Gilles Simeoni, maire de Bastia, conseiller territorial sortant et leader de la liste Femu a Corsica.
L’atmosphère est enthousiaste, presque euphorique. On y retrouve le parfum et la foule des grands soirs de la campagne municipale de 2014 qui, il y a 20 mois, au même endroit, a fait tomber une citadelle réputée imprenable. C’était la première marche vers une dimension territoriale qui, dimanche soir, prendra ou ne prendra pas forme. L’enjeu est historique, pas seulement pour les Nationalistes modérés de Femu a Corsica, mais pour tous les Nationalistes qui pourraient bien, après un demi-siècle de lutte, de déchirements et de drames, accéder à la présidence d’une Assemblée qui, sans eux, n’existerait pas ! Dans ce combat pour la gouvernance de la Corse, les Modérés ont déjà remporté une première bataille psychologique, celle d’être invariablement placé en tête du 1er tour dans tous les sondages réalisés - officiels ou pas -, et de voir leur leader désigné, par ces mêmes sondages, comme la personnalité préférée des Corses pour présider l’Exécutif. C’est une première dans l’histoire électorale insulaire moderne ! Si cette tendance se confirmait, dimanche, avec l’amplitude annoncée, ce serait un tremblement de terre sur l’échiquier politique. Quelques soient, d’ailleurs, les retournements de 2nd ou de 3ème tour…
Une page d’histoire
Cet espoir, cette alternative, cette victoire possible, Femu a Corsica y croit comme jamais et l’affirme, à la fois, comme une nécessité et un devoir. C’est l’ex-conseiller départemental de Bastia, Joseph Gandolfi, qui donne le ton en jouant les maîtres de cérémonie, galvanisant une foule qui n'a nul besoin de l'être. « Le 13 décembre, ce ne sera pas une simple victoire électorale, mais une page de l'histoire de la Corse qui s'écrira ».
La conseillère territoriale sortante, Fabienne Giovannini, enchaîne in lingua nustrale : « Simu inseme à l’orlu d’un veru ciambuttamentu. Dopu à 50 anni di lotta, dopu à tanti strazii è sacrifizii, vite arrubate, annate di prigio, partenze in l’esiliu… Ci simu : i naziunalisti ponu esse à e respunsabilità ! ». Puis, elle revient sur le travail effectué par le groupe Femu pendant cette dernière mandature : « Notre rôle a été, comme notre place dans l’hémicycle : central ! Simu stati in core di tutti i dibatti, di tutte l’avvanzate. Nous avons beaucoup travaillé, c’est ce qui nous donne une grande part de crédibilité. Et, c'est cette crédibilité qui fait peur ». Elle tacle, au passage, ceux qui « voudraient nous faire croire qu'il y a plus nationalistes que nous. Mais si nous n'avions pas été là, aucun dossier de la langue, de la terre, de la fiscalité n'aurait été ni abordé, ni voté... ».
