Jean-Christophe Angelini, conseiller exécutif territorial et nouveau président de l’ADEC (Agence de développement économique de la Corse).
- Comment appréhendez-vous votre nouvelle mission de président de l’ADEC ?
- C’est une grande fierté de pouvoir me mettre au service de l’économie de la Corse. La nouvelle majorité territoriale et, plus particulièrement, le Conseil exécutif ont axé leur campagne sur le thème du Riacquistu economicu è suciale. Pouvoir incarner et assumer une large part de cette stratégie est, pour moi, quelque chose de merveilleux que j’assume avec beaucoup d’humilité et de détermination. Nous avons décidé au Conseil exécutif, de façon rigoureuse et opérationnelle, d’agir en collégialité. Je serais très engagé, conjointement avec les présidents de l’Agence du tourisme (ATC) et de l’Office des transports (OTC), pour reconnecter, de façon marquée, la problématique économique avec celles du transport et du tourisme. Il nous paraît aberrant que les trois se soient ignorés pendant si longtemps.
- Cela date-t-il de la dernière mandature ou ces trois agences n’ont-elles jamais travaillé ensemble ?
- On peut parler d’un phénomène historique ! Ces agences n’ont quasiment jamais travaillé de concert au sens où nous le proposons, à savoir de manière concrète, dynamique et opérationnelle avec un contrat phasé et chiffré, des personnes ressources, des moyens dédiés… C’est particulièrement vrai depuis 2010 où les offices et agences n’ont pas du tout fonctionné en synergie. Avec ce nouvel Exécutif, il n’y a plus de pré-carré, plus de féodalité, plus de baronnie, mais la volonté de travailler ensemble au service de la Corse ! C’est un des marqueurs de la politique que nous allons mettre en œuvre d’autant plus vite que nous entrons dans un contexte troublé, à la fois, par la tension qui règne depuis quelques années sur les finances publiques et par le désastre que nous découvrons concernant les finances de la CTC.
- L’ancienne équipe Giacobbi s’est vantée d’un bilan excellent. Quel est le problème ?
- Le problème est l’état dans lequel j’ai retrouvé les finances de l’ADEC ! Trois éléments. Premièrement, sous la précédente mandature, l’ADEC a vu ses crédits de trésorerie divisés par trois. C’est du, pour l’essentiel, à un manque de volonté politique et à des problèmes d’arbitrage interne. En termes d’identification, de sources de financement et de capacités d’ingénierie pour mobiliser une ligne budgétaire, communautaire ou autre, la mandature a, globalement, manqué de réactivité et d’impulsion. Notre force de frappe est, donc, aujourd’hui, notoirement insuffisante. Deuxièmement, l’ADEC a été dépouillée de la plupart de ses grandes compétences. L’énergie a été confiée à l’Agence de l’urbanisme (AAUC), la pêche à l’Office de l’environnement (OEC) et l’économie rurale à l’ODARC. Une partie de l’innovation a été récupérée par l’incubateur INIZIA. Ces transferts de compétences, internes au Conseil exécutif, ont été faits au détriment de l’ADEC.
- Allez-vous récupérer ces compétences ?
- Non ! Sauf si la pratique démontre qu’il est nécessaire que nous les intégrions. Ce transfert a été suivi de déplacement d’agents, d’extension de locaux et d’affectation budgétaire. Il est compliqué de tout bouleverser du jour au lendemain. Mon souhait est moins de récupérer ces compétences que de les partager dans une optique de mutualisation et de plus grande efficacité. Par exemple, avec la présidente de l’Agence de l’urbanisme, nous avons co-présidé une réunion très importante dans le cadre de la PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie), notamment du projet ORELI de rénovation du bâti dans le cadre de la transition énergétique. Ce projet pilote de 200 logements veut concilier le développement des usages liés aux énergies renouvelables avec la promotion d’un habitat nouveau.
