À quelques jours de la plus grosse période de l’année pour les producteurs d’huîtres, la filière ostréicole française constate une baisse de la consommation depuis le début de l’année, entre 20 et 30%. Une conséquence directe “des problèmes sanitaires rencontrés par la profession l’année dernière”, selon Jeanne Muraccioli, directrice de l’étang de Diana. “Je pense qu’il y a une certaine défiance, voire méfiance, de certains consommateurs vis-à-vis des productions, et le contre-coup est arrivé cette année.”
Pour rappel, des huîtres, originaires du bassin d'Arcachon, du Morbihan, de la Manche, de Loire-Atlantique et de Vendée, avaient été contaminées fin 2023 par un Norovirus, lié au débordement des eaux usées. La Nustrale di Diana, elle, n’avait pas été concernée par cette contamination. “Étant donné que nous n’avons pas été impactés l’année dernière, les clients n’ont pas cette méfiance que peuvent avoir d’autres consommateurs sur le continent. Nous ne sommes heureusement pas concernés par cette baisse de la consommation”, précise Jeanne Muraccioli.
Autre problème responsable de cette baisse de consommation d’huîtres : la réduction du pouvoir d’achat. “Peut-être que les consommateurs consacrent moins d’argent aux fêtes de fin d’année”, s’interroge Jeanne Muraccioli. En effet, selon une enquête réalisée par Cofidis, 75% des Français se déclarent prévoyants et fixent un budget précis pour leurs achats de Noël, et 24% envisagent de moins dépenser cette année pour Noël que l’an passé. Malgré tout, le budget prévu pour les repas de fête augmente de 12€ cette année, passant de 120 à 132€. Mais pour l’étang de Diana : “Nous ne constatons pas de changement particulier chez nos clients”, déclare Jeanne Muraccioli. “Nous avons la chance d’être connus, et nous avons eu de très bonnes retombées après la foire de Bocognano où nous avons présenté nos produits. Cela présage une bonne fin d’année.”
50% des ventes annuelles en 15 jours
Avec les fêtes de fin d’année qui approchent, les ostréiculteurs entrent dans l’une de leurs périodes les plus cruciales, où près de 60% des volumes annuels sont commercialisés en deux semaines. “Depuis une dizaine d’années, nous vendons 50% de notre production annuelle en seulement 15 jours”, déclare Jeanne Muraccioli. “Cette année, nous espérons atteindre les 40 ou 50 tonnes vendues, ce qui serait honorable.” Comptez 9,50€ pour un kilo de cette variété, soit une dizaine d’huîtres, contre 10,59€ en moyenne pour une douzaine d’huîtres creuses calibre moyen, selon une étude de l’Insee.
Même si l’étang de Diana ne connaît pas de baisse de clientèle, ils rencontrent néanmoins un autre problème. “Notre difficulté, ce n’est pas de vendre, c’est surtout de produire”, lance Jeanne Muraccioli. La faute à une augmentation des prix de l’énergie, à tout l’achat de matériel nécessaire à la production, mais aussi “au réchauffement climatique”. “Depuis quelques années, nous rencontrons quelques problèmes de pousse.” Une situation qui peut s’expliquer par l'acidification de la mer qui affaiblit les huîtres, mais également au manque de phytoplanctons, la nourriture de l'huître, ce qui empêche la filiale de produire autant de quantité qu’avant.
Malgré tout, l’étang de Diana entre dès à présent dans sa dernière ligne droite de l’année. Ils espèrent, avec leurs distributeurs, que les consommateurs soient au rendez-vous, pour que les huîtres soient les reines de nos tables de fête.