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Bastia : Robin Renucci "le cinéma italien, c’est la sublimation de la Méditerranée"


Philippe Jammes le Samedi 4 Février 2023 à 21:51

Robin Renucci est le parrain de cette 35ème édition du Festival du cinéma italien de Bastia qui a débuté ce samedi 4 février et qui va garnir les salles jusqu’au 11. Créateur de l'Aria et des Rencontres internationales de théâtre qui se déroulent chaque été dans sa région du Giussani en Haute Balagne, il dirige actuellement le théâtre national de la Criée à Marseille. Ce parrain se dit "très proche" du cinéma transalpin, comme il l’a confié à CNI.



- Qu'est-ce que le cinéma italien signifie pour vous ?
- C’est toute mon enfance, devant la télévision. Ces films avec les plus grands noms à l’affiche. Le cinéma italien c’est l’esthétique, le savoir-faire, les affinités pour l’image. Pour nous les Corses, c’est la sublimation de la Méditerranée. C’est aussi la place de la femme dans ce cinéma et ça aussi cela nous touche beaucoup en Corse. L’image d’Anna Magnani par exemple. Le cinéma italien c’est aussi le côté artisanal, c’est un cinéma pur avec de la fantaisie comme dans les films de Fellini.

- Comment le cinéma italien a-t-il évolué?
Il a évolué, avec des gens de talents comme Nanni Moretti qui fait le pont entre les générations. Le cinéma italien c’est américanisé mais il y a toujours des références aux anciens. Et ce Festival est l’occasion de le découvrir.

- Quelle a été votre expérience directe avec le cinéma italien ?
-  J’ai notamment tourné sous la direction de Peter del Monte, Giorgio Treves et Bernardo Bertolucci. J’ai fait aussi des séries. Le cinéma italien découvre le jeu, porte la voix, c’est pour ça que des réalisateurs ont tourné avec des acteurs comme Philippe Noiret. Le cinéma italien vient du théâtre.

- Vous en êtes-vous inspiré ?
- En 2005 j’ai tourné ici Sempre Vivu, qui est sorti en 2006. Un peu dans la tradition italienne j’avais choisi de réaliser un film sur la Corse rurale. Je voulais faire ressorti aussi bien ruralité que vitalité. Un film écrit avec la population sur l’énergie, avec une force vitale du jeu, des personnages. Une véritable gouache de la Corse que j’ai voulu créer.

- Vous voilà Parrain de cette 35ème édition...
- C’est un très grand plaisir. Je n’avais hélas jamais pu répondre à cette demande de René Viale car trop pris par mes activités. Un parrain se doit d’être présent et je ne le pouvais pas. Aujourd’hui j’ai décidé de prendre le temps pour cette 35ème édition. Et j’en profite pour saluer le gros travail des bénévoles.

- Vous êtes à l'origine de la création de l'Aria et des Rencontres internationales de théâtre du Giussani, on croyait dans ce projet ?
- Peu de gens y croyait au départ. On a pu l’initier avec la force de la conviction et surtout l’aide du village. Aujourd’hui 16 personnes travaillent au quotidien dans le Giussani, un ilôt sur l’île. L’Aria, c’est une coopérative et elle est aujourd’hui labelisée et on y vient de toute l’Europe. Des centaines de gens s’y sont épanouies. Les 4 restos du village sont ouverts toute l’année. C’est un signe.

- Vous dirigez aujourd'hui le théâtre national de la Criée à Marseille...
- Oui, On m’a proposé sa direction en avril 2022 et c’est quelque chose qui ne se refuse pas. C’est la deuxième fois que je succède à Marcel Marechal après la direction des Tréteaux de France. A Marseille je vais aussi travailler sur l’itinérance, aller vers les gens.

- Qu'est ce que vous en pensez de la candidature de Bastia à Capitale européenne de la culture 2028 ?
- J’ai participé à un atelier. Il faut bien souligner que c’est toute la Corse qui est concernée par cette candidature et pas seulement la ville de Bastia. Nous avons un faire-valoir et la Corse est extrêmement rayonnante dans le domaine de la culture. La Corse est un lieu de ressources avec un peuple très fort, une capacité d’humanité. On a des spécificités méditerranéennes et je pense que l’avenir va venir de la Méditerranée. La Corse y a une position stratégique et on a la chance qu’elle soit préservée.