- C’est une grande fierté de pouvoir me mettre au service de l’économie de la Corse. La nouvelle majorité territoriale et, plus particulièrement, le Conseil exécutif ont axé leur campagne sur le thème du Riacquistu economicu è suciale. Pouvoir incarner et assumer une large part de cette stratégie est, pour moi, quelque chose de merveilleux que j’assume avec beaucoup d’humilité et de détermination. Nous avons décidé au Conseil exécutif, de façon rigoureuse et opérationnelle, d’agir en collégialité. Je serais très engagé, conjointement avec les présidents de l’Agence du tourisme (ATC) et de l’Office des transports (OTC), pour reconnecter, de façon marquée, la problématique économique avec celles du transport et du tourisme. Il nous paraît aberrant que les trois se soient ignorés pendant si longtemps.
- Cela date-t-il de la dernière mandature ou ces trois agences n’ont-elles jamais travaillé ensemble ?
- On peut parler d’un phénomène historique ! Ces agences n’ont quasiment jamais travaillé de concert au sens où nous le proposons, à savoir de manière concrète, dynamique et opérationnelle avec un contrat phasé et chiffré, des personnes ressources, des moyens dédiés… C’est particulièrement vrai depuis 2010 où les offices et agences n’ont pas du tout fonctionné en synergie. Avec ce nouvel Exécutif, il n’y a plus de pré-carré, plus de féodalité, plus de baronnie, mais la volonté de travailler ensemble au service de la Corse ! C’est un des marqueurs de la politique que nous allons mettre en œuvre d’autant plus vite que nous entrons dans un contexte troublé, à la fois, par la tension qui règne depuis quelques années sur les finances publiques et par le désastre que nous découvrons concernant les finances de la CTC.
- L’ancienne équipe Giacobbi s’est vantée d’un bilan excellent. Quel est le problème ?
- Le problème est l’état dans lequel j’ai retrouvé les finances de l’ADEC ! Trois éléments. Premièrement, sous la précédente mandature, l’ADEC a vu ses crédits de trésorerie divisés par trois. C’est du, pour l’essentiel, à un manque de volonté politique et à des problèmes d’arbitrage interne. En termes d’identification, de sources de financement et de capacités d’ingénierie pour mobiliser une ligne budgétaire, communautaire ou autre, la mandature a, globalement, manqué de réactivité et d’impulsion. Notre force de frappe est, donc, aujourd’hui, notoirement insuffisante. Deuxièmement, l’ADEC a été dépouillée de la plupart de ses grandes compétences. L’énergie a été confiée à l’Agence de l’urbanisme (AAUC), la pêche à l’Office de l’environnement (OEC) et l’économie rurale à l’ODARC. Une partie de l’innovation a été récupérée par l’incubateur INIZIA. Ces transferts de compétences, internes au Conseil exécutif, ont été faits au détriment de l’ADEC.
- Allez-vous récupérer ces compétences ?
- Non ! Sauf si la pratique démontre qu’il est nécessaire que nous les intégrions. Ce transfert a été suivi de déplacement d’agents, d’extension de locaux et d’affectation budgétaire. Il est compliqué de tout bouleverser du jour au lendemain. Mon souhait est moins de récupérer ces compétences que de les partager dans une optique de mutualisation et de plus grande efficacité. Par exemple, avec la présidente de l’Agence de l’urbanisme, nous avons co-présidé une réunion très importante dans le cadre de la PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie), notamment du projet ORELI de rénovation du bâti dans le cadre de la transition énergétique. Ce projet pilote de 200 logements veut concilier le développement des usages liés aux énergies renouvelables avec la promotion d’un habitat nouveau.
- Quel est le 3ème élément du désastre financier ?
- Nous découvrons dans tous les Offices et agences, pour ne pas dire dans tous les services de la CTC, des retards de paiements de toute nature, tout à fait considérables. Au sein de l’ADEC, en termes d’action économique, c’est-à-dire de subventions, d’aides aux entreprises, d’avances remboursables…, le retard de paiement est de l’ordre de 5 millions € ! Il concerne l’ensemble des acteurs économiques : boutiques de gestion, couveuses d’entreprises, entreprises, filières dans le cadre d’actions collectives… C’est colossal !
