L'itinéraire prévu pour le remorquage de l'épave du Costa Concordia de l'île italienne de Giglio au port de Gènes.
Le courrier de Gilles Simeoni à Ségolène Royal fait le buzz sur tous les réseaux sociaux. Difficile, dans ces conditions, pour la ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, de l’ignorer et de faire fi de la menace sérieuse de pollution que le remorquage du Concordia fait peser sur le littoral corse. L’épave de ce navire, qui s'est échoué le 13 janvier 2012 sur l'île italienne de Giglio, à proximité immédiate des côtes corses, devrait, à partir du 20 juillet, être tractée jusqu’au port de Gènes pour être démantelée. Cette opération, d’une durée de 4 jours, est dangereuse par les rejets potentiels, en mer d’eaux intérieures, de substances et d’hydrocarbures que l’épave recèle encore, un risque aggravé par le mauvais état de son assise. L’itinéraire retenu prévoit un passage à 25 km du littoral corse, dans le périmètre projeté du futur parc national marin du Cap Corse, sans que nul ne s’en émeuve à l’exception de Corse Net Infos qui avait soulevé le problème en juin dernier et du maire de Bastia.
Un silence incompréhensible
Devant le manque de communication du gouvernement et l’absence de concertation avec les élus, ce dernier décide, il y a quelques jours, d’interpeller, par courrier, Ségolène Royal pour obtenir des réponses claires et précises. « J’ai fait un courrier à Ségolène Royal pour constater que, de façon incompréhensible et inacceptable, les Corses et leurs élus n’ont été ni informés, ni consultés sur le projet de remorquage du Concordia et le trajet emprunté par l’épave. Nous n’avons aucun élément objectif, ni aucune certitude sur les risques éventuels de pollution et le degré de dangerosité de l’épave alors qu’un rapport de l’armateur précise que des pollutions par hydrocarbure ne peuvent être exclues. Le trajet envisagé par le consortium chargé du remorquage et le gouvernement italien fait passer l’épave le long du canal de Corse, de la Plaine orientale jusqu’au Cap Corse dans le périmètre du futur parc marin. Il fait peser sur la Corse un risque de pollution majeur. J’ai, donc, demandé au gouvernement de prendre toutes les mesures qui s’imposent », explique-t-il.
Le buzz des réseaux sociaux
Cet appel de Gilles Simeoni est largement diffusé, relayé et soutenu par les réseaux sociaux. L’opinion publique s’émeut de l’affaire. Et, tout en saluant l’initiative du maire de Bastia, s’étonne, avec lui, d’une telle situation et du flou l’entourant.
Enfonçant le clou, Jean-Christophe Angelini dépose au nom du groupe Femu a Corsica, à l’Assemblée de Corse, une motion qui sera examinée lors de la session de juillet qui se tient ces deux jours. Cette motion, qui s’appuie sur les remarques et les inquiétudes avancées par le maire de Bastia, réclame la fourniture par le gouvernement italien du rapport relatif à cette opération, une vigilance extrême au regard des enjeux environnementaux et toute la lumière sur les conditions du remorquage (cf ci-joint).
Des exigences communes
Mercredi, profitant d’une réunion de travail des maires de Haute-Corse sur le PADDUC (Plan d’aménagement et de développement durable de la Corse), Gilles Simeoni propose à ses homologues nordistes de voter une nouvelle motion commune. « Pendant cette réunion, nous avons parlé de développement durable, d’espaces naturels remarquables et de réserves terrestres et marines. J’ai saisi l’occasion pour faire remarquer qu’il est, quand même, paradoxal que l’on demande à la Corse de réfléchir sur sa stratégie de développement en lui imposant, dans le même temps, sans concertation, des décisions qui peuvent avoir un impact négatif avéré sur le devenir de son patrimoine écologique et, donc, économique. Il y a eu un consensus des maires participants pour rédiger une motion ». Cette deuxième motion, adoptée à l’unanimité, reprend les termes de la première et exige, de la même manière, des informations incontestables sur les risques de pollution et la prise de toutes les mesures utiles, y compris jusqu’à la modification du trajet. Elle sera transmise au gouvernement.
Réponse ministérielle
« Au moment où nous rédigions, avec les maires, cette motion, Ségolène Royal m’a téléphoné. Elle m’a demandé de faire état de la teneur de notre entretien téléphonique aux maires. Ce que j’ai fait. Elle m’a dit qu’elle se préoccupait, sans délai, de ce dossier et m’a annoncé qu’elle me faisait parvenir sa réponse par courrier », indique l’élu nationaliste.
