- Que retenez-vous de ce dîner de travail à Beauvau lundi soir ?
- C'est une étape, mais il en reste encore beaucoup à venir avant de conclure un processus politique engagé il y a 50 ans. On a enfin une vision constitutionnelle proposée par le Gouvernement sur la base de nos propositions initiales. Un texte qui, pour le moment, est en deçà de nos attentes légitimes parce qu'il peut être soumis à interprétation. Je pense qu'il faut le simplifier et le clarifier. Il retient le principe d'un droit à l'autonomie sur la base d'une communauté spécifique qui a un lien à sa langue, à son histoire, à sa culture et à sa terre, c'est important, car cela justifie les exceptions juridiques faites pour la Corse. Ensuite, il y a la partie transfert de compétences avec un niveau réglementaire et un niveau législatif qui seront soumis à la loi organique qui définira le statut et des compétences dévolues à la nouvelle collectivité autonome. Si on avait une majorité politique française qui était homogène, on discuterait de tout en même temps, à savoir quelles sont les compétences qu'elle nous donne et quel est le moyen et le calendrier pour incrémenter toutes les compétences pour, à terme, arriver au niveau de nos îles voisines de l'espace méditerranéen et latin comme la Sardaigne, les Açores, la Sicile, Madère. Dans ces conditions-là, on serait rassuré. Sauf qu’on ouvre le champ du possible, mais il est potentiellement restreint par les obligations politiques qu'a le gouvernement de négocier in fine et peut être à minima avec des forces totalement rétrogrades et réactionnaires qui sont dans le refus de la décentralisation, dans le refus de la reconnaissance des minorités et dans le refus du progrès tout court.
- Le texte présenté hier soir ne parle ni de peuple corse, ni de coofficilalité, ni de statut de résident. N’est-ce pas là renoncer aux fondamentaux du mouvement nationaliste ?
- Si dans un texte constitutionnel la France intégrait la notion de peuple corse, qu'elle intégrait la notion de bilinguisme et bien d'autres choses, nous n’en serions que plus satisfaits. Cela nous rend convaincus qu'il y a encore de grands combats à mener, que les marches à gravir sont encore très imposantes et très longues et que ce n'est qu'une petite étape. Il faudra, je pense, de l'abnégation et surtout de la lucidité. Maintenant, pour nous, le compte est loin d'y être, mais on acte une étape qui jalonne une fois de plus le long parcours de l'émancipation de la Corse. Chaque fois, c'est la politique des tout petits pas qui fait perdre du temps et de l'énergie à tout le monde. Nous-mêmes, au lieu de nous consacrer à la construction d'une région rayonnante et libre en termes de décisions, on va pour partie consacrer encore toute notre énergie à un combat politique de revendications, d'affirmation des contradictions, alors qu'on pourrait opposer une force de travail tranquille, apaisée. Et je pense qu'on ne laissera pas en héritage aux générations futures un statut stable, abouti. On laissera le chantier de la continuation d'un combat.
- Malgré les divergences qui pouvaient exister entre les différents élus qui composaient la délégation de la Corse à Paris, est-ce qu'aujourd'hui on peut imaginer converger vers un consensus ? Est-ce que l’on s'approche du but ?
- Il n'y a pas de consensus au sens qu'on ne retient que ceux qui nous agréent. Je suis indépendantiste, je ne vais pas trouver un consensus avec quelqu'un qui est un farouche républicain qui refuse la décentralisation et qui refuse de voir dans les minorités la richesse des majorités. Ensuite, on ne peut pas avoir un consensus lorsque même ceux qui sont des petits régionalistes considèrent que le simple fait de pouvoir adapter une règle normative réglementaire suffit. On sait très bien que l'autonomie passe par l'adaptation locale du cadre législatif. Cela marche bien aux Açores ou en Sardaigne, ou même dans les Länder allemands. Mais, on est confronté à ce jacobinisme, à ce centralisme français qui se referme sur lui-même et qui sclérose tout autant son propre pays que les régions périphériques.
- Dans sa proposition d’écriture constitutionnelle, Gérald Darmanin ne tranche pas quant à la forme sous la Corse serait intégrée dans la Constitution. Le Président de la République lui préfère un article. Vous restez pour votre part attachés à un titre spécifique pour la Corse ?
- L'article est l'accessoire de la Constitution. Même dans un Titre, il y a un article. Donc nous nous considérons que le Titre s'impose d'abord pour une question de spécificité de la Corse, pour la détacher des autres collectivités territoriales, pour montrer que c'est vraiment une structure à part et pour montrer aussi un gage de bonne volonté et de bonne foi réciproque, pour montrer du respect à la Corse qui a tant souffert d'une injustice et d'un déni de reconnaissance.