- De quoi s’agit-il clairement ? D’engagements pris par l’ADEC, qui n’ont pas été tenus ?
- Il s’agit de décisions prises, ces deux dernières années, qui ont donné lieu, dans quasiment tous les cas, à des arrêtés attributifs et, d’un point de vue budgétaire, à des autorisations de programme ou des ouvertures de crédits qui n’ont pas été payées. La moitié du budget de l’action économique sera engloutie, cette année, dans le paiement des retards ! Parce que nous avons fait du Riacquistu un axe central de notre campagne, nous sommes obligés de renégocier globalement et d’arbitrer au plus juste pour que chaque office et agence ait une capacité d’action. Aujourd’hui, nous en sommes clairement privés !
- Cela signifie-t-il que vous n’aurez pas, cette année, les moyens financiers de payer toutes ces dettes ?
- Je prends l’engagement, en ma qualité de président de l’ADEC, à l’instar des autres présidents d’offices et agences, de les payer parce que c’est légitime et que l’attente est forte. Nous le ferons, conjointement avec le Conseil exécutif, au terme d’arbitrages qui seront douloureux. J’ai programmé de raccourcir considérablement les délais d’instruction des dossiers et les délais de paiement. Entre l’envoi d’une lettre d’intention et le paiement effectif, il peut s’écouler entre un an et demi et deux ans, ce qui est inacceptable !
- Payer vos dettes réduira d’autant votre marge de manœuvre. Ne sera-t-elle pas, de fait, très limitée ?
- Elle sera limitée pour peu que l’on tienne pour acquis le simple fait de résorber le retard. Ce n’est pas ma politique, ni celle du Conseil exécutif ! Nous avons décidé de ne pas marquer de pause sur les financements publics, même si nous serons contraints de réduire la voilure et de ralentir le rythme. Nous respecterons les engagements qui ont été pris. Ce qui a été engagé, sauf erreur de gestion ou anomalies flagrantes, sera exécuté dans un cadre légal, clair et légitime. Pour le reste, nous cherchons à mobiliser de nouvelles ressources et à arbitrer au plus juste les réalités vécues par les uns et les autres. Les erreurs, pour ne pas dire autre chose, qui ont été commises, ces deux dernières années, nous placent dans une situation inextricable. Il faudra beaucoup de travail et d’intelligence pour en sortir.
- Vous aviez dénoncé cette situation financière, est-ce son ampleur qui vous surprend ?
- Exactement ! Nous savions que ce serait particulièrement dur, mais nous ne nous attendions pas du tout à découvrir autant de choses ! En termes d’ampleur, comme en termes de dérives de gestion, c’est colossal ! Nous travaillons sur l’idée d’un audit interne, office par office, agence par agence. Nous aurons, ainsi, très vite, une photographie plus nette de la situation. Nous avons écarté l’idée d’un audit purement externe qui suppose un marché et un délai qui ne nous paraissent pas pertinents dans le contexte. Nous réfléchissons à la possibilité d’un audit mixte, partagé par d’autres services avec, peut-être même, l’aide et l’ingénierie des services de l’Etat. La CTC en a besoin, compte tenu du caractère dramatique dans lequel nous retrouvons l’état de ses finances.
- Nous découvrons dans tous les Offices et agences, pour ne pas dire dans tous les services de la CTC, des retards de paiements de toute nature, tout à fait considérables. Au sein de l’ADEC, en termes d’action économique, c’est-à-dire de subventions, d’aides aux entreprises, d’avances remboursables…, le retard de paiement est de l’ordre de 5 millions € ! Il concerne l’ensemble des acteurs économiques : boutiques de gestion, couveuses d’entreprises, entreprises, filières dans le cadre d’actions collectives… C’est colossal !
- De quoi s’agit-il clairement ? D’engagements pris par l’ADEC, qui n’ont pas été tenus ?
