Corse Net Infos - Pure player corse

Cullitivu Prubià Porto Vivu : "Les Corses pérenniseront et développeront les lignes avec la Sardaigne"


Marilyne SANTI le Lundi 9 Mars 2015 à 13:10

La réunion publique de Santa Lucia di Tallà organisée par le Collectif "Prubià Portu Vivu" a réuni quelques 120 personnes qui ont participé à un débat sur l’éventuelle disparition de la ligne maritime sur la Sardaigne. Une hypothèse qui n’est nullement envisagée par le collectif et qui se battra jusqu’à ce qu’elle soit officiellement maintenue. Le directeur de CMN Victor Castellani c’est d’ailleurs engagé à maintenir la ligne jusqu’au 30 septembre 2015. Le collectif a répondu aux questions de CNI.



Cullitivu Prubià Porto Vivu : "Les Corses pérenniseront et développeront les lignes avec la Sardaigne"
- Le Cullitivu Prubià Porto Vivu a organisé une grande réunion publique vendredi à Santa Lucia di Tallà. Une réunion avec beaucoup de monde semble-t-il, qui était représenté ?
- Effectivement, la réunion a connu une très bonne affluence : 120 personnes de Prubià et de la micro-région. Les représentants économiques étaient très motivés ; ils ont été rejoints par des militants de différentes organisations dont le secrétaire national des marins STC : Alain Mosconi. A signaler que Victor Castellani le directeur de la CMN ne s’est pas dérobé et a participé au débat ; il a notamment précisé que, devant l’émotion créée, sa compagnie avait décidé unilatéralement d’assurer la ligne jusqu’au 30 septembre 2015. Des élus locaux étaient présents ainsi que François Alfonsi, président de l’Alliance libre européenne, membre du PNC et ancien parlementaire européen. Naturellement, Antoine Mondoloni, président de la chambre régionale de commerce et d’Industrie a participé au débat et affirmé sa solidarité.
Les exposés ont été conscrits mais denses : agent portuaire (éléments techniques), agriculteurs Antoine Abatucci, transporteurs, femmes chefs d’entreprises, simples citoyens ont animé le débat. Il a été resitué dans le contexte actuel économique, très préoccupant et a permis, par un retour en arrière de bien montrer la carence totale de l’Etat concernant la desserte maritime de la Corse. Il a été déploré l’inertie de l’Office des transports qui a manifesté son intérêt dès lors que la mobilisation populaire était en cours.


- Quel est l’état des lieux de l’activité du port de Propriano actuellement ?
- Ces chiffres sont un récapitulatif de 2014, concernant l’activité économique du Port de Prubià.
Dans le cadre de la DSP, Prubià accueille 3 navires de la Méridionale par semaine mais dans le cadre des arrêts techniques nous passons a 2 navires et ce pendant 8 semaines.
Il a été traité 75.000 mètres linéaires de fret entre la Corse et le continent français en 2014 essentiellement des matériaux  de l'agroalimentaire et autres. A cela doit s'ajouter le transport vers la Sardaigne qui représente 32000 mètres linéaires avec 2 rotations hebdomadaires (qui sont quelquefois annulées pour des causes diverses).
Le trafic a été de 78.000 passagers toutes lignes confondues et 32.000 véhicules de tourismes; le nombre de touchées était de 249 rotations pour 2014 (il faut dans ces chiffres compter les rotations annulées pour cause de grèves, mauvais temps ou autres problèmes techniques).


- Et si la ligne sur la Sardaigne venait à disparaitre le 1er avril?
- La ligne ne disparaîtra pas le 1er avril 2015 comme cela a été précisé par la CMN ; mais il va de soi que cette hypothèse ne doit même pas être envisagée tant elle confine au défaitisme. A l’heure où tous les Pays cherchent à enrichir et à diversifier leurs relations avec le Monde, Prubià déciderait de couper l’artère nourricière qui la relie à la Sardaigne, un important marché potentiel de 1.700 000 habitants ; jusqu’à ce jour, la Corse a été incapable collectivement de travailler, de nouer des liens d’intérêts mutuels avec l’île sœur alors que cette attitude relève de l’intelligence la plus élémentaire.

- Comment avez-vous interprété le maintien de la ligne à titre provisoire ?
La CMN, qui avait prévenu les décideurs du déficit chronique de la ligne, avait jeté un pavé dans la marre, devant le mutisme de ses interlocuteurs, pour annoncer l’interruption des liaisons à partir du 1er avril 2015. Cette annonce a créé une certaine émotion ; aussitôt un « Cullitivu Prubià portu vivu » s’est créé, a mobilisé et a bénéficié de la solidarité totale du « Cullitivu Da Fà », lui-même très engagé pour la défense des intérêts économiques de la Corse. En effet, la situation se dégrade avec la menace qui pèse sur la SNCM où le conflit a déjà gravement pénalisé l’île et en particulier la saison estivale 2014 tandis que la menace se précise pour 2015.
Nous pensons que notre irruption publique dans ce dossier a été à l’origine de la réaction modeste de l’OTC. A noter que l’Etat est totalement muet sur le sujet.


- Des décisions ont-elles été prises quant aux actions à venir ?  
Naturellement la sensibilisation va se poursuivre et la solidarité s’élargir. Nous n’allons assister, passifs et impuissants, au naufrage de la Corse. Nous alertons toutes les forces vives, les élus de l’île pour qu’ils se joignent à la protestation. Une question orale sera posée à l’Assemblée de Corse.
En effet, la Corse a atteint un point de non-retour : ou elle se mobilise pour chercher une large unité sur une plateforme revendicative et politique, ou elle perpétue ses divisions, faisant ainsi le deuil du droit imprescriptible du peuple corse à vivre sur sa terre.


- Lors de la conférence de presse sur Ajaccio vous parliez d’indifférence générale de la part de la CTC, chambre de commerce, mairie de Propriano, conseil général… se sont-ils à ce jour manifesté ?
- Le constat est d’évidence : trop d’indifférence est manifeste ; cette apathie doit nous inciter davantage à accroître la sensibilisation et la mobilisation. Le problème du port de Prubià est révélateur du mépris, de l’Etat notamment, à l’égard de la Corse et de la passivité de trop nombreux compatriotes.

- Vous pensez que la traversée sur Marseille sera la prochaine ligne à supprimer après celle de la Sardaigne. Pourquoi ?
- Il est certain  que quand on voit la faillite financière de la SNCM, les difficultés considérables de l’Etat et son incapacité à réagir, on craint légitimement que la politique de rigueur ne se répercute inévitablement sur la situation insulaire. Cette évolution est déjà à l’œuvre et n’appelle qu’une seule attitude : le refus et la lutte unitaires.

- Quels sont vos espoirs pour que l’échéance du 1er avril n’ait pas lieu ?
- Il n’y aura pas de poisson d’avril car les Corses vont défendre avec vigueur leurs intérêts collectifs, pérenniser et développer leurs liaisons avec la Sardaigne et la Méditerranée. Il faut insister sur l’excellente contribution au débat public de notre compatriote Henri Malosse, président du CESE sur ce sujet. Il pense que la réponse de fond est à chercher dans la mise en place d’une « véritable continuité territoriale européenne ». Alain Mosconi avec le syndicat STC avait déjà préconisé cette solution il y a quelques années.