La ministre de l'écologie et de l'environnement, Ségolène Royal, sur le port de Bastia.
S'il y a quelque chose que Ségolène Royal maîtrise, c'est bien son image et sa communication. L'opération du remorquage du Concordia était une occasion trop belle pour qu'elle la laisse filer. C'est face à toute la presse nationale conviée et à quelques représentants de la presse locale, qui ont eu droit au reliquat des strapontins, qu'elle a fait son show. Comme Corse Net Infos n'a bénéficié ni des faveurs ministérielles, ni de celles de la préfecture et n'a pu suivre la ministre à bord de la vedette de gendarmerie, la Jonquille, qui emmenait le pool sélectionné jusqu’au navire de dépollution de la marine française, le Jason, vous n'aurez pas droit à un vrai reportage photos ou vidéos. Ce mépris des médias corse n'est, malheureusement, que le scénario habituel des visites ministérielles et présidentielles dans l'île. Scénario auquel la ministre de l'écologie et de l'environnement, Ségolène Royal, n'a pas dérogé, malgré l’intervention insistante des élus bastiais en faveur de la presse locale.
Le crash en vedette
Déjà que la visite était mal ficelée ! La presse a piétiné plus d'une heure sur le môle Nord du port de commerce de Bastia à attendre une conférence de presse, annoncée depuis Paris à la dernière minute et qui finalement n'a, à proprement parler, pas eu lieu. Les médias nationaux, bien plus préoccupés du crash de l’avion algérien, ont immédiatement saisi l’opportunité de recueillir la réaction de la ministre qui a délivré son discours sans qu’il soit possible de poser des questions. Ségolène Royal a, ensuite, embarqué sur la Jonquille, accompagnée du préfet de Haute-Corse, Alain Rousseau, et de quelques élus insulaires : le député Sauveur Gandolfi-Scheit, le président du Conseil général, Joseph Castelli, et le conseiller exécutif, président de l’Office de l’environnement, Pierre Ghionga. La ministre a, enfin, rejoint Jason, le navire de dépollution de la marine nationale, ancré à 10 milles des côtes corses pour surveiller de loin, à la lisière des eaux territoriales françaises, le remorquage du Concordia.
La mobilisation corse
Les autres élus insulaires, groupés autour du maire de Bastia, Gilles Simeoni, ont préféré embarqué sur le chalutier de Gérard Romiti, le patron des pêcheurs régionaux et nationaux. Avec également à bord la 1ère adjointe, Emmanuelle de Gentili, des élus de la majorité municipale, des conseillers territoriaux de Femu a Corsica, le conseiller général François Orlandi et le président de l’association des maires 2B, Pierre-Marie Mancini. Ils ont rejoint d’autres flottilles au large de Capo Sagru avant de suivre, de loin aussi, l’épave du Concordia. Puis, les cinq élus précités sont montés à bord du Jason où Gilles Simeoni a offert, à Ségolène Royal, la bandera, le drapeau corse à tête de maure.
Le parc marin du Cap
Ségolène Royal a visité le navire de dépollution et longuement écouté les explications techniques avant de reprendre la Jonquille, en fin d’après-midi, et regagné le port de Bastia où elle s’est rendue à pied à la Préfecture. Son séjour en Corse se prolongera jusqu’à samedi. Vendredi matin, elle sera accueillie en mairie avant d’installer le Comité de pilotage de la mission d’étude du parc naturel marin du Cap Corse. L’après-midi, toujours sur la Jonquille, elle fera le tour des îles Finocchiarola et de la Giraglia avant d’achever sa visite sur la plage de Tamarone.
Au final, l’opération de remorquage de l’épave, par temps et mer calmes, avec un luxe de moyens déclenchés par la mobilisation insulaire et la pression ministérielle et médiatique, qui lui a succédée, semble se poursuivre sans problème, ni fuite d’hydrocarbures apparents. Si l’opération est, pour l’instant un succès, sa récupération politique est tout aussi fructueuse.
N.M.