François Alfonsi, entouré de Fabienne Giovannini, Nadine Nivaggioni, Antonia Luciani et d’une centaine de militants.
- Qu’est-ce que cet appel des 100 ?
- Nous sommes des militants issus, pour la plupart, du PNC. Nous avons été, au sein du PNC, des militants engagés pour que les sigles anciens laissent la place à une organisation nouvelle : Femu a Corsica. Cette organisation a son congrès fondateur le 15 octobre. Nous voulons, pour cette occasion, lancer un appel aux Corses. Ce ne sera pas le congrès qui rassemblera des militants de telle ou telle structure, mais le congrès d’un mouvement politique qui a vocation à construire et à conduire l’avenir de la Corse. Tous les Corses, qui veulent une Corse autonome, solidaire, sociale et proche des préoccupations environnementales, sont invités à ce rassemblement. Tous doivent se retrouver. Nous ne pourrons amener la Corse sur le chemin de son avenir qu’à condition de regrouper toutes les forces vives que le peuple corse est capable de mobiliser.
- Vous êtes en dissidence du PNC. Cet appel, est-ce une façon de vous positionner et de vous affirmer dans les rapports de force au sein de Femu ?
- Nous ne sommes pas en dissidence, nous sommes au PNC depuis 15 ans. Nous sommes partie prenante du bilan qui est excellent. Le PNC a beaucoup pesé sur le virage démocratique qu’a pris le mouvement national au tournant des années 2010 quand fut créé Femu a Corsica, y compris jusqu’à la décision du FLNC d’abandonner la violence. Il a contribué à obtenir la situation politique actuelle. Il y a eu des discussions, des débats. Quand on est dans un parti, on n’est pas forcément d’accord sur tout, ces deux dernières années ne sont pas restées sans débats internes forts. Le 24 septembre dernier, l’Assemblée générale du PNC a décidé que le PNC intègrerait Femu a Corsica. Nous sommes, donc, pleinement engagés dans Femu a Corsica et nous portons notre message.
- Vous positionnez-vous dans Femu en tant que groupe autonome et plus dans le contingent derrière Jean-Christophe Angelini ?
- Non ! Nous sommes, aujourd’hui, un groupe de militants qui s’engagent. Je souhaite que d’autres groupes rejoignent Femu a Corsica en sonnant du clairon comme nous l’avons fait parce qu’il faut vraiment que les Corses entendent que cette démarche est porteuse pour la Corse. Quand nous aurons initié cette démarche, nous serons capables d’avoir davantage d’impact sur la jeunesse et d’impact international. Nous serons un parti de même dimension que d’autres partis nationalistes européens. Faire ce pas structurel en avant, c’est très important !
- Jean-Christophe Angelini a annoncé un changement dans la liste électorale et dans l’Exécutif. Cela vise-t-il Fabienne Giovannini ou Nadine Nivaggioni ? Etes-vous candidats ?
- C’est principalement celui, qui conduit la liste, qui en est l’ordonnateur. Ont été divulgués son contenu programmatique et les têtes d’affiche qui sont chargés de la tirer en avant. Le reste de la liste a pour objectif d’unir tous ceux qui se retrouvent dans la démarche de Femu a Corsica. Pour notre part, nous sommes très fiers du travail réalisé par Fabienne Giovannini, Nadine Nivaggioni ou Antonia Luciani qui est désormais membre de l’Assemblée de Corse. Nous pensons que ce travail sera reconnu. Femu a Corsica a besoin de toutes ces compétences s’il veut donner au peuple corse l’image d’un parti, à la fois, responsable et capable d’ouvrir les portes de l’avenir.
- Créer un parti en pleine campagne électorale, est-ce bien pertinent ? N’est-ce pas un peu tard ?
- Même si c’est tard, il faut à tous prix que Femu a Corsica réussisse ! Nous nous sommes engagés en décembre 2015 à faire ce parti. Il fallait le faire dans le calendrier que nous avions fixé. Tard, il est vrai, mais il vaut mieux tard que jamais ! Je suis persuadé que cela va contribuer à la campagne, et pas du tout l’affaiblir, que cela ne créera pas de confusion. Un mouvement nationaliste modéré a décidé de respecter l’engagement qu’il a pris de former un parti politique de gouvernement, c’est-à-dire un parti de nature à représenter des forces politiques qui ont vocation à gouverner un pays, et pas seulement à être des forces d’opposition dans un fractionnement qui nuit justement à la visibilité. Faire Femu a Corsica clarifie beaucoup de choses aux yeux de beaucoup de Corses.