Dans ce courrier immédiatement rendu public sur le site du ministère de l’écologie (cf ci-après), Ségolène Royal exige de l’Etat italien « la preuve écrite et incontestable du pompage complet des réservoirs d’hydrocarbures ». Une garantie officielle bien difficile à donner vu que l’armateur, lui-même, avoue que les cales de l’épave ne sont pas entièrement vidées ! La ministre demande également « la preuve de l’absence de risques liés aux autres substances dangereuses : frigorigènes et lubrifiants résiduels », leur nature, leur quantité et leur confinement. Ainsi que l’itinéraire précis du remorquage de l'île de Giglio au port de Gènes, un trajet qui n’a, pour l’instant, pas été communiqué à l’Etat français par le consortium américano-italien Titan Micoperi, chargé de l’opération. Un flou que la ministre juge « inacceptable » avant de demander « des garanties sur les moyens d’accompagnement mis en place par les autorités italiennes en cas de difficultés ». Des éléments que le gouvernement italien n’a visiblement pas transmis au gouvernement français !
Pas envisageable !
Pour « parer à toute éventualité », Ségolène Royal décide d’envoyer Jason, navire de soutien d’assistance et de dépollution, accompagner le convoi le long du littoral corse. Elle annonce, également, qu’elle rencontre, l’après-midi même, à Milan, dans le cadre d’une réunion des ministres européens de l’environnement, le ministre italien de l’environnement et de la mer, Gianluca Galletti, pour lui notifier qu’en l’absence des preuves demandées, « il ne paraîtrait pas envisageable d’autoriser le départ du Costa Concordia ». Mais, ajoute, rassurante, la ministre : « Je suis certaine qu’il sera aussi soucieux que moi de préserver les côtes françaises et les côtes italiennes d’une atteinte inacceptable à l’environnement ».
Dans le même temps, elle publie un communiqué confirmant ce courrier et twitte sur son compte personnel : « Dpt pour la réunion des ministres de l'Env. à Milan. Je vais demander au ministre italien les preuves de sécurité écologique sur le Concordia ».
Prudent, Gilles Simeoni, qui attend le résultat de cette entrevue, avertit la ministre qu’il « se réserve le droit de demander la modification du trajet ».
Ahurissant !
Ce qui est le plus ahurissant dans cette affaire, c’est que le gouvernement français ne soit au courant de rien ! Si Ségolène Royal a besoin de demander tant de précisions à son homologue italien, c’est qu’à priori elle ne doit en disposer d’aucune. Comment cela est-il possible alors que l’opération menace directement un littoral français ? Mais, comme ce littoral français est corse, doit-on parler d’ignorance, d’oubli ou d’indifférence ? Malgré la prompte réponse de la ministre de l’Ecologie qui semble avoir pris la mesure du problème, on est en droit de s’interroger. Si le maire de Bastia n’avait pas réagi et tiré la sonnette d’alarme, il semblerait bien que le remorquage périlleux du Costa Concordia se serait effectué dans l’indifférence générale ! Cet oubli s’agglutinant à tant d’autres, notamment à la manière dont le gouvernement a si bien ignoré la Corse lors du récent conflit de la SNCM, pose, une fois de plus, question et fait, une fois de plus, comprendre aux Corses qu’ils doivent, d’abord et avant tout, compter sur eux-mêmes !
N.M.
Un silence incompréhensible
Devant le manque de communication du gouvernement et l’absence de concertation avec les élus, ce dernier décide, il y a quelques jours, d’interpeller, par courrier, Ségolène Royal pour obtenir des réponses claires et précises. « J’ai fait un courrier à Ségolène Royal pour constater que, de façon incompréhensible et inacceptable, les Corses et leurs élus n’ont été ni informés, ni consultés sur le projet de remorquage du Concordia et le trajet emprunté par l’épave. Nous n’avons aucun élément objectif, ni aucune certitude sur les risques éventuels de pollution et le degré de dangerosité de l’épave alors qu’un rapport de l’armateur précise que des pollutions par hydrocarbure ne peuvent être exclues. Le trajet envisagé par le consortium chargé du remorquage et le gouvernement italien fait passer l’épave le long du canal de Corse, de la Plaine orientale jusqu’au Cap Corse dans le périmètre du futur parc marin. Il fait peser sur la Corse un risque de pollution majeur. J’ai, donc, demandé au gouvernement de prendre toutes les mesures qui s’imposent », explique-t-il.
