L'ancienne mine de Canari.
La décision a été prise, à l’unanimité, vendredi soir, en Conseil municipal. Les communes de Patrimoniu et de Barbaggio ont, d’un commun accord, décidé de porter plainte contre X pour « mise en danger de la vie d’autrui » auprès du procureur de la République de Bastia. Les deux villages sont situés sur le trajet reliant le chantier de la vallée du Fangu, d’où proviennent les déchets amiantifères, à l’usine de Canari où ils ont été déversés. Pendant plusieurs jours, tôt le matin, des camions chargés de ces déchets ont emprunté la route qui traversent les deux villages sur plusieurs kilomètres. « Des camions, chargés de sacs et de déchets amiantifères, ont traversé, à plusieurs reprises, nos communes de manière illicite, sans aucune autorisation administrative. Personne ne nous a pas prévenus de leurs passages, ni du danger sanitaire généré par ces transports. Aucune mesure de prévention n’a été prise pour protéger la population », explique Jean-Baptiste Arena, maire-adjoint de Patrimoniu.
Des cancers de la plèvre
L’amiante est un sujet très sensible pour cette commune de la Conca d’Oru qui a déjà été victime, par le passé, de dommages collatéraux liés à l’exploitation de l’usine de Canari. « L’histoire, à Patrimoniu, nous rend particulièrement sensible au risque sanitaire de l’amiante. De 1954 à 1964, notre commune était traversée par les camions qui acheminaient l’amiante de l’usine de Canari jusqu’au port de Bastia. Suite à cela, de nombreuses familles ont été touchées dans leur chair. Des gens, qui n’étaient pas fumeurs, ont été atteints du cancer de poumon et, surtout, du cancer de la plèvre qui est le cancer de l’amiante, et sont décédés quelques années plus tard. On ne voudrait pas, aujourd’hui, revivre ça parce que des entreprises s’amusent à transporter l’amiante sans aucune précaution », s'indigne-t-il.
Cette plainte s'ajoute à celle déposée par le maire de Canari pour « dépôt illégal de déchets amiantifères ». Le Parquet de Bastia a diligenté une enquête. Les responsables des entreprises de BTP incriminées seront entendus dans les prochains jours. D’autres communes traversées pourraient également saisir la justice.
N.M.