Un pays conduit à la ruine
A sa suite, Laura Guidicelli pose ce qu’elle considère comme l’enjeu premier de ce scrutin : « Il faut en finir avec ce système claniste et clientéliste, basé sur tous les chantages, notamment le chantage à l’emploi en l’échange d’un vote, qui ne reconnaît pas les compétences, mais le nombre de voix apportées ! Nous venons le combattre, par la démocratie. Oghje più di mai, ci tocca à impegnacci per u benistà è l’avvene di i figlioli di sta terra, ci tocca à cambià e mentalità pulitiche per custruisce une sucetà nova ». Evoquant les difficultés des jeunes à trouver un emploi « L’accès à l’emploi des jeunes ne doit pas être otage ou tributaire du système clientéliste actuel », elle promet de « faire vivre cette terre, de faire progresser notre peuple et de prendre soin de notre jeunesse ». Ripostant « aux vieux briscards de la politique qui disent que nous sommes inexpérimentés », elle assène : « Les compétences, nous les avons. Mais il y a pire que des élus inexpérimentés, il y a des élus désengagés qui ont conduit notre pays à la ruine et privé, de perspectives, notre jeunesse. Dans trois jours, soit nous gagnons et renaissons tous, en tant que peuple, soit nous perdons tous, en tant qu’individu ! »
Un système ébranlé
Faire tomber ce système qu’il « connaît bien », c’est le cheval de bataille du conseiller territorial sortant, Hyacinthe Vanni qui parle d’expérience : « Nous nous sommes toujours opposés, parfois même physiquement, à ces pratiques, ces méthodes d’une autre époque. Nous avons été mutés, intimidés, menacés ! Nous n’avons jamais renoncé ! Nous sommes toujours restés la tête haute face à des personnes qui, quelque fois, n’avaient aucune fonction dans l’administration. Nous n’avons jamais cédé, même s’il a fallu s’expatrier pour passer des concours. C’est ce que beaucoup ont vécu à la CTC ces 5 dernières années. Nous avons toujours été à leurs côtés ». S’appuyant sur le rapport de la Cour des comptes, il pointe la gestion des ressources humaines, « les passes droits, l’utilisation des véhicules de services, les heures supplémentaires… ». Avant de décocher un coup de griffe au président de l’Office des transports, Paul-Marie Bartoli, « qui a brillé pendant 5 ans par son incompétence et voudrait nous donner des leçons de gestion ». Pour lui, l’heure est venue : « Dimanche, ce système sera ébranlé et, dimanche prochain, il sera battu, lui et ceux qui l’incarnent. Mais il faudra quand même, qu’ils assument leur responsabilité jusqu’au bout et non pas essayer de la faire assumer par d’autres, comme ils en ont l’habitude ».
Un changement en marche
Une certitude partagée par un autre conseiller territorial sortant, Jean Biancucci, qui enfonce durement le clou sur « ceux qui pratiquent l'invective, à la limite de l'insulte, qui essayent par tous les moyens de nous déstabiliser. Est-ce par un sentiment de panique, de défaite ? Ont-ils compris que nous allons gagner ! ». Il tire, à son habitude, à boulets rouges sur la gauche, comme sur la droite : « On nous avait promis le décollage de la Corse, à part les avions, on n’a rien vu décoller ! Ils n'ont pas été bons, ils ne sont pas bons ! Ils sont les tenants de l’échec, de la médiocrité, de la ruine de la Corse. La responsabilité vient autant de Giacobbi que de Zuccarelli qui était président de l'ADEC et qui n'a rien fait. Il faut leur faire barrage. Il faut construire autre chose avec des gens de progrès venant, à la fois, de droite et de gauche. Je l’ai fait à Cuttoli ! Ce qui est possible dans une commune est possible à l'échelle de la Corse ». Il explique, chiffre à l’appui, la situation « désastreuse » de la collectivité territoriale « lourdement endettée » et la nécessité de sortir de l’impasse financière, avant de s’adresser aux militants : « Aidez-nous ! Dites autour de vous que le changement est en marche ».
U riacquistu pour la jeunesse
Ce changement, l’économiste Annette Maupertuis l’estime vital pour l’avenir de l’île : « Les Corses sont inquiets, ils sont dans l'incertitude. Ce n'est pas l'emploi public, ni les transferts publics qui ont réussi à amortir le choc de la crise. L'avenir des jeunes est hypothéqué comme notre identité et notre terre. Il faut changer de modèle. Mais on ne change pas en deux ans un système qui s’appuie sur le clientélisme, très efficace politiquement, mais globalement source de déséconomie. Nous devons maîtriser notre destin aussi bien politique qu’économique ». Pour elle, les deux sont liés, les institutions et les moyens. « Que ferions-nous d’une autonomie politique sans moyens économiques pour la gérer ? Que ferions-nous des richesses économiques dans ce système bancal, si nous devions baisser la tête devant ceux qui spéculent, se servent sur le bien commun, érigent des monopoles ? Nous sommes en train de tomber dans le piège d’une paupérisation effective, d’une trappe à la pauvreté ». Elle exhorte à voter pour « une transition vers un système économique qui inclut, innove, attire, produit de l'activité et n'en détruit pas. On peut être de grands entrepreneurs, de grands commerçants, de grands agriculteurs sans avoir besoin de vendre sa terre et de vendre son âme ! ». Mais, conclut-elle un seul critère est valable pour conduire l'action publique, celui de « répondre à une seule et unique question : assurons-nous la liberté de choix pleine et entière de la jeunesse Corse, garantissons-nous son avenir ? C’est ça le riacquistu economicu et suciale ! ».
