À l’appel de Simon Venturini, maire d’Alzi, et Pierre Taddei, maire de Bustanicu, plusieurs élus se sont réunis ce dimanche à la mairie de Bustanicu, dans le Boziu, pour dénoncer le retard des aides aux communes rurales versées par la Collectivité de Corse dans le cadre de la dotation quinquennale.
Si la mobilisation physique n’a rassemblé qu’un petit nombre d’élus, l’initiative bénéficie du soutien d’une centaine de maires à travers l’île. Pour marquer leur mécontentement, plusieurs municipalités ont symboliquement accroché un drapeau noir au fronton de leur mairie, un geste fort pour alerter sur la situation financière des communes rurales.
En ouvrant la réunion, Simon Venturini a insisté sur le caractère "totalement apolitique" de cette mobilisation, défendant une démarche avant tout tournée vers "la défense des petites communes de montagne, fortement contraintes".
Pour Pierre Taddei, le retard de la dotation quinquennale 2025-2029 suscite de vives inquiétudes. « Nos communes rurales ont un besoin vital de ces aides pour survivre », a-t-il affirmé, dénonçant un report d’un an, soit au premier trimestre 2026. Une situation annoncée le 28 février par le président de l’ADEC lors du débat d’orientation budgétaire. « Cette refonte du système d’aide aux communes a été décidée sans concertation avec les maires et laisse planer un risque de réduction des montants alloués », a-t-il ajouté.
Le maire de Bustanicu souligne les conséquences directes pour les communes, contraintes de repousser des travaux urgents, avec un impact non négligeable sur les entreprises locales, déjà fragilisées. « Un retard d’un an, voire plus, représente un préjudice économique majeur pour nos villages et pour l’activité des artisans et entrepreneurs du rural », a-t-il averti.
Une réforme du Fonds de Solidarité Territorial contestée
Outre le retard de la dotation quinquennale, les élus dénoncent la refonte annoncée du Fonds de Solidarité Territorial (FST), qui risque de pénaliser davantage encore les petites communes. "Actuellement, ce fonds permet de financer deux projets structurants subventionnés à 80 %, avec un plafond d’aide de 400 000 euros par dossier sur cinq ans pour les communes de moins de 350 habitants", rappelle Pierre Taddei.
La réforme prévoit la suppression d’un dossier sur deux, réduisant ainsi de 50 % l’enveloppe allouée aux villages de montagne. Une évolution jugée inacceptable. « Nos communes ont absolument besoin de ces deux dossiers pour réaliser les travaux indispensables à leur développement et à leur survie », martèle le maire de Bustanicu.
Face à cette situation, les élus demandent à la Collectivité de Corse d’acter dès la session budgétaire de mars 2025 la reconduction immédiate de la dotation quinquennale, permettant ainsi aux communes d’engager les travaux nécessaires dès cette année. Une revalorisation de ces aides est également demandée, en appliquant un principe de péréquation qui verrait les communes les plus favorisées contribuer davantage au soutien des communes les plus en difficulté.
Des revendications élargies aux infrastructures et aux logements
Parmi les autres revendications figurent l’élargissement des dossiers du FST aux travaux d’eau et d’assainissement, un secteur particulièrement impacté par le changement climatique et par la hausse des surtaxes de l’Agence de l’eau.
Le maire de Bustanicu a également évoqué la question de l’aide aux logements communaux, appelant à des réformes sur deux points majeurs : la TVA non récupérable, pour laquelle il demande une intervention de la Collectivité de Corse auprès de l’État, et la déduction des loyers du montant des subventions. "Aujourd’hui, le montant de neuf années de loyers est retranché de l’aide attribuée pour la construction de logements communaux. C’est un frein au développement rural qui doit être supprimé", affirme-t-il.
Vers un statut spécifique pour le rural ?
Dans le contexte de discussions sur l’autonomie de la Corse, Pierre Taddei plaide pour "un véritable statut du rural", qui permettrait aux communes les plus isolées de bénéficier de mesures spécifiques. Il estime que "les petites communes à forts handicaps doivent obtenir un cadre fiscal adapté, avec des aides renforcées pour les entreprises et les habitants".
Enfin, Simon Venturini a rappelé que "le règlement d’aide aux communes aurait dû être voté par l’Assemblée de Corse dès fin 2020 ou début 2025", ce qui n’a pas été fait. Il dénonce un retard préjudiciable, affirmant que "2025 sera une année noire pour les communes rurales".
Les élus appellent désormais tous les maires des communes du rural à accrocher un drapeau noir sur le fronton de leur mairie en signe de protestation