Le maire de Bastia, Gilles Simeoni, entouré du ministre Patrick Kanner, du préfet Alain Thirion, et de ses deux premiers adjoints, Emmanuelle De Gentili et Jean-Louis Milani.
- La signature de ce nouveau contrat ville est-ce une satisfaction mitigée ou complète ?
- C’est, d’abord, une satisfaction parce que le fait d’être intégré dans le dispositif de politique de la ville nous permet de bénéficier de crédits importants sur une période de 5 ans et, donc, de soutenir l’effort en faveur de quartiers qui sont, aujourd’hui, en situation très difficile. En même temps, c’est aussi le reflet d’une situation très dégradée puisque le fait même d’être intégré dans la politique de la ville signifie que Bastia est très en retard du point de vue économique et social. Les chiffres le démontrent. Dans les quartiers de Lupinu, Montesoru, Paese Novu, du Centre ancien, de Saint Antoine et de San Gaetano, concernés par la politique de la ville, le chômage atteint 20 à 22%, alors que la moyenne nationale est de 10%.
- Dans ce cas, pourquoi avez-vous dû batailler pour intégrer ce dispositif ?
- Il y avait moins de crédits disponibles et de nombreuses villes en demande. Nous avons beaucoup travaillé au plan politique avec les services de la Ville et de la CAB, également avec le préfet de Haute-Corse et ses services. Nous avons obtenu d’être retenu comme ville bénéficiaire. Ce principe adopté, il a fallu se battre sur le périmètre. Nous avons réussi à réintégrer le double de ce qui était prévu pour les quartiers de Lupinu, Montesoru et Paese Novu. Nous avons maintenu le Centre ancien et nous avons réussi à intégrer, en quartiers de veille, Saint Antoine et San Gaetano qui, par application mécanique des critères démographiques prévus par la loi, auraient dû être exclus.
- Qu’est-ce qu’un quartier de veille ?
- Ce sont des quartiers qui ne remplissent pas les conditions démographiques pour être intégrés dans le dispositif de politique de la ville. Mais, par leurs caractéristiques, notamment les difficultés économiques et sociales qu’ils rencontrent, ils peuvent bénéficier, de façon collatérale, des dispositifs mis en place.
- Vous dites vouloir « passer d’une logique de rente à une logique de développement économique ». Qu’entendez-vous par là ?
- Les efforts, qui ont été faits jusqu’à aujourd’hui, n’ont pas été suffisants. Ces quartiers sont restés dans une logique de dépendance forte avec le corollaire que nous avons souvent dénoncé, c’est-à-dire la logique du chantage au logement et à l’emploi. Le véritable développement économique et social n’a pas été impulsé, ni réussi. Il faut changer de braquet et inscrire la politique de la ville dans une vision politique globale, notamment celle de la démocratie participative. Il y a, désormais, dans le dispositif législatif, à côté de la dimension urbaine et de mixité sociale, d’aide au logement et de soutien à la politique éducative, une dimension économique et sociale.
- Comment comptez-vous créer du développement ?
- Le soutien au développement de l’activité économique dans les quartiers s’appuiera sur les entreprises et les associations. Il doit nous permettre, dans le cas d’une démarche collective entre les personnes publiques et les acteurs privés et associatifs, de véritablement impulser un développement, une plus grande cohésion sociale et culturelle et des efforts majeurs en faveur de la réhabilitation des logements. Cette politique d’ensemble doit conduire, en quelques années, à un véritable mieux-vivre. Nous avons deux objectifs : créer de la richesse économique et de la justice sociale.
- Le ministre a rendu hommage à votre démarche de démocratie participative et à la création de Conseils de quartiers que vous avez été, le premier, à initier en Corse. Cela a-t-il joué en votre faveur ?
- Oui ! Nous avons été la première ville en Corse et une des premières villes au plan français à mettre en place ce dispositif de façon aussi soutenue. A partir du moment où la politique de la ville a du se conjuguer dans une logique participative, accentuée et renforcée, le dossier de Bastia s’en est trouvé amélioré. Les outils, que nous avions mis en place, nous ont permis de présenter un dossier solide et étayé grâce à un travail admirablement réalisé par les Services de la ville, qui ont beaucoup d’expérience, et par les services de la CAB. S’y sont ajoutés un tissu associatif dense et, surtout, une volonté politique forte. Avec Emmanuelle De Gentili et Jean-Louis Milani, nous avons travaillé ensemble, dans notre majorité municipale. Nous sommes allés à Paris pour défendre le dossier et nous avons, finalement, eu gain de cause.
- Vous dites que cette volonté politique se traduit par une nouvelle vision de la ville. En quoi celle-ci est-elle innovante ?
