Gilles Simeoni, Président du Conseil Exécutif de Corse et Carles Puigdemont, Président de la Generalitat de Catalunya, au Palau de la Generalitat à Barcelone.
- Quel est le but de cette visite en Catalogne ?
- J’ai répondu à une invitation officielle de Carles Puigdemont pour une première rencontre d’Exécutif à Exécutif, de président de la Catalunya à président de l’Exécutif corse. D’abord pour un premier contact politique officiel, ensuite pour jeter les premières bases d’une coopération dans différents domaines entre la Corse et la Catalogne. Carles Puigdemont m’a reçu pendant plus de deux heures, ce qui est beaucoup pour quelqu’un qui a un agenda aussi chargé. Le climat a été très convivial. J’ai interprété cette invitation comme une marque d’estime vis-à-vis de la Corse.
- De quoi avez-vous parlé ?
- Nous avons, d’abord, fait un tour d’horizon de nos situations politiques respectives au lendemain des élections territoriales en Corse et du référendum en Catalogne. Nous avons évoqué les attitudes de Paris et de Madrid à notre égard. Même si on ne peut pas totalement comparer la Catalogne et la Corse en termes politique, institutionnel, économique et démographique, il n’en empêche que, dans les deux cas, deux peuples luttent pour voir leurs droits reconnus et sont confrontés à un refus d’avancer, l’un de la part de Madrid et l’autre de Paris. Nous avons convergé sur le fait que, lorsque existent des démarches démocratiques comme celles de la Catalogne et de la Corse, on ne peut pas durablement s’opposer à la volonté des peuples.
- Envisagez-vous un axe politique bilatéral Catalogne-Corse ?
- Oui ! Nous avons réfléchi à une coopération bilatérale entre la Catalogne et la Corse, à ce que nous pouvons concrètement faire ensemble. Que ce soit au niveau de l’économie, des transports, du renforcement des liaisons aériennes directes et des échanges, notamment en matière linguistique et d’intégration. Leur modèle d’intégration est un projet national très ouvert et basé, non sur une notion de droit du sol, mais sur une notion d’identité avec de puissants éléments d’intégration, comme la langue, la culture, l’attractivité du modèle économique et la dynamique de la société catalane. Nous pouvons nous en inspirer en y apportant, bien sûr, les aménagements nécessaires puisque, pour l’instant, nous n’avons pas les outils culturels de l’intégration, ni la dynamique économique.
- Avez-vous évoqué un axe plus multilatéral en Méditerranée ?
- Effectivement ! Nous leur avons proposé clairement de réfléchir à une coopération multilatérale pour structurer politiquement l’espace de la Méditerranée occidentale. La Catalogne pourrait jouer un rôle de locomotive de part son poids démographique, économique et politique. La Corse, au-delà de sa faiblesse démographique, les intéresse sur le plan symbolique et politique de par sa représentativité extérieure qui dépasse ce que pourraient laisser penser les simples indicateurs économiques. Nous leur avons parlé du travail que nous avons initié avec la Sardaigne et de l’intérêt commun et partagé, que nous aurions tous, à renforcer la structuration politique de la Méditerranée occidentale dans le contexte géostratégique actuel.
- J’ai répondu à une invitation officielle de Carles Puigdemont pour une première rencontre d’Exécutif à Exécutif, de président de la Catalunya à président de l’Exécutif corse. D’abord pour un premier contact politique officiel, ensuite pour jeter les premières bases d’une coopération dans différents domaines entre la Corse et la Catalogne. Carles Puigdemont m’a reçu pendant plus de deux heures, ce qui est beaucoup pour quelqu’un qui a un agenda aussi chargé. Le climat a été très convivial. J’ai interprété cette invitation comme une marque d’estime vis-à-vis de la Corse.
- De quoi avez-vous parlé ?
