A Diga di Monte su Rei, un barrage artificiel situé dans la province Sud de la Sardaigne.
- Quel a été l'objet de ce voyage de trois jours en Sardaigne ?
- Ce voyage répond à une priorité politique de notre Conseil exécutif. Depuis les rencontres initiées au printemps 2016 entre la CTC (Collectivité territoriale de Corse) et le gouvernement de la Région autonome de Sardaigne, des échanges ont permis de jeter les bases d’une véritable collaboration dans plusieurs domaines, notamment celui des transports, de l’action économique, des problématiques environnementales et de la gestion de la ressource hydrique. C’est dans ce cadre général du rapport de coopération bâti et symbolisé par « U Pattu Novu trà duie isule surelle di u Mediterraniu » qu’était prévu le déplacement de la délégation de l’OEHC à Cagliari, Olbia et Santa Teresa di Gallura.
- Quels ont été vos interlocuteurs sur la question de l’eau ?
- Au siège de la Giunta à Cagliari, l’ensemble des acteurs institutionnels et techniques impliqués dans le domaine précis de l’eau, à savoir mon homologue, Paolo Giovanni Maninchedda, membre de l’Exécutif sarde en charge des travaux publics et de l’eau, Edoardo Balzarini, Directeur général des Travaux Publics, Roberto Silvano, Directeur de l’Agence régionale du District hydrographique de la Sardaigne, et Giovanni Sistu, Responsable de ENAS (Ente acque della Sardegna). Avec eux, nous avons admis que ce séjour en appelait d’autres.
- Quels domaines avez-vous abordés en priorité ?
- Avec la délégation de l’OEHC, nous avons abordé les pratiques et les modes de gestion de l’eau brute et de l’eau potable, y compris la question de l’énergie d’origine hydraulique. Nous avons procédé à une première analyse comparative, fait le point sur les capacités et les ouvrages de stockage, sur les moyens mis en œuvre dans le cadre de l’amélioration des rendements-réseaux, et évalué les résultats dans la lutte contre le gaspillage de la ressource en eau. Ces problématiques conditionnent toujours les actions de notre quotidien d’insulaires. Dans cette optique, nous avons, donc, décidé de la mise en place d’une stratégie commune d’adaptation au changement climatique, compte tenu de son impact sur les contextes insulaires méditerranéens. Cela a abouti tout naturellement à la signature d’un premier accord corso-sarde engageant sur le long terme les deux îles dans la voie d’une mutualisation des compétences, des moyens de recherche et d’innovation dans le domaine de l’hydraulique.
- Ce voyage répond à une priorité politique de notre Conseil exécutif. Depuis les rencontres initiées au printemps 2016 entre la CTC (Collectivité territoriale de Corse) et le gouvernement de la Région autonome de Sardaigne, des échanges ont permis de jeter les bases d’une véritable collaboration dans plusieurs domaines, notamment celui des transports, de l’action économique, des problématiques environnementales et de la gestion de la ressource hydrique. C’est dans ce cadre général du rapport de coopération bâti et symbolisé par « U Pattu Novu trà duie isule surelle di u Mediterraniu » qu’était prévu le déplacement de la délégation de l’OEHC à Cagliari, Olbia et Santa Teresa di Gallura.
- Quels ont été vos interlocuteurs sur la question de l’eau ?
- Au siège de la Giunta à Cagliari, l’ensemble des acteurs institutionnels et techniques impliqués dans le domaine précis de l’eau, à savoir mon homologue, Paolo Giovanni Maninchedda, membre de l’Exécutif sarde en charge des travaux publics et de l’eau, Edoardo Balzarini, Directeur général des Travaux Publics, Roberto Silvano, Directeur de l’Agence régionale du District hydrographique de la Sardaigne, et Giovanni Sistu, Responsable de ENAS (Ente acque della Sardegna). Avec eux, nous avons admis que ce séjour en appelait d’autres.
- Quels domaines avez-vous abordés en priorité ?
