La deuxième journée des Assises de Corse-du-Sud s’est poursuivie durant toute la journée. Dans le box des accusés, Axel Bouchard n’a pas quitté le sol du regard exception faite de l’audition de son père. Vêtu d’une chemise blanche et d’un pantalon noir, il a, dans son allure d’adolescent et le regard souvent vide assisté, au passage, un à un devant la cour, des seize témoins appelés à être entendus. Joëlle Bouchard, mère du prévenu étant absente pour raison de santé ce qui suscitera un commentaire acerbe de la part de maître Stéphane Nesa, représentant la partie civile. Au premier rang, Mylène Jacquet, Mathilda Ayadat, Philippe et Dominique Torrenti, respectivement mère, sœur, frère et père de Savannah feront preuve d’une grande dignité. Pour le président, Eric Emmanuelidis et l’ensemble de la cour, il a été question, lors des différentes auditions, de déterminer avec le plus de précision possible, les faits qui se sont déroulés dans la nuit du 30 avril au 1er mai 2016 en cherchant à faire coïncider les témoignages avec les différentes dépositions. Un exercice qui ne fut pas simple.
Une relation « toxique » ?
On apprendra, ainsi, que Savannah Torrenti et Axel Bouchard avaient eu une relation d’une durée de deux ans entrecoupée de maintes séparations. Une relation que l’on peut qualifier de « toxique » avec la jalousie maladive du prévenu –suscitée ou non par la victime ?- et, au gré des témoignages, les nombreux sms reçus par cette dernière. Les témoins vont s’attacher à présenter Savannah comme une femme très gentille-trop parfois-, aide-maternelle à l’école de Mezana, une femme très proche et appréciée des enfants. Axel, lui, est présenté comme un garçon sympathique mais très jaloux, impulsif et manquant, tout comme la victime, de confiance en lui. La cohabitation entre les deux se fera avec quelques heurts mais les témoins évoqueront un grand amour entre les deux.
Des flous sur les écoutes téléphoniques
Premier temps fort de la journée, l’audition devant la cour en début d’après-midi, de la compagne d’Axel Bouchard au moment des faits. La jeune femme de 23 ans s’est attachée à reconstituer la nuit du drame évoquant l’alcool, les stupéfiants et la panique de son compagnon, en discothèque à la vue de Savannah, avec laquelle il s’était séparé une nouvelle fois. Elle présente son ex-compagnon comme un être sympathique mais en souffrance et complexé. Le soir du drame, je suis sortie fumer dehors, il avait disparu, je les ai vus tous les deux dans sa voiture, j’ignore si Savannah avait ou non le visage marqué, je voulais simplement qu’Axel rentre avec moi. » Puis, à mesure qu’elle est interrogée, le discours se fait moins précis, plus flou, notamment à l’évocation de la téléphonie et d’une conversation avec Axel Bouchard dont elle ne se souvient plus. « Une conversation de 8 minutes, s’emporte maître Nesa, vous êtes précise dans certains détails et omettez celui-ci ? Et au fil des détails qui poussent la jeune femme dans ses retranchements, elle lance en guise de défense « J’étais sous le choc ». « Sous le choc de quoi, réplique la partie civile, d’avoir vu Axel frapper Savannah ? Si vous savez des choses, c’est le moment de les dire. »
La personnalité en questions
Maître Philippe Gatti, représentant la défense, vient à la rescousse. « Nous sommes face à une aberration juridique. Savez-vous ce que vous faites ? Vous étiez en garde-à-vue et soupçonnée de non dénonciation de crime et c’est le même soupçon qui pèse aujourd’hui sur la cour. On vous accuse de cacher un crime ! Cachez-vous quelque chose ? » Non, répondra la jeune femme en pleurs. Mais à l’évidence, la partie civile a marqué des points.