- Il s’agit de décisions prises, ces deux dernières années, qui ont donné lieu, dans quasiment tous les cas, à des arrêtés attributifs et, d’un point de vue budgétaire, à des autorisations de programme ou des ouvertures de crédits qui n’ont pas été payées. La moitié du budget de l’action économique sera engloutie, cette année, dans le paiement des retards ! Parce que nous avons fait du Riacquistu un axe central de notre campagne, nous sommes obligés de renégocier globalement et d’arbitrer au plus juste pour que chaque office et agence ait une capacité d’action. Aujourd’hui, nous en sommes clairement privés !
- Cela signifie-t-il que vous n’aurez pas, cette année, les moyens financiers de payer toutes ces dettes ?
- Je prends l’engagement, en ma qualité de président de l’ADEC, à l’instar des autres présidents d’offices et agences, de les payer parce que c’est légitime et que l’attente est forte. Nous le ferons, conjointement avec le Conseil exécutif, au terme d’arbitrages qui seront douloureux. J’ai programmé de raccourcir considérablement les délais d’instruction des dossiers et les délais de paiement. Entre l’envoi d’une lettre d’intention et le paiement effectif, il peut s’écouler entre un an et demi et deux ans, ce qui est inacceptable !
- Payer vos dettes réduira d’autant votre marge de manœuvre. Ne sera-t-elle pas, de fait, très limitée ?
- Elle sera limitée pour peu que l’on tienne pour acquis le simple fait de résorber le retard. Ce n’est pas ma politique, ni celle du Conseil exécutif ! Nous avons décidé de ne pas marquer de pause sur les financements publics, même si nous serons contraints de réduire la voilure et de ralentir le rythme. Nous respecterons les engagements qui ont été pris. Ce qui a été engagé, sauf erreur de gestion ou anomalies flagrantes, sera exécuté dans un cadre légal, clair et légitime. Pour le reste, nous cherchons à mobiliser de nouvelles ressources et à arbitrer au plus juste les réalités vécues par les uns et les autres. Les erreurs, pour ne pas dire autre chose, qui ont été commises, ces deux dernières années, nous placent dans une situation inextricable. Il faudra beaucoup de travail et d’intelligence pour en sortir.
- Vous aviez dénoncé cette situation financière, est-ce son ampleur qui vous surprend ?
- Exactement ! Nous savions que ce serait particulièrement dur, mais nous ne nous attendions pas du tout à découvrir autant de choses ! En termes d’ampleur, comme en termes de dérives de gestion, c’est colossal ! Nous travaillons sur l’idée d’un audit interne, office par office, agence par agence. Nous aurons, ainsi, très vite, une photographie plus nette de la situation. Nous avons écarté l’idée d’un audit purement externe qui suppose un marché et un délai qui ne nous paraissent pas pertinents dans le contexte. Nous réfléchissons à la possibilité d’un audit mixte, partagé par d’autres services avec, peut-être même, l’aide et l’ingénierie des services de l’Etat. La CTC en a besoin, compte tenu du caractère dramatique dans lequel nous retrouvons l’état de ses finances.
- Quelles dérives de gestion avez-vous découvertes ?
- Nous les avions souvent dénoncées depuis les bancs de l’opposition tout au long de la précédente mandature, nous ne disons pas autre chose aujourd’hui que nous sommes dans la majorité. Il y a eu une volonté claire, et je n’en dirai pas davantage, de consacrer les dépenses de fonctionnement au détriment des dépenses d’investissements. En clair, la CTC a recruté de manière inconsidérée, a généré des emplois qui, pour beaucoup, ne nous paraissent pas productifs et, par bien des côtés, a privilégié une logique clientéliste au détriment d’une logique d’investissements. Tout ceci constitue un premier chapitre qui nous inquiète beaucoup !
- Qu’allez-vous faire de ces emplois en surnombre et improductifs ?