- Nous avons, d’abord, fait un tour d’horizon de nos situations politiques respectives au lendemain des élections territoriales en Corse et du référendum en Catalogne. Nous avons évoqué les attitudes de Paris et de Madrid à notre égard. Même si on ne peut pas totalement comparer la Catalogne et la Corse en termes politique, institutionnel, économique et démographique, il n’en empêche que, dans les deux cas, deux peuples luttent pour voir leurs droits reconnus et sont confrontés à un refus d’avancer, l’un de la part de Madrid et l’autre de Paris. Nous avons convergé sur le fait que, lorsque existent des démarches démocratiques comme celles de la Catalogne et de la Corse, on ne peut pas durablement s’opposer à la volonté des peuples.
- Envisagez-vous un axe politique bilatéral Catalogne-Corse ?
- Oui ! Nous avons réfléchi à une coopération bilatérale entre la Catalogne et la Corse, à ce que nous pouvons concrètement faire ensemble. Que ce soit au niveau de l’économie, des transports, du renforcement des liaisons aériennes directes et des échanges, notamment en matière linguistique et d’intégration. Leur modèle d’intégration est un projet national très ouvert et basé, non sur une notion de droit du sol, mais sur une notion d’identité avec de puissants éléments d’intégration, comme la langue, la culture, l’attractivité du modèle économique et la dynamique de la société catalane. Nous pouvons nous en inspirer en y apportant, bien sûr, les aménagements nécessaires puisque, pour l’instant, nous n’avons pas les outils culturels de l’intégration, ni la dynamique économique.
- Avez-vous évoqué un axe plus multilatéral en Méditerranée ?
- Effectivement ! Nous leur avons proposé clairement de réfléchir à une coopération multilatérale pour structurer politiquement l’espace de la Méditerranée occidentale. La Catalogne pourrait jouer un rôle de locomotive de part son poids démographique, économique et politique. La Corse, au-delà de sa faiblesse démographique, les intéresse sur le plan symbolique et politique de par sa représentativité extérieure qui dépasse ce que pourraient laisser penser les simples indicateurs économiques. Nous leur avons parlé du travail que nous avons initié avec la Sardaigne et de l’intérêt commun et partagé, que nous aurions tous, à renforcer la structuration politique de la Méditerranée occidentale dans le contexte géostratégique actuel.
- A quelles autres régions méditerranéennes pensez-vous ?
- Nous en discuterons ensemble. Déjà, la Sardaigne et la Toscane avec qui nous entretenons des relations fortes. Demain, les Baléares et même la Sicile… Pour la Corse, une coopération avancée inter-îles avec la Sardaigne et une coopération avec la Catalogne, qui est un pays riche avec un fort rayonnement, sont déjà des avancées importantes.
- Peut-on y voir les prémisses de la constitution d’un lobby européen ?
- Bien sûr ! Cela peut, effectivement, nous conduire, chaque fois que nécessaire, à mener des actions convergentes au niveau de l’Union européenne. Nous avons discuté de nos représentations respectives à Bruxelles. Même si la représentation catalane est, bien sûr, beaucoup plus importante que la nôtre, nous avons intérêt à travailler ensemble de ce côté-là aussi.
- Quel intérêt a, selon vous, la Catalogne à coopérer avec la Corse ?
- Je n’ai pas à parler à leur place mais je pense que la Catalogne, aujourd’hui, a vocation à s’affirmer comme un proto-Etat et à développer sa diplomatie extérieure. Jordi Solé revenait du Brésil où il a établi des liens avec l’Amérique latine. Au plan politique, avoir un contact avec la Corse qui s’affirme comme un peuple et revendique ses droits est, aussi, intéressant pour la Catalogne qui regarde et analyse attentivement notre situation. Elle considère notre victoire en décembre dernier comme un pas important. Plus globalement, elle a tout intérêt à jouer, d’un point de vue géostratégique, un rôle de locomotive dans le déplacement du centre de gravité de l’Europe vers la Méditerranée et le Sud.
