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​La Corse compte 13 600 familles monoparentales. Elle est la 3e région la plus concernée par le phénomène


Patrice Paquier Lorenzi le Dimanche 9 Mars 2025 à 16:19

La Corse est la 3e région de France en proportion concernant les familles monoparentales. L’île en compte aujourd’hui 13 600 familles sur l’ensemble du territoire. Un chiffre qui n’a cessé d’augmenter depuis une dizaine d’années. 80% de ces familles ont à leur tête, une femme et sont plus concernés par la précarité. C’est ce que révèle une étude de l’INSEE Corse dévoilée récemment à la préfecture de Région à Ajaccio.



La Corse compte 13 600 familles monoparentales.
La Corse compte 13 600 familles monoparentales.
En 2021, 13 600  vivent en Corse. La monoparentalité concerne trois familles insulaires sur dix ayant un ou plusieurs enfants de moins de 25 ans. L’île est la 3e région de France métropolitaine la plus concernée après Provence-Alpes-Côte-d’Azur (PACA) et l’Occitanie. À l’opposé, dans les Pays de la Loire, cette situation est moins fréquente. Ce phénomène a tendance à croître fortement en Corse avec une hausse de 1 800 foyers en 10 ans.
 
Dans les familles monoparentales, 80% des enfants vivent avec leur mère
 
La monoparentalité touche ainsi 1 enfant sur 4 en Corse, où on recense 19 200 enfants vivant avec un seul parent. Et souvent avec leur mère, puisque 80% habitent avec leur mère. Des femmes qui sont plus touchées par la précarité comme le note Antonin Bretel, Chef du service « Etudes et diffusion » de l’INSEE en Corse : « Le taux de pauvreté régional est de 18% en Corse au global, mais il atteint 29% pour les familles monoparentales. On constate également que les femmes sont plus touchées que les hommes en termes de précarité lorsqu’elles sont à la tête d’une famille monoparentale. De la même manière, on observe qu’au plus les enfants sont jeunes, et au plus les parents sont jeunes, et ont des revenus plus faibles. Les familles monoparentales avec des enfants de moins de 3 ans sont à 41% sous le seuil de pauvreté ».
 
Les mères isolées sont plus souvent actives que celles en couple. Cependant, leurs situations professionnelles ne sont pas en adéquation avec leurs qualifications. En effet, bien qu’elles soient plus souvent diplômées du supérieur que les pères isolés, elles accèdent peu aux postes les mieux rémunérés. En outre, elles sont moins fréquemment sur le marché de l’emploi que les pères monoparentaux. Si elles sont davantage en emploi que les mères en couple, elles sont aussi plus souvent exposées au chômage. Toutefois, en Corse la part des familles monoparentales au chômage est la plus faible de France métropolitaine (10 % contre 14 %). Ainsi, les mères seules sont trois fois moins souvent au foyer que celles en couple.
 
Des difficultés accrues par un coût de la vie supérieur de 14% en Corse
 
Elles doivent également faire face à une autre spécificité insulaire, le coût de la vie plus élevé de plus de 14% notamment en ce qui concerne les prix des produits alimentaires mais également concernant les prix de l’immobilier. 18% des familles monoparentales vivraient ainsi dans un logement suroccupé : « C’est vrai que les familles monoparentales vivent quasiment deux fois plus dans des logements trop petits. Et quand on compte deux enfants dans la famille, on ce taux progresse même jusqu’à 25% » poursuit Antonin Bretel. Les mères isolées sont plus jeunes que les pères. Elles sont aussi moins souvent en emploi. Quand elles travaillent, elles exercent dans des secteurs moins lucratifs et occupent des postes moins bien rémunérés. Par conséquent, elles déclarent des revenus 39 % inférieurs à ceux des pères isolés.

Vannina Saget, Jérôme Filippini et Antonin Bretel
Vannina Saget, Jérôme Filippini et Antonin Bretel
Par le biais de la redistribution, la solidarité nationale divise par trois cet écart de revenus. Les prestations sociales, souvent soumises à conditions de ressources, sont cruciales pour les mères isolées. Elles représentent 16 % de leur revenu disponible avant impôts, contre 5 % pour les couples parentaux et 3 % pour les pères isolés. Ces prestations se composent pour 41 % de minima sociaux (RSA, AAH, etc.), pour 32 % de prestations familiales (Paje, allocations familiales, etc.) et pour 27 % d’aides au logement. « En rencontrant de nombreux acteurs, on savait que les mères isolées pouvaient rencontrer un certain nombre de difficultés. Elles ne sont pas seulement économiques, car elles peuvent également avoir connu des problèmes de violences. Ce schéma familial ne nous laisse pas indifférent sur les conditions de vie de ces femmes et de leurs enfants. Grâce à cette étude, nous allons pouvoir mettre autour d’une table plusieurs partenaires pour mettre en place des actions sociales mais également judiciaires pour trouver des solutions à ces parcours de vie » ajoute Vannina Saget, directrice régionale aux droits des femmes et à l’égalité. Par ailleurs, à la suite d’une rupture, le versement des pensions alimentaires représente un complément de revenu pour le parent ayant la garde principale des enfants. Or, dans un quart des cas, cette pension n’est pas versée soit parce qu’aucune pension n’est fixée, soit du fait d’un défaut de paiement : « L’Etat veut tout mettre en oeuvre pour que les familles monoparentales bénéficient des pensions alimentaires qui leur sont dues. Nous allons décliner des pistes de travail à titre expérimental, dans certaines zones du territoire, pour mettre en en place des solutions fortes ».
 
En Haute-Corse, 31 % des familles ayant un ou plusieurs enfants de moins de 25 ans sont monoparentales, soit six points de plus qu’en Corse-du-Sud. Ce type de famille est surreprésenté dans les Établissements Publics de Coopération Intercommunale de Bastia, de La Costa Verde et du Centre Corse. Dans ces territoires, la monoparentalité concerne un tiers des ménages ayant un ou plusieurs enfants. Au total, six familles monoparentales sur dix habitent l’une des intercommunalités de Haute-Corse.