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A Portivechju, faites-vous livrer vos repas à domicile, et dites « Merci Alfonce » !


le Lundi 6 Janvier 2025 à 16:59

Au printemps dernier, Uber Eats s’implantait à Portivechju. Le géant américain de la livraison de repas n’a pas occupé le terrain seul bien longtemps puisqu’une jeune entreprise locale s’est mise au défi de le concurrencer il y a quelques semaines. Ce « Uber-Izzu » nustrale se fait appeler « Merci Alfonce » et il a de la suite dans les idées.



Camille Sampieri, Philippe Aubert et Charles Andreani se lancent dans l'aventure "Merci Alfonce".
Camille Sampieri, Philippe Aubert et Charles Andreani se lancent dans l'aventure "Merci Alfonce".
A chaque entrée de ville, impossible de passer à côté. Les panneaux pub 4x3 affichent en jaune et rose l’identité visuelle pop de Merci Alfonce, et ses slogans qui prêtent à sourire : « Tu commandes un plateau de fromages pour deux ? On ne livre pas les brosses à dents. » Si le tutoiement est de mise, c’est pour donner l’image « d’une marque jeune et dynamique », souligne Camille Sampieri, à l’origine de la campagne de pub. Et Alfonce, c’est qui ? Un prénom volontairement mal orthographié, pour coller avec ce que les clients sont en droit d’attendre d’un service de livraison à domicile. « Un service que l’on remercie, car c’est toujours agréable de se faire livrer », complète la communicante.

Des livraisons en mer
L’idée de départ, elle est venue de deux Porto-Vecchiais, Charles Andreani et Philippe Aubert. L’un travaille déjà dans la restauration quand le second vient de l’hôtellerie. « On s’est dit : pourquoi ne pas faire une application de livraison de repas à Porto-Vecchio ? », se souvient Charles Andreani, qui ne cache pas d’où vient son inspiration : « Merci Alfonce, c’est un copier-coller d’Uber Eats, mais on a rajouté nos idées à nous. » Comme celle de proposer, l’été, un service de livraison en mer, au départ du port. A moyen terme, Merci Alfonce voudrait aussi avoir pignon sur rue et ouvrir une épicerie en ville. Mais pour commencer, il s’agit de répondre à un besoin de livraison, sur un territoire très dépendant de la voiture : « Avec la route, il y a plein de choses qui font qu’on peut se retrouver un peu bloqué et préférer se faire livrer, estime l’entrepreneur porto-vecchiais. On pense aussi aux saisonniers, qui viennent travailler ici sans forcément avoir de moyen de locomotion. » Merci Alfonce s’engage aussi à livrer 24 heures sur 24 : « Il y a une cible nocturne, précise Camille Sampieri. On veut être présents après les horaires de fermeture des supermarchés. »
 

Sur les panneaux publicitaires, Merci Alfonce s'affiche en rose, sur fond jaune.
Sur les panneaux publicitaires, Merci Alfonce s'affiche en rose, sur fond jaune.
Restait à convaincre les commerçants porto-vecchiais de faire appel à Merci Alfonce, et « ça a été compliqué... », convient Charles Andreani. « Il a fallu beaucoup les rassurer, confirme Camille Sampieri. Certains craignaient de ne pas pouvoir suivre la cadence, d’autres ne disposaient pas forcément de beaucoup de ressources humaines en interne. Et il y a aussi des réfractaires à l’ubérisation. » Mais les risques économiques, c’est seulement Alfonce qui les prend, puisque les commerçants n’ont rien à débourser pour devenir partenaire. En contrepartie, Alfonce pratique « une marge de 25 %, plus le coût de la livraison », indique Anghjulu Aletti, patron du restaurant U Stagnu à Lecci, qui s’est dès lors senti obligé de baisser ses prix « de 15 % » sur ce qui part en livraison : « Je l’ai fait pour jouer le jeu, pour soutenir une jeune entreprise corse et pour avoir un peu plus de visibilité avec l’application, car on est un peu excentrés. » Car sinon, il ne voit pas bien l’intérêt pour lui :  « Les gens se font livrer surtout le soir, et on est ouvert que le midi en hiver. Et l’été, on est souvent complet, on aurait du mal à honorer les commandes. »

De Figari à Sainte-Lucie-de-Porto-Vecchio

Karima Azzabi tient la Fromagerie de Porto-Vecchio. Comme Anghjulu Aletti, elle a dit oui par solidarité, mais n’en attend pas grand-chose : « Pour de la street food, un service de livraison, c’est une très bonne idée, mais pour mon commerce à moi, je reste persuadée que les clients qui ont envie d’un fromage vont préférer se déplacer. Mais je peux me tromper ! » Maxime Candas, lui, en attend beaucoup plus : « La livraison, c’est un service qu’on ne proposait pas en interne », confie le gérant, à la tête de trois restaurant à Porto-Vecchio (L’Ardoise, Street Food by l’Ardoise et Max Chicken Fry). S’il travaille déjà avec Uber Eats, il apprécie de pouvoir compter désormais sur Alfonce : « Uber Eats, c’est en auto-gestion depuis Paris alors qu’avec Merci Alfonce, l’ancrage est local. Don en cas de difficultés de livraison, on pourra plus facilement communiquer. » A son ouverture, Merci Alfonce a créé trois emplois de livreurs, et prévoir d’en créer trois supplémentaires durant chaque saison estivale. L’aire de livraison s’étend de Porto-Vecchio à Sainte-Lucie-de-Porto-Vecchio, jusqu’à Figari et même l’Ospedale. Actuellement, une dizaine de commerçants de la micro-région ont choisi de travailler avec Alfonce. Des commerces de bouche pour la plupart, mais pas seulement, puisqu’une fleuriste, Claudette Roy, a été tentée par l’aventure : « Je trouve l’idée excellente, ça manquait à Porto-Vecchio, estime la patronne de La Boîte à fleurs. Imaginez, vous êtes sur votre yacht et en plus de votre repas, vous faites livrer des roses rouges à madame ! » Il ne lui restera plus qu’à dire merci… Alfonce !

L'application "Merci Alfonse" est disponible en téléchargement sur IOS et Android.