Peu importe les arrangements sous la table, à renifler les moquettes d'une conspiration tricolore sans identité. Peu importe la défaite qui, finalement, n'en est pas une.
Nous avons gagné.
Nous avons gagné par les poumons d'un peuple debout, nous avons gagné par le son des voix qui unissent les hommes autour d'un Diu Vi Salvi Regina transpiré par toute une terre, qu'elle soit exposée côté Sud ou côté Nord.
Nous avons gagné l'exemplarité d'être unis, enfin.
Nous avons gagné, sans contestation aucune, le bonheur de voir flotter les drapeaux de l'unité sur les façades de nos rivages.
Nous avons gagné la plus belle des victoires, celle de constater la joie et la fierté dans les yeux de nos enfants. La synchronisation d'un battement par un même rythme, celui de la volonté à dire qui nous sommes. La machine de guerre du Qatar n'avait sans nul doute besoin de l'armement lourd de la Ligue pour mener bataille contre un peuple bleu qui n'avait que ses tripes pour seules munitions, ses tripes et sa folle envie d'apporter un peu plus de chaleur à son île.
Pourtant, nos cœurs sont brûlants, même après cette mascarade bleue, blanche, et rouge. Il paraît que les injustices rapprochent les hommes, nous avons mille et une excuses pour être soudés. Lorsque les sbires se lient entre eux, les tâches deviennent compliquées, plus qu'elles ne le paraissaient auparavant. Nous savions que tout était joué d'avance, comme on triche en mélangeant les cartes, pour offrir les meilleurs atouts à celui qui nous promet un avenir serein, peu importe la beauté du geste, ce qui prime à la fin, c'est l'odeur des billets.
Et si le Qatar en regorge, la Ligue en raffole. Nous n'avions rien à offrir, mais nous avons tout de même régalé la France entière d'une théatralisation de haut vol. Celle du président de la Ligue, Frédéric Thiriez, qui, par dégoût des Corses, ou par peur, a décidé de changer le protocole habituel pour ne pas venir saluer les onze guerriers bastiais.
L'image est forte. Là encore, nous avons gagné. Nous avons gagné en lui offrant la palme du râteau d'or, lorsque à la remise des médailles de seconde zone, presque tous sont passés sous son nez, sans même un regard.
L'occasion d'emprunter ce podium était quand même trop belle à saisir pour lui infliger, sans que cette fois-ci, il ne puisse détourner son regard, une quinzaine de tee-shirts floqués par un très fort ''Pas de match le 5 Mai'', comme ultime revendication.
Et si l'animal bleu était blessé, il a montré ses dents, avant de partir, dignement.
Nous avons gagné par l'esprit, par la force et par le socle que nous solidifions un peu plus chaque jour.
Aucun adversaire ou même ennemis ne pourra jamais se mesurer à la férocité d'un peuple adoré qui il est, jamais.
Nous avons gagné.