Le vignoble de Patrimoniu.
L’oenotourisme est à la mode. Devenu très tendance, il monte en puissance depuis quelques années. Apparu au début des sixties dans la Napa Valley aux Etats-Unis, il y génère aujourd’hui un chiffre d’affaires annuel de plus de 1 milliard de dollars. En France, en Italie, en Espagne, en Australie et même en Nouvelle Zélande, il se place, désormais, au cœur des stratégies touristiques, qu’elles soient nationales ou régionales. Le 9 février dernier, l’ex-ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a lancé VisitFrenchWine.com., un portail internet bilingue dédié à l’oenotourisme pour inciter les touristes étrangers, notamment asiatiques et américains, à visiter les régions viticoles françaises. Il a rappelé, à cette occasion, que près de 7,5 millions de touristes ont séjourné, en 2010, dans le vignoble français et insisté sur l’importance considérable de ce secteur très concurrentiel dont il veut faire un pôle d’excellence : « Plus qu'un produit, le vin est de plus en plus une culture. Les touristes recherchent des histoires, des produits d'excellence, et à donner un sens à ce qu'ils mangent et boivent. Ce site va contribuer au rayonnement de nos vins et à l'ouverture de nos territoires. L'objectif est qu'un maximum de personnes, françaises et étrangères, puissent avoir accès à nos produits ».
Un enjeu majeur
Le ministre a dévoilé les 57 destinations labellisées « Vignobles & Découvertes », dont la Corse fait partie, et quelques chiffres clés. En 2015, les caves, châteaux, ou maisons des vins ont reçu quelques 12 millions de visites. Presque un visiteur sur deux est un amateur dont le but premier est de visiter des caves, déguster et acheter du vin. Pour 20 % des touristes, le vin, la vigne et le vignoble sont les éléments déterminants de leur séjour. 24 % mêlent l’oenotourisme à une visite plus classique du patrimoine. Seuls 16 % sont de véritables experts intéressés par la découverte de l’histoire et de la culture d’un terroir et par l’univers du vin. Ces oenotouristes dépensent, en moyenne, 203 € par séjour. L’enjeu est, donc, de taille, à la fois, pour les filières viticoles en pleine mutation et pour les régions concernées dont l’oenotourisme devient un axe majeur, parfois même le fer de lance du développement durable et touristique. Pourtant, malgré leur fort potentiel, les vignerons français investissent bien moins que leurs homologues étrangers dans les infrastructures d’accueil adéquates.
Un terroir adapté
Très attentive à ne pas rater cet important virage, la Chambre d’agriculture de Haute-Corse a lancé son projet d’oenotourisme sur le département. En juin dernier, elle avait, déjà, organisé, à Saint Florent, une première journée de rencontre autour du programme européen VER.TOUR.MER de promotion du cépage Vermentinu et de l’oenotourisme entre la Corse, la Sardaigne, la Toscane et la Ligurie. Jeudi, elle a poursuivi, dans ce sens, en proposant, aux vignerons, une journée de rencontre et de formation en oenotourisme, à la Maison des vins de Patrimoniu. « C’est une initiative micro-régionale, à l’échelle du territoire. Dans sa démarche d’oenotourisme, la Chambre d’agriculture a tenu à lancer cette opération dans le terroir de Patrimoniu qui s’y prête à merveille grâce à la présence d’une enclave géologique typique et d’une Maison des vins qui est un outil intéressant pour l’accueil et l’organisation de ce type de manifestation », précise Thierry Francioni, conseiller agricole à la Chambre d’agriculture et responsable du projet oenotouristique.