- Avec la délégation de l’OEHC, nous avons abordé les pratiques et les modes de gestion de l’eau brute et de l’eau potable, y compris la question de l’énergie d’origine hydraulique. Nous avons procédé à une première analyse comparative, fait le point sur les capacités et les ouvrages de stockage, sur les moyens mis en œuvre dans le cadre de l’amélioration des rendements-réseaux, et évalué les résultats dans la lutte contre le gaspillage de la ressource en eau. Ces problématiques conditionnent toujours les actions de notre quotidien d’insulaires. Dans cette optique, nous avons, donc, décidé de la mise en place d’une stratégie commune d’adaptation au changement climatique, compte tenu de son impact sur les contextes insulaires méditerranéens. Cela a abouti tout naturellement à la signature d’un premier accord corso-sarde engageant sur le long terme les deux îles dans la voie d’une mutualisation des compétences, des moyens de recherche et d’innovation dans le domaine de l’hydraulique.
A diga Eleonora d'Arborea, un barrage sur le fleuve Tirso, d’une capacité de 330 millions de m3, situé dans la province d’Oristano.
- Concernant l'eau, quelle est la différence de situation entre les deux îles ?
- Il y a, d’abord, une grande différence en matière d’infrastructures et de stockage. La Sardaigne compte 34 barrages d’une capacité de près de 2 milliards de mètres cubes (m3) contre une quinzaine d’ouvrages en Corse (OEHC et EDF confondus) pour environ 100 millions de m3. Imaginez quelles ont été nos impressions, avec les ingénieurs des services Ingénierie et Hydro climatologie de l’OEHC, lors de la visite de la diga Eleonora d'Arborea, un barrage sur le fleuve Tirso, d’une capacité de 330 millions de m3, situé dans la province d’Oristano. À l’évidence, nous pouvons, d’ores et déjà, parler de retard historique du parc corse, alors que la ressource y est abondante : plus de 8 milliards de m3 de précipitations annuelles !
- Y-a-t-il des similitudes de situation ?
- Oui ! Concernant l’eau brute, les systèmes corse et sarde sont similaires. L’OEHC, pour le compte de la CTC en Corse, et l’ENAS, la structure publique en Sardaigne, ont l’exclusivité de la distribution de l’eau agricole et fournissent de l’eau aux gestionnaires des réseaux d’eau potable pour l’alimentation civile. En revanche, les modalités de gestion de l’eau en Sardaigne diffèrent de celles appliquées en Corse en ce qui concerne l’eau potable et les installations de production hydroélectrique.
- De quelle manière ?
- En Sardaigne, l’eau potable est gérée par une entité à capitaux publics unique, dénommée ABBANOA, alors qu’en Corse, la gestion est, soit directe (régie), soit déléguée (Délégation de service public), et peut faire intervenir des acteurs privés. L’ENAS dispose des compétences pour la mise en œuvre et l’exploitation des installations de production hydroélectriques sans limitation alors que l’OEHC ne peut gérer des infrastructures que jusqu’à 8000 kW, les infrastructures de capacité supérieure étant gérées par EDF. D’une manière générale, la région autonome de Sardaigne maîtrise ses ressources en eau, du stockage à la distribution en passant par l’électricité d’origine hydraulique. C’est elle seule qui gère les milliards de mètres cubes !
- Ce modèle de gestion sarde est-il applicable en Corse ?
- Poser la question, c’est déjà y répondre, lorsque l’on privilégie la maitrise dans bon nombre de domaines, comme les transports, l’énergie ou la fiscalité ! La réponse est éminemment politique et renvoie aux futures évolutions statutaires. À l’heure où nous sommes toujours condamnés à gérer production et distribution de l’eau à flux tendu, année après année, sans filet, l’exemple sarde devrait nous inciter à approfondir rapidement notre réflexion sur l’évolution des institutions gestionnaires des ressources en eau, mais aussi sur le futur modèle économique de gestion, et, donc, à appréhender autrement la stratégie de constitution des ressources stockées. Sans compter tout le pan de la production d’énergie à partir de la ressource hydraulique.
- Il y a, d’abord, une grande différence en matière d’infrastructures et de stockage. La Sardaigne compte 34 barrages d’une capacité de près de 2 milliards de mètres cubes (m3) contre une quinzaine d’ouvrages en Corse (OEHC et EDF confondus) pour environ 100 millions de m3. Imaginez quelles ont été nos impressions, avec les ingénieurs des services Ingénierie et Hydro climatologie de l’OEHC, lors de la visite de la diga Eleonora d'Arborea, un barrage sur le fleuve Tirso, d’une capacité de 330 millions de m3, situé dans la province d’Oristano. À l’évidence, nous pouvons, d’ores et déjà, parler de retard historique du parc corse, alors que la ressource y est abondante : plus de 8 milliards de m3 de précipitations annuelles !