Un souffle d’espérance
Le ton redevient très politique avec le conseiller territorial sortant et leader du PNC, Jean-Christophe Angelini, qui lance, en préambule : « Bienvenue au dernier meeting de Femu avant la victoire de dimanche ! ». S’inscrivant dans le droit fil de la lutte du mouvement national, il avoue : « Nous avons l'immense honneur d'arriver au moment de la récolte. Cette chance que nous devons à ceux qui nous ont précédés, nous la saisissons pleinement, nous ne la laisserons pas passer. Dimanche, en leur nom à tous, nous écrirons la page de la victoire parce que nous le leur devons, nous vous le devons. Au moment où nous échoit cette responsabilité nouvelle que jamais nous n’avons eu l’occasion de devoir endosser, nous avons aussi la claire conscience de tous ces espoirs qui se manifestent aux quatre coins de l’île. Saluons non la fin d'une campagne, mais le début d'un parcours d'accession aux responsabilités ». Daubant un tweet de Paul Giacobbi, au même moment en meeting à Ajaccio, il s’écrie : « Il dit qu’il a gagné parce qu’ils sont 400 à Ajaccio. Je lui dis : Nous sommes 2000 à Bastia et vous avez perdu ! Ne voyez vous pas que nous avons déjà gagné ! Il y a un souffle d'espérance, de liberté, de dignité qui va nous mettre largement en tête dimanche ».
Le temps est venu
Il scande, lui aussi, avec détermination, son opposition au « système à la tête de la CTC parce qu’il avilit, il rabaisse, il ne fait pas de l’homme un citoyen à part entière, mais le réduit au rang de clientèle électorale. Nous ne sommes pas d’accord ! Des hommes ne se sont pas levés, il y a 40 ans, contre le clanisme, le clientélisme, les attaques quotidiennes à la liberté et aux droits de l’Homme pour qu’aujourd’hui, nous renoncions. Jamais ! Ce qui nous fait bouger, ce qui nous fait vibrer le cœur et être là ce soir, c'est que, demain, quand nous serons aux commandes, chaque homme et femme de cette terre se sentent libres chez eux ». Puis, il prévient l'Etat : « S’il est habitué à des élus qui ont le petit doigt sur la couture du pantalon et dont il faut régulièrement changer les fils pour qu’ils continuent à marcher, un peu comme les lapins Duracell, qu'il se tienne prêt parce que le 14 décembre va retentir à Paris la voix de la nation corse, d’un peuple, d’un drapeau qui veut être reconnu et qui veut vivre. Il est temps et heure pour notre terre, notre jeunesse, pour un avenir de paix, de prospérité et de dignité ».
Un idéal démocratique
Une détermination martelée par Gilles Simeoni qui surfe, lui aussi, sur l’histoire collective pour mieux railler ceux qui « parlent de la démocratie dans la presse, mais s’en moquent dès qu’ils arrivent au pouvoir. Nous, la démocratie est notre idéal, notre rêve, la raison pour laquelle nous avons commencé à nous battre quand nous avions 15 ans ». Il ironise sur Paul Giacobbi qui prétend se réapproprier le combat pour l’université et la langue : « Nous ne l’avons pas attendu ! Nous n’avons pas attendu 2014 pour défendre la coofficialité ». Le leader nationaliste rappelle les fondamentaux, l’enjeu de l’élection et les raisons de la victoire : « Nous allons gagner parce que nous avons fait des choix politiques clairs autour de trois idées fondamentales : la fidélité irréductible de la lutte de ce peuple pour sa reconnaissance, le droit de notre société de vivre de façon démocratique en faisant, nous Nationalistes, le choix exclusif de l'action publique, la nation corse qui n'est pas seulement la nation des nationalistes, mais de tous les Corses. C’est pour ça qu’y compris quand on nous insulte et on nous a insulté, lorsqu’on nous traîne dans la boue et on nous a trainé dans la boue, quand on caricature nos idées comme cela a été le cas ces derniers jours, nous opposons, à ces excès et à ces insultes, nos convictions profondes et la certitude que notre choix est le bon ».