Un gisement de croissance
La formation a surtout attiré de jeunes vignerons qui sont venus de tout le département écouter Jean Jacques Benetti, spécialiste international d’oenotourisme, ancien responsable de la Route des vins de Provence, leur présenter les différentes facettes de cette démarche commerciale. Le maître-mot est le plaisir. « La route des vins est une belle initiative, mais la signalétique ne suffit plus. C’est un début d’itinéraire qu’il faut animer et redynamiser. Il faut inventer d’autres produits et créer des synergies entre les vignerons pour fédérer les initiatives personnelles qui sont nombreuses », commente Thierry Francioni. Il considère que l’attractivité du vin est un véritable gisement de croissance qui peut profiter aux autres acteurs économiques et favoriser la réussite des territoires. «L'œnotourisme est un important facteur de développement dans de nombreux pays, notamment l’Italie qui a vingt ans d’avance dans ce domaine. Il permet de mettre en harmonie les paysages, les territoires, une réalité géographique et de créer de la valeur ajoutée sur une exploitation autrement que par la production viticole. De plus, il génère des flux de population. Bastia est le port et la porte d’entrée de notre projet d’oenotourisme. Elle a vocation à recevoir du monde et à rayonner en osmose avec l’ensemble des territoires : le Cap Corse, Patrimoniu de fait de son poids viticole important, la Plaine Orientale et pourquoi pas la Balagne ! ». Une nouvelle étape pourrait être franchie avec la poursuite du programme européen VER.TOUR.MER. qui devrait être finalisé en juin prochain.
N.M.
Un enjeu majeur
Le ministre a dévoilé les 57 destinations labellisées « Vignobles & Découvertes », dont la Corse fait partie, et quelques chiffres clés. En 2015, les caves, châteaux, ou maisons des vins ont reçu quelques 12 millions de visites. Presque un visiteur sur deux est un amateur dont le but premier est de visiter des caves, déguster et acheter du vin. Pour 20 % des touristes, le vin, la vigne et le vignoble sont les éléments déterminants de leur séjour. 24 % mêlent l’oenotourisme à une visite plus classique du patrimoine. Seuls 16 % sont de véritables experts intéressés par la découverte de l’histoire et de la culture d’un terroir et par l’univers du vin. Ces oenotouristes dépensent, en moyenne, 203 € par séjour. L’enjeu est, donc, de taille, à la fois, pour les filières viticoles en pleine mutation et pour les régions concernées dont l’oenotourisme devient un axe majeur, parfois même le fer de lance du développement durable et touristique. Pourtant, malgré leur fort potentiel, les vignerons français investissent bien moins que leurs homologues étrangers dans les infrastructures d’accueil adéquates.
Un terroir adapté
Très attentive à ne pas rater cet important virage, la Chambre d’agriculture de Haute-Corse a lancé son projet d’oenotourisme sur le département. En juin dernier, elle avait, déjà, organisé, à Saint Florent, une première journée de rencontre autour du programme européen VER.TOUR.MER de promotion du cépage Vermentinu et de l’oenotourisme entre la Corse, la Sardaigne, la Toscane et la Ligurie. Jeudi, elle a poursuivi, dans ce sens, en proposant, aux vignerons, une journée de rencontre et de formation en oenotourisme, à la Maison des vins de Patrimoniu. « C’est une initiative micro-régionale, à l’échelle du territoire. Dans sa démarche d’oenotourisme, la Chambre d’agriculture a tenu à lancer cette opération dans le terroir de Patrimoniu qui s’y prête à merveille grâce à la présence d’une enclave géologique typique et d’une Maison des vins qui est un outil intéressant pour l’accueil et l’organisation de ce type de manifestation », précise Thierry Francioni, conseiller agricole à la Chambre d’agriculture et responsable du projet oenotouristique.
Un gisement de croissance
La formation a surtout attiré de jeunes vignerons qui sont venus de tout le département écouter Jean Jacques Benetti, spécialiste international d’oenotourisme, ancien responsable de la Route des vins de Provence, leur présenter les différentes facettes de cette démarche commerciale. Le maître-mot est le plaisir. « La route des vins est une belle initiative, mais la signalétique ne suffit plus. C’est un début d’itinéraire qu’il faut animer et redynamiser. Il faut inventer d’autres produits et créer des synergies entre les vignerons pour fédérer les initiatives personnelles qui sont nombreuses », commente Thierry Francioni. Il considère que l’attractivité du vin est un véritable gisement de croissance qui peut profiter aux autres acteurs économiques et favoriser la réussite des territoires. «L'œnotourisme est un important facteur de développement dans de nombreux pays, notamment l’Italie qui a vingt ans d’avance dans ce domaine. Il permet de mettre en harmonie les paysages, les territoires, une réalité géographique et de créer de la valeur ajoutée sur une exploitation autrement que par la production viticole. De plus, il génère des flux de population. Bastia est le port et la porte d’entrée de notre projet d’oenotourisme. Elle a vocation à recevoir du monde et à rayonner en osmose avec l’ensemble des territoires : le Cap Corse, Patrimoniu de fait de son poids viticole important, la Plaine Orientale et pourquoi pas la Balagne ! ». Une nouvelle étape pourrait être franchie avec la poursuite du programme européen VER.TOUR.MER. qui devrait être finalisé en juin prochain.
