Nos combats portent vos libertés. Les organisations sous-signées :
Dénoncent la continuité de la répression policière, judiciaire et financière,
véritable acharnement, sur les anciens prisonniers politiques corses. Cet acharnement se traduit par une multiplication des fichâges et procès " Fijait", " Fnaeg " et " Finiada ". Il se traduit également par une insistante politique des amendes pharamineuses et disproportionnées, véritable troisième peine après l'incarcération et l'exil...
Ces pratiques autoritaires intègrent une situation sociétale gravement frappée par un fort chômage et une galopante précarité. Elles participent à l'exclusion et à l'isolement des personnes affectées. Elles sont incompatibles avec le respect du droit et des libertés individuelles et collectives. Elles sont antinomiques avec le nouveau contexte politique corse ou des initiatives conséquentes - cessation officielle d'actions de nature armée - et des expressions démocratiques -majorité territoriale patriotique élue et renouvelée - supposent la mise en place d'un véritable processus, sans tabou aucun, faisant des corses des acteurs libres de choisir leur destin. Ce processus devant garantir, par la participation du plus grand nombre, et l'identification des causes des liens conflictuels historiques et dramatiques entre la Corse et la France, l'établissement de nouveaux rapports basés sur le respect, la réciprocité, la reconnaissance et la réparation. Dans ce processus, la question des anciens prisonniers et celle des détenus actuels se pose avec acuité. Elle peut se traduire par une cessation de toutes les formes de poursuite et une libération globale. Pour cela, et pour dire non à l'autoritarisme rampant qui sape les bases de la démocratie et qui annihilent les principes même de l'état de droit et des libertés au profit d'un arbitraire " légalisé " résolument anti social et dangereusement violent, les organisations regroupées aujourd'hui en coordination sous le thème " nos combats portent vos libertés " appelle toutes les formations et personne éprises de justice à se réapproprier l'espace public de la rue et de la mobilisation. Elles les appellent à manifester massivement le samedi 13 avril, à Bastia , 15 heures devant le palais de justice.
- Pour le respect des droits, de la justice, de la démocratie et des libertés.
- Pour l'arrêt de toutes les formes de poursuite contre les anciens prisonniers et pour une libération de tous les detenus.
- Pour l'établissement d'un véritable dialogue sans tabou, ouvert à toutes et tous, entre la Corse et la France. Pour l'établissement de nouveaux et généreux rapports.
- Pour la résolution définitive du Problème National Corse, au nom du principe international du droit des peuples à l'autodétermination.
Nos combats portent vos libertés"
La coordination a également lu une lettre ouverte adressée au président de la République
Depuis plusieurs mois, un certain nombre d'anciens prisonniers - politiques- subissent un acharnement policier et judiciaire, inaccordable avec le principe d'insertion civique, social et professionnel et incompatible avec le - nouveau -contexte politique corse marqué du sceau de l'apaisement, du dialogue et de la démocratie.
Depuis plusieurs mois une évidente obstination répressive châtie, sous maintes formes, plusieurs personnes hier détenues pour leur engagement en relation avec la situation politique corse que tout un chacun connait depuis plus de quarante ans. Cet entêtement punitif se traduit par :
- L'inscription forcée au Fichier Judiciaire Automatisé des Auteurs d'Infractions Terroristes ( Fijait ) qui oblige les femmes et les hommes concernés à justifier régulièrement leur adresse, déclarer tout changement d'adresse et tout déplacement à l'étranger.
- L'archivage systématisé au Fichier national des empreintes génétiques ( Fnaeg ) qui contraint les femmes et les hommes touchés à figurer dans une base centralisée de données consécutivement à leur engagement politique, syndical ou associatif en Corse.
- L'enregistrement immodéré au Fichier National des personnes Interdites d’Acquisition et de Détention d’Armes (Finiada) qui abaisse les femmes et les hommes affectés à ne plus pouvoir exercer une traditionnelle pratique culturelle que représente ici la chasse. A cela s'additionne le coût des pharamineuses et disproportionnées amendes financières qui démontre que après l'incarcération et l'exil, les anciens prisonniers politiques essuient bel et bien une triple peine. Cette dernière s'insérant dans une conjoncture économique et sociale gravement frappée par un fort taux de chômage ( plus de 10% ) et de précarité ambiante. La question des anciens prisonniers politiques et ce qu'ils supportent est aussi liée au sujet des détenus politiques actuels, pour lesquels, pour partie d'entre eux, peuvent s'appliquer les règles de rapprochement humain et familial, et de libération conditionnelle. Le gouvernement français - dont vous avez la tâche aujourd'hui - ne peut irraisonnablement se cacher derrière un déni de la revendication corse historiquement et dramatiquement posée. Cela suppose la mise en place d'un réel dialogue avec l'ensemble des composantes de la société corse, sans tabou aucun. Ce dialogue doit permettre, après analyse des conditions objectives des rapports conflictuels entre la Corse et la France, d'initier un tout nouvel élan démocratique susceptible de favoriser le droit des corses à être des acteurs de leur avenir pour choisir librement leur destin. Depuis quelques années, un certain nombre d'initiatives (cessation unilatérale d'activités de nature armée) et d'expressions démocratiques (élections renouvelées d'une majorité territoriale patriotique ) sont de nature à favoriser l'établissement de nouvelles relations axées sur l'échange et le respect des aspirations avancées. À ce jour, comme en témoigne - symboliquement - votre dernier déplacement présidentiel en Corse, vous avez délibérément bloqué les conditions du débat partagé nécessaire et inévitable. Aujourd'hui l'espoir s'assombrit et l'exercice d'une justice - vengeresse - alourdit un climat de plus en plus pesant. Sans justice digne de ce nom, c'est l'Etat de droit qui est bafoué, laissant alors la porte ouverte à la force, à la violence et à l'arbitraire. Les organisations et personnalités que nous représentons vous interpelle publiquement pour vous affirmez qu'il s'est encore temps de tourner le dos à cet autoritarisme rampant qui altère les principes mêmes de la République que vous êtes censé incarner, et que vous engagez avec la Corse, ses élu(e)s, sa société et toutes ses composantes civiles et citoyennes l'inévitable débat dont elle a besoin. Ce débat ne peut prendre la forme d'une fugace " Madame Corse ". Il doit engager les plus hautes instances de l'Etat dont vous avez la responsabilité pour tracer les lignes d'une feuille de route statutaire et évaluative. L'avenir et la démocratie sont à ce prix.
Pour notre part nous vous attendons sur ce terrain, celui des droits et des libertés fondamentales, individuelles et collectives pour lesquelles nous avons toujours combattu et que nous n'abandonnerons jamais face à un ordre républicain vidé de son contenu et détourné de sa vocation.
Apprenez Monsieur le Président, le sens profond du mot " libertà " en Corse.