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​Législatives. François-Xavier Ceccoli : "Le bilan de la majorité territoriale est un échec total"


Francesca-Orsula Angelini le Vendredi 21 Juin 2024 à 19:35

Maire de San Giulianu et président de la fédération Les Républicains de Haute Corse, François-Xavier Ceccoli est candidat aux élections législatives du 30 juin et 7 juillet, dans la 2ᵉ circonscription de Haute-Corse. Alors qu’il n’avait échoué que de quelques centaines de voix face à Jean-Félix Acquaviva en 2022, il espère cette fois une issue favorable. Il a fait une nouvelle fois le choix de se présenter sans étiquette afin de proposer une offre transpartisane aux électeurs. Avec comme fer de lance le bilan de la mandature nationaliste à la Collectivité de Corse qu'il présente comme "cataclysmique".



Crédit photo   @fxbellamy
Crédit photo @fxbellamy
- Après avoir échoué de seulement quelques dizaines de voix en 2022 face à Jean-Félix Acquaviva, vous êtes de nouveau candidat pour ce scrutin anticipé. Qu’est-ce qui vous a motivé à vous relancer dans la course pour ces législatives ?
- C'est en grande partie cette défaite de peu de voix qui m’a poussé. J'avais quand même la pression positive de ces 16600 personnes qui m'avaient fait confiance et je ne me voyais pas les laisser orphelines de candidats. Donc je me suis : « tu n’as pas le choix il faut y aller ! » Nous ne sommes pas les maîtres du délai dans cette affaire, mais nous étions prêts à aller au combat avec Hélène Astolfi, ma suppléante, qui a tout de suite accepté de repartir à mes côtés. 
 
Une nouvelle fois vous avez choisi de partir sans l’investiture de votre parti Les Républicains, dont vous êtes pourtant le président de la fédération de Haute-Corse. Pourquoi ?
- Je considère qu'aujourd'hui, nous sommes dans les prémices d'une offre générale pour la Collectivité de Corse. Les partis ne pourront plus gouverner seuls en Corse. Il n’y a pas la qualité dans chaque parti pour faire face à la difficulté de ce que représente l'exercice du pouvoir. Un exemple simple : je crois qu'une des raisons du bilan cataclysmique de Gilles Simeoni, c'est qu’il n’avait pas assez de qualité dans son équipe et ça a été un tort. Aujourd'hui les Corses en payent les pots cassés. Il faut une offre transpartisane avec des gens travailleurs et sérieux qui connaissent leurs sujets

- Que pensez-vous de la décision du président des LR, Eric Ciotti, d’appeler à une alliance avec le Rassemblement National, qui a provoqué une crise au sein de votre parti ?
- Sur la forme, il aurait dû consulter sa base. Par exemple, il aurait pu faire un sondage ou plutôt une consultation des adhérents ça lui aurait donné ou pas, une légitimité. Mais au moins, il aurait pu le dire. Je pense que c'est une erreur. J’ai bon espoir quand même qu’après tout ça, chacun revienne à « la maison ». Moi, je voudrais que ma famille se réunisse. Nous avons le droit de commettre une erreur et de penser des choses, mais j'aimerais bien que l’on continue à être tous ensemble. 

Vous désignez comme principal adversaire la majorité territoriale et le député sortant, en parlant d’échec. Que leur reprochez-vous ?
- La liste serait longue. Je vais commencer par les principaux griefs : au niveau de tout ce qui est infrastructure routière ou au niveau de la politique de l'eau, c'est un désastre. Il n'y a plus de chantiers. Les entreprises se plaignent. La commande publique est à l’arrêt. Depuis 4/5 ans nous avions des alertes sur l'usage de l'eau qui commençaient au mois de juin. Désormais, on en est carrément au mois de janvier. Je ne pense pas que la Collectivité de Corse ait pris le sens de tout cela. Je pourrais continuer en mentionnant le prix des transports. Je citais comme exemple le président d’Air Corsica (ndlr : Pierre Muracciole) qui disait qu’il n'y aurait plus de billets au-delà de 700€. Je crois qu'il y a de quoi pleurer ! Comment voulez-vous que les touristes viennent en Corse avec un billet qui coûte 500, 600 ou 700€ ? Nous allons aux États-Unis pour ce prix-là ! Je peux également poursuivre sur les déchets et le social. C'est terrible de vous dire que finalement, c’est l'échec est total. 

Est-ce dans cet esprit que vous avez pesé pour qu’il n’y ait aucune candidature de droite à Bastia afin de soutenir Julien Morganti ?
- C’est simplement un constat. Il n’y a pas une candidature de droite évidente à Bastia. C’est un sujet, d’ailleurs. Il faut que la prochaine fois ce soit différent. Il faut aussi accepter que sur un territoire, nous ne sommes pas forts et j’espère que nous allons le  devenir. La droite est une méritocratie. Si une personne veut partir pour la prochaine élection, elle  doit déjà commencer à arpenter le territoire et à porter en elle les gènes d’un futur candidat.

- Ne craigniez-vous pas que 20 jours de campagne soient un peu court pour relever le défi ?
- Bien évidemment. C'est très difficile. Je regrette la perte de contact humain parce que nous n'allons pas pouvoir aller dans tous les villages pour rencontrer tous les maires. Alors nous les appelons et nous essayons de communiquer avec les réseaux sociaux. C'est une campagne atypique. La règle du jeu est la même pour tout le monde. Il y a un petit goût d'inachevé. On fait presque campagne sans être tout à fait dans une campagne, mais c’est comme ça.