N.M.
Jean Jacques Benetti : « La Corse a des atouts pour devenir une destination viticole »
Jean Jacques Benetti, conseiller spécialisé en marketing et commercalisation autour du vin en PACA.
- L’oenotourisme est un tourisme assez peu développé en Corse. Pourquoi ?
- L’oenotourisme a différentes facettes. En Corse, de nombreux domaines viticoles ont une démarche oenotouristique, notamment par l’accueil des touristes au caveau. Ils font des ventes directes et significatives qui représentent un fort pourcentage de leur chiffre d’affaires réalisé.
- Mais ces touristes ne viennent pas en Corse spécifiquement pour faire la route des vins. Est-il possible de développer cette niche touristique ?
- Tout à fait ! La possibilité existe. Nous sommes justement en train d’y travailler pour qu’elle devienne une réalité. Aujourd’hui, l’identité corse n’est pas reconnue comme une destination viticole. Mais, il y a très peu de destination viticole reconnue dans le monde. En France, Bordeaux et Bourgogne sont les exemples les plus flagrants. Des routes des vins sont également assez connues en Californie et en Australie. La Corse ne se présente pas, aujourd’hui, comme destination viticole en soi, mais tout est à faire. Et, je dirai, pourquoi pas !
- A-t-elle des atouts pour le devenir ?
- Oui ! Elle a de nombreux attraits et un avantage énorme par rapport à d’autres régions. D’abord, elle offre une diversité et une beauté de paysages extraordinaires qui permettent aux gens, qui y viennent pour goûter le vin, de découvrir différents aspects de différentes régions. Ensuite, le vin corse a une forte personnalité liée notamment à l’usage spécifique de cépages qui ne sont propres qu’à cette île. Il peut, ainsi, susciter un certain intérêt et attirer nombre de spécialistes.
- Vous parlez de spécialistes, mais comment faire pour attirer les simples amateurs qui ont envie de faire une route des vins ?
- Aujourd’hui, la réputation de la Corse n’est pas basée sur le vin, mais sur un tourisme en majorité balnéaire. Les choses évoluent et les gens sont de plus en plus à la recherche de niches touristiques, notamment en termes de produits du terroir dont fait partie le vin.
- Que recherche l’amateur oenophile ?
- Des sensations ! Il peut les trouver dans les différences qui existent entre des vins Muscat produits d’un côté ou de l’autre du Cap Corse. Certains vins sont plus expressifs de leur territoire et de leur terroir, que ce soit les vins de Patrimoniu avec une influence calcaire ou les vins du Sud, plus chargés en terroir cristallin. L’exposition, l’ensoleillement, joue, aussi, sur la personnalité du vin. Il y a matière à mettre en place des programmes et un certain nombre de choses au niveau touristique afin que les gens se sentent bien accueillis dans les domaines.
- Est-ce l’objet de la journée de formation que vous animez à Patrimoniu ?
- Oui ! Nous présentons les différentes facettes du développement oenotouristique en termes de possibilités données aux viticulteurs d’augmenter leurs ventes de vin, mais également de multiplier les différentes activités, dites connexes, d’accueil à la cave. Cela va de la simple restauration, un repas de vigneron, aux promenades à cheval, aux randonnées en VTT, aux promenades en famille, même à un simple pique-nique…
- La beauté des vignobles et la qualité du vin ne sont-ils pas des critères suffisants ?
- Le vin est, en soi, suffisant. C’est une activité largement intéressante et professionnelle qui permet, sans aucun problème, aux vignerons de vivre de leur métier. L’activité touristique est un plus qui va qualifier la production, augmenter et bonifier les ventes. C’est tout l’objet de la présentation d’aujourd’hui.
- C’est-à-dire, concrètement ?