- Nous en discuterons ensemble. Déjà, la Sardaigne et la Toscane avec qui nous entretenons des relations fortes. Demain, les Baléares et même la Sicile… Pour la Corse, une coopération avancée inter-îles avec la Sardaigne et une coopération avec la Catalogne, qui est un pays riche avec un fort rayonnement, sont déjà des avancées importantes.
- Peut-on y voir les prémisses de la constitution d’un lobby européen ?
- Bien sûr ! Cela peut, effectivement, nous conduire, chaque fois que nécessaire, à mener des actions convergentes au niveau de l’Union européenne. Nous avons discuté de nos représentations respectives à Bruxelles. Même si la représentation catalane est, bien sûr, beaucoup plus importante que la nôtre, nous avons intérêt à travailler ensemble de ce côté-là aussi.
- Quel intérêt a, selon vous, la Catalogne à coopérer avec la Corse ?
- Je n’ai pas à parler à leur place mais je pense que la Catalogne, aujourd’hui, a vocation à s’affirmer comme un proto-Etat et à développer sa diplomatie extérieure. Jordi Solé revenait du Brésil où il a établi des liens avec l’Amérique latine. Au plan politique, avoir un contact avec la Corse qui s’affirme comme un peuple et revendique ses droits est, aussi, intéressant pour la Catalogne qui regarde et analyse attentivement notre situation. Elle considère notre victoire en décembre dernier comme un pas important. Plus globalement, elle a tout intérêt à jouer, d’un point de vue géostratégique, un rôle de locomotive dans le déplacement du centre de gravité de l’Europe vers la Méditerranée et le Sud.
- Qu’avez-vous acté exactement ?
- Nous avons acté tout ce champ de travail. Nous avons, aussi, acté le principe de nous rapprocher de leur Institut européen de la Méditerranée, qui est un organisme officiel agissant aux côtés des institutions, pour réfléchir à la forme de coopération innovante que nous pourrions développer dans les prochains mois. Ce n’était qu’une première réunion. Nous partons de rien.
- Avez-vous déjà identifié quelques axes économiques ?
- Nous avons présenté notre économie et nous avons demandé aux Catalans de réfléchir dans quels domaines économiques nous pouvons être complémentaires. Par exemple, le renforcement de l’offre en matière de transports aériens et la mise en place d’une liaison maritime, ne serait-ce que pour développer le tourisme et trouver de nouveaux débouchés pour nos productions agricoles ou agroalimentaires. Dans le domaine du numérique également, il serait profitable d’échanger avec les Catalans qui possèdent des start-ups intéressantes.
- Avez-vous établi un calendrier ?
- Dès mon retour, nous allons travailler avec le Conseil exécutif, l’Assemblée de Corse, les Chambres de commerce, les acteurs économiques, voire sportifs,… qui seront intéressés par la démarche. Les conseillers exécutifs corses et les ministres ou secrétaires d’Etats catalans concernés échangeront entre eux pour identifier quelques axes précis sur lesquels nous pourrons avancer de façon concrète dans les prochaines semaines. Nous établirons un calendrier de travail avec nos homologues catalans pour organiser des prochaines rencontres beaucoup plus finalisées autour de thématiques qui seront les premières déclinaisons opérationnelles de cette coopération. Le fait qu’existe cette volonté politique conjointe sur des besoins identifiés comme stratégiques de part et d’autre, nous fait espérer obtenir des premiers résultats dans quelques mois.
- Nous avons acté tout ce champ de travail. Nous avons, aussi, acté le principe de nous rapprocher de leur Institut européen de la Méditerranée, qui est un organisme officiel agissant aux côtés des institutions, pour réfléchir à la forme de coopération innovante que nous pourrions développer dans les prochains mois. Ce n’était qu’une première réunion. Nous partons de rien.
- Avez-vous déjà identifié quelques axes économiques ?
