« Le froid a épargné la Corse durant ce mois de décembre. Bien au contraire, la période du 1er au 29 décembre est même la plus douce jamais observée sur l’île de beauté depuis le début des statistiques en 1947 avec une anomalie de +2,3°C par rapport aux normales 1991-2003 ». À la veille de la Saint Sylvestre, Météo France vient, une nouvelle fois, de mettre en exergue des anomalies de températures pour la saison. Une vague de douceur hivernale exceptionnelle, qui touche l’ensemble du territoire français, est en effet venue clore une folle année 2022 où le climat s’est emballé. Preuve, s’il en fallait encore, d’un réchauffement climatique bien en marche et dont les effets se sont particulièrement faits sentir en Corse.
Une sécheresse précoce et exceptionnellement longue
Dès le début de l’année, on a ainsi pu constater que peu de neige avait recouvert les sommets insulaires. S’en suivra un important déficit de précipitations lors des mois de mars, avril et mai de près de 45% par rapport à la normale. Une situation qui conduira Météo France à estimer que le printemps 2022 est le plus sec derrière 2011 et 1976. Et puis bientôt, des indicateurs peu rassurants, notamment les relevés des niveaux bas des cours d’eau et des barrages, précipiteront le déclenchement très précoce d’une « vigilance sécheresse » dans les deux départements insulaires dès le mois de mai. Les choses ne s’arrangeant pas au fil du retour des beaux jours, le 24 juin la Corse-du-Sud basculera en « alerte sécheresse », suivie une semaine plus tard par la Haute-Corse. Mi-juillet, c’est l’ensemble du territoire qui passe en « alerte sécheresse renforcée », avec prise de mesures de restriction d’eau importantes. Très inquiète, la préfecture de Haute-Corse avertira même le 2 août de la possibilité de ne plus avoir d’eau d’ici la fin du mois, si le rythme de consommation ne diminue pas. Si la fin de l’automne aura amené le retour de la pluie, la « vigilance sécheresse » ne sera finalement levée en Haute-Corse que le 1er décembre, signe du caractère particulièrement tendu de la situation hydrique durant de longs mois.
Des températures étouffantes
Très tôt dans l’année, 2022 a également enregistré des records de températures. Le mois de mai s’est ainsi avéré particulièrement doux, tandis qu’avant même le début de l’été, le 4 juin, le thermomètre s’est affolé et est monté jusqu’à 37,4°C dans le Cap Corse. « Il s’agit de la 8ème valeur la plus élevée, tous mois confondus, pour cette station qui a plus de 100 ans de données », s’étonnera Météo France. Puis, à ce printemps particulièrement doux, succéderont bientôt les mois de juin et juillet les plus chauds jamais enregistrés sur l’île. Alors que le soleil se fait de plus en plus brûlant, la vigilance canicule est pour la première fois déclenchée dans l’île le 4 juillet. La première d’une longue série. Les fortes chaleurs perdureront durant tout le mois, dépassant aisément la barre des 35°C. Ces températures infernales accablent également toute l’Europe, au point que fin juillet on relèvera même 40°C au Royaume-Uni, ce qui n’était jusqu’alors jamais arrivé. Des centaines de morts sont par ailleurs recensés en Espagne et au Portugal, tandis que des milliers d’hectares de forêt sont engloutis par les flammes, au Nord comme au Sud du continent, et notamment dans l’Ouest de la France. Du fait de la combinaison des températures caniculaires et de la sécheresse, en Corse on craint également de voir l’île s’embraser de part en part. Quelques chaudes alertes détruiront d’ailleurs plusieurs centaines d’hectares jusqu’à l’automne, saison où la vague de chaleur perdure encore jusqu’en octobre, avec 32,5°C qui seront notamment recensés à Figari. Météo France notera encore que le record de nuits tropicales battu a été battu sur l’île durant l’été avec plus de 85 nuits d’affilée où les températures minimales ne sont pas descendues en-dessous de 20°C.
La Méditerranée en surchauffe
Cette chaleur extrême aura bien évidemment également des effets sur la température de l’eau. Partout en Corse on relève des températures inédites dans les fleuves et rivières. Et la Méditerranée, elle-aussi, est en surchauffe.