- Quels sont vos thèmes de campagne ?
- Mes thèmes de campagnes touchent au quotidien des Corses. Il s’agit de remettre l'église au centre du village. Il faut faire en sorte que l’on retrouve une dynamique sur les travaux. Cette île a besoin d'infrastructures routières, elle a aussi besoin d'infrastructures hydrauliques. Nous avons également un énorme problème en matière de santé. C'est un sujet qui n'a pas été poussé. Il faut tout d'abord un hôpital de jour dans le sud de la Corse suivant le modèle balanin car ces hôpitaux peuvent sauver des vies. Et puis aujourd'hui, Ajaccio dispose d'un hôpital neuf et ultramoderne et à Bastia nous continuons avec un vieil hôpital où certains plateaux techniques commencent à fermer. Cette fracture est inacceptable.

- Poursuivrez-vous également le travail entamé pour la création d’un Centre Hospitalier Universitaire (CHU) sur l’île ?
- Je suis très favorable au Centre Hospitalier Universitaire. Il ne s’agit pas d’un dogme. Le côté universitaire induit des publications de médecins chercheurs qui sont à la pointe de leur discipline. S’il y a un CHU, il y a un effet d’attraction sur les meilleurs médecins. À ce moment, la population aura les meilleurs soins. Sans CHU, il n’y a pas de qualité médicale. 

- Si vous êtes élu, comment poursuivrez-vous le travail parlementaire pour le statut d’autonomie ?
- Je suis favorable au processus d'autonomie, mais pas suivant la forme qui lui a été donnée. Je trouve que Beauvau a été très maltraité. Donner uniquement la parole au président de l’exécutif a été une erreur. Dans chaque processus institutionnel, il y a un volet financier très important, un rattrapage historique comme le PEI (ndlr : Plan Exceptionnel d'Investissement) de Jospin, en 2002. Moi ce qui m’intéresse ce sont les moyens financiers exceptionnels pour que la Corse rattrape son retard exceptionnel, car je suis très inquiet. Et puis je pense que dans le contexte national terrible que l'on va vivre, dans le sens où il n’y aura peut-être pas de majorité et où cela sera très difficile de diriger la France, je crains que la question de Corse ne soit au fond de la pile.
 
- Quelles mesures porterez-vous en faveur du pouvoir d’achat des Corses ?
- J’avais proposé un panier avec 100 produits de première nécessité absolue, sur lesquels nous aurons une TVA réduite de 2,1%. C'est une des mesures principales à mettre en place. Il faut également clarifier les problèmes du carburant et des transports. 
 
- Quelles dispositions imaginez-vous pour favoriser l’accès au logement ?
- Il faut mettre les pieds dans le plat. Il faudrait peut-être commencer à considérer la limite entre résidences principales et résidences secondaires. Nous ne pouvons pas avoir des résidences secondaires partout pendant que les jeunes ne peuvent plus se loger. Il faut trouver un équilibre. Pourquoi pas, plaider pour un modèle particulier pour la Corse, où les maires seraient responsables du seuil de ce type d’habitations ? Ils pourront rendre des comptes auprès de leurs citoyens. Si un citoyen trouve que son maire est trop restrictif sur les résidences secondaires, l'élu sera sanctionné et vice versa. Si on prend exemple malheureux, le parc de logement de Palasca et Belgodère est composé à 76% de résidences secondaires. Ce sont deux communes nationalistes, nous nous interrogeons…

- Quid des questions environnementales et climatiques dans votre programme ?
- Nous devons faire un new deal sur l’énergie. Si des barrages venaient à être construits, il faut les rendre hydro-électriques. En utilisant cette manne d’énergie en Corse, nous pourrions avoir de l’énergie propre. Nous devons également continuer à avancer sur la politique de l’énergie solaire. Jusqu’à présent notre île a été maltraitée dans cette affaire : elle n’avait droit qu’à 100 MW sur les 500 qu’elle produisait. En utilisant les énergies nouvelles, nous pouvons faire mieux. Et puis, il faut de la rigueur au niveau agricole. Les produits autorisés en Europe doivent être autorisés en Corse et en France. Nous ne pouvons pas avoir une double réglementation. 

- Par leur vote en faveur des partis d’extrême droite aux européennes, les électeurs ont manifesté une certaine peur face à l’insécurité voire face à l’immigration. Porterez-vous des mesures en la matière ?
- Je suis pour que la politique sur l’immigration se durcisse. Je voudrais que le protocole de reconduction des personnes à la frontière s’applique plus rapidement. J’ai encore en tête l’histoire d’une jeune fille qui a été violée à Paris, par une personne qui devait être expulsée. C’est un récidiviste qui avait violé deux autres jeunes filles auparavant. Ce n’est plus acceptable. Il faudrait une interdiction de revenir sur le territoire français ainsi que la non-régularisation de ce type de personne. 

 Nous évoquions précédemment la crise au sein des LR. La droite semble aujourd’hui à reconstruire. Si vous êtes élu, où pourriez-vous siéger ? 
- Non. Je veux rester dans ma famille politique. J'espère et j'en suis quasiment persuadé, que la droite républicaine aura encore un groupe à l'Assemblée nationale. Pour ma part, je ne me rallierai bien évidemment ni au Rassemblement National, ni au président Macron. Je siégerai avec les miens. En revanche faites-moi confiance, je voterai en fonction des sujets, s’ils me conviennent ou non. Je voudrais siéger dans mon parti. La seule chose qui ferait que ce ne soit pas le cas, c'est que nous n’aurions pas assez de députés, mais  je n'y crois pas.