Un sursaut profond
Gilles Simeoni confie que c’est, à Corte, devant les étudiants, qu’il a compris « qu'on ne pouvait plus perdre » et que cela confère une responsabilité : « Nous n’avons pas le droit de nous tromper ! Nous n’avons pas le droit d’échouer ! ». Il dénonce « le peu de considération » de ceux qui « disent que nous ne sommes pas capables. Pensez-vous vraiment que ce mouvement qui, depuis 50 ans, a su avancer toutes les idées nouvelles et mettre sur la table la lutte contre la spéculation, contre le nucléaire à l’Argentella, les boues rouges, l’université, la langue, l’écologie, l’économie identitaire et numérique… n’a pas de gens capables de se mettre au service de l’intérêt général ? Bien sûr que nous les avons ! Il y a beaucoup de femmes et d’hommes qui, dimanche, voteront, pour la première fois, nationaliste, écœurés par le système en place… cette démarche, nous ne la décevrons pas ! ». Il avertit, cependant que « la tâche sera immense » et qu’il faudra « un sursaut profond, durable et inventer des chemins nouveaux pour la démocratie » pour faire enfin « nation ensemble ».
Un serment de loyauté
Il lance un appel aux électeurs : « Vous avez, entre vos mains, une parcelle immense et inaliénable du présent et de l'avenir de ce peuple ». Et leur demande de faire la différence entre « Le choix du passé incarné par la droite et la gauche » et « Le choix de l'avenir incarné par Femu a Corsica. Nous sommes portés par le vent de l’histoire. Nous ne pouvons pas nous situer sur le registre de la rancœur et de la revanche. Nous ne pouvons pas répondre aux attaquées misérables d'hier soir par l’équivalent des turpitudes qui ont caractérisé leurs auteurs pendant des décennies. Les Corses savent ce qui ne doit plus être fait et le chemin qui doit être pris et que nous emprunterons avec d’autres forces. Si nous sommes largement en tête, dimanche, plus rien n’arrêtera la dynamique de changement ». Avant de s’engager à prêter serment : « Dans 15 jours, nous déclarerons sous serment que nous serons loyaux envers le peuple corse et que nous exercerons nos fonctions avec honnêteté, justice et dans le respect de l’intérêt général ». Dans moins de 48 heures, Femu a Corsica saura si son appel est entendu et si son espoir est confirmé.
N.M.
Une page d’histoire
Cet espoir, cette alternative, cette victoire possible, Femu a Corsica y croit comme jamais et l’affirme, à la fois, comme une nécessité et un devoir. C’est l’ex-conseiller départemental de Bastia, Joseph Gandolfi, qui donne le ton en jouant les maîtres de cérémonie, galvanisant une foule qui n'a nul besoin de l'être. « Le 13 décembre, ce ne sera pas une simple victoire électorale, mais une page de l'histoire de la Corse qui s'écrira ».
La conseillère territoriale sortante, Fabienne Giovannini, enchaîne in lingua nustrale : « Simu inseme à l’orlu d’un veru ciambuttamentu. Dopu à 50 anni di lotta, dopu à tanti strazii è sacrifizii, vite arrubate, annate di prigio, partenze in l’esiliu… Ci simu : i naziunalisti ponu esse à e respunsabilità ! ». Puis, elle revient sur le travail effectué par le groupe Femu pendant cette dernière mandature : « Notre rôle a été, comme notre place dans l’hémicycle : central ! Simu stati in core di tutti i dibatti, di tutte l’avvanzate. Nous avons beaucoup travaillé, c’est ce qui nous donne une grande part de crédibilité. Et, c'est cette crédibilité qui fait peur ». Elle tacle, au passage, ceux qui « voudraient nous faire croire qu'il y a plus nationalistes que nous. Mais si nous n'avions pas été là, aucun dossier de la langue, de la terre, de la fiscalité n'aurait été ni abordé, ni voté... ».
