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Cine Donne 2025 : Quand le cinéma ne se contente plus de raconter, mais interroge


MV le Jeudi 20 Mars 2025 à 17:07

À Bastia, Cine Donne ne se contente pas de projeter des films. Du 20 au 27 mars, le festival interroge les récits et les représentations des femmes à l’écran. Débats, projections et espaces d’échange rythmeront cette édition qui dépasse la simple diffusion de films pour en faire un véritable outil de réflexion.



Crédit photo CAB
Crédit photo CAB

Le cinéma peut-il réparer les oublis, raconter autrement, rendre visibles les invisibles ? C’est toute l’ambition de Cine Donne, qui s’ouvre ce 20 mars à Bastia. Dans une industrie où les réalisatrices restent minoritaires et où les récits féminins peinent encore à se faire entendre, le festival ne se limite pas à une vitrine du "cinéma au féminin". Il interroge les images et ce qu’elles disent (ou ne disent pas) des femmes. Car si le cinéma est un art du récit, il est aussi un miroir des rapports de force d’une époque.
Qui filme ? Qui est filmé·e ? Qui parle et qui reste dans l’ombre ? Pendant une semaine, Cine Donne propose films, débats, rencontres et espaces d’échange, avec un objectif clair : questionner le regard collectif et donner une voix à celles qui, trop souvent, n’en ont pas eu.

Un festival qui répare les silences de l’histoire
La quatrième "édition du festival s’ouvre ce jeudi avec "Olympe, une femme dans la Révolution", un film coréalisé par Julie Gayet, consacré à Olympe de Gouges, autrice en 1791 de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Une figure importante, mais effacée des récits historiques. Ce choix d’ouverture n’est pas anodin. Il rappelle que certaines histoires ont été invisibilisées, que les femmes ont souvent été reléguées au second plan, y compris dans les représentations cinématographiques.
Mais CineDonne ne s’arrête pas aux héroïnes du passé. La programmation met en avant des films et documentaires qui explorent les réalités contemporaines des femmes, des violences qu’elles subissent aux luttes qu’elles mènent. La sélection de cette année propose 11 films, entre fictions et documentaires, qui abordent les stéréotypes de genre, les violences sexistes, la construction de l’identité féminine ou encore la question du regard masculin dans le cinéma. Parmi eux, "Je suis noires", qui donne la parole aux femmes afro-descendantes en France, ou encore "Été 96", de Sébastien Lifshitz, qui interroge la manière dont les jeunes filles vivent leur adolescence sous le poids des normes sociales.

 

TOUTE LA PROGRAMMATION : ICI 


Crédit photo CAB
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​Des projections aux débats, une volonté de questionner le regard collectif
Cette année, encore, Cine Donne met en lumière des œuvres portées par des réalisatrices ou consacrées aux parcours féminins, mais il ne se limite pas à une simple vitrine cinématographique. Ce qui fait sa singularité, c’est son ancrage dans le réel. Il ne s’agit pas seulement de projeter des films, mais d’ouvrir des espaces où la parole circule, où les récits se confrontent aux expériences vécues. Regarder, écouter, échanger, comprendre : ici, le cinéma est un point de départ, jamais une fin en soi.

Au-delà des projections, c’est toute une réflexion qui s’installe. Elle se déploie dans les débats, s’enrichit à travers les livres, trouve un prolongement dans des espaces d’écoute. Elle prend aussi la route, avec un van itinérant, "En voiture Nina et Simon.e.s", qui va au-devant du public pour parler de ce dont on parle trop peu : violences sexistes, santé reproductive, sexualité. « Un festival, c’est aussi la possibilité de rencontrer des personnalités engagées dans la vie artistique, intellectuelle et politique », soulignent les organisateurs. Et c’est là que Cine Donne prend toute sa dimension. Il ne s’agit pas d’enchaîner des projections, mais d’ouvrir des espaces de discussion. Avant et après chaque séance, des réalisatrices, des militantes, des chercheuses prennent la parole pour interroger la façon dont le cinéma façonne nos représentations, perpétue certains stéréotypes, mais peut aussi les déconstruire.

Comment penser l’émancipation des femmes à travers le prisme du travail et de l’indépendance financière ? Quelle place le corps féminin occupe-t-il encore aujourd’hui dans la société et dans l’image qu’en donne le cinéma ? Ces questions seront au cœur des échanges menés par Brigitte Rollet, spécialiste du genre et du cinéma, et Isabelle Steyer, avocate engagée dans la défense des droits des femmes.

Mais Cine Donne ne se contente pas d’être un festival pour initiés. Il veut toucher un public plus large, notamment les jeunes. Des projections auront lieu dans plusieurs communes de Haute-Corse, à destination des collégiens et lycéens, pour ouvrir le dialogue et mettre les récits du cinéma en regard avec ceux du réel. Car si les images nous façonnent, elles peuvent aussi nous libérer.


TOUTE LA PROGRAMMATION : ICI