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Casabianda : le renouveau du centre de vacances crée la polémique


Pierre-Manuel Pescetti le Mardi 2 Novembre 2021 à 20:34

Le centre de vacances de l'administration pénitentiaire à Casabianda sur la commune d'Aleria est abandonné depuis près de 20 ans. En partenariat avec la mairie, une société corse, Victoria Corp, veut le réhabiliter et lui donner un second souffle. Le projet reçoit depuis quelques jours une forte opposition de la part de l'association U Levante et du mouvement politique Ecologia Sulidaria qui le jugent "illégal, en désaccord avec la loi littoral, le PADDUC et qui révèle un projet de construction caché". La municipalité assure que tout est fait dans les règles, dans un souci de création d'activité économique et de protection de l'environnement à partir des bâtiments déjà existants.



(Google Maps)
(Google Maps)
Il a aujourd’hui des airs de villes fantômes. L’ancien centre de vacances de Casabianda n’accueille plus personne depuis près de 20 ans et ses anciennes installations sont pour la plupart à l’état de ruine. Après avoir été un lieu de villégiature de choix pour les fonctionnaires d’Etat pendant 30 ans, l’établissement fondé par le CNOSAP (Comité National des Œuvres Sociales Sportives et Culturelles de l’Administration Pénitentiaire) dans les années 1960 est à l’abandon depuis la fin des années 1990. Un passage de siècle difficile qui avait bénéficié à la commune d’Aleria. En 2010, elle avait pu racheter une parcelle de 11 hectares à l’administration pénitentiaire. Objectif : redonner un second souffle au village vacances et à l’activité touristique sur zone.

Le projet est aujourd’hui en passe de se réaliser. Une société corse, la SARL Victoria Corp basée à Bastia a déposé en décembre 2019 un permis de construire pour un projet nommé ‘’Costa mare’’. Il s’agirait d’un village vacances adossé à la franchise française d’hôtellerie de plein air ‘’Yelloh ! Village’’.

U Levante et Ecologia Sulidaria montent au créneau

Cependant, le projet ne fait pas le bonheur de tous. Encore moins celui des membres de l’association U Levante. Dans un article paru sur son site internet, l’association de protection de l’environnement fustige « un projet de camp de vacances pour 2 500 personnes qui bafoue la loi ». En cause, le terme de ‘’réhabilitation’’ employé dans plusieurs documents attenants au projet. Pour U Levante, la destruction prévue des ruines restantes devant l’impossibilité de les restaurer et la construction de nouveaux bâtiments met en lumière « un projet masqué de construction nouvelle en zone naturelle. En parfaite discontinuité d’urbanisation et, de ce fait, totalement prohibée par la loi Littoral comme par le PADDUC. À cet égard, le zonage Uta du PLU de la commune d’Aleria est, selon U Levante, illégal ». Un point de vue partagé par le mouvement politique écologiste insulaire Ecologia Sulidaria.

Leslie Pellegri, membre du mouvement et secrétaire régionale d'Europe Ecologie Les Verts (EELV), n’en démord pas : « le projet est illégal. On joue sur les mots. Ce n’est plus un aménagement ni une réhabilitation, on passe à l’échelle supérieure ». Pour preuve, Ecologia Sulidaria avance des chiffres tirés du Plan de masse du projet : « la prévision porte sur 2 500 places pour 3 000 personnes hébergées en saison, sur 478 emplacements. On est très loin d’une ‘’réhabilitation’’, puisqu’il y avait sur l’ancien site 94 bâtiments existants, dont 85 cabanes dédiées au logement et 9 bâtiments pour les services annexes (sanitaires, réfectoire, dortoir, poubelles, locaux techniques), aujourd’hui complètement délabrés ».

Erreur sur les chiffres ?

Des données jugées « erronées » par le maire d’Aleria, Ange Fraticelli : « Ce centre de vacances accueillait en même temps 1 400 visiteurs pendant 30 ans, le projet aujourd’hui parle de 400 bungalows. C’est moins que l’existant ! Comptez trois personnes par installation et vous êtes en dessous de ce qui se faisait avant. Les chiffres avancés par U Levante sont issus des premières études et ont été revus à la baisse par les porteurs de projets ». Il l’assure, « tout est fait en conformité avec l’Etat et la loi ».

Une étude d’impact réalisée par un bureau d’études devrait être rendue dans les jours à venir et être présentée à la DREAL (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) puis à une commission nationale pour validation. Avant d’obtenir, un quelconque permis de construire ou d’aménager, une enquête publique sera réalisée par un commissaire enquêteur nommé par le tribunal administratif de Bastia après la saisie par les porteurs de projet. « C’est obligatoire », précise Ange Fraticelli. L’enquête permettra également de recueillir les observations des administrés et dire si le projet est conforme.

Construction ?
Réhabilitation ?
Les autorités devront trancher.
U Levante a déjà pris les devants en prévenant le préfet de Haute-Corse et la DREAL que « toute future autorisation de permis d’aménager ou de permis de construire serait déférée au tribunal administratif de Bastia par l’association ».
La bataille judiciaire semble inévitable.