- Vous dites que le temps est à l’autonomie, pas à l’autodétermination. Pourtant, c’est devenu l’argument n°1 de campagne de tout un front républicain. N’y-a-t-il un risque ?
- Il faut affirmer ce que nous voulons : l’autonomie ! Sous l’ancienne mandature, nous avons essayé de dégager une certaine majorité pour l’autonomie de la Corse et l’inscription dans la Constitution. Le projet, poursuivi par la liste Pè a Corsica et affirmé avec force, est l’autonomie. L’autodétermination est un principe de liberté des peuples qui vaut pour tous. Mais, ce qui est d’actualité, c’est de porter un projet qui nous permettra de créer un rapport de forces parce que du côté de l’Etat, on voit bien que rien ne viendra tout seul. Il n’y a pas d’ouverture d’esprit comme on a pu la connaître à une certaine époque avec Pierre Joxe ou Michel Rocard. Mais, ce qui a changé, c’est qu’aujourd’hui, le peuple corse la demande majoritairement. Cette majorité, nous la représentons à l’Assemblée de Corse.
- Vos adversaires brandissent le référendum de Catalogne pour agiter les peurs dans l’île. Craignez-vous que ce qui se passe là-bas ait un impact ici ?
-Tout fait réfléchir ! Tout fait impact ! Maintenant, il faut connaître les situations. La Catalogne a obtenu son autonomie il y a 40 ans. En ce qui nous concerne, nous n’avons pas encore l’autonomie. Ce que sera l’Europe dans 40 ans, personne ne peut le prévoir. L’Europe d’il y a 50 ans était séparée par un rideau de fer, cette situation paraissait interminable et impossible à modifier. Aujourd’hui, l’Europe est unie. Les Etats-nations veulent verrouiller l’esprit européen. La crise de la Catalogne démarre par la volonté de Madrid de revenir en arrière sur l’autonomie acquise par la Catalogne. C’est ce qui a créé les premières tensions et la situation actuelle où, malgré tout, les indépendantistes catalans font preuve d’un esprit démocratique exemplaire. C’est ce qui compte ! C’est le message fondamental ! Ceci étant, que seront les Etats-nations dans 40 ans ? On n’en sait rien ! La politique est un exercice à l’échelle d’une génération, donc parlons d’aujourd’hui, du concret, des aspirations du peuple que nous voulons représenter. Pour nous, très clairement, c’est l’autonomie interne dans la République. Nous voulons la gagner dans les trois ans qui viennent.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Nous sommes des militants issus, pour la plupart, du PNC. Nous avons été, au sein du PNC, des militants engagés pour que les sigles anciens laissent la place à une organisation nouvelle : Femu a Corsica. Cette organisation a son congrès fondateur le 15 octobre. Nous voulons, pour cette occasion, lancer un appel aux Corses. Ce ne sera pas le congrès qui rassemblera des militants de telle ou telle structure, mais le congrès d’un mouvement politique qui a vocation à construire et à conduire l’avenir de la Corse. Tous les Corses, qui veulent une Corse autonome, solidaire, sociale et proche des préoccupations environnementales, sont invités à ce rassemblement. Tous doivent se retrouver. Nous ne pourrons amener la Corse sur le chemin de son avenir qu’à condition de regrouper toutes les forces vives que le peuple corse est capable de mobiliser.
- Vous êtes en dissidence du PNC. Cet appel, est-ce une façon de vous positionner et de vous affirmer dans les rapports de force au sein de Femu ?
- Nous ne sommes pas en dissidence, nous sommes au PNC depuis 15 ans. Nous sommes partie prenante du bilan qui est excellent. Le PNC a beaucoup pesé sur le virage démocratique qu’a pris le mouvement national au tournant des années 2010 quand fut créé Femu a Corsica, y compris jusqu’à la décision du FLNC d’abandonner la violence. Il a contribué à obtenir la situation politique actuelle. Il y a eu des discussions, des débats. Quand on est dans un parti, on n’est pas forcément d’accord sur tout, ces deux dernières années ne sont pas restées sans débats internes forts. Le 24 septembre dernier, l’Assemblée générale du PNC a décidé que le PNC intègrerait Femu a Corsica. Nous sommes, donc, pleinement engagés dans Femu a Corsica et nous portons notre message.
- Vous positionnez-vous dans Femu en tant que groupe autonome et plus dans le contingent derrière Jean-Christophe Angelini ?
- Non ! Nous sommes, aujourd’hui, un groupe de militants qui s’engagent. Je souhaite que d’autres groupes rejoignent Femu a Corsica en sonnant du clairon comme nous l’avons fait parce qu’il faut vraiment que les Corses entendent que cette démarche est porteuse pour la Corse. Quand nous aurons initié cette démarche, nous serons capables d’avoir davantage d’impact sur la jeunesse et d’impact international. Nous serons un parti de même dimension que d’autres partis nationalistes européens. Faire ce pas structurel en avant, c’est très important !
