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Simeoni et Talamoni répliquent au Premier ministre


Jacques-François Vinciguerra le Mercredi 30 Décembre 2015 à 17:43

Dans une longue interview accordée au Parisien, Manuel Vals, Premier ministre, est revenu sur les violences qui ont récemment frappé l'île de Beauté : « Il n'y a qu'une seule nation, la nation française », a-t-il déclaré, assurant que « l'État n'abandonnera jamais la Corse. La Corse n'est pas une zone de non-droit ! L'État y est présent et je m'y engage. Non, clairement, l'État ne reculera jamais », a ajouté le chef du gouvernement qui a précisé en outre : « La nation Corse, je ne sais pas trop ce que cela veut dire."



Gilles Simeoni : "L’injure faite au suffrage universel"
Ces propos, tenus par Manuel Valls mercredi dans une interview au Parisien, ont fait grincer des dents sur l'île de Beauté à l'heure où Berbard Cazeneuve effectuait une visite à Ajaccio.
Gilles Simeoni, président du conseil exécutif a vivement réagi !
Pour Gilles Simeoni, la question de la "nation Corse" est, en effet, un sujet dont la classe politique doit s'emparer. "Nous avons été élus pour engager un dialogue sur ce point avec le gouvernement et l'Etat. Refuser de dialoguer avec nous, c'est une injure faite au suffrage universel."
Ces passes d'armes s'inscrivent dans un contexte particulier de vives tensions. Gilles Simeoni avait affirmé lundi que cela n'avait aucun lien avec l'arrivée des nationalistes au pouvoir. "Le nationalisme peut faire peur mais il faut savoir que le nationalisme corse est aux antipodes de tous les phénomènes de racisme, de xénophobie et d'exclusion… »
Le président du Conseil exécutif expliquait mercredi matin dans le hall de la préfecture :
 « Je ne pense pas que ce soit une provocation. Nous ne sommes pas dans une logique de surenchère. Je pense qu’il y a une attitude de fermeté qui est essentiellement destinée à l’opinion publique nationale. Je crois qu’il faut ouvrir un véritable dialogue, qui porte véritablement sur les problèmes qui sont considérés comme essentiels par la Corse et par sa représentation. »

- Les propos du Premier ministre  sur la Nation Corse ? 
Je suis partagé entre la désolation et une forme de sourire. Feindre de ne pas savoir que la Corse a été un Etat indépendant au 18e siècle, qu'il y a un peuple corse qui est une réalité objective, c'est tourner le dos à l'évidence. On ne peut pas, sauf à aller dans un mur politique, tourner le dos aux évidences.

- Qu’attendre d’une telle visite ?
Je pense que le ministre de l’Intérieur est venu essentiellement par rapport aux problèmes qui ont secoué Ajaccio ces derniers jours. Avec l’Assemblée, nous avons largement contribué à l’apaisement, nous sommes toujours sur cette position et je crois qu’au-delà de la visite ministérielle, il faut revenir au dialogue sur le fond, à savoir ces problèmes qui se sont déroulés à Ajaccio. Toutes les questions fondamentales doivent être abordées


Jean-Guy Talamoni : Le dialogue avant tout
Nous avons demandé à Jean-Guy Talamoni si la visite du ministre de l’Intérieur n’était pas un tantinet tardive ?
Le ministre est maître de son emploi du temps. Avec le maire d’Ajaccio et le président du Conseil exécutif, nous pensons être pour quelque chose dans cette course à l’apaisement sur la ville. Il faut consolider tout cela et donc, pas de triomphalisme à cet égard car la situation est encore tendue. Nous n’avons pas spécialement fait appel au gouvernement pour régler ce problème. Nous avons tous pris nos responsabilité et si le ministre vient aujourd’hui pour constater que les choses vont mieux, c’est très bien ! Nous allons, qui sait, commencer à dialoguer avec lui peut-être… 

- Vous attendez quelque chose de précis avec le ministre ?
Du gouvernement, nous attendons l’ouverture d’un véritable dialogue. Les Corses ont voté pour que les nationalistes dirigent les affaires de la Corse. C’est une réalité qui peut déplaire à Paris, nous pouvons le concevoir, mais c’est la réalité démocratique. Ce sera le sujet des jours à venir dans la mesure où nous avons à travailler sur la collectivité unique et cela est prévu depuis fort longtemps. Nous avons également à travailler avec le gouvernement sur l’ensemble des demandes qui ont été formulées par l’Assemblée de Corse et nous avons l’intention de faire mettre à l’ordre du jour ces différents sujets. Je pense à la langue, à l’amnistie, demandée par la quasi-totalité de l’Assemblée de Corse et des autres institutions de la Corse je pense au foncier également. Il faut effectivement ouvrir le dialogue et je puis vous dire que nous ne sommes pas du tout dans un esprit de provocation même si certaines paroles nous ont laissé perplexes. Encore une fois, nous sommes dans un état d’esprit d’ouverture parce que nous ne sortirons de la situation difficile de la Corse que par le dialogue. Nous pensons que la raison finira par triompher, même à Paris ! »

- Et le Premier ministre qui dit ignorer ce qu’est la Nation corse ?
- Il faut qu’il se renseigne. Il suffit de regarder le résultat des dernières élections. Les Corses ont élu des nationalistes, ils ont donc affirmé ce faisant que la Corse c’était une nation. Cela est la réalité démocratique. M. Vals est un homme intelligent et sait très bien ce qu’est la Nation Corse. C’est l’entité politique qui a traversé les siècles et qui a décidé que les nationalistes devaient diriger les affaires corses. De prendre en compte simplement le fait démocratique et le fait que les Corses ont voté nationaliste est un premier élément d’information pour M. Vals et l’ensemble du gouvernement français


Le colonel Salinesi confiant
Par ailleurs, le commandant le centre de secours, le colonel Salinesi, semblait fort satisfait de la visite et des propos tenus par le Ministre de l’Intérieur devant ses hommes :
« Le ministre est venu ce matin nous apporter son soutien. Il a vu les personnes agressées et a su utiliser les mots justes de réconfort. Il a été informé de la manière nous avons travaillé et a fait passer un message dans lequel il explique que nous avons été à la hauteur de nos responsabilités dans nos actes, dans nos opérations et dans l’apaisement. Le message qu’il faut porter c’est que les citoyens doivent savoir que nos missions, nous les continuerons, quel que soit l’endroit. Nous porterons le secours nécessaire à l’ensemble des personnes qui doivent savoir que nous ne faillirons jamais à nos missions. Nous serons toujours présent partout. »
J.-F.V.