À l’occasion de l’augmentation de capital Femu Quì, destinée à convaincre entreprises et épargnants sensibles à l’investissement éthique de souscrire des actions à son capital, l’entreprise corse de capital-investissement Femu Quì propose une série de 5 monographies sur des entreprises industrielles insulaires. Contrairement à certaines idées reçues, la Corse a une tradition industrielle. Les 5 entreprises évoquées dans cette série en sont une illustration contemporaine.
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L’industrie en Corse : hommes, machines et produits | Découvrez l’action de Femu Quì
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Jean-Julien Cossu, entrepreneur quadragénaire, est un ancien ouvrier spécialisé dans le thermoformage chez Corse Composite Aéronautique (CCA). Il y est entré à 19 ans et y est resté près de 15 années. En 2004, il propose à son patron d’externaliser certaines fabrications. En d’autres termes, il souhaite créer sa propre entreprise sous-traitante de CCA. Passer d’un statut confortable d’employé qualifié et expérimenté dans une belle entreprise, à celui d’entrepreneur ayant tout à créer : il faut une sacré dose de vision et de courage. Ce sont parmi les qualités que l’on retrouve chez beaucoup d’entrepreneurs, et Jean-Julien en est un remarquable exemple. En février 2005, Performance Composites Méditerranéen (PCM) est créée.
Pour quiconque a le moral économique en berne, la visite de PCM, à Tavacu dans la vallée de la Gravona, est une prescription indispensable de médecine douce et efficace. Passée l’entrée, on est directement immergé dans la zone de fabrication. Les vastes ateliers comprennent les chaînes de montage, les cabines de peintures, les robots de découpe et un spectaculaire autoclave. La salle hermétique en surpression occupée par des personnels en combinaison blanche attire l’attention. L’ensemble constitue une sorte de fourmilière dans laquelle une multitude de personnes, souvent jeunes et de sexe féminin, est à la tâche. Chez PCM, tout le monde a le sourire, à commencer par Jean-Julien. Il salue toutes ses équipes et, en retour, chacun le salue ; ainsi que ses accompagnants.
PCM et sa filiale PMS fabriquent, directement ou via CCA, de nombreuses pièces d’avions pour Airbus, Dassault, ATR, Latécoère ou SNECMA. Le point commun de toutes ces fabrications, c’est qu’elles sont faites en matériaux composites : fibre de carbone, fibre de verre. La matière première est sous forme textile. Après découpe, moulage, cuisson, usinage, assemblage, peinture, en sortent des pièces très légères et dont la résistance mécanique est élevée et conforme aux cahiers des charges des avionneurs. Ces pièces nécessitent à la fois beaucoup de précision et de nombreuses interventions humaines, tant à la fabrication qu’au contrôle de la qualité. Certaines d’entre elles n’évoqueront pas grand-chose au commun des mortels, mais d’autres apparaîtront plus familières, comme des trappes de train d’atterrissage (Airbus 320).
Jean-Julien a créée PCM avec peu de moyens, pas mal de risque, mais de réels atouts : une collaboration étroite avec CCA, des marchés, un savoir-faire et beaucoup d’idées. Femu Quì est intervenue dès 2006 à hauteur de 120.000 euros en fonds propres pour soutenir le plan de développement de l’entreprise. Au total, 3 interventions ont lieu entre 2005 et 2012 totalisant plus de 700.000 euros de fonds injectés par Femu Quì, et ayant également permis d’amener d’autre financeurs aux tours de table successifs. En 2014, Femu Quì a entamé un cycle de sortie progressive.
Bientôt 10 ans après sa création PCM est devenue une entreprise organisée en 3 sociétés, générant 4 millions d’euros de chiffre d’affaires, employant au total 94 personnes, et installée sur 3.000 m². 100% des pièces produites quittent la Corse vers des usines d’assemblages d’avion européennes.