Ce choix, chemin vers la démocratie, a été aussitôt suivi de victoires politiques d'importance et acquises démocratiquement par notre coalition Pè a Corsica avec 36% des voix en 2015 puis 57% en décembre 2017.
Pourtant au regard de ces bouleversements politiques majeurs, les principales causes du conflit subsistent encore et se sont aggravées ces derniers mois par le mépris des institutions démocratiques corses par le Président français et son gouvernement.
- Certes la Corse dispose de certaines compétences mineures mais les pouvoirs actuels de l’Assemblée de Corse ne permettent pas d’initier un véritable changement de la vie en Corse, de s'inscrire durablement dans une ère nouvelle de construction politique des institutions et des rouages de la société civile Corse.
Quatre ans après le cessez-le-feu, les prisonniers et recherchés subissent encore les conséquences du conflit. Certains sont encore sous le statut de détenus particulièrement signalés (DPS) et emprisonnés loin de leurs familles depuis vingt ans.
- Les pouvoirs actuels de l’Assemblée de Corse ne permettent pas d’initier un véritable changement de la vie en Corse.
Pourtant, au-delà de l'inscription certes symbolique de la Corse dans la Constitution française, le chemin démocratique menant d'abord à l'autonomie pleine et entière reste encombré des pièges d'un état qui doute de ses propres compétences à être acteur d'un changement majeur.
Les ministres vont et viennent, croisant au passage les pigeons et les grives, autres espèces d'oiseaux migrateurs qui viennent tous les ans en Corse puis repartent.
Ils viennent mais sans courage, Corsica libera attend autre chose de ces visites que des exercices protocolaires autour des drapeaux et des hymnes.
Alors ce courage qui semble furieusement manquer, qu’est-ce donc ? C'est comme l'avait fait Michel Rocard reconnaître le fait colonial en Corse et les désastres du colonialisme. D'ailleurs ce courage le président Macron l'a eu à propos de l'Algérie.
Lundi, la visite du prochain promeneur précèdera de peu celle du premier ministre.
Il y a 20 ans, en 1998, la question était posée au Préfet Bonnet de son départ. Nous connaissons la suite barbouzarde.
20 ans après, la question a changé.
Monsieur le Premier Ministre, devant le raz de marée démocratique, quand comptez-vous doter la Corse d'un statut fiscal adapté ?
Quand comptez-vous installer un véritable et démocratique statut de résident ?
Quand comptez-vous rendre à notre langue son droit à l'officialisation ?
Quand comptez-vous nous permettre d'être, nous-mêmes, les seuls responsables de notre terre ?
Le chemin que vous semblez enclin à emprunter ùn ci garba mancu appena et ne nous conviendra jamais.
Nous ne vous suivrons pas et ne vous laisserons pas emprunter la voie de l'immobilisme. Nous construisons un pays... pas une impasse.
Ne l'oubliez surtout pas parce que, malgré tout, l'Europe et la communauté internationale vous observent. Les choses ont radicalement changé.
Simu quì à nome di u populu, pas au nom des armes, et la légitimité d'un peuple est incontournable. Ses attentes et ses revendications ne sont ni optionnelles ni bassement négociables sur l'angle d'une table.
Nous attendons de vous que vous vous prononciez dès aujourd'hui pour contribuer à la mise en place sur notre terre, d'un processus politique menant à l'autodétermination que réclame son peuple.
Nous attendons un acte de courage traduit par une amnistie profitant aux prisonniers et aux recherchés.
Nous attendons la mise en place du transfert à l'Assemblée de Corse de toutes les compétences non régaliennes nécessaires à son plein fonctionnement.
Nous attendons que nos deux peuples entrent dans une phase de construction et de consolidation de relations nouvelles basées sur autre chose que l'invective ou le mépris."