- C’est compliqué ! Nous ne voulons pas sacrifier des personnels sur l’autel de la rationalité budgétaire, mais, en même temps, nous ne voulons pas graver dans le marbre les erreurs de gestion qui ont pu être commises. Nous ne pourrons pas conserver le dispositif actuel jusqu’au moindre salarié. Il en va, aujourd’hui, de l’intérêt de la Corse. On ne peut pas continuer ainsi sans grever le budget de la mandature actuelle ou prochaine ! Nous opterons pour une approche dynamique, mais équilibrée et mesurée, qui ne sacrifiera personne, mais nous permettra, en toute hypothèse, d’être efficace.
- Comment ?
- D’abord, il faut établir une gestion prévisionnelle sur plusieurs années et vérifier les supports juridiques, les types de contrat, les niveaux de rémunérations… Ensuite, la CTC connaîtra, dans les années à-venir, un pic de départs à la retraite. C’est une première opportunité qui nous est offerte. La deuxième est la mise en œuvre de la Collectivité unique. Dans ce cadre, il faudra examiner, en toute transparence, les diverses situations et apporter, par un dialogue social, conjointement avec les organisations syndicales, une réponse globale.
- En quoi consiste l’autre chapitre des dérives ?
- En de mauvais choix de gestion. Suite à des choix d’investissements critiquables, la CTC a perdu de nombreux financements FEDER sous la précédente mandature et a connu des difficultés. D’où la nécessité d’une remise à plat de l’intégralité des dispositifs. Par exemple, la dotation de continuité territoriale en matière de transports ou, en matière de programmes, la question tout aussi préoccupante du PEI (Plan exceptionnel d’investissements), du Contrat de plan… Nous n’avons aucune visibilité sur la consommation des crédits et la conduite des opérations. Nous présenterons, bientôt, de manière plus précise, la situation au peuple corse.
- Nous les avions souvent dénoncées depuis les bancs de l’opposition tout au long de la précédente mandature, nous ne disons pas autre chose aujourd’hui que nous sommes dans la majorité. Il y a eu une volonté claire, et je n’en dirai pas davantage, de consacrer les dépenses de fonctionnement au détriment des dépenses d’investissements. En clair, la CTC a recruté de manière inconsidérée, a généré des emplois qui, pour beaucoup, ne nous paraissent pas productifs et, par bien des côtés, a privilégié une logique clientéliste au détriment d’une logique d’investissements. Tout ceci constitue un premier chapitre qui nous inquiète beaucoup !
- Qu’allez-vous faire de ces emplois en surnombre et improductifs ?
- C’est compliqué ! Nous ne voulons pas sacrifier des personnels sur l’autel de la rationalité budgétaire, mais, en même temps, nous ne voulons pas graver dans le marbre les erreurs de gestion qui ont pu être commises. Nous ne pourrons pas conserver le dispositif actuel jusqu’au moindre salarié. Il en va, aujourd’hui, de l’intérêt de la Corse. On ne peut pas continuer ainsi sans grever le budget de la mandature actuelle ou prochaine ! Nous opterons pour une approche dynamique, mais équilibrée et mesurée, qui ne sacrifiera personne, mais nous permettra, en toute hypothèse, d’être efficace.
- Comment ?
- D’abord, il faut établir une gestion prévisionnelle sur plusieurs années et vérifier les supports juridiques, les types de contrat, les niveaux de rémunérations… Ensuite, la CTC connaîtra, dans les années à-venir, un pic de départs à la retraite. C’est une première opportunité qui nous est offerte. La deuxième est la mise en œuvre de la Collectivité unique. Dans ce cadre, il faudra examiner, en toute transparence, les diverses situations et apporter, par un dialogue social, conjointement avec les organisations syndicales, une réponse globale.
- En quoi consiste l’autre chapitre des dérives ?
- En de mauvais choix de gestion. Suite à des choix d’investissements critiquables, la CTC a perdu de nombreux financements FEDER sous la précédente mandature et a connu des difficultés. D’où la nécessité d’une remise à plat de l’intégralité des dispositifs. Par exemple, la dotation de continuité territoriale en matière de transports ou, en matière de programmes, la question tout aussi préoccupante du PEI (Plan exceptionnel d’investissements), du Contrat de plan… Nous n’avons aucune visibilité sur la consommation des crédits et la conduite des opérations. Nous présenterons, bientôt, de manière plus précise, la situation au peuple corse.
