Jean Brignole, secrétaire général du STC (Sindicatu di i travagliadori corsi), entouré de Georges Cailler, secrétaire national STC de la fonction publique territoriale, de Fred Bagnaninchi du STC CAB, de Christophe Pistorosi du STC Mairie de Bastia, Tony Lisetti, Marie-Pierre Benetti, Alain Vigneron et Pascal Brasset du STC Orange-France Telecom.
- Quelle est votre réaction après votre succès aux élections professionnelles de France Telecom ?
- C’est un succès extraordinaire et historique ! Le STC est, désormais, la seule organisation syndicale à être représentée au Comité d’entreprise avec 6 titulaires, 6 suppléants et 67% des voix. Il est présent au Comité depuis 10 ans et est majoritaire depuis le début. Cela nous réjouit !
- A quoi attribuez-vous votre succès ?
- Si, aujourd’hui, le STC reste le seul à être représenté, ce n’est pas dû au hasard ! Nous avons fait un travail de terrain qui nous a permis d’être reconnu comme efficace. Surtout vu d’où l’on vient, vu l’historique de France Telecom ! Nous étions, au temps des PTT, minoritaires. 25 ans après, nous sommes majoritaires et, à France Telecom, les seuls présents ! Cela montre que nous avons choisi la bonne voie.
- Le STC progresse, mais le nombre de votants diminue. Comment expliquez-vous ce recul de la mobilisation syndicale en général ?
- Sauf dans la fonction publique ! Là, le taux de participation est de 80%. Le 4 décembre, on verra que ce taux est important dans les grosses collectivités, comme dans les petites. A France Telecom, la participation a atteint 85% avec un nombre de suffrages exprimés de 80%. Alors que dans certaines élections politiques, elle atteint à peine 50%. Il y a, peut-être, des politiques qui nous envient !
- Pourquoi lancez-vous un appel à la vigilance sur le matériel de vote ? Craignez-vous des fraudes ?
- Non ! Aujourd’hui, pour la première fois, notamment à la Poste, le vote est électronique. La Poste n’a pas fait tout ce qu’il fallait. Elle n’a pas informé suffisamment, ni expliqué comment devait se faire le vote. Aujourd’hui, les salariés ont reçu leur matériel de vote. Nous les appelons à la vigilance. Nous leur disons clairement de faire attention au matériel. Les élections professionnelles sont un moment fort dans la vie des salariés. C’est le moment où ils peuvent faire des choix. Nous leur disons de les faire en leur âme et conscience ! Et d’être vigilants car des gens vont tenter de récupérer ce matériel. Ces tentatives de récupération de la part d’autres organisations syndicales sont, pour nous, inacceptables et inadmissibles !
- Quel est le poids du STC aujourd’hui dans la fonction publique corse ?
- Depuis 2008 au niveau de la fonction publique territoriale, depuis 2011 dans les deux autres fonctions publiques, hospitalières et d’Etat, nous sommes la première organisation syndicale en nombre de voix. Nous allons améliorer cette situation avec les résultats du 4 décembre parce que notre implantation s’étend. Nous sommes, par exemple, la seule organisation à être présente dans la totalité des 7 hôpitaux corses. Cela veut dire que nous avons un maillage territorial qui sera reconnu dans la fonction publique, comme il vient de l’être à France Telecom avec un résultat historique.
- Que pesez-vous, tous secteurs confondus ?
- Les Prudhommes nous ont donné 22 élus sur 42 sur les 200 juridictions départementales et plus de 40% des Comités d’entreprise (CE). Le STC est le premier syndicat corse dans le privé, comme dans le public.
- Un autre actualité concerne l’affaire des deux salariés de la Société générale où vous êtes accusés de racisme. Que répondez-vous ?
- C’est une affaire de corsisation des emplois ! Il y a des gens qui ont, toujours, malheureusement, des vieux clichés sur le racisme et la xénophobie ! Je les invite fortement à lire nos statuts où il est, dans les premiers articles, écrit que peuvent adhérer au STC toutes les personnes, quelque soit leur origine, leur religion ou autre… Nous sommes u Sindicatu di i travagliadori corsi et nous défendons, sans distinction, ceux qui vivent sur cette terre. Aujourd’hui, une majorité d’élus à l’Assemblée de Corse ont voté le statut de résidents, qui met une barre à 5 ans. Il y a quelques années, ce vote nous aurait fait traités de racistes ! Les élus ont, aussi, voté la coofficialité de la langue corse qui est anticonstitutionnelle. Cela veut-il dire qu’il y a des gens en dehors des lois ?
- La corsisation des emplois procède-t-elle, pour vous, de la même nécessité !