- Nous avons présenté notre économie et nous avons demandé aux Catalans de réfléchir dans quels domaines économiques nous pouvons être complémentaires. Par exemple, le renforcement de l’offre en matière de transports aériens et la mise en place d’une liaison maritime, ne serait-ce que pour développer le tourisme et trouver de nouveaux débouchés pour nos productions agricoles ou agroalimentaires. Dans le domaine du numérique également, il serait profitable d’échanger avec les Catalans qui possèdent des start-ups intéressantes.
- Avez-vous établi un calendrier ?
- Dès mon retour, nous allons travailler avec le Conseil exécutif, l’Assemblée de Corse, les Chambres de commerce, les acteurs économiques, voire sportifs,… qui seront intéressés par la démarche. Les conseillers exécutifs corses et les ministres ou secrétaires d’Etats catalans concernés échangeront entre eux pour identifier quelques axes précis sur lesquels nous pourrons avancer de façon concrète dans les prochaines semaines. Nous établirons un calendrier de travail avec nos homologues catalans pour organiser des prochaines rencontres beaucoup plus finalisées autour de thématiques qui seront les premières déclinaisons opérationnelles de cette coopération. Le fait qu’existe cette volonté politique conjointe sur des besoins identifiés comme stratégiques de part et d’autre, nous fait espérer obtenir des premiers résultats dans quelques mois.
- Pour l’anecdote, vous avez aussi parlé de football…
- Oui ! On ne peut pas aller en Catalogne et à Barcelone sans parler de foot ! J’ai remis à Carles Puigdemont le maillot de la Squadra Corsa floqué à son nom. Le maillot numéro 7, celui de l’ailier droit, celui qui déborde ! Nous avons acté le projet d’une rencontre entre la sélection nationale catalane et A squadra corsa. Nous essaierons de la mettre en place dans les mois à-venir.
- Au final, êtes-vous pleinement satisfait de cette rencontre ?
- Oui ! Tout à fait ! Tant sur la forme que sur le fond, sur l’état d’esprit que sur la qualité de l’accueil qui nous a été réservés ! La visite a été très productive avec une écoute attentive et l’identification d’intérêts stratégiques communs. C’est même étonnant ! Nous n’avons pas avec la Catalogne, bien plus éloignée de nous au plan géographique et culturel, la même proximité qu’avec la Sardaigne. Que Carles Puigdemont, qui est le 130ème président de la Catalogne, - ce qui prouve dans quelle perspective historique ce pays s’inscrit ! - valide et adhère de façon enthousiaste à l’idée de cette coopération, est essentiel. Cela nous permettra de la décliner de manière très opérationnelle.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Oui ! On ne peut pas aller en Catalogne et à Barcelone sans parler de foot ! J’ai remis à Carles Puigdemont le maillot de la Squadra Corsa floqué à son nom. Le maillot numéro 7, celui de l’ailier droit, celui qui déborde ! Nous avons acté le projet d’une rencontre entre la sélection nationale catalane et A squadra corsa. Nous essaierons de la mettre en place dans les mois à-venir.
- Au final, êtes-vous pleinement satisfait de cette rencontre ?
- Oui ! Tout à fait ! Tant sur la forme que sur le fond, sur l’état d’esprit que sur la qualité de l’accueil qui nous a été réservés ! La visite a été très productive avec une écoute attentive et l’identification d’intérêts stratégiques communs. C’est même étonnant ! Nous n’avons pas avec la Catalogne, bien plus éloignée de nous au plan géographique et culturel, la même proximité qu’avec la Sardaigne. Que Carles Puigdemont, qui est le 130ème président de la Catalogne, - ce qui prouve dans quelle perspective historique ce pays s’inscrit ! - valide et adhère de façon enthousiaste à l’idée de cette coopération, est essentiel. Cela nous permettra de la décliner de manière très opérationnelle.
Propos recueillis par Nicole MARI.