- Quelle sera, dans ces conditions, la feuille de route de l’ADEC pour ces deux ans ?
- Nous l’avons dit pendant cinq ans : il est désormais temps de faire de l’ADEC le pivot de la construction de l’économie corse pour les vingt prochaines années. Nous n’avons pas été élus pour administrer tranquillement les dispositifs actuels et résorber les arriérés en attendant des jours meilleurs. Nous sommes sur une posture très dynamique et un mode de projets. Pour pallier les problèmes financiers, il y a deux voies. La première est de mieux optimiser en les mutualisant les compétences et les financements. La deuxième est de s’inscrire dans une ingénierie beaucoup plus dynamique en partenariat avec la CADEC, la Caisse des dépôts et consignations, BPI France et l’ensemble des acteurs du financement, y compris ceux issus du secteur bancaire.
- C’est-à-dire ?
- Le problème de l’ADEC, c’est moins le manque de ressources que le manque de synergie. On peut reconstituer, en deux ans, une force de frappe et de capacité d’exécution pour peu que l’on parvienne à mieux coordonner et à mettre en synergie tous les acteurs du développement et du financement de l’économie. Je suis frappé de constater à quel point nombre d’entre eux travaillent dans l’ignorance de leurs voisins, voire même dans une forme d’opposition. Les réconcilier sera une de mes tâches essentielles.
- L’économie corse est sinistrée. Concrètement, comment y remédier ?
- Avec le Conseil exécutif, nous allons, comme nous l’avons dit pendant la campagne, nous atteler à réaliser plusieurs choses. L’économie corse traverse une phase difficile parce qu’elle vit une transition. Elle doit passer d’un modèle en difficulté, basé sur le duo tourisme-BTP, à un modèle plus ouvert qui repose sur divers secteurs : le numérique, les nouvelles technologies, l’innovation, la croissance verte, les énergies renouvelables... Ces secteurs n’ont pas reçu, jusqu’à aujourd’hui, d’impulsion politique, ni la capacité d’action et de financement nécessaire. Nous mettrons le paquet sur l’innovation, notamment dans le numérique, tout en travaillant à la consolidation des secteurs dits traditionnels, mais dans une optique nouvelle.
- Laquelle ?
- La PPE offre des perspectives pour le secteur du bâtiment pour peu que l’on déploie, en termes de formation ou de dimensionnement des entreprises, des moyens nouveaux. Le tourisme appelle des réponses inédites en termes de formation des acteurs, de professionnalisation de l’offre et de capacités à initier de nouvelles demandes. Nous pouvons bâtir l’économie du futur à partir de ces éléments, d’une offre de transports renouvelée, de l’articulation plus forte de tous les acteurs du financement et de la mise en réseau d’autres secteurs, comme l’économie sociale et solidaire, l’agroalimentaire, l’aéronautique, la filière bois… Je l’ai souvent rappelé : avec une superficie forestière comparable à la nôtre, l’Isère a créé 10 000 emplois, la Corse en a 800 ! Le gisement d’emplois et d’activités est tout à fait considérable. Les acteurs existent, il faut les coordonner et établir un plan d’action phasé, chiffré et finançable. L’idée est d’actualiser les stratégies, de les inventer si elles n’existent pas, et de les mettre en œuvre avec des outils de financement immédiatement mobilisables.
- Nous l’avons dit pendant cinq ans : il est désormais temps de faire de l’ADEC le pivot de la construction de l’économie corse pour les vingt prochaines années. Nous n’avons pas été élus pour administrer tranquillement les dispositifs actuels et résorber les arriérés en attendant des jours meilleurs. Nous sommes sur une posture très dynamique et un mode de projets. Pour pallier les problèmes financiers, il y a deux voies. La première est de mieux optimiser en les mutualisant les compétences et les financements. La deuxième est de s’inscrire dans une ingénierie beaucoup plus dynamique en partenariat avec la CADEC, la Caisse des dépôts et consignations, BPI France et l’ensemble des acteurs du financement, y compris ceux issus du secteur bancaire.