Le buzz des réseaux sociaux
Cet appel de Gilles Simeoni est largement diffusé, relayé et soutenu par les réseaux sociaux. L’opinion publique s’émeut de l’affaire. Et, tout en saluant l’initiative du maire de Bastia, s’étonne, avec lui, d’une telle situation et du flou l’entourant.
Enfonçant le clou, Jean-Christophe Angelini dépose au nom du groupe Femu a Corsica, à l’Assemblée de Corse, une motion qui sera examinée lors de la session de juillet qui se tient ces deux jours. Cette motion, qui s’appuie sur les remarques et les inquiétudes avancées par le maire de Bastia, réclame la fourniture par le gouvernement italien du rapport relatif à cette opération, une vigilance extrême au regard des enjeux environnementaux et toute la lumière sur les conditions du remorquage (cf ci-joint).
Des exigences communes
Mercredi, profitant d’une réunion de travail des maires de Haute-Corse sur le PADDUC (Plan d’aménagement et de développement durable de la Corse), Gilles Simeoni propose à ses homologues nordistes de voter une nouvelle motion commune. « Pendant cette réunion, nous avons parlé de développement durable, d’espaces naturels remarquables et de réserves terrestres et marines. J’ai saisi l’occasion pour faire remarquer qu’il est, quand même, paradoxal que l’on demande à la Corse de réfléchir sur sa stratégie de développement en lui imposant, dans le même temps, sans concertation, des décisions qui peuvent avoir un impact négatif avéré sur le devenir de son patrimoine écologique et, donc, économique. Il y a eu un consensus des maires participants pour rédiger une motion ». Cette deuxième motion, adoptée à l’unanimité, reprend les termes de la première et exige, de la même manière, des informations incontestables sur les risques de pollution et la prise de toutes les mesures utiles, y compris jusqu’à la modification du trajet. Elle sera transmise au gouvernement.
Réponse ministérielle
« Au moment où nous rédigions, avec les maires, cette motion, Ségolène Royal m’a téléphoné. Elle m’a demandé de faire état de la teneur de notre entretien téléphonique aux maires. Ce que j’ai fait. Elle m’a dit qu’elle se préoccupait, sans délai, de ce dossier et m’a annoncé qu’elle me faisait parvenir sa réponse par courrier », indique l’élu nationaliste.
Dans ce courrier immédiatement rendu public sur le site du ministère de l’écologie (cf ci-après), Ségolène Royal exige de l’Etat italien « la preuve écrite et incontestable du pompage complet des réservoirs d’hydrocarbures ». Une garantie officielle bien difficile à donner vu que l’armateur, lui-même, avoue que les cales de l’épave ne sont pas entièrement vidées ! La ministre demande également « la preuve de l’absence de risques liés aux autres substances dangereuses : frigorigènes et lubrifiants résiduels », leur nature, leur quantité et leur confinement. Ainsi que l’itinéraire précis du remorquage de l'île de Giglio au port de Gènes, un trajet qui n’a, pour l’instant, pas été communiqué à l’Etat français par le consortium américano-italien Titan Micoperi, chargé de l’opération. Un flou que la ministre juge « inacceptable » avant de demander « des garanties sur les moyens d’accompagnement mis en place par les autorités italiennes en cas de difficultés ». Des éléments que le gouvernement italien n’a visiblement pas transmis au gouvernement français !
Pas envisageable !
Pour « parer à toute éventualité », Ségolène Royal décide d’envoyer Jason, navire de soutien d’assistance et de dépollution, accompagner le convoi le long du littoral corse. Elle annonce, également, qu’elle rencontre, l’après-midi même, à Milan, dans le cadre d’une réunion des ministres européens de l’environnement, le ministre italien de l’environnement et de la mer, Gianluca Galletti, pour lui notifier qu’en l’absence des preuves demandées, « il ne paraîtrait pas envisageable d’autoriser le départ du Costa Concordia ». Mais, ajoute, rassurante, la ministre : « Je suis certaine qu’il sera aussi soucieux que moi de préserver les côtes françaises et les côtes italiennes d’une atteinte inacceptable à l’environnement ».
Dans le même temps, elle publie un communiqué confirmant ce courrier et twitte sur son compte personnel : « Dpt pour la réunion des ministres de l'Env. à Milan. Je vais demander au ministre italien les preuves de sécurité écologique sur le Concordia ».
Prudent, Gilles Simeoni, qui attend le résultat de cette entrevue, avertit la ministre qu’il « se réserve le droit de demander la modification du trajet ».
Ahurissant !