- C'est une étape, mais il en reste encore beaucoup à venir avant de conclure un processus politique engagé il y a 50 ans. On a enfin une vision constitutionnelle proposée par le Gouvernement sur la base de nos propositions initiales. Un texte qui, pour le moment, est en deçà de nos attentes légitimes parce qu'il peut être soumis à interprétation. Je pense qu'il faut le simplifier et le clarifier. Il retient le principe d'un droit à l'autonomie sur la base d'une communauté spécifique qui a un lien à sa langue, à son histoire, à sa culture et à sa terre, c'est important, car cela justifie les exceptions juridiques faites pour la Corse. Ensuite, il y a la partie transfert de compétences avec un niveau réglementaire et un niveau législatif qui seront soumis à la loi organique qui définira le statut et des compétences dévolues à la nouvelle collectivité autonome. Si on avait une majorité politique française qui était homogène, on discuterait de tout en même temps, à savoir quelles sont les compétences qu'elle nous donne et quel est le moyen et le calendrier pour incrémenter toutes les compétences pour, à terme, arriver au niveau de nos îles voisines de l'espace méditerranéen et latin comme la Sardaigne, les Açores, la Sicile, Madère. Dans ces conditions-là, on serait rassuré. Sauf qu’on ouvre le champ du possible, mais il est potentiellement restreint par les obligations politiques qu'a le gouvernement de négocier in fine et peut être à minima avec des forces totalement rétrogrades et réactionnaires qui sont dans le refus de la décentralisation, dans le refus de la reconnaissance des minorités et dans le refus du progrès tout court.
- Le texte présenté hier soir ne parle ni de peuple corse, ni de coofficilalité, ni de statut de résident. N’est-ce pas là renoncer aux fondamentaux du mouvement nationaliste ?
- Si dans un texte constitutionnel la France intégrait la notion de peuple corse, qu'elle intégrait la notion de bilinguisme et bien d'autres choses, nous n’en serions que plus satisfaits. Cela nous rend convaincus qu'il y a encore de grands combats à mener, que les marches à gravir sont encore très imposantes et très longues et que ce n'est qu'une petite étape. Il faudra, je pense, de l'abnégation et surtout de la lucidité. Maintenant, pour nous, le compte est loin d'y être, mais on acte une étape qui jalonne une fois de plus le long parcours de l'émancipation de la Corse. Chaque fois, c'est la politique des tout petits pas qui fait perdre du temps et de l'énergie à tout le monde. Nous-mêmes, au lieu de nous consacrer à la construction d'une région rayonnante et libre en termes de décisions, on va pour partie consacrer encore toute notre énergie à un combat politique de revendications, d'affirmation des contradictions, alors qu'on pourrait opposer une force de travail tranquille, apaisée. Et je pense qu'on ne laissera pas en héritage aux générations futures un statut stable, abouti. On laissera le chantier de la continuation d'un combat.
- Malgré les divergences qui pouvaient exister entre les différents élus qui composaient la délégation de la Corse à Paris, est-ce qu'aujourd'hui on peut imaginer converger vers un consensus ? Est-ce que l’on s'approche du but ?
- Il n'y a pas de consensus au sens qu'on ne retient que ceux qui nous agréent. Je suis indépendantiste, je ne vais pas trouver un consensus avec quelqu'un qui est un farouche républicain qui refuse la décentralisation et qui refuse de voir dans les minorités la richesse des majorités. Ensuite, on ne peut pas avoir un consensus lorsque même ceux qui sont des petits régionalistes considèrent que le simple fait de pouvoir adapter une règle normative réglementaire suffit. On sait très bien que l'autonomie passe par l'adaptation locale du cadre législatif. Cela marche bien aux Açores ou en Sardaigne, ou même dans les Länder allemands. Mais, on est confronté à ce jacobinisme, à ce centralisme français qui se referme sur lui-même et qui sclérose tout autant son propre pays que les régions périphériques.
- Dans sa proposition d’écriture constitutionnelle, Gérald Darmanin ne tranche pas quant à la forme sous la Corse serait intégrée dans la Constitution. Le Président de la République lui préfère un article. Vous restez pour votre part attachés à un titre spécifique pour la Corse ?
- L'article est l'accessoire de la Constitution. Même dans un Titre, il y a un article. Donc nous nous considérons que le Titre s'impose d'abord pour une question de spécificité de la Corse, pour la détacher des autres collectivités territoriales, pour montrer que c'est vraiment une structure à part et pour montrer aussi un gage de bonne volonté et de bonne foi réciproque, pour montrer du respect à la Corse qui a tant souffert d'une injustice et d'un déni de reconnaissance.