Les témoins suivants qui vont se succéder à la barre, notamment les deux sœurs de l’accusé, s’attacheront à évoquer dans ce sens, la personnalité du frère. C’est Océane Bouchard qui découvre le corps sans vie de Savannah dans l’appartement d’Axel résidence Monte è Mare à 6.32 du matin. « J’ai sauté sur mon frère et je l’ai frappé, il ne comprenait rien mais moi je réalisais le drame. Cela s’est passé tellement vite, j’aurai aimé faire quelque chose. J’ai un sentiment de culpabilité, je devais sortir avec mon frère ce soir-là mais j’ai changé au dernier moment. Si j’avais été là, ils ne seraient jamais partis ensemble. Ce n’était pas mon frère ce soir-là, c’était quelqu’un d’autre… »
Puis la greffière fait entendre devant la cour, l’appel téléphonique à 6.38 de Patrick Alves de Oliveira, compagnon de Cindy Bouchard, qui prévient les pompiers du SIS. On y entend des cris. Pour les deux sœurs, il est clair que « Axel n’avait pas l’intention de tuer Savannah, nous en sommes persuadées… »
« Savez-vous que Savannah est morte par strangulation et non à la suite de coups, reprend la partie civile, strangulation, c’est-à-dire selon les experts, une pression continue durant 5 à 8 minutes… »
Le témoignage poignant de Pascal Bouchard
Enfin, Pascal Bouchard, a conclu, avant un ultime interrogatoire de l’accusé, cette journée. Un témoignage poignant pour un homme marqué par ce drame. « La seule personne à avoir évoqué la tristesse et la compassion à l’égard de la famille de Savannah, commentera maître Nesa.
« Jamais je n’aurais imaginé cela, exprime Pascal Bouchard, j’étais sous le choc. À 9.30, Cindy et Océane viennent chez moi m’apprendre le drame. Je suis monté chez mon ex-femme et Axel dormait recroquevillé, je l’ai réveillé, il ressemblait à un zombie. Je l’ai amené moi-même au commissariat. Il disait tout le temps : « Comment va Savannah, comment va Savannah ? », je n’ai pas fait ce qu’il fallait. Axel s’est renfermé dans la toxicomanie et j’ai baissé les bras. »
Après une courte pause, la cour conclut en auditionnant l’accusé. Celui-ci sera toujours aussi évasif dans ses propos. Evoquant des trous de mémoire. « Vous avez quitté le parking du Sun à 3.30 et on a un nouvel appel téléphonique à 5.07, demande maître Jean-Pierre Seffar, qu’avez-vous fait durant quasiment deux heures ? « Je ne me souviens plus », répliquera le prévenu. J’ai tellement de zones d’ombres. »
« En ôtant la vie à Savannah, n’avez-vous pas, en même temps, mis fin à la jalousie qu’elle suscitait en vous ? » commente maître Nesa
« C’est un cauchemar, répond l’accusé, « Dans ce cauchemar, vous dites que vous avez emmené Savannah à l’hôpital, ce qui est faux. Estimez-vous, ou non, avoir été maîtres de vos actes ?
Le prévenu a du mal à répondre et reste évasif. « Je ne voulais pas la tuer… »
Maître Gatti conclut en évoquant « la personnalité, la drogue, la jalousie et un enchaînement de causes qui ont provoqué ce drame ? » « Oui, répond l’accusé.
Le procès reprend ce mardi avec l’audition des experts en visio-conférence, de nouveaux témoins et l’audition des parties civiles. Mercredi sera dédié aux plaidoiries avant la mise en délibéré.
Une relation « toxique » ?
On apprendra, ainsi, que Savannah Torrenti et Axel Bouchard avaient eu une relation d’une durée de deux ans entrecoupée de maintes séparations. Une relation que l’on peut qualifier de « toxique » avec la jalousie maladive du prévenu –suscitée ou non par la victime ?- et, au gré des témoignages, les nombreux sms reçus par cette dernière. Les témoins vont s’attacher à présenter Savannah comme une femme très gentille-trop parfois-, aide-maternelle à l’école de Mezana, une femme très proche et appréciée des enfants. Axel, lui, est présenté comme un garçon sympathique mais très jaloux, impulsif et manquant, tout comme la victime, de confiance en lui. La cohabitation entre les deux se fera avec quelques heurts mais les témoins évoqueront un grand amour entre les deux.
