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Le STC fête ses 40 ans à Corte


Mario Grazi le Mercredi 1 Mai 2024 à 16:00

Ce 1er mai, le Sindicatu di i Travagliadori Corsi a célèbré à Corte ses 40 ans d'activisme au service des travailleurs corses.



Investir tous les terrains de lutte et créer des contre-pouvoirs était le mot d’ordre du mouvement politico-militaire, le FLNC, dès le début des années 80. Après le syndicalisme étudiant, c’est donc sur le terrain social que les nationalistes lancent la lutte en créant le Sindicatu di i Travagliadori Corsi ce 1er mai 1984 !
Cette création suscita une nouvelle lutte avec des combats riches en émotion pour faire avancer le syndicat qui était renié à la fois « par le patronat et par les autres syndicalistes », se souvient Jean Brignole, secrétaire national du STC.
Arrivé de Paris en 1985, Jean Brignole adhère immédiatement au STC avant d’être délégué au congrès de 1985 dans la section de La Poste. « Jusqu’au congrès de 1991 les choses se sont plus ou moins bien passées. Ce fut très compliqué puisque le patronat nous refusait la représentativité et il a fallu que le syndicat fasse sa place, s’impose en allant plusieurs fois devant les tribunaux, y compris avec les autres organisations syndicales qui nous ont mis des bâtons dans les roues. Malgré tout toutes ces embûches, nous avons continué à travailler et à gagner des élections professionnelles, à gagner des combats dans diverses sections, surtout les TPE et les PME, ce que ne faisait pas les autres organisations syndicales. Nous y sommes allés, avec un patronat rétrograde qui ne voulait pas de dialogue social ».
 


Jean Brignole explique que le syndicat a « pris des coups, mais cela nous a forgé aussi dans n os convictions d’être force de propositions, d’être aux côtés du peuple Corse, des travailleurs ».

Le syndicat n’a cessé de grandir et de se renforcer tout en essuyant aussi des périodes dures comme le congrès de 1991, un tournant important de la lutte syndicale puisqu’il marquait l’indépendance du syndicat et le droit à tendances. Mais le syndicat n’a jamais changé de sigle, dépassant ainsi les dissensions qui pouvaient exister en interne pour « le bien de la Corse et de l’organisation. 40 ans plus tard nous sommes vieux, par rapport à tout le travail qui a été fait, mais nous sommes jeunes par rapport à tout ce qu’il reste à faire ».
Et Jean Brignole revient sur le congrès de 2006 et ces fameuses dissensions. A l’époque il s’était présenté contre Etienne Santucci qui avait obtenu 68% des voix « et je me suis retrouvé en minorité. Pour autant j’ai continué à travailler pour arriver à 2010 unis, grâce justement à ce travail réalisé tous ensemble. Le droit à tendances existe toujours, sauf qu’aujourd’hui il n’est pas formalisé. Si demain il venait à se formaliser, ce serait partie intégrante de l’ADN du syndicat ».


Jean Brignole s’appuie enfin sur un document fourni par l’Etat sur concernant les élections professionnelles. Que ce soir dans le privé ou dans le public, le STC sur 31 000 votants obtient 15 000 voix, devant la CGT qui a 5000 voix : « C’est cela la réalité. C’est la démonstration que nous sommes forts avec 7 sièges sur 14 au conseil économique. Pour autant nous n’avons pas tout gagné. Parlant du statut d’autonomie, il faudra des avancées sociales pour le mettre en place sinon notre slogan « Liberazione suciale, liberazione naziunale » n’aurait pas de sens. Il ne peut pas y avoir de libération sociale sans libération nationale net inversement. Donc pour nous le combat reste à faire ».

Le travail du STC va donc s’articuler aujourd’hui sur une autonomie sociale « nous ne pourrons pas accepter que l’on fasse des choses sans que l’aspect social ne soit pas pris en compte. Nous sommes dans le fait aussi que notre peuple a besoin aussi de reconnaissance, de sa langue, de sa culture mais aussi d’un bon niveau social. Lorsqu’on parle de pauvreté en Corse c’est malheureusement la réalité, et nous devrons tout faire pour inverser la tendance. Nous nous ferons entendre par les politiques ».

A l’occasion de ce quarantième anniversaire, les militants du STC étaient invités à se rassembler dans l’amphi Ettori de la Faculté de Droit de l’Université de Corse. Après la projection d’un film retraçant l’histoire du STC, diverses interventions de responsables du syndicat, mais aussi de responsables de syndicats venus de Sardaigne et du Pays Basque étaient au programme. Une journée qui se terminait par un grand apéritif dînatoire « car c’est un moment de fête aussi ».