- Oui ! La corsisation des emplois est une nécessité ! Non pour exclure des gens, mais pour promouvoir l’emploi local. Nous lançons un appel en ce sens aux administrations, mais aussi au secteur privé ! Dans certains domaines d’activités, que ce soit le tourisme ou le BTP, on ne fait pas appel à la main d’œuvre corse qui n’est, peut-être, pas assez corvéable ou malléable alors que, pour la main d’œuvre étrangère, travailler, ici, c’est l’eldorado ! C’est ça la réalité ! Nous avons déjà, à plusieurs reprises, dénoncé ce problème auprès des Autorités : les emplois déportés dans certaines catégories professionnelles sont très dangereux par rapport à l’avenir ! On ne donne pas de statut aux personnes qui viennent, on les exploite, on ne joue pas sur la diminution du chômage local.
- C’est-à-dire ?
- Dès qu’on veut parler de promotion, d’encadrement ou de maîtrise, malheureusement, des choix sont faits, mais pas en faveur de notre jeunesse qui sort de faculté et a l’instruction nécessaire pour occuper ces emplois. On va chercher ailleurs, là où, en local, la capacité existe. Nous disons, souvent, qu’il n’y a pas besoin d’avoir trop de diplômes pour occuper certains emplois. Ce n’est pas à compétence égale, c’est à compétence suffisante ! Très souvent, on fait des appels à candidature à un niveau que l’on ne trouve pas en Corse.
- Concrètement, ces emplois ne nécessitent-t-ils pas autant de capacités ?
- Très souvent, non ! Ensuite, il faut trouver le moyen, dans le monde du travail, de faire monter en compétences les gens par la formation professionnelle et le véritable dialogue social.
- Le dialogue social n’existe-t-il pas ?
- Non ! Aujourd’hui, malheureusement, en Corse, il n’y a pas de dialogue social ! Très souvent, on est obligé de l’inventer, de le forcer, de mettre le pied en travers de la porte pour, par exemple, mettre en place une élection et des institutions représentatives du personnel. C’est révolutionnaire ! En 2014, c’est toujours quelque chose de difficile à faire !
- Le couple salarié de la Société générale se dit « harcelé ». Comment réagissez-vous ?
- Nous avons clairement condamné les actions contre ces personnes. Nous déplorons tout acte qui ne soit pas règlementaire et qui porte atteinte aux individus. Mais, la Direction de la Société générale, dans cette affaire, a créé un certain nombre de conditions. Il faudrait qu’elle assume ses responsabilités, comme nous avons assumé les nôtres ! Des juridictions ont été saisies, elles nous ont données raison à trois reprises, y compris à Montpellier. La Société générale a fait un appel qui se tiendra en février 2015. Nous savons que les adhérents du STC, qui nous ont donné mandat pour les défendre au Prudhommes, sont sur une liste noire. Dès qu’ils demandent un remplacement, un transfert ou une promotion, ils n’ont jamais gain de cause !
Propos recueillis par Nicole MARI
- C’est un succès extraordinaire et historique ! Le STC est, désormais, la seule organisation syndicale à être représentée au Comité d’entreprise avec 6 titulaires, 6 suppléants et 67% des voix. Il est présent au Comité depuis 10 ans et est majoritaire depuis le début. Cela nous réjouit !
- A quoi attribuez-vous votre succès ?
- Si, aujourd’hui, le STC reste le seul à être représenté, ce n’est pas dû au hasard ! Nous avons fait un travail de terrain qui nous a permis d’être reconnu comme efficace. Surtout vu d’où l’on vient, vu l’historique de France Telecom ! Nous étions, au temps des PTT, minoritaires. 25 ans après, nous sommes majoritaires et, à France Telecom, les seuls présents ! Cela montre que nous avons choisi la bonne voie.
- Le STC progresse, mais le nombre de votants diminue. Comment expliquez-vous ce recul de la mobilisation syndicale en général ?
- Sauf dans la fonction publique ! Là, le taux de participation est de 80%. Le 4 décembre, on verra que ce taux est important dans les grosses collectivités, comme dans les petites. A France Telecom, la participation a atteint 85% avec un nombre de suffrages exprimés de 80%. Alors que dans certaines élections politiques, elle atteint à peine 50%. Il y a, peut-être, des politiques qui nous envient !
- Pourquoi lancez-vous un appel à la vigilance sur le matériel de vote ? Craignez-vous des fraudes ?
- Non ! Aujourd’hui, pour la première fois, notamment à la Poste, le vote est électronique. La Poste n’a pas fait tout ce qu’il fallait. Elle n’a pas informé suffisamment, ni expliqué comment devait se faire le vote. Aujourd’hui, les salariés ont reçu leur matériel de vote. Nous les appelons à la vigilance. Nous leur disons clairement de faire attention au matériel. Les élections professionnelles sont un moment fort dans la vie des salariés. C’est le moment où ils peuvent faire des choix. Nous leur disons de les faire en leur âme et conscience ! Et d’être vigilants car des gens vont tenter de récupérer ce matériel. Ces tentatives de récupération de la part d’autres organisations syndicales sont, pour nous, inacceptables et inadmissibles !