- Y-a-t-il des similitudes de situation ?
- Oui ! Concernant l’eau brute, les systèmes corse et sarde sont similaires. L’OEHC, pour le compte de la CTC en Corse, et l’ENAS, la structure publique en Sardaigne, ont l’exclusivité de la distribution de l’eau agricole et fournissent de l’eau aux gestionnaires des réseaux d’eau potable pour l’alimentation civile. En revanche, les modalités de gestion de l’eau en Sardaigne diffèrent de celles appliquées en Corse en ce qui concerne l’eau potable et les installations de production hydroélectrique.
- De quelle manière ?
- En Sardaigne, l’eau potable est gérée par une entité à capitaux publics unique, dénommée ABBANOA, alors qu’en Corse, la gestion est, soit directe (régie), soit déléguée (Délégation de service public), et peut faire intervenir des acteurs privés. L’ENAS dispose des compétences pour la mise en œuvre et l’exploitation des installations de production hydroélectriques sans limitation alors que l’OEHC ne peut gérer des infrastructures que jusqu’à 8000 kW, les infrastructures de capacité supérieure étant gérées par EDF. D’une manière générale, la région autonome de Sardaigne maîtrise ses ressources en eau, du stockage à la distribution en passant par l’électricité d’origine hydraulique. C’est elle seule qui gère les milliards de mètres cubes !
- Ce modèle de gestion sarde est-il applicable en Corse ?
- Poser la question, c’est déjà y répondre, lorsque l’on privilégie la maitrise dans bon nombre de domaines, comme les transports, l’énergie ou la fiscalité ! La réponse est éminemment politique et renvoie aux futures évolutions statutaires. À l’heure où nous sommes toujours condamnés à gérer production et distribution de l’eau à flux tendu, année après année, sans filet, l’exemple sarde devrait nous inciter à approfondir rapidement notre réflexion sur l’évolution des institutions gestionnaires des ressources en eau, mais aussi sur le futur modèle économique de gestion, et, donc, à appréhender autrement la stratégie de constitution des ressources stockées. Sans compter tout le pan de la production d’énergie à partir de la ressource hydraulique.
Pier Luigi Caria, assessore di l'agricultura, le président du Consortium D'Assainissement de la Gallura, Marco Marrone, le président Saveriu Luciani et les ingénieurs de l'OEHC.
- Faut-il imaginer, un jour, la maitrise totale de la gestion de l’eau par la Collectivité ?
- Disons-le clairement, sans préjuger des futurs débats, cela renvoie à l’avènement d’un nouveau statut et à l’élargissement des compétences dans tous les domaines. Je n’en veux pour preuve que la faiblesse du parc des ouvrages de stockage, que j’ai évoqué, et qui traduit le manque de vision stratégique de nos prédécesseurs. Face à l’absence évidente d’anticipation de la Corse, la Sardaigne fonctionne depuis longtemps sur une programmation pluriannuelle de la ressource. Pour autant, elle vit une situation très difficile, caractérisée par une faiblesse chronique dans la gestion de ses rendements - 50% de déperdition - et d’énormes problèmes d’approvisionnement de ses réserves. Ces derniers points apparaissent déjà comme un axe fort de la coopération entre nos îles respectives.
- Qu'est-ce que la Sardaigne peut apporter en matière d'eau à la Corse, et réciproquement ?
- Au-delà de l'insularité, les problématiques, auxquelles la Corse et la Sardaigne sont confrontées dans le contexte du réchauffement climatique, sont relativement similaires : diminution des ressources disponibles et augmentation des besoins en eau. Les démarches entreprises pour faire face à cet enjeu, ainsi que les retours d'expérience, pourront être partagés dans un esprit de coopération et de mutualisation afin d'optimiser nos modes de gestion respectifs. Par exemple, la Sardaigne a expérimenté la réutilisation de l'eau épurée pour l'arrosage des espaces verts. L’eau traitée, issue des stations d'épuration, est mélangée avec de l'eau brute, à raison de 1 litre d’eau épurée pour 1 litre d’eau brute. Un projet pilote est mené sur la gestion des pressions des réseaux afin d’optimiser les rendements. En Corse, notre priorité est la poursuite du déploiement des interconnexions entre les différents secteurs gérés par l'OEHC afin d'assurer la continuité de l'approvisionnement et de sécuriser l'alimentation.