- Lorsque nous sommes arrivés aux responsabilités, nous avons hérité d’une situation structurellement dégradée au plan économique, social et même de la cohésion globale de la ville. Nous voulons construire une ville où la respiration démocratique se fait de façon naturelle, une ville qui repose sur le vivre-ensemble, une ville qui se développe et s’ouvre à l’environnement européen et méditerranéen, une ville qui créée et innove et une ville qui rit… Nous voulons le faire avec tous les Bastiaises et les Bastiais. Même si cela prend du temps ! Nous savions, de toute façon, que cela prendrait du temps. Nous comprenons les impatiences. Mais, c’est le chemin sur lequel nous sommes résolument engagé. Je ne doute pas que nous réussirons, ensemble, à construire cette ville-là.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- C’est, d’abord, une satisfaction parce que le fait d’être intégré dans le dispositif de politique de la ville nous permet de bénéficier de crédits importants sur une période de 5 ans et, donc, de soutenir l’effort en faveur de quartiers qui sont, aujourd’hui, en situation très difficile. En même temps, c’est aussi le reflet d’une situation très dégradée puisque le fait même d’être intégré dans la politique de la ville signifie que Bastia est très en retard du point de vue économique et social. Les chiffres le démontrent. Dans les quartiers de Lupinu, Montesoru, Paese Novu, du Centre ancien, de Saint Antoine et de San Gaetano, concernés par la politique de la ville, le chômage atteint 20 à 22%, alors que la moyenne nationale est de 10%.
- Dans ce cas, pourquoi avez-vous dû batailler pour intégrer ce dispositif ?
- Il y avait moins de crédits disponibles et de nombreuses villes en demande. Nous avons beaucoup travaillé au plan politique avec les services de la Ville et de la CAB, également avec le préfet de Haute-Corse et ses services. Nous avons obtenu d’être retenu comme ville bénéficiaire. Ce principe adopté, il a fallu se battre sur le périmètre. Nous avons réussi à réintégrer le double de ce qui était prévu pour les quartiers de Lupinu, Montesoru et Paese Novu. Nous avons maintenu le Centre ancien et nous avons réussi à intégrer, en quartiers de veille, Saint Antoine et San Gaetano qui, par application mécanique des critères démographiques prévus par la loi, auraient dû être exclus.
- Qu’est-ce qu’un quartier de veille ?
- Ce sont des quartiers qui ne remplissent pas les conditions démographiques pour être intégrés dans le dispositif de politique de la ville. Mais, par leurs caractéristiques, notamment les difficultés économiques et sociales qu’ils rencontrent, ils peuvent bénéficier, de façon collatérale, des dispositifs mis en place.
- Vous dites vouloir « passer d’une logique de rente à une logique de développement économique ». Qu’entendez-vous par là ?
- Les efforts, qui ont été faits jusqu’à aujourd’hui, n’ont pas été suffisants. Ces quartiers sont restés dans une logique de dépendance forte avec le corollaire que nous avons souvent dénoncé, c’est-à-dire la logique du chantage au logement et à l’emploi. Le véritable développement économique et social n’a pas été impulsé, ni réussi. Il faut changer de braquet et inscrire la politique de la ville dans une vision politique globale, notamment celle de la démocratie participative. Il y a, désormais, dans le dispositif législatif, à côté de la dimension urbaine et de mixité sociale, d’aide au logement et de soutien à la politique éducative, une dimension économique et sociale.
- Comment comptez-vous créer du développement ?
- Le soutien au développement de l’activité économique dans les quartiers s’appuiera sur les entreprises et les associations. Il doit nous permettre, dans le cas d’une démarche collective entre les personnes publiques et les acteurs privés et associatifs, de véritablement impulser un développement, une plus grande cohésion sociale et culturelle et des efforts majeurs en faveur de la réhabilitation des logements. Cette politique d’ensemble doit conduire, en quelques années, à un véritable mieux-vivre. Nous avons deux objectifs : créer de la richesse économique et de la justice sociale.
- Le ministre a rendu hommage à votre démarche de démocratie participative et à la création de Conseils de quartiers que vous avez été, le premier, à initier en Corse. Cela a-t-il joué en votre faveur ?
- Oui ! Nous avons été la première ville en Corse et une des premières villes au plan français à mettre en place ce dispositif de façon aussi soutenue. A partir du moment où la politique de la ville a du se conjuguer dans une logique participative, accentuée et renforcée, le dossier de Bastia s’en est trouvé amélioré. Les outils, que nous avions mis en place, nous ont permis de présenter un dossier solide et étayé grâce à un travail admirablement réalisé par les Services de la ville, qui ont beaucoup d’expérience, et par les services de la CAB. S’y sont ajoutés un tissu associatif dense et, surtout, une volonté politique forte. Avec Emmanuelle De Gentili et Jean-Louis Milani, nous avons travaillé ensemble, dans notre majorité municipale. Nous sommes allés à Paris pour défendre le dossier et nous avons, finalement, eu gain de cause.
- Vous dites que cette volonté politique se traduit par une nouvelle vision de la ville. En quoi celle-ci est-elle innovante ?
- Lorsque nous sommes arrivés aux responsabilités, nous avons hérité d’une situation structurellement dégradée au plan économique, social et même de la cohésion globale de la ville. Nous voulons construire une ville où la respiration démocratique se fait de façon naturelle, une ville qui repose sur le vivre-ensemble, une ville qui se développe et s’ouvre à l’environnement européen et méditerranéen, une ville qui créée et innove et une ville qui rit… Nous voulons le faire avec tous les Bastiaises et les Bastiais. Même si cela prend du temps ! Nous savions, de toute façon, que cela prendrait du temps. Nous comprenons les impatiences. Mais, c’est le chemin sur lequel nous sommes résolument engagé. Je ne doute pas que nous réussirons, ensemble, à construire cette ville-là.
Propos recueillis par Nicole MARI.
Gilles Simeoni et Patrick Kanner, à l'hôtel de ville de Bastia.