En Corse, une absence record de neige

Elle fait figure de grande absente de cet hiver. Alors que les sommets sont habituellement parés d’un beau manteau blanc en cette saison, la neige se fait cette année toujours attendre. En ce début février, partout en Europe les massifs font en effet face à un important déficit neigeux tandis que les stations de ski font grise mine. Et la Corse n’échappe pas à ce phénomène. 
 
« Quand on spatialise la couverture neigeuse sur la Corse, on voit que la situation est complètement exceptionnelle parce qu’on observe pratiquement une valeur nulle sur tous les reliefs et à toutes les altitudes », indique ainsi Patrick Rébillout, le chef du centre météorologique de Corse, citant notamment à l’appui les mesures effectuées au col de Sponde, situé en 1981 mètres dans le centre de l’île, où la hauteur de neige est à valeur nulle. « On n’a jamais observé cela », souffle-t-il. La station de mesure de la Maniccia à 2360 mètres montre elle aussi des résultats étonnants. « Au 1^er février, on est à peu près à 35cm de hauteur de neige, alors que cette station a pu mesurer jusqu’à 4 mètres de hauteur de neige. Là aussi, on est sur une valeur record », dévoile le météorologue en ajoutant qu’un autre record a été observé sur l’île en ce début d’année : « L’équivalent en eau liquide du manteau neigeux entre les altitudes 1000 et 2500 m est proche de 0. Si on compare aux autres années, on voit qu’il n’a jamais été aussi bas cette année ». 
 

Une situation exceptionnelle qui s’explique par un régime de blocage anticyclonique qui stagne depuis de nombreuses semaines. « Depuis le mois de novembre on a connu peu de précipitations, et celles-ci ont eu lieu dans des températures particulièrement élevées, ce qui fait que le peu précipitations qu’on a connu ont pratiquement tout le temps été sous forme liquide, même à haute altitude », explique Patrick Rébillout en pointant des températures supérieures de +1,9°C aux normales de saison depuis le mois de septembre et un déficit de précipitations de l’ordre de 60%. 
 
De quoi déjà augurer une sécheresse importante cet été ? Pas sûr selon le chef du centre météorologique de Corse. « C’est évidemment un facteur aggravant mais tout n’est pas joué avec l’absence de neige au 1^erfévrier. Par exemple, on voit qu’en 2017 on avait un enneigement exceptionnel au 1^er février, et par contre on a eu une sécheresse tout autant exceptionnelle. Ce qui est intéressant c’est de regarder les équivalents d’eau liquide au 1^er avril, puisqu’à cette date on est sorti de ce que l’on appelle la saison de recharge qui va de septembre à mars et qui permet quand les précipitations sont suffisantes de recharger les nappes », souligne-t-il.