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Pollution aux biomédias : Global Earth Keeper exige des réponses et des actions


Agathe Scaïù le Vendredi 19 Avril 2024 à 21:02

Alors que ces filtres utilisés par les stations d'épuration pour le traitement des eaux usées continuent de s'échouer sur le littoral corse par milliers, l'ONG Global Earth Keeper tenait une conférence de presse ce vendredi matin devant la préfecture de Bastia afin d'interpeller les pouvoirs publics sur cette pollution récurrente.



L'ONG Global Earth Keeper tenait une conférence de presse ce vendredi matin devant la préfecture de Bastia ce vendredi matin afin d'interpeller les pouvoirs publics sur la pollution récurrente engendrée par l'échouage de biomédias sur le littoral corse.
L'ONG Global Earth Keeper tenait une conférence de presse ce vendredi matin devant la préfecture de Bastia ce vendredi matin afin d'interpeller les pouvoirs publics sur la pollution récurrente engendrée par l'échouage de biomédias sur le littoral corse.
Vous en avez certainement déjà croisé sur les plages de la côte orientale de l’île. Les biomedias, petits filtres cylindriques en plastique d’un diamètre de 1 à 5 cm centimètres, sont présents sur le littoral corse depuis 2020 et envahissent notamment régulièrement la lagune de la Marana, sans que l’on puisse savoir d’où ils viennent. Afin d’interpeller les pouvoirs publics sur ce qu’elle considère comme « un scandale aussi important que celui des boues rouges », l’ONG Global Earth Keeper tenait une conférence de presse sur cette pollution récurrente, ce vendredi matin devant la préfecture de Bastia.
 
Utilisés pour traiter les eaux usées, les biomédias sont enduits de bactéries utiles à la dégradation des boues et sont utilisées par de nombreuses stations d’épuration. Mais régulièrement plusieurs milliers de ces filtres finissent sur les littoraux méditerranéens causant ainsi un impact important sur l’environnement. « La plupart des biomédias que l’on ramasse en Corse sont ceux qu’utilise Veolia et sa filiale water technologie », indique Laurence Constantin, la présidente de Global Earth Keeper. « Nous avons déjà sollicité la mise en place de solutions comme la création de bassins tampons et la mise en place de capteurs en cas d’anomalie, mais à ce jour, il n’existe pas de veille quant au déversement de ces filtres en polyéthylène qui, malgré leur nom, ne sont pas biodégradables. Leur impact sur la flore et surtout sur la faune marine est désastreuse. Ingérés par les tortues et par les mammifères marins, ils obstruent leur système digestif et tuent des spécimens d’espèces menacées, voire en voie d’extinction », déplore-t-elle. 
 
« Nous voulons que des moyens soient mis en œuvre pour que ces dispositifs cessent de se déverser dans la mer »
 
En octobre 2021, plusieurs dizaines de milliers de biomédias avaient été retrouvés sur le littoral corse. Une pollution qui avait conduit l’Office de l’Environnement de la Corse à porter plainte. « Depuis, nous savons que la régie Aqua Publica avait perdu 7 millions de biomédias depuis son site de la Marana. Des travaux ont été effectués dans cette station. Pour autant, il est possible qu’un certain volume ait été capturé par des rochers ou des algues et émerge aujourd’hui. Depuis l’Italie aussi, des nappes de biomédias se sont échappées d’une station de Salerne où Veolia est poursuivi en justice. Nous voulons que des moyens soient mis en œuvre en amont et en aval pour que ces dispositifs cessent de se déverser dans la mer et que, le cas échéant, les pollueurs soient contraints de prendre en charge leur récupération et leur destruction. L’instruction est toujours en cours, nous souhaitons être informés de son avancée », martèle Laurence Constantin, tandis qu’à ses côtés Nadège Chavane, qui anime une cellule de veille à Porto-Vecchio relève que depuis un mois la côte orientale de l’île est à nouveau touchée par l’échouage d’une vague importante de biomédias.
 
« Notre société s’appuie largement sur les associations au niveau social et aussi environnemental », souffle pour sa part Dominique Milanini, membre actif de Global Earth Keeper, s’insurgeant sur l’inertie des institutions : « La Direction des Territoires et de la Mer (DTM), les communautés de communes, les mairies, la préfecture maritime et d’autres, ont autorité pour exiger que cette pollution cesse, mais tout le monde se renvoie la balle. On nous dit que c’est la conception des stations qui est en cause. Dans ce cas, que la filiale de Véolia soit poursuivie ! Selon toute vraisemblance, six stations sur sept en Corse sont des modèles qui ne permettent pas un usage sécurisé des biomedias. Pourquoi les laisser fonctionner en l'état ? Notre association ne vit que grâce aux dons, sans subvention. Autrement dit, on demande aux contribuables qui payent une taxe de dépollution sur leur facture d’eau de soutenir les ONG financièrement et en prime de prêter main forte pour ramasser. Nous refusons d’être les éboueurs d’un littoral rendu impropre à la fréquentation par des pollueurs qui n’assument pas leurs responsabilités ! C’est trop facile ». 
 

La préfecture annonce de premières actions 
 
Reçue par le cabinet du préfet ce vendredi, la présidente de Global Earth Keeper a reçu l’assurance du déploiement prochain d’actions concrètes. À commencer par la demande de mise en place d’une signalétique auprès des mairies concernées par l’échouage de biomédias sur leur littoral. « Il nous paraît important que les familles sachent que ces anneaux sont porteurs de germes pathogènes. Ils ne doivent pas être manipulés à mains nues et surtout pas portés à la bouche par les jeunes enfants. Le risque sanitaire est réel. Le principe de précaution veut que les usagers en soient informés », souligne Laurence Constantin en ajoutant : « Les communautés des communes et les mairies seront par ailleurs sollicitées pour mettre à disposition les moyens nécessaires au ramassage (gants, sacs, etc). Global Earth Keeper, mais aussi Mare Vivu, J’aime ma mer et d’autres associations locales prêtons mains fortes bénévolement pour ramasser les biomédias. Cependant, il appartient aux municipalités de fournir la logistique et de gérer l’organisation de ces opérations. À charge pour elles d’être dédommagées à posteriori lorsque l’instruction aura déterminé qui est le pollueur et donc qui est le payeur ». 
 
L’ONG a par ailleurs reçu l’assurance que la préfecture maritime sera saisie de sa demande « d’inspecter les fonds marins à la recherche de poches de biomédias possiblement emprisonnés à proximité des déversoirs des stations d’épuration ». « Enfin, la DTM sera saisie d’une mission d’inspection de toutes les stations de Corse. Cela implique un contrôle de la qualité des eaux rejetées dans le milieu naturel, mais aussi une vérification des achats de biomedias », poursuit encore la militante écologiste avant de conclure : « Notre mission est de lancer des alertes. Nous allons aussi écrire au Procureur pour savoir où en est l’enquête afin que les responsabilités soient publiquement exposées ».
 
En attendant la mise en œuvre de ces actions, l’association J'aime ma mer organise une collecte de biomédias à Biguglia ce samedi en lien avec la communauté des communes Marana Golu. Rendez-vous est donné à 14h au Bar de la Plage. L’occasion pour les familles insulaires de « passer de la compassion à l’action » en faisant une balade éco-responsable. Avis aux bonnes volontés.