Faisant le bilan de cette saison inquiétante, le directeur de la Station de Recherches Sous-marines et Océanographiques de Calvi (Stareso), Michel Marengo, confiait ainsi à notre titre en novembre dernier : « Cet été, nous avons eu ce que l’on appelle des canicules thermiques avec des anomalies de plus de 4°C par rapport à la moyenne des dernières années. On est arrivé à près de 30°C dans le port de Stareso ! Et la température est actuellement malheureusement encore haute avec 21°C en surface et plus de 25°C à 20 mètres de profondeur. Normalement, il devrait y avoir du vent qui brasse cette colonne d’eau et qui permette de l’homogénéiser, elle devrait être beaucoup plus froide. Ce n’est pas normal que l’eau soit encore aussi chaude au mois de novembre ».
Ces températures anormales ont déjà occasionné de lourdes conséquences sur les écosystèmes, provoquant des évènements de mortalité sur le coralligène, les éponges ou encore les gorgones, ainsi que la résurgence de maladies ou encore l’apparition d’espèces invasives venues d’eaux plus chaudes.
Une tempête inédite fait 5 morts le 18 août
C’est aussi, sans doute, cette surchauffe de la Méditerranée qui est en partie à l’origine de l’évènement climatique inédit que la Corse a vécu le 18 août dernier. Alors que l’île s’éveille, un monstre effrayant se présente par sa façade Ouest, prêt à l’engloutir. Et à peine touche-t-elle terre que cette tempête, plus tard qualifiée de derecho, surprend tout le monde par son intensité à laquelle le territoire ne s’était pas préparé. Ce jour-là, seule une vigilance jaune avait en effet été émise à l’origine. On relèvera finalement une rafale de 224km/h à Marignana, montre de la puissance de cet épisode. Durant 1H30, alors que la tempête traverse l’île, les éléments se déchainent. De nombreux touristes sont surpris à peine éveillés dans les campings où les arbres deviennent en un instant de dangereux ennemis. Deux personnes, dont une jeune adolescente, y perdront la vie à Calvi et Vico. Du côté de la plage du Liamone, une femme sera mortellement blessée par la chute du toit d’une paillotte sur son véhicule. En mer aussi, c’est l’apocalypse. Les embarcations sont balayées comme des coquilles de noix et viennent s’écraser sur les plages ou les rochers. Un pêcheur aguerri de Girolata et une kayakiste, au large d’Erbalunga, seront tués. 90 navires seront par ailleurs endommagés, tandis qu’à terre les dégâts matériels seront considérables. Et puis, aussi rapidement qu’ils étaient arrivés, ces vents meurtriers prendront la direction de l’Italie, puis de l’Autriche, de la Slovénie et de la République Tchèque, faisant de nouvelles victimes sur leur passage. En Corse, l’état de catastrophe naturelle sera décrété quelques jours plus tard pour 73 communes.
Une sécheresse précoce et exceptionnellement longue
Dès le début de l’année, on a ainsi pu constater que peu de neige avait recouvert les sommets insulaires. S’en suivra un important déficit de précipitations lors des mois de mars, avril et mai de près de 45% par rapport à la normale. Une situation qui conduira Météo France à estimer que le printemps 2022 est le plus sec derrière 2011 et 1976. Et puis bientôt, des indicateurs peu rassurants, notamment les relevés des niveaux bas des cours d’eau et des barrages, précipiteront le déclenchement très précoce d’une « vigilance sécheresse » dans les deux départements insulaires dès le mois de mai. Les choses ne s’arrangeant pas au fil du retour des beaux jours, le 24 juin la Corse-du-Sud basculera en « alerte sécheresse », suivie une semaine plus tard par la Haute-Corse. Mi-juillet, c’est l’ensemble du territoire qui passe en « alerte sécheresse renforcée », avec prise de mesures de restriction d’eau importantes. Très inquiète, la préfecture de Haute-Corse avertira même le 2 août de la possibilité de ne plus avoir d’eau d’ici la fin du mois, si le rythme de consommation ne diminue pas. Si la fin de l’automne aura amené le retour de la pluie, la « vigilance sécheresse » ne sera finalement levée en Haute-Corse que le 1er décembre, signe du caractère particulièrement tendu de la situation hydrique durant de longs mois.
