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Après Sporting-Lyon : Des réactions mais pas sur le même ton


le Lundi 17 Avril 2017 à 21:02

Gille Simeoni, président du Conseil exécutif, Jean-Guy Talamoni, président de l'assemblée de Corse, François Tatti, président de la communauté d'agglomération de Bastia, Jean Zuccarelli et le Collectif des supporters du Sporting Club de Bastia s'expriment mais pas, tous sur le même ton, après les incidents de SCB-OL





Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse
Les incidents qui se sont déroulés à l’occasion du match Bastia-Lyon sont affligeants et injustifiables. Partout et en toutes circonstances, le sport est et doit rester le vecteur de valeurs positives : le dépassement de soi, la solidarité, le respect de l’adversaire, la fête et la convivialité. Rien ne peut donc justifier les insultes, les violences, la logique de haine qui, trop souvent, à Bastia comme ailleurs, se déploient dans et autour des stades. Le 5 mai 1992, la Corse a payé le plus lourd tribut qui soit. Plus récemment encore, un jeune supporter de Bastia a été éborgné, manifestement à l'occasion de violences policières et sans suites judiciaires concrètes à ce jour. Dans ces conditions, la simple idée qu'un nouveau drame puisse intervenir au décours d'un match de football nous est encore plus insupportable.   
Au lendemain des incidents de Bastia-Lyon, le sentiment de gâchis est donc immense : des scènes qu’on ne voudrait jamais voir sur un terrain de sport, un stade et un club hier admirés par l’Europe du football et qui risquent aujourd’hui la mise au ban de celle ci, l’annonce de poursuites judiciaires qui ne feront qu’alimenter le cycle infernal des tensions, la quasi-certitude de lourdes sanctions administratives et sportives pour le club, sanctions qui le condamneront de façon quasi-certaine à la relégation, voire le menaceront de disparition pure et simple. Enfin, les agissements inacceptables d’hier soir fournissent un argument inespéré à tous ceux qui, n’aimant ni le Sporting ni sans doute les Corses, oeuvrent depuis des années à exclure les clubs corses du football de haut niveau. Les perspectives sont donc sombres aux plans sportif, mais aussi économique, pour une entreprise qui génère des centaines d’emplois directs et indirects. Cette situation est d’autant plus absurde et l’amertume d’autant plus grande qu’en cas de victoire, le Sporting aurait quitté la zone de relégation et renforcé ses chances de maintien en L1.
Ce qui démontre bien que les incidents d’hier puisent leur origine bien en amont du match concerné, qui n’a en fait été qu’un prétexte à des débordements qui auraient eu lieu en toute hypothèse ou en une autre occasion.  Dès lors, deux questions se posent : quels sont les ressorts profonds de cette logique de chaos? Et comment la contrecarrer efficacement, en substituant l'apaisement au conflit ? Quelles que soient les réponses, il est évident que les premières victimes de ce qui s’est passé hier soir sont, sur tous les plans, le Sporting Club de Bastia et la Corse. Et au delà de ce qu’est le club aujourd’hui, ce qu’il représente depuis plus d’un siècle pour des générations de passionnés, mais aussi pour tout un peuple. Le moment est venu de mettre un terme à ces enchaînements funestes. Le Sporting Club de Bastia ne peut pas et ne doit pas mourir. La réponse de fond à apporter aux débordements du match Bastia-Lyon ne passe donc ni par les tribunaux, ni par les décisions de la LFP, ni par la seule réorganisation technique ou administrative des conditions d’accueil du public ou de la gestion des matchs. Elle est celle qui sera dessinée par des choix, des décisions, des comportements, un projet sportif en cohérence avec les valeurs dont le Sporting Club de Bastia est historiquement porteur. C’est cette dynamique d’ensemble qui doit impérativement être mise en oeuvre et soutenue par toutes les composantes du club, mais aussi par ceux qui en ont fait l’histoire et la grandeur et tous ceux qui, joueurs d'aujourd'hui, éducateurs sportifs, supporters de toutes générations, veulent que cette histoire continue à s’écrire en lettres de noblesse et de fierté. 