- Quel est le poids du STC aujourd’hui dans la fonction publique corse ?
- Depuis 2008 au niveau de la fonction publique territoriale, depuis 2011 dans les deux autres fonctions publiques, hospitalières et d’Etat, nous sommes la première organisation syndicale en nombre de voix. Nous allons améliorer cette situation avec les résultats du 4 décembre parce que notre implantation s’étend. Nous sommes, par exemple, la seule organisation à être présente dans la totalité des 7 hôpitaux corses. Cela veut dire que nous avons un maillage territorial qui sera reconnu dans la fonction publique, comme il vient de l’être à France Telecom avec un résultat historique.
- Que pesez-vous, tous secteurs confondus ?
- Les Prudhommes nous ont donné 22 élus sur 42 sur les 200 juridictions départementales et plus de 40% des Comités d’entreprise (CE). Le STC est le premier syndicat corse dans le privé, comme dans le public.
- Un autre actualité concerne l’affaire des deux salariés de la Société générale où vous êtes accusés de racisme. Que répondez-vous ?
- C’est une affaire de corsisation des emplois ! Il y a des gens qui ont, toujours, malheureusement, des vieux clichés sur le racisme et la xénophobie ! Je les invite fortement à lire nos statuts où il est, dans les premiers articles, écrit que peuvent adhérer au STC toutes les personnes, quelque soit leur origine, leur religion ou autre… Nous sommes u Sindicatu di i travagliadori corsi et nous défendons, sans distinction, ceux qui vivent sur cette terre. Aujourd’hui, une majorité d’élus à l’Assemblée de Corse ont voté le statut de résidents, qui met une barre à 5 ans. Il y a quelques années, ce vote nous aurait fait traités de racistes ! Les élus ont, aussi, voté la coofficialité de la langue corse qui est anticonstitutionnelle. Cela veut-il dire qu’il y a des gens en dehors des lois ?
- La corsisation des emplois procède-t-elle, pour vous, de la même nécessité !
- Oui ! La corsisation des emplois est une nécessité ! Non pour exclure des gens, mais pour promouvoir l’emploi local. Nous lançons un appel en ce sens aux administrations, mais aussi au secteur privé ! Dans certains domaines d’activités, que ce soit le tourisme ou le BTP, on ne fait pas appel à la main d’œuvre corse qui n’est, peut-être, pas assez corvéable ou malléable alors que, pour la main d’œuvre étrangère, travailler, ici, c’est l’eldorado ! C’est ça la réalité ! Nous avons déjà, à plusieurs reprises, dénoncé ce problème auprès des Autorités : les emplois déportés dans certaines catégories professionnelles sont très dangereux par rapport à l’avenir ! On ne donne pas de statut aux personnes qui viennent, on les exploite, on ne joue pas sur la diminution du chômage local.
- C’est-à-dire ?
- Dès qu’on veut parler de promotion, d’encadrement ou de maîtrise, malheureusement, des choix sont faits, mais pas en faveur de notre jeunesse qui sort de faculté et a l’instruction nécessaire pour occuper ces emplois. On va chercher ailleurs, là où, en local, la capacité existe. Nous disons, souvent, qu’il n’y a pas besoin d’avoir trop de diplômes pour occuper certains emplois. Ce n’est pas à compétence égale, c’est à compétence suffisante ! Très souvent, on fait des appels à candidature à un niveau que l’on ne trouve pas en Corse.
- Concrètement, ces emplois ne nécessitent-t-ils pas autant de capacités ?
- Très souvent, non ! Ensuite, il faut trouver le moyen, dans le monde du travail, de faire monter en compétences les gens par la formation professionnelle et le véritable dialogue social.
- Le dialogue social n’existe-t-il pas ?
- Non ! Aujourd’hui, malheureusement, en Corse, il n’y a pas de dialogue social ! Très souvent, on est obligé de l’inventer, de le forcer, de mettre le pied en travers de la porte pour, par exemple, mettre en place une élection et des institutions représentatives du personnel. C’est révolutionnaire ! En 2014, c’est toujours quelque chose de difficile à faire !
- Le couple salarié de la Société générale se dit « harcelé ». Comment réagissez-vous ?
- Nous avons clairement condamné les actions contre ces personnes. Nous déplorons tout acte qui ne soit pas règlementaire et qui porte atteinte aux individus. Mais, la Direction de la Société générale, dans cette affaire, a créé un certain nombre de conditions. Il faudrait qu’elle assume ses responsabilités, comme nous avons assumé les nôtres ! Des juridictions ont été saisies, elles nous ont données raison à trois reprises, y compris à Montpellier. La Société générale a fait un appel qui se tiendra en février 2015. Nous savons que les adhérents du STC, qui nous ont donné mandat pour les défendre au Prudhommes, sont sur une liste noire. Dès qu’ils demandent un remplacement, un transfert ou une promotion, ils n’ont jamais gain de cause !
Propos recueillis par Nicole MARI