Un pays conduit à la ruine
A sa suite, Laura Guidicelli pose ce qu’elle considère comme l’enjeu premier de ce scrutin : « Il faut en finir avec ce système claniste et clientéliste, basé sur tous les chantages, notamment le chantage à l’emploi en l’échange d’un vote, qui ne reconnaît pas les compétences, mais le nombre de voix apportées ! Nous venons le combattre, par la démocratie. Oghje più di mai, ci tocca à impegnacci per u benistà è l’avvene di i figlioli di sta terra, ci tocca à cambià e mentalità pulitiche per custruisce une sucetà nova ». Evoquant les difficultés des jeunes à trouver un emploi « L’accès à l’emploi des jeunes ne doit pas être otage ou tributaire du système clientéliste actuel », elle promet de « faire vivre cette terre, de faire progresser notre peuple et de prendre soin de notre jeunesse ». Ripostant « aux vieux briscards de la politique qui disent que nous sommes inexpérimentés », elle assène : « Les compétences, nous les avons. Mais il y a pire que des élus inexpérimentés, il y a des élus désengagés qui ont conduit notre pays à la ruine et privé, de perspectives, notre jeunesse. Dans trois jours, soit nous gagnons et renaissons tous, en tant que peuple, soit nous perdons tous, en tant qu’individu ! »
Un système ébranlé
Faire tomber ce système qu’il « connaît bien », c’est le cheval de bataille du conseiller territorial sortant, Hyacinthe Vanni qui parle d’expérience : « Nous nous sommes toujours opposés, parfois même physiquement, à ces pratiques, ces méthodes d’une autre époque. Nous avons été mutés, intimidés, menacés ! Nous n’avons jamais renoncé ! Nous sommes toujours restés la tête haute face à des personnes qui, quelque fois, n’avaient aucune fonction dans l’administration. Nous n’avons jamais cédé, même s’il a fallu s’expatrier pour passer des concours. C’est ce que beaucoup ont vécu à la CTC ces 5 dernières années. Nous avons toujours été à leurs côtés ». S’appuyant sur le rapport de la Cour des comptes, il pointe la gestion des ressources humaines, « les passes droits, l’utilisation des véhicules de services, les heures supplémentaires… ». Avant de décocher un coup de griffe au président de l’Office des transports, Paul-Marie Bartoli, « qui a brillé pendant 5 ans par son incompétence et voudrait nous donner des leçons de gestion ». Pour lui, l’heure est venue : « Dimanche, ce système sera ébranlé et, dimanche prochain, il sera battu, lui et ceux qui l’incarnent. Mais il faudra quand même, qu’ils assument leur responsabilité jusqu’au bout et non pas essayer de la faire assumer par d’autres, comme ils en ont l’habitude ».
Un changement en marche
Une certitude partagée par un autre conseiller territorial sortant, Jean Biancucci, qui enfonce durement le clou sur « ceux qui pratiquent l'invective, à la limite de l'insulte, qui essayent par tous les moyens de nous déstabiliser. Est-ce par un sentiment de panique, de défaite ? Ont-ils compris que nous allons gagner ! ». Il tire, à son habitude, à boulets rouges sur la gauche, comme sur la droite : « On nous avait promis le décollage de la Corse, à part les avions, on n’a rien vu décoller ! Ils n'ont pas été bons, ils ne sont pas bons ! Ils sont les tenants de l’échec, de la médiocrité, de la ruine de la Corse. La responsabilité vient autant de Giacobbi que de Zuccarelli qui était président de l'ADEC et qui n'a rien fait. Il faut leur faire barrage. Il faut construire autre chose avec des gens de progrès venant, à la fois, de droite et de gauche. Je l’ai fait à Cuttoli ! Ce qui est possible dans une commune est possible à l'échelle de la Corse ». Il explique, chiffre à l’appui, la situation « désastreuse » de la collectivité territoriale « lourdement endettée » et la nécessité de sortir de l’impasse financière, avant de s’adresser aux militants : « Aidez-nous ! Dites autour de vous que le changement est en marche ».