- Vous avez rencontré Pier Luigi Caria, le responsable Exécutif à l’Agriculture. De quoi avez-vous discuté ?
- En préambule, nous avons énuméré nos convergences, tout en constatant une différence de superficies irriguées, puisque les réseaux de l’OEHC couvrent près de 35 000 hectares de terres agricoles, lorsque la Sardaigne en compte plus de 160 000. Nous avons, aussi, relevé une constante dans l’évolution de notre climat méditerranéen insulaire, avec notamment un tarissement continu et progressif de la ressource, un climat de plus en plus sec, des pluies plus rares et aléatoires, et moins d’eau dans les rivières, l’été. D’où l’impérieuse nécessité d’adapter sans tarder nos territoires à ces nouvelles données. C’est pour cette raison que l’essentiel de la discussion a porté sur les termes de l’accord et les divers moyens à développer dans l’élaboration d’une stratégie commune. Nous entendons travailler dans la transversalité, en Corse comme en Sardaigne. C’est pourquoi la Corse s’engagera dans l’entreprise avec trois de ses offices, l’OEHC, l’ODARC (Office de développement agricole et rurale de la Corse) et l’OEC (Office de l’environnement de la Corse), mais aussi en sollicitant les universités respectives.
- Quels autres thèmes ont retenu votre intérêt, lors de cette réunion à Olbia ?
- Les points communs, déterminants lorsque l’on parle d’avenir, comme la tarification, les interconnexions, l’amélioration des rendements, le développement des réseaux intelligents, dans la perspective des économies d’eau et de l’augmentation des performances hydrauliques, ou encore les expériences de modélisation et la réutilisation des eaux usées à vocation agricole. Les autres points, comme ceux de l’innovation, de l’expérimentation et de la recherche, semblent tout aussi importants à aborder lors des prochaines réunions.
- Disons-le clairement, sans préjuger des futurs débats, cela renvoie à l’avènement d’un nouveau statut et à l’élargissement des compétences dans tous les domaines. Je n’en veux pour preuve que la faiblesse du parc des ouvrages de stockage, que j’ai évoqué, et qui traduit le manque de vision stratégique de nos prédécesseurs. Face à l’absence évidente d’anticipation de la Corse, la Sardaigne fonctionne depuis longtemps sur une programmation pluriannuelle de la ressource. Pour autant, elle vit une situation très difficile, caractérisée par une faiblesse chronique dans la gestion de ses rendements - 50% de déperdition - et d’énormes problèmes d’approvisionnement de ses réserves. Ces derniers points apparaissent déjà comme un axe fort de la coopération entre nos îles respectives.
- Qu'est-ce que la Sardaigne peut apporter en matière d'eau à la Corse, et réciproquement ?
- Au-delà de l'insularité, les problématiques, auxquelles la Corse et la Sardaigne sont confrontées dans le contexte du réchauffement climatique, sont relativement similaires : diminution des ressources disponibles et augmentation des besoins en eau. Les démarches entreprises pour faire face à cet enjeu, ainsi que les retours d'expérience, pourront être partagés dans un esprit de coopération et de mutualisation afin d'optimiser nos modes de gestion respectifs. Par exemple, la Sardaigne a expérimenté la réutilisation de l'eau épurée pour l'arrosage des espaces verts. L’eau traitée, issue des stations d'épuration, est mélangée avec de l'eau brute, à raison de 1 litre d’eau épurée pour 1 litre d’eau brute. Un projet pilote est mené sur la gestion des pressions des réseaux afin d’optimiser les rendements. En Corse, notre priorité est la poursuite du déploiement des interconnexions entre les différents secteurs gérés par l'OEHC afin d'assurer la continuité de l'approvisionnement et de sécuriser l'alimentation.
- Vous avez rencontré Pier Luigi Caria, le responsable Exécutif à l’Agriculture. De quoi avez-vous discuté ?
