La saison des champignons bat son plein en Corse, marquée par l’apparition des premières coulemelles, et les cueilleurs de l’île sont à l’affût. De la Castagniccia au Boziu en passant par le Cortenais, les coins à champignons abondent, chacun jalousement gardé par ses habitués. Cette année, les précipitations régulières et les journées ensoleillées promettent une récolte exceptionnelle, offrant aux amateurs une variété riche d'espèces locales.
Dans la région de Zalana, Michelle Pietri d’Angeli a déjà cueilli des girolles et oronges, témoignant de l’abondance des récoltes. Pour notre part, nous avons exploré les bois aux alentours de Canaglia, dans une châtaigneraie parsemée de bruyères où « les premières girolles émergent discrètement ». Le panier en osier se remplit rapidement, car les champignons, en particulier les girolles, prospèrent sous des chênes, hêtres et bouleaux. Leur arôme fruité de mirabelle et abricot sature l'air humide de la forêt, signalant leur présence. Derrière un buisson, un « tapis de chanterelles se dévoile », un trésor rare pour les mycologues amateurs.
La girolle, jaune-orangée et en forme d’entonnoir, contraste avec la fausse girolle, ou clitocybe de l’olivier, dangereuse en raison de sa toxicité et reconnaissable à son « odeur anisée » et sa couleur beige. Les cueilleurs prennent soin de couper le champignon à sa base pour favoriser une repousse future. Pour les plus chanceux, la cueillette se poursuit avec la découverte de trompettes de la mort, champignons noirs en forme de trompette, très prisés malgré leur nom peu engageant.
Le second site de notre exploration nous a menés dans la forêt de pins lariccio de Padule, propice aux lactaires sanguins et safranés. Munis de bâtons pour dégager délicatement les aiguilles de pin, nous avons découvert le lactaire sanguin, reconnaissable à sa « couleur orangée marquée de vert-de-gris », et le lactaire délicieux, plus safrané. Leur chair dense et fruitée est particulièrement savoureuse, que ce soit simplement poêlée avec de l’ail et du persil, ou conservée en bocaux, selon une méthode prisée en Corse.