U riacquistu pour la jeunesse
Ce changement, l’économiste Annette Maupertuis l’estime vital pour l’avenir de l’île : « Les Corses sont inquiets, ils sont dans l'incertitude. Ce n'est pas l'emploi public, ni les transferts publics qui ont réussi à amortir le choc de la crise. L'avenir des jeunes est hypothéqué comme notre identité et notre terre. Il faut changer de modèle. Mais on ne change pas en deux ans un système qui s’appuie sur le clientélisme, très efficace politiquement, mais globalement source de déséconomie. Nous devons maîtriser notre destin aussi bien politique qu’économique ». Pour elle, les deux sont liés, les institutions et les moyens. « Que ferions-nous d’une autonomie politique sans moyens économiques pour la gérer ? Que ferions-nous des richesses économiques dans ce système bancal, si nous devions baisser la tête devant ceux qui spéculent, se servent sur le bien commun, érigent des monopoles ? Nous sommes en train de tomber dans le piège d’une paupérisation effective, d’une trappe à la pauvreté ». Elle exhorte à voter pour « une transition vers un système économique qui inclut, innove, attire, produit de l'activité et n'en détruit pas. On peut être de grands entrepreneurs, de grands commerçants, de grands agriculteurs sans avoir besoin de vendre sa terre et de vendre son âme ! ». Mais, conclut-elle un seul critère est valable pour conduire l'action publique, celui de « répondre à une seule et unique question : assurons-nous la liberté de choix pleine et entière de la jeunesse Corse, garantissons-nous son avenir ? C’est ça le riacquistu economicu et suciale ! ».
Un souffle d’espérance
Le ton redevient très politique avec le conseiller territorial sortant et leader du PNC, Jean-Christophe Angelini, qui lance, en préambule : « Bienvenue au dernier meeting de Femu avant la victoire de dimanche ! ». S’inscrivant dans le droit fil de la lutte du mouvement national, il avoue : « Nous avons l'immense honneur d'arriver au moment de la récolte. Cette chance que nous devons à ceux qui nous ont précédés, nous la saisissons pleinement, nous ne la laisserons pas passer. Dimanche, en leur nom à tous, nous écrirons la page de la victoire parce que nous le leur devons, nous vous le devons. Au moment où nous échoit cette responsabilité nouvelle que jamais nous n’avons eu l’occasion de devoir endosser, nous avons aussi la claire conscience de tous ces espoirs qui se manifestent aux quatre coins de l’île. Saluons non la fin d'une campagne, mais le début d'un parcours d'accession aux responsabilités ». Daubant un tweet de Paul Giacobbi, au même moment en meeting à Ajaccio, il s’écrie : « Il dit qu’il a gagné parce qu’ils sont 400 à Ajaccio. Je lui dis : Nous sommes 2000 à Bastia et vous avez perdu ! Ne voyez vous pas que nous avons déjà gagné ! Il y a un souffle d'espérance, de liberté, de dignité qui va nous mettre largement en tête dimanche ».
Le temps est venu
Il scande, lui aussi, avec détermination, son opposition au « système à la tête de la CTC parce qu’il avilit, il rabaisse, il ne fait pas de l’homme un citoyen à part entière, mais le réduit au rang de clientèle électorale. Nous ne sommes pas d’accord ! Des hommes ne se sont pas levés, il y a 40 ans, contre le clanisme, le clientélisme, les attaques quotidiennes à la liberté et aux droits de l’Homme pour qu’aujourd’hui, nous renoncions. Jamais ! Ce qui nous fait bouger, ce qui nous fait vibrer le cœur et être là ce soir, c'est que, demain, quand nous serons aux commandes, chaque homme et femme de cette terre se sentent libres chez eux ». Puis, il prévient l'Etat : « S’il est habitué à des élus qui ont le petit doigt sur la couture du pantalon et dont il faut régulièrement changer les fils pour qu’ils continuent à marcher, un peu comme les lapins Duracell, qu'il se tienne prêt parce que le 14 décembre va retentir à Paris la voix de la nation corse, d’un peuple, d’un drapeau qui veut être reconnu et qui veut vivre. Il est temps et heure pour notre terre, notre jeunesse, pour un avenir de paix, de prospérité et de dignité ».