- C’est-à-dire ?
- Le problème de l’ADEC, c’est moins le manque de ressources que le manque de synergie. On peut reconstituer, en deux ans, une force de frappe et de capacité d’exécution pour peu que l’on parvienne à mieux coordonner et à mettre en synergie tous les acteurs du développement et du financement de l’économie. Je suis frappé de constater à quel point nombre d’entre eux travaillent dans l’ignorance de leurs voisins, voire même dans une forme d’opposition. Les réconcilier sera une de mes tâches essentielles.
- L’économie corse est sinistrée. Concrètement, comment y remédier ?
- Avec le Conseil exécutif, nous allons, comme nous l’avons dit pendant la campagne, nous atteler à réaliser plusieurs choses. L’économie corse traverse une phase difficile parce qu’elle vit une transition. Elle doit passer d’un modèle en difficulté, basé sur le duo tourisme-BTP, à un modèle plus ouvert qui repose sur divers secteurs : le numérique, les nouvelles technologies, l’innovation, la croissance verte, les énergies renouvelables... Ces secteurs n’ont pas reçu, jusqu’à aujourd’hui, d’impulsion politique, ni la capacité d’action et de financement nécessaire. Nous mettrons le paquet sur l’innovation, notamment dans le numérique, tout en travaillant à la consolidation des secteurs dits traditionnels, mais dans une optique nouvelle.
- Laquelle ?
- La PPE offre des perspectives pour le secteur du bâtiment pour peu que l’on déploie, en termes de formation ou de dimensionnement des entreprises, des moyens nouveaux. Le tourisme appelle des réponses inédites en termes de formation des acteurs, de professionnalisation de l’offre et de capacités à initier de nouvelles demandes. Nous pouvons bâtir l’économie du futur à partir de ces éléments, d’une offre de transports renouvelée, de l’articulation plus forte de tous les acteurs du financement et de la mise en réseau d’autres secteurs, comme l’économie sociale et solidaire, l’agroalimentaire, l’aéronautique, la filière bois… Je l’ai souvent rappelé : avec une superficie forestière comparable à la nôtre, l’Isère a créé 10 000 emplois, la Corse en a 800 ! Le gisement d’emplois et d’activités est tout à fait considérable. Les acteurs existent, il faut les coordonner et établir un plan d’action phasé, chiffré et finançable. L’idée est d’actualiser les stratégies, de les inventer si elles n’existent pas, et de les mettre en œuvre avec des outils de financement immédiatement mobilisables.
- Que comptez-vous faire pour enrayer la spirale infernale du chômage ?
- J’ai dit aux personnels de l’ADEC qu’à chaque décision que nous prendrons, nous devons penser aux gens qui sont au chômage depuis des années, aux chefs d’entreprises qui n’ont pu pérenniser leurs emplois ou leurs activités, à ces boites qui connaissent un taux de mortalité inquiétant. Deux sujets phares nous tiennent particulièrement à cœur : les entreprises en difficulté et la cession-reprise-transmission des entreprises. J’ai rencontré les présidents des deux tribunaux de commerce et le commissaire au redressement productif afin de travailler de manière beaucoup plus coordonnée à l’identification et à l’accompagnement des entreprises en difficulté. Des sociétés meurent faute d’accompagnement ou d’aide au bon moment, alors qu’elles auraient pu survivre et même se développer. Dans les 5 à 10 années qui viennent, 10 000 entreprises corses seront cédées ou transmises. Il faudra définir dans quelles conditions s’opèrera ce mouvement d’un point de vue économique, fiscal, d’ingénierie…
- Vous présentez, jeudi, lors de la prochaine session de l’Assemblée de Corse, le schéma de développement territorial. De quoi s’agit-il exactement ?