Des températures étouffantes
Très tôt dans l’année, 2022 a également enregistré des records de températures. Le mois de mai s’est ainsi avéré particulièrement doux, tandis qu’avant même le début de l’été, le 4 juin, le thermomètre s’est affolé et est monté jusqu’à 37,4°C dans le Cap Corse. « Il s’agit de la 8ème valeur la plus élevée, tous mois confondus, pour cette station qui a plus de 100 ans de données », s’étonnera Météo France. Puis, à ce printemps particulièrement doux, succéderont bientôt les mois de juin et juillet les plus chauds jamais enregistrés sur l’île. Alors que le soleil se fait de plus en plus brûlant, la vigilance canicule est pour la première fois déclenchée dans l’île le 4 juillet. La première d’une longue série. Les fortes chaleurs perdureront durant tout le mois, dépassant aisément la barre des 35°C. Ces températures infernales accablent également toute l’Europe, au point que fin juillet on relèvera même 40°C au Royaume-Uni, ce qui n’était jusqu’alors jamais arrivé. Des centaines de morts sont par ailleurs recensés en Espagne et au Portugal, tandis que des milliers d’hectares de forêt sont engloutis par les flammes, au Nord comme au Sud du continent, et notamment dans l’Ouest de la France. Du fait de la combinaison des températures caniculaires et de la sécheresse, en Corse on craint également de voir l’île s’embraser de part en part. Quelques chaudes alertes détruiront d’ailleurs plusieurs centaines d’hectares jusqu’à l’automne, saison où la vague de chaleur perdure encore jusqu’en octobre, avec 32,5°C qui seront notamment recensés à Figari. Météo France notera encore que le record de nuits tropicales battu a été battu sur l’île durant l’été avec plus de 85 nuits d’affilée où les températures minimales ne sont pas descendues en-dessous de 20°C.
La Méditerranée en surchauffe
Cette chaleur extrême aura bien évidemment également des effets sur la température de l’eau. Partout en Corse on relève des températures inédites dans les fleuves et rivières. Et la Méditerranée, elle-aussi, est en surchauffe.
Faisant le bilan de cette saison inquiétante, le directeur de la Station de Recherches Sous-marines et Océanographiques de Calvi (Stareso), Michel Marengo, confiait ainsi à notre titre en novembre dernier : « Cet été, nous avons eu ce que l’on appelle des canicules thermiques avec des anomalies de plus de 4°C par rapport à la moyenne des dernières années. On est arrivé à près de 30°C dans le port de Stareso ! Et la température est actuellement malheureusement encore haute avec 21°C en surface et plus de 25°C à 20 mètres de profondeur. Normalement, il devrait y avoir du vent qui brasse cette colonne d’eau et qui permette de l’homogénéiser, elle devrait être beaucoup plus froide. Ce n’est pas normal que l’eau soit encore aussi chaude au mois de novembre ».
Ces températures anormales ont déjà occasionné de lourdes conséquences sur les écosystèmes, provoquant des évènements de mortalité sur le coralligène, les éponges ou encore les gorgones, ainsi que la résurgence de maladies ou encore l’apparition d’espèces invasives venues d’eaux plus chaudes.
Une tempête inédite fait 5 morts le 18 août
C’est aussi, sans doute, cette surchauffe de la Méditerranée qui est en partie à l’origine de l’évènement climatique inédit que la Corse a vécu le 18 août dernier. Alors que l’île s’éveille, un monstre effrayant se présente par sa façade Ouest, prêt à l’engloutir. Et à peine touche-t-elle terre que cette tempête, plus tard qualifiée de derecho, surprend tout le monde par son intensité à laquelle le territoire ne s’était pas préparé. Ce jour-là, seule une vigilance jaune avait en effet été émise à l’origine. On relèvera finalement une rafale de 224km/h à Marignana, montre de la puissance de cet épisode. Durant 1H30, alors que la tempête traverse l’île, les éléments se déchainent. De nombreux touristes sont surpris à peine éveillés dans les campings où les arbres deviennent en un instant de dangereux ennemis. Deux personnes, dont une jeune adolescente, y perdront la vie à Calvi et Vico. Du côté de la plage du Liamone, une femme sera mortellement blessée par la chute du toit d’une paillotte sur son véhicule. En mer aussi, c’est l’apocalypse. Les embarcations sont balayées comme des coquilles de noix et viennent s’écraser sur les plages ou les rochers. Un pêcheur aguerri de Girolata et une kayakiste, au large d’Erbalunga, seront tués. 90 navires seront par ailleurs endommagés, tandis qu’à terre les dégâts matériels seront considérables. Et puis, aussi rapidement qu’ils étaient arrivés, ces vents meurtriers prendront la direction de l’Italie, puis de l’Autriche, de la Slovénie et de la République Tchèque, faisant de nouvelles victimes sur leur passage. En Corse, l’état de catastrophe naturelle sera décrété quelques jours plus tard pour 73 communes.