Ce qui est le plus ahurissant dans cette affaire, c’est que le gouvernement français ne soit au courant de rien ! Si Ségolène Royal a besoin de demander tant de précisions à son homologue italien, c’est qu’à priori elle ne doit en disposer d’aucune. Comment cela est-il possible alors que l’opération menace directement un littoral français ? Mais, comme ce littoral français est corse, doit-on parler d’ignorance, d’oubli ou d’indifférence ? Malgré la prompte réponse de la ministre de l’Ecologie qui semble avoir pris la mesure du problème, on est en droit de s’interroger. Si le maire de Bastia n’avait pas réagi et tiré la sonnette d’alarme, il semblerait bien que le remorquage périlleux du Costa Concordia se serait effectué dans l’indifférence générale ! Cet oubli s’agglutinant à tant d’autres, notamment à la manière dont le gouvernement a si bien ignoré la Corse lors du récent conflit de la SNCM, pose, une fois de plus, question et fait, une fois de plus, comprendre aux Corses qu’ils doivent, d’abord et avant tout, compter sur eux-mêmes !
N.M.
Le Tweet de Ségolène Royal
Extrait du courrier de Ségolène Royal à Gilles Simeoni
Motion déposée par Femu a Corsica
« Considérant la traversée du 13 janvier 2012, au cours de laquelle le Costa Concordia, transportant plus de 4000 croisiéristes de 60 nationalités différentes et un millier de membres d'équipage, a heurté un rocher à proximité de la petite île du Giglio, située dans un archipel toscan protégé, provoquant la mort de 32 personnes,
Considérant la dérive finale du navire, venu s’échouer à moins de 50 mètres du rivage,
Considérant, deux ans et demi après son naufrage, la remise à flot du Costa Concordia prévue pour le 21 juillet 2014, avec un remorquage de quatre jours en direction de Gènes afin d’être démantelé,
Considérant les paramètres, essentiellement économiques, ayant conduit à pareille option,
Considérant le fait que le port de Piombino, en face de l'île d'Elbe, (et donc bien plus proche) n'a pas été choisi car non encore équipé pour achever, dans des délais assez rapides pour Costa, un chantier de démantèlement aussi important,
Considérant que l'épave devrait passer à 25 km de la Corse,
Considérant que la presse nationale et internationale évoque l’existence d’un rapport interne de l'armateur Costa, selon lequel le transfert du paquebot Concordia de l'île du Giglio vers Gênes pourrait engendrer une pollution en hydrocarbures de l’ordre de plusieurs centaines de tonnes,
Considérant les réserves particulièrement sérieuses sur cette opération émises par des Organisations réputées pour leur expertise (Greenpeace et Legambiente notamment),
L’Assemblée de Corse
Réclame que le rapport de Costa, relatif à cette opération, soit fourni aux élus de l’Assemblée de Corse.
Attend de l’ensemble des autorités engagées, publiques comme privées, une vigilance extrême, au regard des enjeux environnementaux.
Demande que toute la lumière soit faite sur les conditions de ce remorquage, de façon à circonscrire toute opération comparable à l’avenir, en disposant en amont de l’ensemble des informations utiles ».
Considérant la dérive finale du navire, venu s’échouer à moins de 50 mètres du rivage,
Considérant, deux ans et demi après son naufrage, la remise à flot du Costa Concordia prévue pour le 21 juillet 2014, avec un remorquage de quatre jours en direction de Gènes afin d’être démantelé,
Considérant les paramètres, essentiellement économiques, ayant conduit à pareille option,
Considérant le fait que le port de Piombino, en face de l'île d'Elbe, (et donc bien plus proche) n'a pas été choisi car non encore équipé pour achever, dans des délais assez rapides pour Costa, un chantier de démantèlement aussi important,
Considérant que l'épave devrait passer à 25 km de la Corse,
Considérant que la presse nationale et internationale évoque l’existence d’un rapport interne de l'armateur Costa, selon lequel le transfert du paquebot Concordia de l'île du Giglio vers Gênes pourrait engendrer une pollution en hydrocarbures de l’ordre de plusieurs centaines de tonnes,
Considérant les réserves particulièrement sérieuses sur cette opération émises par des Organisations réputées pour leur expertise (Greenpeace et Legambiente notamment),
L’Assemblée de Corse
Réclame que le rapport de Costa, relatif à cette opération, soit fourni aux élus de l’Assemblée de Corse.
Attend de l’ensemble des autorités engagées, publiques comme privées, une vigilance extrême, au regard des enjeux environnementaux.
Demande que toute la lumière soit faite sur les conditions de ce remorquage, de façon à circonscrire toute opération comparable à l’avenir, en disposant en amont de l’ensemble des informations utiles ».