Un idéal démocratique
Une détermination martelée par Gilles Simeoni qui surfe, lui aussi, sur l’histoire collective pour mieux railler ceux qui « parlent de la démocratie dans la presse, mais s’en moquent dès qu’ils arrivent au pouvoir. Nous, la démocratie est notre idéal, notre rêve, la raison pour laquelle nous avons commencé à nous battre quand nous avions 15 ans ». Il ironise sur Paul Giacobbi qui prétend se réapproprier le combat pour l’université et la langue : « Nous ne l’avons pas attendu ! Nous n’avons pas attendu 2014 pour défendre la coofficialité ». Le leader nationaliste rappelle les fondamentaux, l’enjeu de l’élection et les raisons de la victoire : « Nous allons gagner parce que nous avons fait des choix politiques clairs autour de trois idées fondamentales : la fidélité irréductible de la lutte de ce peuple pour sa reconnaissance, le droit de notre société de vivre de façon démocratique en faisant, nous Nationalistes, le choix exclusif de l'action publique, la nation corse qui n'est pas seulement la nation des nationalistes, mais de tous les Corses. C’est pour ça qu’y compris quand on nous insulte et on nous a insulté, lorsqu’on nous traîne dans la boue et on nous a trainé dans la boue, quand on caricature nos idées comme cela a été le cas ces derniers jours, nous opposons, à ces excès et à ces insultes, nos convictions profondes et la certitude que notre choix est le bon ».
Un sursaut profond
Gilles Simeoni confie que c’est, à Corte, devant les étudiants, qu’il a compris « qu'on ne pouvait plus perdre » et que cela confère une responsabilité : « Nous n’avons pas le droit de nous tromper ! Nous n’avons pas le droit d’échouer ! ». Il dénonce « le peu de considération » de ceux qui « disent que nous ne sommes pas capables. Pensez-vous vraiment que ce mouvement qui, depuis 50 ans, a su avancer toutes les idées nouvelles et mettre sur la table la lutte contre la spéculation, contre le nucléaire à l’Argentella, les boues rouges, l’université, la langue, l’écologie, l’économie identitaire et numérique… n’a pas de gens capables de se mettre au service de l’intérêt général ? Bien sûr que nous les avons ! Il y a beaucoup de femmes et d’hommes qui, dimanche, voteront, pour la première fois, nationaliste, écœurés par le système en place… cette démarche, nous ne la décevrons pas ! ». Il avertit, cependant que « la tâche sera immense » et qu’il faudra « un sursaut profond, durable et inventer des chemins nouveaux pour la démocratie » pour faire enfin « nation ensemble ».
Un serment de loyauté
Il lance un appel aux électeurs : « Vous avez, entre vos mains, une parcelle immense et inaliénable du présent et de l'avenir de ce peuple ». Et leur demande de faire la différence entre « Le choix du passé incarné par la droite et la gauche » et « Le choix de l'avenir incarné par Femu a Corsica. Nous sommes portés par le vent de l’histoire. Nous ne pouvons pas nous situer sur le registre de la rancœur et de la revanche. Nous ne pouvons pas répondre aux attaquées misérables d'hier soir par l’équivalent des turpitudes qui ont caractérisé leurs auteurs pendant des décennies. Les Corses savent ce qui ne doit plus être fait et le chemin qui doit être pris et que nous emprunterons avec d’autres forces. Si nous sommes largement en tête, dimanche, plus rien n’arrêtera la dynamique de changement ». Avant de s’engager à prêter serment : « Dans 15 jours, nous déclarerons sous serment que nous serons loyaux envers le peuple corse et que nous exercerons nos fonctions avec honnêteté, justice et dans le respect de l’intérêt général ». Dans moins de 48 heures, Femu a Corsica saura si son appel est entendu et si son espoir est confirmé.
N.M.