- Chaque année, la Corse compte 35 millions de nuitées touristiques. Les gens restent, en moyenne, un peu plus de quatre jours sur place, ce qui est énorme ! Ils ont la possibilité de découvrir un terroir magnifique. La grande majorité de ces touristes goutent le vin, le dégustent et l’apprécient. On peut leur proposer, par des moyens touristiques associés, de se rendre encore plus volontiers chez les vignerons, serait-ce que grâce à un meilleur accueil ou lors d’un événement, d’une fête, d’une réunion…
- L’idée est-elle de fédérer toutes les initiatives isolées pour construire une sorte d’itinéraire ?
- Il existe, d’ores et déjà, un certain nombre d’itinéraires. L’objet de la réunion d’aujourd’hui est plutôt d’encourager les vignerons dans leur projet individuel. Un projet réalisé est reconnu et peut être mis en avant par les différentes associations professionnelles et institutionnelles. Celles-ci vont mettre en exergue cette faculté qu’a la Corse, non seulement de produire du vin, mais également de le faire découvrir chez les vignerons.
- Sentez-vous les vignerons réceptifs à cette démarche ou plutôt frileux ?
- Ils sont très intéressés par la démarche. Ils sont venus nombreux et ont consacré du temps à écouter des expériences réalisées avec succès dans différents pays, notamment en Italie et sur le continent. L’objet de notre démarche, je le répète, est de qualifier et d’augmenter la vente de vin par des produits touristiques, par une attitude touristique cohérente qui va personnaliser le produit et permettre aux gens de faire la différence entre un vin corse et un autre vin.
- L’oenotourisme peut-il devenir un vecteur de développement et de dynamisme économique pour une région comme la Corse ?
- Tout à fait ! C’est une activité naturelle puisque l’activité de base, la production de vin, existe de façon séculaire et traditionnelle. Aujourd’hui, la manne touristique génère un fort revenu dans l’île. Spécialiser et accroître, ne serait-ce que la capacité des vignerons à capter cette manne touristique ne sera que très positif. Ensuite, c’est mathématique. Augmenter le nombre de visites de touristes sur une activité donnée oblige forcément à augmenter le nombre de personnes qui les accueillera. Cela génère de l’emploi et de l’activité. Aujourd’hui, le vin corse se vend, en majorité, sur l’île. Cela signifie que les touristes le consomment sur place. L’exportation des vins corses sur le continent provient souvent du fait que les gens ont découvert le vin dans l’île pendant leurs vacances et ont envie de retrouver cet acte de consommation chez eux. C’est un facteur intéressant de développement dans la mesure où il permet de vendre le vin de façon qualifiée et bonifiée, c’est-à-dire plus cher.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- L’oenotourisme a différentes facettes. En Corse, de nombreux domaines viticoles ont une démarche oenotouristique, notamment par l’accueil des touristes au caveau. Ils font des ventes directes et significatives qui représentent un fort pourcentage de leur chiffre d’affaires réalisé.
- Mais ces touristes ne viennent pas en Corse spécifiquement pour faire la route des vins. Est-il possible de développer cette niche touristique ?
- Tout à fait ! La possibilité existe. Nous sommes justement en train d’y travailler pour qu’elle devienne une réalité. Aujourd’hui, l’identité corse n’est pas reconnue comme une destination viticole. Mais, il y a très peu de destination viticole reconnue dans le monde. En France, Bordeaux et Bourgogne sont les exemples les plus flagrants. Des routes des vins sont également assez connues en Californie et en Australie. La Corse ne se présente pas, aujourd’hui, comme destination viticole en soi, mais tout est à faire. Et, je dirai, pourquoi pas !
- A-t-elle des atouts pour le devenir ?
- Oui ! Elle a de nombreux attraits et un avantage énorme par rapport à d’autres régions. D’abord, elle offre une diversité et une beauté de paysages extraordinaires qui permettent aux gens, qui y viennent pour goûter le vin, de découvrir différents aspects de différentes régions. Ensuite, le vin corse a une forte personnalité liée notamment à l’usage spécifique de cépages qui ne sont propres qu’à cette île. Il peut, ainsi, susciter un certain intérêt et attirer nombre de spécialistes.
- Vous parlez de spécialistes, mais comment faire pour attirer les simples amateurs qui ont envie de faire une route des vins ?
- Aujourd’hui, la réputation de la Corse n’est pas basée sur le vin, mais sur un tourisme en majorité balnéaire. Les choses évoluent et les gens sont de plus en plus à la recherche de niches touristiques, notamment en termes de produits du terroir dont fait partie le vin.