Des flous sur les écoutes téléphoniques
Premier temps fort de la journée, l’audition devant la cour en début d’après-midi, de la compagne d’Axel Bouchard au moment des faits. La jeune femme de 23 ans s’est attachée à reconstituer la nuit du drame évoquant l’alcool, les stupéfiants et la panique de son compagnon, en discothèque à la vue de Savannah, avec laquelle il s’était séparé une nouvelle fois. Elle présente son ex-compagnon comme un être sympathique mais en souffrance et complexé. Le soir du drame, je suis sortie fumer dehors, il avait disparu, je les ai vus tous les deux dans sa voiture, j’ignore si Savannah avait ou non le visage marqué, je voulais simplement qu’Axel rentre avec moi. » Puis, à mesure qu’elle est interrogée, le discours se fait moins précis, plus flou, notamment à l’évocation de la téléphonie et d’une conversation avec Axel Bouchard dont elle ne se souvient plus. « Une conversation de 8 minutes, s’emporte maître Nesa, vous êtes précise dans certains détails et omettez celui-ci ? Et au fil des détails qui poussent la jeune femme dans ses retranchements, elle lance en guise de défense « J’étais sous le choc ». « Sous le choc de quoi, réplique la partie civile, d’avoir vu Axel frapper Savannah ? Si vous savez des choses, c’est le moment de les dire. »
La personnalité en questions
Maître Philippe Gatti, représentant la défense, vient à la rescousse. « Nous sommes face à une aberration juridique. Savez-vous ce que vous faites ? Vous étiez en garde-à-vue et soupçonnée de non dénonciation de crime et c’est le même soupçon qui pèse aujourd’hui sur la cour. On vous accuse de cacher un crime ! Cachez-vous quelque chose ? » Non, répondra la jeune femme en pleurs. Mais à l’évidence, la partie civile a marqué des points.
Les témoins suivants qui vont se succéder à la barre, notamment les deux sœurs de l’accusé, s’attacheront à évoquer dans ce sens, la personnalité du frère. C’est Océane Bouchard qui découvre le corps sans vie de Savannah dans l’appartement d’Axel résidence Monte è Mare à 6.32 du matin. « J’ai sauté sur mon frère et je l’ai frappé, il ne comprenait rien mais moi je réalisais le drame. Cela s’est passé tellement vite, j’aurai aimé faire quelque chose. J’ai un sentiment de culpabilité, je devais sortir avec mon frère ce soir-là mais j’ai changé au dernier moment. Si j’avais été là, ils ne seraient jamais partis ensemble. Ce n’était pas mon frère ce soir-là, c’était quelqu’un d’autre… »
Puis la greffière fait entendre devant la cour, l’appel téléphonique à 6.38 de Patrick Alves de Oliveira, compagnon de Cindy Bouchard, qui prévient les pompiers du SIS. On y entend des cris. Pour les deux sœurs, il est clair que « Axel n’avait pas l’intention de tuer Savannah, nous en sommes persuadées… »
« Savez-vous que Savannah est morte par strangulation et non à la suite de coups, reprend la partie civile, strangulation, c’est-à-dire selon les experts, une pression continue durant 5 à 8 minutes… »
Le témoignage poignant de Pascal Bouchard
Enfin, Pascal Bouchard, a conclu, avant un ultime interrogatoire de l’accusé, cette journée. Un témoignage poignant pour un homme marqué par ce drame. « La seule personne à avoir évoqué la tristesse et la compassion à l’égard de la famille de Savannah, commentera maître Nesa.
« Jamais je n’aurais imaginé cela, exprime Pascal Bouchard, j’étais sous le choc. À 9.30, Cindy et Océane viennent chez moi m’apprendre le drame. Je suis monté chez mon ex-femme et Axel dormait recroquevillé, je l’ai réveillé, il ressemblait à un zombie. Je l’ai amené moi-même au commissariat. Il disait tout le temps : « Comment va Savannah, comment va Savannah ? », je n’ai pas fait ce qu’il fallait. Axel s’est renfermé dans la toxicomanie et j’ai baissé les bras. »
Après une courte pause, la cour conclut en auditionnant l’accusé. Celui-ci sera toujours aussi évasif dans ses propos. Evoquant des trous de mémoire. « Vous avez quitté le parking du Sun à 3.30 et on a un nouvel appel téléphonique à 5.07, demande maître Jean-Pierre Seffar, qu’avez-vous fait durant quasiment deux heures ? « Je ne me souviens plus », répliquera le prévenu. J’ai tellement de zones d’ombres. »
« En ôtant la vie à Savannah, n’avez-vous pas, en même temps, mis fin à la jalousie qu’elle suscitait en vous ? » commente maître Nesa
« C’est un cauchemar, répond l’accusé, « Dans ce cauchemar, vous dites que vous avez emmené Savannah à l’hôpital, ce qui est faux. Estimez-vous, ou non, avoir été maîtres de vos actes ?
Le prévenu a du mal à répondre et reste évasif. « Je ne voulais pas la tuer… »
Maître Gatti conclut en évoquant « la personnalité, la drogue, la jalousie et un enchaînement de causes qui ont provoqué ce drame ? » « Oui, répond l’accusé.
Le procès reprend ce mardi avec l’audition des experts en visio-conférence, de nouveaux témoins et l’audition des parties civiles. Mercredi sera dédié aux plaidoiries avant la mise en délibéré.