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Corti : "Università Morta" après l'occupation de la sous-préfecture


le Jeudi 4 Avril 2013 à 20:48

Jeudi, en fin de matinée, après qu'une dizaine de militants du syndicat Ghjuventù Independentista ait occupé symboliquement et pacifiquement la sous-préfecture de Corti, quatre militants ont été interpellés manu-militari, alors qu'ils attendaient un entretien avec le sous-préfet. Venus revendiquer et demander des réponses aux dossiers en cours, que sont la statut fiscal, les réformes concernant la Corse et aussi le statut de co-officialité des langues, les quatre militants du groupe, tous âgés d'environ vingt ans, se sont vu passer les menottes et transférés à la gendarmerie d'U Borgu, près de Bastia. Après l'intervention d'élus locaux, du président de l'Università et des autres syndicats, l'Università a été bloquée, et les militants ont finalement été relâchés en fin d'après-midi.



Corti : "Università Morta" après l'occupation de la sous-préfecture
Il était neuf heures. Les militants du syndicat nationaliste Ghjuventù Independentista (issu de la scission récente au sein de la Cunsulta di a Ghjuventù Corsa) s'étaient donné rendez-vous devant la sous-préfecture de Corti, afin de demander à être reçus par le sous-préfet. Après avoir accroché des banderoles et distribués quelque tracts aux passants, les étudiants ont été accueillis dans le sas des locaux, afin de demander un entretien avec les autorités présentes.
"Nous sommes venus seulement avec nos revendications et nos banderoles, explique Petrantone Vesperini, membre du syndicat présent sur place. A notre arrivée, tout s'est bien passé dans un premier temps. Nous sommes rentrés dans la cour intérieur, et avons demandé audience. Là, des gendarmes sont venus nous voir, et ont demandé que quatre personnes seulement restent dans l'enceinte, et puissent obtenir l'entretien demandé. La négociation se passait bien. Puis soudain, la porte du sas s'est brutalement refermée devant nous, qui étions du groupe des militants censés rester hors des lieux. Les quatre autres se sont retrouvés aussitôt enfermés dans l'enceinte, sans que nous puissions voir ce qu'il s'y passait."

"On n'a pas compris d'où ils venaient"

L'occupation, au départ pacifique, va alors se transformer en véritable pugilat, et les forces de l'ordre vont intervenir, empêchant même les journalistes présents sur place, à savoir Roger Giordano (CNI) et Noël Kruslin (Corse-Matin Corti) de faire leur travail et de prendre clichés et vidéos.
"A ce moment-là, on a commencé à entendre des échanges de coups très violents. Lorsque nous avons réussi à nous hisser sur le mur d'enceinte pour voir ce qui se passait, nous avons vu une vingtaine de gendarmes mobiles molester violemment nos amis, âgés tous plus ou moins de vingt ans. Pour autant, nos militant n'ont opposé pratiquement aucune résistance, poursuit P. Vesperini. Par la suite, des gendarmes sont arrivés et se sont postés devant les grilles. Ils ont empêchés les journalistes de Corse-Matin et de Corse Net Infos de recueillir certains éléments, et de prendre des photos. Ils ne voulaient rien communiquer".
 
Interpellation et transfert à Borgu
"On a essayé de rentrer dans le sas, mais la porte ne s'ouvrait pas. Après que les gendarmes présents devant les grilles nous aient repoussé, des voitures sont arrivées et ont emmené les militants, dont certains avec le visage couvert. Nous avons appris par la suite que l'un d'eux avait les dents cassées !, s'indigne le jeune militant. De plus, il faut savoir que les militants n'ont causé aucun dégât matériel, mais les gendarmes ont tout de même relevé deux tables renversées...pourtant, aucun militant n'est rentré dans les bureaux", conclut Petrantone Vesperini.
Placés dans un premier temps en garde à vue à la gendarmerie d'U Ponte à a Leccia, les quatre syndicalistes ont ensuite été transférés à celle d'u Borgu. 

Arrivées d'élus, rassemblement puis libération

Après le départ du convoi qui accompagnait les jeunes hommes, des élus de l'Assemblea di Corsica, entre autres l'élue Corsica Libera Josepha Giacometti, et le président du Cunsigliu di a Lingua Corsa Pierre Ghiongha, ont à leur tour demandé audience (acceptée cette fois) avec les autorités, dans un but de comprendre et d'apaiser. Accompagnés par le président de l'Università, Paul-Marie Romani, la délégation est ressortie des locaux dans l'après-midi. 
Des vidéos de ce qui s'est passé dans le fameux sas ont été prises avec des téléphones mobiles, par les militants restés hors des murs. Les élus présents en ont d'ailleurs pris connaissance avant leur entretien avec le sous-préfet de Corti.
Peu de temps après les faits, les deux autres syndicats que sont la Ghjuventù Paolina et la CGC se sont liés pour, dans un premier temps, montrer leur solidarité avec les interpellés, mais aussi évacuer puis bloquer l'entièreté de l'Università, en signe de protestation. 
Par la suite, un rassemblement de soutien a été organisé devant le camp militaire de Borgu, où étaient détenus les interpellés. De nombreux communiqués de soutien ont afflué de la part notamment du PNC Ghjuventù, de Ghjuventù Tocca à Noi, Ghjuventù Arrita, de Corsica Libera et d'U Rinnovu. Finalement, les quatre militants ont été tous relâchés vers 20h30. Des suites sont à prévoir dans les jours à venir…

Réactions

Corsica Libera et Sulidarità
"Ce matin, des militants de Ghjuventù Indipendentista occupaient les locaux de la sous-préfecture de Corti en vue d’interpeller les représentants Etat français sur l’avancement de dossiers qui aujourd’hui font l’objet d’un large consensus au sein de la société corse : réforme institutionnelle, statut fiscal corse, officialité etc. Ils reçurent pour seule réponse l’intervention, absurde et totalement disproportionnée, de plusieurs fourgons de gendarmerie. Quatre d’entre eux sont pour l’heure toujours entendus au camp militaire d’U Borgu. Les débats actuellement en cours dans notre pays doivent irriguer l’ensemble de la société corse. En ce sens, la mobilisation de Ghjuventù Indipendentista nous paraît saine et légitime. "

Rinnovu naziunali
"Rinnovu naziunali apporte son soutien aux Jeunes Indépendantistes qui ont occupé la sous-préfecture de Corti afin de demander des comptes à l'Etat sur sa négation des droits linguistiques du Peuple corse. Alors que les élus corses, en phase avec la société corse comme le démontre le succès de la manifestation de" Parlemu corsu", se  prononcent démocratiquement pour la cooficiallité de la langue Corse, la non-ratification par le Gouvernement de la charte européenne des langues minoritaires est à la fois une trahison et un mépris. En France, la technostructure commande avec le Conseil d'Etat et le Conseil constitutionnel. L'archaisme français devient insupportable et la combativité de la Jeunesse est légitime. Ce reniement de l'Etat sur la signature de la charte est annonciateur d'un blocage général, par conséquent  le mouvement naioinal  et le  peuple corse sont interpellés dans leur ensemble."