- Jean-Christophe Angelini a annoncé un changement dans la liste électorale et dans l’Exécutif. Cela vise-t-il Fabienne Giovannini ou Nadine Nivaggioni ? Etes-vous candidats ?
- C’est principalement celui, qui conduit la liste, qui en est l’ordonnateur. Ont été divulgués son contenu programmatique et les têtes d’affiche qui sont chargés de la tirer en avant. Le reste de la liste a pour objectif d’unir tous ceux qui se retrouvent dans la démarche de Femu a Corsica. Pour notre part, nous sommes très fiers du travail réalisé par Fabienne Giovannini, Nadine Nivaggioni ou Antonia Luciani qui est désormais membre de l’Assemblée de Corse. Nous pensons que ce travail sera reconnu. Femu a Corsica a besoin de toutes ces compétences s’il veut donner au peuple corse l’image d’un parti, à la fois, responsable et capable d’ouvrir les portes de l’avenir.
- Créer un parti en pleine campagne électorale, est-ce bien pertinent ? N’est-ce pas un peu tard ?
- Même si c’est tard, il faut à tous prix que Femu a Corsica réussisse ! Nous nous sommes engagés en décembre 2015 à faire ce parti. Il fallait le faire dans le calendrier que nous avions fixé. Tard, il est vrai, mais il vaut mieux tard que jamais ! Je suis persuadé que cela va contribuer à la campagne, et pas du tout l’affaiblir, que cela ne créera pas de confusion. Un mouvement nationaliste modéré a décidé de respecter l’engagement qu’il a pris de former un parti politique de gouvernement, c’est-à-dire un parti de nature à représenter des forces politiques qui ont vocation à gouverner un pays, et pas seulement à être des forces d’opposition dans un fractionnement qui nuit justement à la visibilité. Faire Femu a Corsica clarifie beaucoup de choses aux yeux de beaucoup de Corses.
- Vous dites que le temps est à l’autonomie, pas à l’autodétermination. Pourtant, c’est devenu l’argument n°1 de campagne de tout un front républicain. N’y-a-t-il un risque ?
- Il faut affirmer ce que nous voulons : l’autonomie ! Sous l’ancienne mandature, nous avons essayé de dégager une certaine majorité pour l’autonomie de la Corse et l’inscription dans la Constitution. Le projet, poursuivi par la liste Pè a Corsica et affirmé avec force, est l’autonomie. L’autodétermination est un principe de liberté des peuples qui vaut pour tous. Mais, ce qui est d’actualité, c’est de porter un projet qui nous permettra de créer un rapport de forces parce que du côté de l’Etat, on voit bien que rien ne viendra tout seul. Il n’y a pas d’ouverture d’esprit comme on a pu la connaître à une certaine époque avec Pierre Joxe ou Michel Rocard. Mais, ce qui a changé, c’est qu’aujourd’hui, le peuple corse la demande majoritairement. Cette majorité, nous la représentons à l’Assemblée de Corse.
- Vos adversaires brandissent le référendum de Catalogne pour agiter les peurs dans l’île. Craignez-vous que ce qui se passe là-bas ait un impact ici ?
-Tout fait réfléchir ! Tout fait impact ! Maintenant, il faut connaître les situations. La Catalogne a obtenu son autonomie il y a 40 ans. En ce qui nous concerne, nous n’avons pas encore l’autonomie. Ce que sera l’Europe dans 40 ans, personne ne peut le prévoir. L’Europe d’il y a 50 ans était séparée par un rideau de fer, cette situation paraissait interminable et impossible à modifier. Aujourd’hui, l’Europe est unie. Les Etats-nations veulent verrouiller l’esprit européen. La crise de la Catalogne démarre par la volonté de Madrid de revenir en arrière sur l’autonomie acquise par la Catalogne. C’est ce qui a créé les premières tensions et la situation actuelle où, malgré tout, les indépendantistes catalans font preuve d’un esprit démocratique exemplaire. C’est ce qui compte ! C’est le message fondamental ! Ceci étant, que seront les Etats-nations dans 40 ans ? On n’en sait rien ! La politique est un exercice à l’échelle d’une génération, donc parlons d’aujourd’hui, du concret, des aspirations du peuple que nous voulons représenter. Pour nous, très clairement, c’est l’autonomie interne dans la République. Nous voulons la gagner dans les trois ans qui viennent.
Propos recueillis par Nicole MARI.