la famille Santini qui n’avait pas de titre, mais un droit oral de construire. Aujourd’hui, des propriétaires rigoureux leur oppose le droit du sol et la démolition de leur restaurant parce que le terrain est devenu constructible et qu’il a pris de la valeur. Il est passé d’une valeur de 30 à 40 centimes le m2, qui est le prix d’un terrain agricole classique en zone de plaine, soit 3000 € à 4000 € l’hectare, à une valeur de 150 € à 200 € le m2, soit 2 millions € l’hectare. Vous voyez la culbute ! Sans compter les plus values à venir sur la constructibilité, sur des logements luxueux et autres… Tout cela fait qu’à des choses naturellement sans valeur, si on avait respecté un code de l’urbanisme cohérent, la constructibilité a donné une valeur qui autorise la spéculation. Aujourd’hui, il faut que ces spéculateurs se ravisent et qu’il y ait des propositions de rétrocession à un prix qui soit celui de la réalité économique agricole du moment, c’est-à-dire un prix très en dessous de ce que ces gens peuvent espérer.
- Est-il temps, selon vous, d’appliquer le statut de résident ?
- Il est temps d’appliquer non seulement le statut de résident, mais il est temps que la Corse reprenne les rênes de son auto-administration et que nous ayons des comportements rationnels à tous les niveaux.
Propos recueillis par Nicole MARI.
Tony Santini : « Je suis dans l’état d’esprit d’un homme qui a tout perdu, qui perd 25 ans de vie ! »
« Je suis dans l’état d’esprit d’un homme qui a tout perdu, qui perd 25 ans de vie… Matériellement, la perte est importante, mais c’est surtout la perte de 25 ans de vie commune avec un établissement parce que lorsqu’on gère un établissement, on est tout le temps là. Le perdre, c’est toute une vie qui s’effondre ! Mon père a acheté un établissement qui se trouvait sur le terrain. Dans les 30 ans qui ont suivi, trois permis de construire ont été délivrés par les maires successifs. Nous sommes dans notre bon droit. Aujourd’hui, je veux que tout le monde soit au courant de la situation. C’est chose faite ! Après, nous verrons bien. Les possibilités de recours en justice sont terminées. Nous avons 18 mois pour réfléchir à ce que nous allons faire et pour voir comment les choses avancent. Nous espérons que ces gens reviendront à de meilleures intentions et à l’accord que nous avions pris, c’est-à-dire qu’ils me vendent les 2000 m2 de la parcelle pour que je puisse continuer à exploiter mon établissement ».
« Je suis dans l’état d’esprit d’un homme qui a tout perdu, qui perd 25 ans de vie… Matériellement, la perte est importante, mais c’est surtout la perte de 25 ans de vie commune avec un établissement parce que lorsqu’on gère un établissement, on est tout le temps là. Le perdre, c’est toute une vie qui s’effondre ! Mon père a acheté un établissement qui se trouvait sur le terrain. Dans les 30 ans qui ont suivi, trois permis de construire ont été délivrés par les maires successifs. Nous sommes dans notre bon droit. Aujourd’hui, je veux que tout le monde soit au courant de la situation. C’est chose faite ! Après, nous verrons bien. Les possibilités de recours en justice sont terminées. Nous avons 18 mois pour réfléchir à ce que nous allons faire et pour voir comment les choses avancent. Nous espérons que ces gens reviendront à de meilleures intentions et à l’accord que nous avions pris, c’est-à-dire qu’ils me vendent les 2000 m2 de la parcelle pour que je puisse continuer à exploiter mon établissement ».