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A Corte, pour l’heure, la saison touristique est catastrophique


Mario Grazi le Jeudi 1 Août 2024 à 11:34

S’il est un indicateur infaillible à consulter quant à la fréquentation touristique à Corte, c’est la Vieille Ville. Et en ce moment le moins que l’on puisse dire est que les vacanciers ont déserté ce point stratégique. Certains y voient le premier impact de la catastrophe de la vallée de la Restonica…




Les chiffres de la fréquentation touristique à Corte ne sont pas encore disponibles auprès de l’office de tourisme Centru di Corsica, mais il suffit de se promener dans les rues de la vieille ville ou de s’arrêter à la terrasse du bar pour dresser un premier constat alarmant de la situation. On est loin, très loin, de l’affluence que l’on connaissait ces dernières années dans ce quartier qui abrite la Maison Arrighi de Casanova, la Maison Gaffory, le Palazzu Naziunale, le Musée de la Corse, le Nid d’Aigle et le belvédère ! 
« Heureusement que la clientèle locale est fidèle à notre établissement, car pour le moment, les touristes ne se bousculent pas. Il y a un peu de passage, certes, mais visiblement, le budget des vacanciers est fortement impacté par la crise économique », estime Francky Simeoni, gérant du bar de la Haute Ville. « Je n’ai jamais connu une telle situation. Il faut espérer que le mois d’août qui arrive et surtout l’arrière-saison seront bien meilleurs. Mais pour le moment, c’est catastrophique. Il y a un peu plus de monde que d’habitude les soirs où nous organisons un spectacle musical, sinon, les autres soirs, nous ne sommes pas débordés ».

L’épicier situé entre la place de l’église et la place San Teofalu explique que les longs weekends de mai « ont été bons, mais juin et juillet sont très mauvais et ils sont à oublier très vite. Il est évident que les vacanciers ont un budget très limité. Les touristes passent, en moins grand nombre que l’an passé, et ne s’arrêtent pas. Personnellement, je ne pense pas que la catastrophe de la vallée de la Restonica ait un impact sur la fréquentation touristique car il y a tout de même une offre au niveau des randonnées », explique Laurent Ghionga. Ce dernier stigmatise surtout la cherté des transports et s’appuie sur un exemple personnel : « Nous nous sommes rendus à Paris dernièrement avec mon épouse et pour le retour, le médecin nous a conseillé de prendre le bateau pour rentrer. Nous avons donc pris le TGV jusqu’à Marseille avant de prendre le bateau vers Bastia. Nous avons payé un aller simple avec couchette 350 euros, sans compter les 170 euros de train ».

Ce point est également retenu par l’ensemble des professionnels travaillant dans la vieille ville de Corte. Tous mettent en avant ce problème récurrent du prix des transports entre le Continent et la Corse. « Nous courons à la catastrophe si rien n’est fait à ce niveau », peste Jean-François Sialelli, gérant du restaurant U Campanile. S’il retient lui aussi le problème économique, il pense également que la catastrophe écologique de la Restonica impacte la saison, « car la vallée est le poumon économique de Corte. Pendant des années, il n’y a pas eu assez d’efforts réalisés pour mettre notre ville, ses attraits, notre vallée et ses randonnées en avant pour donner envie aux vacanciers de passer quelques jours chez nous. Jusqu’à l’an passé, les familles venaient de toute la Corse pour se rendre jusqu’aux bergeries des Gruttelle et même pour aller jusqu’aux lacs. Aujourd’hui, on ne voit plus ces familles à Corte car il faut marcher plus de deux heures pour se rendre jusqu’aux bergeries. Les gens préfèrent aller ailleurs ou rester au bord de mer. On sait que si on ne peut pas accéder à un point spécifique en voiture, la grande majorité des touristes va zapper la destination. La catastrophe de novembre dernier impacte la saison, c’est une certitude et je pense que la situation sera encore plus difficile d’année en année. C’est en tous les cas mon sentiment ».

En revanche, tous les professionnels du quartier remercient les organisateurs du Restonica Trail qui ont fait de cette manifestation le rendez-vous insulaire incontournable de ce mois de juillet. « C’est le seul moment où nous avons vraiment vu du monde ici. Mais il faudrait qu’il y ait une fois par semaine un événement de la sorte ».

Ainsi, pour l’heure, la saison touristique est morose à Corte « même si on constate un petit frémissement ces deux derniers jours, qui ne font toutefois pas oublier les mois de juin et juillet », a rajouté Jean-François Sialelli.