Jean-Guy Talamoni, président de l'Assemblée de Corse
Une fois de plus, la Corse est au banc des accusés. Par-delà les anathèmes et les réactions de toute nature agitant le milieu du football, l’évènement d’hier doit être considéré dans toutes ses dimensions : le cantonner à une affaire concernant le monde du sport serait dangereusement réducteur. Si l’on peut légitimement discuter sur l’origine immédiate des incidents (provocations, réactions disproportionnées, etc.), les racines du mal sont évidemment plus anciennes. Quant aux conséquences de ces incidents, la question du sort du Sporting sur le plan sportif (sanctions, descente en L2), suscite évidemment de sérieuses inquiétudes compte tenu de l’attachement de nombre de nos compatriotes au club bastiais. Mais en ce qui me concerne, j’estime que le fait le plus préoccupant pour l’avenir a été de voir des milliers de Corses présents dans les tribunes se déchirer publiquement, et pour certains d’entre eux s’invectiver. Sans compter ce que nous pouvons lire depuis hier soir sur les réseaux sociaux. Les messages de haine qui nous sont adressés depuis l’autre côté de la mer, nous connaissons cela depuis longtemps et nous savons y faire face. Mais la haine introduite au sein même de notre société, ce fait dépasse largement le cadre d’une simple affaire sportive.
Devant cette situation, et malgré les diverses demandes pressantes m’enjoignant de condamner les uns ou les autres, j’estime que les responsabilités qui sont les miennes ne peuvent me conduire à aggraver les fractures se manifestant au sein du peuple corse mais au contraire à chercher, coûte que coûte, à les réduire.
Ayant à cœur d’œuvrer à la cohésion de notre société lorsque celle-ci peut sembler mise en cause, je privilégierai toujours le dialogue et l’apaisement entre Corses. Dans cet esprit je demanderai, dans les heures à venir, à rencontrer les différentes parties prenantes, notamment les dirigeants du Sporting, la ligue corse de football, ainsi que les représentants des supporters. En attendant, estimant qu’il convient de ramener cette affaire à des proportions plus raisonnables, j’appelle chacun à faire preuve de retenue et de sens des responsabilités.   


François Tatti, président de la communauté d'agglomération de Bastia
Les incidents d'hier sont injustifiables et inacceptables ; ils condamnent Ie SCB a la relégation et a I'opprobre nationale.Je partage Ia tristesse de toutes celles et tous ceux qui espéraient un sursaut sportif pour assurer Ie sauvetage du club qui nous est cher. Je partage également Ia peine de tous les supporters, de tous les joueurs et responsables sportifs qui, au-delà du SCB, amateurs ou professionnels, vivent cette situation comme une véritable punition.
Je suis certain que Ie club a les moyens de surmonter cette nouvelle épreuve mais cela ne pourra réussir que par une remise en cause profonde et un retour collectif aux fondamentaux qui ont fait sa force et son originalité tout au long de son histoire.


Jean Zuccarelli, conseiller municipal de Bastia, Président de Des Actes Pour Bastia
"Je partage la consternation et la réprobation de l'immense majorité des supporters du Sporting et des Corses dans leur ensemble devant les graves incidents survenus hier soir à Armand Cesari. Quelques dizaines de fanatiques, coutumiers des débordements et violences en tout genre,  ont non seulement privés le public de match, mais par la perte de la partie et les sanctions encourues par le Club, risquent de le précipiter dans la relégation, et d'interdire toute nouvelle rencontre dans l'immédiat à Furiani. Une nouvelle fois ces individus nuisibles, par leurs comportements inacceptables, peut être trop longtemps tolérés, ternissent l'image de Bastia et portent préjudice à notre ville et à la Corse. Insultes, jets de projectiles, envahissements de la pelouse et maintenant agressions de joueurs posent de manière aigüe la question de la sécurité dans l'enceinte du stade. 
Je demande qu'au travers de l'enquête pour flagrance du parquet et le travail des instances du football les responsabilités soient clairement établies et les mesures prises pour que de tels événements ne se reproduisent." 


Collectif des Supporters du Sporting Club de Bastia
Le Collectif des Supporters du Sporting Club de Bastia condamne avec véhémence les incidents violents qui se sont produits lors de la rencontre opposant le SC Bastia et l’Olympique Lyonnais. Les supporters qui ont fait irruption sur la pelouse n’auraient pas dû répondre aux provocations du joueur Anthony Lopes les appelant tant par la gestuelle que par les paroles à en découdre sur le terrain, qui doit demeurer, quelques soient les circonstances, un sanctuaire sportif.
Le CSSCB apporte également son soutien à Anthony Agostini qui n’a en aucune façon attenté physiquement à l’intégrité du même joueur mais l’a appelé à la retenue. Le CSSCB appelle de ce point de vue chacun à garder son sang froid et à visionner attentivement les images avant de porter des jugements hâtifs.  
Le CSSCB se réserve  le droit d’engager des procédures devant les tribunaux toutes les fois que les limites des commentaires se confondront avec du racisme ou de la xénophobie.