- En préambule, nous avons énuméré nos convergences, tout en constatant une différence de superficies irriguées, puisque les réseaux de l’OEHC couvrent près de 35 000 hectares de terres agricoles, lorsque la Sardaigne en compte plus de 160 000. Nous avons, aussi, relevé une constante dans l’évolution de notre climat méditerranéen insulaire, avec notamment un tarissement continu et progressif de la ressource, un climat de plus en plus sec, des pluies plus rares et aléatoires, et moins d’eau dans les rivières, l’été. D’où l’impérieuse nécessité d’adapter sans tarder nos territoires à ces nouvelles données. C’est pour cette raison que l’essentiel de la discussion a porté sur les termes de l’accord et les divers moyens à développer dans l’élaboration d’une stratégie commune. Nous entendons travailler dans la transversalité, en Corse comme en Sardaigne. C’est pourquoi la Corse s’engagera dans l’entreprise avec trois de ses offices, l’OEHC, l’ODARC (Office de développement agricole et rurale de la Corse) et l’OEC (Office de l’environnement de la Corse), mais aussi en sollicitant les universités respectives.
- Quels autres thèmes ont retenu votre intérêt, lors de cette réunion à Olbia ?
- Les points communs, déterminants lorsque l’on parle d’avenir, comme la tarification, les interconnexions, l’amélioration des rendements, le développement des réseaux intelligents, dans la perspective des économies d’eau et de l’augmentation des performances hydrauliques, ou encore les expériences de modélisation et la réutilisation des eaux usées à vocation agricole. Les autres points, comme ceux de l’innovation, de l’expérimentation et de la recherche, semblent tout aussi importants à aborder lors des prochaines réunions.
Signature de l'accord de coopération avec Paolo Giovanni Maninchedda, assesseur des travaux publics sardes, et Franciscu Sedda.
- Avez-vous évoqué la question du changement climatique ?
- Oui ! Elle est le cœur de toute notre démarche et des actions à impulser ensemble. Les constats d’évolution du climat et de l’hydrologie nous amènent, petit à petit, à une modification de nos comportements de gestion de la ressource en eau. Nous militons pour l’amélioration des connaissances, la diminution de la consommation, la lutte contre le gaspillage et les fuites, la création et l’extension des interconnexions et des ouvrages, la diffusion pédagogique de l’utilisation raisonnée de l’eau... L’enjeu est d’assurer l’équilibre quantitatif de la ressource en eau en anticipant les conséquences des évolutions climatiques, les besoins de développement et d’équipement. J’ai rappelé les éléments importants de notre plan de bassin d’adaptation au changement climatique, en cours d’élaboration au sein du Comité de Bassin de Corse. Ce plan d’adaptation doit constituer une base de référence qui peut servir à nos deux îles dans leur politique de gestion de l’eau et d’aménagement du territoire.
- Au final, quels sont les termes de l’accord que vous avez signé ?
- Je tiens, d’abord, à dire qu’il s’agit d’un premier, mais d’un grand pas politique pour nos deux îles. Cet accord stipule clairement notre engagement mutuel et affirme, je cite, « l’importance que les deux institutions confèrent à une nouvelle gestion de la ressource hydrique et l’impact des changements climatiques sur les contextes insulaires méditerranéens comme la Sardaigne et la Corse. Nous allons, donc, créer un groupe de travail permanent qui regroupera l’ensemble des acteurs institutionnels et les Universités pour échanger et approfondir les connaissances. La Corse et la Sardaigne se doivent de développer des actions conjointes, par rapport aux Etats italiens et français, mais aussi à l’Union européenne. Il faut garantir à leurs territoires d’autres ressources permettant d’engager une politique d’infrastructures et de recherche relatives à la gestion de l’eau, et parvenir in fine à une stratégie coordonnée pour une gestion optimale et rationnelle de la ressource hydrique ».
- Est-ce, selon vous, un accord historique ?
- L’avenir nous le dira ! Tout dépendra de notre capacité politique à avancer ensemble pour développer un grand plan stratégique pérenne. Il faut, je le répète, y inclure l’indispensable évolution statutaire de l’île vers l’autonomie, en vigueur en Sardaigne depuis 1947. Quoi qu’il en soit, pour l’Exécutif de Corse, cet accord est le signe d’un engagement, celui de notre refus formel de toute idée de dépendance dans le domaine de l’eau. Dans notre projet de construction d’une Nation Corse moderne, il place incontestablement la question de l'eau au cœur des problématiques insulaires de la Méditerranée occidentale, et pose, dans une perspective de long terme, le combat commun de la Sardaigne et de la Corse face à l'un des défis environnementaux majeurs du 21ème siècle.
Propos recueillis par Nicole MARI.
Le président Saveriu Luciani, Camille Ceccaldi et Stephane Mendez, ingénieurs OEHC, et les représentants d'ENAS.