- C’est un rapport de principe concernant le schéma sur l’innovation, le développement économique et l’internationalisation. Il pose un cadre conjoncturel, mais profondément structurant. La loi NOTRe institue la région en tête de file du développement économique avec la nécessité de bâtir un schéma dans l’année qui suit le renouvellement de la collectivité territoriale. Nous avons donc, douze mois, pour le bâtir. Ce sera l’occasion de rassembler les acteurs, de consulter les filières, de mettre au cœur de la réflexion et de l’action les représentants consulaires et les chefs d’entreprises. J’ai proposé un comité de pilotage co-présidé par le président de l’ATC et de l’OTC afin d’œuvrer dans la collégialité, la transparence et l’ouverture.
- Pensez-vous qu’il soit possible de construire, rapidement, les bases du développement économique de la Corse ?
- J’en suis intimement convaincu ! Je connais le temps politique et le temps économique. Je sais que les deux ont longtemps vécu en opposition. Notre rôle, aujourd’hui, est de les réconcilier. Nous devons, pendant ces deux ans, poser les actes fondateurs de cette stratégie nouvelle. Nous y arriverons avec de la méthode, de la communication et de l’ouverture. L’ADEC était vécue comme une force d’inertie. L’économie était au service de l’ADEC. Mon enjeu est de remettre l’ADEC au service de l’économie qui est l’un des grands sujets sur lequel nous avons été élus. Les Corses attendent de nous des réponses immédiates. Nous avons deux ans pour les donner.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- J’ai dit aux personnels de l’ADEC qu’à chaque décision que nous prendrons, nous devons penser aux gens qui sont au chômage depuis des années, aux chefs d’entreprises qui n’ont pu pérenniser leurs emplois ou leurs activités, à ces boites qui connaissent un taux de mortalité inquiétant. Deux sujets phares nous tiennent particulièrement à cœur : les entreprises en difficulté et la cession-reprise-transmission des entreprises. J’ai rencontré les présidents des deux tribunaux de commerce et le commissaire au redressement productif afin de travailler de manière beaucoup plus coordonnée à l’identification et à l’accompagnement des entreprises en difficulté. Des sociétés meurent faute d’accompagnement ou d’aide au bon moment, alors qu’elles auraient pu survivre et même se développer. Dans les 5 à 10 années qui viennent, 10 000 entreprises corses seront cédées ou transmises. Il faudra définir dans quelles conditions s’opèrera ce mouvement d’un point de vue économique, fiscal, d’ingénierie…
- Vous présentez, jeudi, lors de la prochaine session de l’Assemblée de Corse, le schéma de développement territorial. De quoi s’agit-il exactement ?
- C’est un rapport de principe concernant le schéma sur l’innovation, le développement économique et l’internationalisation. Il pose un cadre conjoncturel, mais profondément structurant. La loi NOTRe institue la région en tête de file du développement économique avec la nécessité de bâtir un schéma dans l’année qui suit le renouvellement de la collectivité territoriale. Nous avons donc, douze mois, pour le bâtir. Ce sera l’occasion de rassembler les acteurs, de consulter les filières, de mettre au cœur de la réflexion et de l’action les représentants consulaires et les chefs d’entreprises. J’ai proposé un comité de pilotage co-présidé par le président de l’ATC et de l’OTC afin d’œuvrer dans la collégialité, la transparence et l’ouverture.
- Pensez-vous qu’il soit possible de construire, rapidement, les bases du développement économique de la Corse ?
- J’en suis intimement convaincu ! Je connais le temps politique et le temps économique. Je sais que les deux ont longtemps vécu en opposition. Notre rôle, aujourd’hui, est de les réconcilier. Nous devons, pendant ces deux ans, poser les actes fondateurs de cette stratégie nouvelle. Nous y arriverons avec de la méthode, de la communication et de l’ouverture. L’ADEC était vécue comme une force d’inertie. L’économie était au service de l’ADEC. Mon enjeu est de remettre l’ADEC au service de l’économie qui est l’un des grands sujets sur lequel nous avons été élus. Les Corses attendent de nous des réponses immédiates. Nous avons deux ans pour les donner.
Propos recueillis par Nicole MARI.