
En plein cœur de la saison estivale, le secteur de l'hébergement marchand – incluant hôtels, campings, et gîtes – fait face à une situation préoccupante, selon Karina Goffi, présidente de l'Union régionale des métiers et des industries de l'hôtellerie. Les données récoltées par l'Umih, basées sur les taux de remplissage des hôtels et campings affiliés, révèlent une tendance générale à la baisse par rapport à l'été 2023. En effet, à la mi-juillet, le secteur a constaté une chute de fréquentation dramatique, oscillant entre 12 % et 36 % dans certaines micro-régions comme Porto ou Corte. Cette baisse survient alors même que la capacité totale d'accueil atteint 148 035 places lorsque tous les établissements insulaires sont ouverts, hors gîtes de France. « La saison estivale, habituellement synonyme de forte affluence et de recettes importantes, tourne cette année à la désillusion pour de nombreux professionnels du secteur. La baisse du pouvoir d'achat est l'une des principales raisons de cette désertion mais pas la seule », explique la présidente de l'Umih qu'avec ses 880 adhérents peut observer les conséquences de cette crise sur le terrain.
"On a encore 20 ans de retard"
Des victimes collatérales
En effet, pour les restaurants, la saison 2024 enregistre une baisse de 10 % à 21 % par rapport à la précédente. « Quand nous faisons l'état des lieux, nous sommes forcés de constater que notre économie prend un coup. Surtout que lorsqu'un établissement ne se porte pas bien, c'est tout un réseau qui en pâtit. Blanchisseurs, boulangers, primeurs… Tous sont des victimes collatérales de cette baisse de régime », détaille la présidente de l'Umih. Face à ce constat qui s'étend bien au-delà de l'île de Beauté, la branche nationale de l'Umih a même demandé aux antennes régionales de se rapprocher des tribunaux de commerce pour connaitre la tendance. « Ça sonne rouge partout ! Les petits restaurants qui ont ouvert pendant le Covid ont dû fermer boutique et là, on va encore perdre du monde. »
"Mettre en place des tarifs différenciés pour préserver l'économie locale"
Un tourisme plus vert
Face au raz-de-marée Airbnb, quelques offres d'hébergement arrivent tout de même à garder un cap jugé « stable ». Parmi elles se trouvent les structures misant sur l'environnement et adhérant à des écolabels, qui ne font globalement pas remonter de difficultés à l'Umih. « Elles sont moins impactées parce qu'elles touchent une clientèle – souvent venue des pays du nord de l'Europe – qui vient chercher ce type de vacances raisonnées, plus en adéquation avec leurs valeurs. »
À cela s'ajoutent les clubs de vacances all-inclusive, privilégiés par les familles soucieuses de ne pas dépasser leur budget vacances. « On met un bracelet et on sait combien le séjour va nous coûter. Ça permet de s'offrir des vacances sans mauvaise surprise », conclut Karina Goffi, dubitative quant au bilan à attendre à l'issue de la saison estivale 2024.