- Que recherche l’amateur oenophile ?
- Des sensations ! Il peut les trouver dans les différences qui existent entre des vins Muscat produits d’un côté ou de l’autre du Cap Corse. Certains vins sont plus expressifs de leur territoire et de leur terroir, que ce soit les vins de Patrimoniu avec une influence calcaire ou les vins du Sud, plus chargés en terroir cristallin. L’exposition, l’ensoleillement, joue, aussi, sur la personnalité du vin. Il y a matière à mettre en place des programmes et un certain nombre de choses au niveau touristique afin que les gens se sentent bien accueillis dans les domaines.
- Est-ce l’objet de la journée de formation que vous animez à Patrimoniu ?
- Oui ! Nous présentons les différentes facettes du développement oenotouristique en termes de possibilités données aux viticulteurs d’augmenter leurs ventes de vin, mais également de multiplier les différentes activités, dites connexes, d’accueil à la cave. Cela va de la simple restauration, un repas de vigneron, aux promenades à cheval, aux randonnées en VTT, aux promenades en famille, même à un simple pique-nique…
- La beauté des vignobles et la qualité du vin ne sont-ils pas des critères suffisants ?
- Le vin est, en soi, suffisant. C’est une activité largement intéressante et professionnelle qui permet, sans aucun problème, aux vignerons de vivre de leur métier. L’activité touristique est un plus qui va qualifier la production, augmenter et bonifier les ventes. C’est tout l’objet de la présentation d’aujourd’hui.
- C’est-à-dire, concrètement ?
- Chaque année, la Corse compte 35 millions de nuitées touristiques. Les gens restent, en moyenne, un peu plus de quatre jours sur place, ce qui est énorme ! Ils ont la possibilité de découvrir un terroir magnifique. La grande majorité de ces touristes goutent le vin, le dégustent et l’apprécient. On peut leur proposer, par des moyens touristiques associés, de se rendre encore plus volontiers chez les vignerons, serait-ce que grâce à un meilleur accueil ou lors d’un événement, d’une fête, d’une réunion…
- L’idée est-elle de fédérer toutes les initiatives isolées pour construire une sorte d’itinéraire ?
- Il existe, d’ores et déjà, un certain nombre d’itinéraires. L’objet de la réunion d’aujourd’hui est plutôt d’encourager les vignerons dans leur projet individuel. Un projet réalisé est reconnu et peut être mis en avant par les différentes associations professionnelles et institutionnelles. Celles-ci vont mettre en exergue cette faculté qu’a la Corse, non seulement de produire du vin, mais également de le faire découvrir chez les vignerons.
- Sentez-vous les vignerons réceptifs à cette démarche ou plutôt frileux ?
- Ils sont très intéressés par la démarche. Ils sont venus nombreux et ont consacré du temps à écouter des expériences réalisées avec succès dans différents pays, notamment en Italie et sur le continent. L’objet de notre démarche, je le répète, est de qualifier et d’augmenter la vente de vin par des produits touristiques, par une attitude touristique cohérente qui va personnaliser le produit et permettre aux gens de faire la différence entre un vin corse et un autre vin.
- L’oenotourisme peut-il devenir un vecteur de développement et de dynamisme économique pour une région comme la Corse ?
- Tout à fait ! C’est une activité naturelle puisque l’activité de base, la production de vin, existe de façon séculaire et traditionnelle. Aujourd’hui, la manne touristique génère un fort revenu dans l’île. Spécialiser et accroître, ne serait-ce que la capacité des vignerons à capter cette manne touristique ne sera que très positif. Ensuite, c’est mathématique. Augmenter le nombre de visites de touristes sur une activité donnée oblige forcément à augmenter le nombre de personnes qui les accueillera. Cela génère de l’emploi et de l’activité. Aujourd’hui, le vin corse se vend, en majorité, sur l’île. Cela signifie que les touristes le consomment sur place. L’exportation des vins corses sur le continent provient souvent du fait que les gens ont découvert le vin dans l’île pendant leurs vacances et ont envie de retrouver cet acte de consommation chez eux. C’est un facteur intéressant de développement dans la mesure où il permet de vendre le vin de façon qualifiée et bonifiée, c’est-à-dire plus cher.
Propos recueillis par Nicole MARI.