Laurent Bertolotto (en jaune), moniteur d'escalade, JB Arena, maire-adjoint de Patrimoniu, Etienne Marchetti, maire de Barbaghju, François Tomasi, accompagnateur en montagne, et les enfants de l'école d'escalade de Bastia.
- Qu’est-ce que cette nouvelle Via Ferrata que vous avez découverte ?
- Ce n’est pas exactement une Via Ferrata. Nous avons trouvé sur la commune de Barbaghju, à la Serra di Pigno, un rocher qui se prête à l’équipement d’un site naturel d’escalade. Ce rocher, appelé A Serra, se trouve à 10 minutes de marche de la route montant au relais de télévision du Pigno. Il comporte, à l’arrière, une face Nord de 50 mètres de hauteur. Il est équipé tout autour avec des voies tracées pour l’escalade et des points ancrés dans la roche pour sécuriser l’ascension.
- Qu’a ce site de particulier ?
- Depuis plus d’une vingtaine d’années, aucun nouveau site d’escalade conventionné n’a été découvert et ouvert dans la région de Bastia. Les sportifs empruntent toujours les mêmes voies et finissent pas s’en lasser. La particularité de ce site est qu’il est tout neuf. Il comporte une trentaine de voies inédites que personne ne connaît. Cela va nous permettre de changer de style et de mouvements. Il a, aussi, été équipé de façon à permettre des manipulations pratiques pour aller, ensuite, en montagne.
- C’est-à-dire ?
- Nous avons équipé le site de façon à pouvoir préparer les jeunes et les moins jeunes à, s’ils le désirent, plus tard, partir, en toute sécurité, en montagne pratiquer toutes les activités possibles.
- Combien y-a-t-il de sites conventionnés sur Bastia ?
- Il y en a quatre autour de Bastia : un du côté de Patrimoniu, un près du canon au Col de Teghime et un autre sous le canon, enfin celui que nous venons d’ouvrir à Barbaghju. Les sites conventionnés sont des sites répertoriés où les propriétaires acceptent qu’on y pratique l’escalade. Sur l’île, on compte une vingtaine de sites répertoriés.
- La Corse étant une montagne dans la mer. Pourquoi y a-t-il si peu de sites conventionnés ?
- Le souci est de trouver des endroits accessibles, où l’on peut facilement garer la voiture et pratiquer sans gêner les propriétaires. Souvent, les sites potentiels sont privés et les propriétaires ne veulent personne sur leur terrain. Ensuite, le grimpeur a, parfois, tendance à être trop personnel et à équiper un site pour son propre usage, pas pour celui des autres. Il faut, donc, trouver des moyens financiers et des volontés pour équiper le site. Je tiens à remercier, à ce propos, le maire de Barbaghju, Etienne Marchetti, la CTC (Collectivité territoriale de Corse) et le club alpin français au niveau national pour leurs subventions et la société Climb Elagage pour le prêt de matériels.
- Que posez-vous comme équipements sur un rocher ?
- Avec une perceuse, on perce la roche. Dans le trou, on y rentre, entièrement, des vis de 10 cm de longueur. Grâce à un système particulier de serrage, les vis ne peuvent plus être sorties. Avec des mousquetons, on y accroche la corde, ce qui va empêcher, en cas de chute, le grimpeur de tomber de haut. Il ne peut, ainsi, faire que des petites chutes. En haut de la paroi est fixé un relais, c’est-à-dire deux points d’attache qui résistent à une pression de 5 tonnes. Là, le grimpeur peut se suspendre et redescendre tranquillement la paroi en sens inverse.
- La hauteur de 5 mètres est-ce une hauteur ordinaire ?
- Non ! Un site peut faire 10 mètres de haut, voire 30 ou 40 mètres. La hauteur n’est pas essentielle. Le site de Barbaghju permet de faire plusieurs longueurs d’affilée, c’est-à-dire trois voies. Quand on part du bas de la paroi, on monte une longueur, on s’arrête, on repart pour en faire une seconde, on s’arrête encore avant de repartir pour en faire une troisième.
- Quel est le plus intéressant : la longueur ou la difficulté ?
- Les deux ! Mais, le plus intéressant est de changer de style de rocher, ce qui va permettre de changer de style de mouvements. La roche est sédimentaire, calcaire, mais aussi volcanique, c’est-à-dire très dure, donc très solide, mais plus difficile à percer. Le grain et la forme du rocher sont importants. La forme du rocher détermine les difficultés d’escalade et le grain agit sur le toucher. Un rocher peut être granuleux, lisse ou très lisse comme le marbre.
- Ce site est-il déjà ouvert ?
- Oui ! Nous l’avons bien équipé, il y a plus d’un mois. Désormais, il est ouvert à tout le monde et toute l’année. Les gens, qui ont le topo et une formation, peuvent venir seuls, mais comme le rocher est tout neuf, il est impératif de porter un casque. Même s’il y a eu un gros travail de nettoyage, un rocher, en falaise, est toujours voué à tomber. Enfin, on ne fait pas d’escalade sans avoir reçu, au préalable, une formation. Nous en dispensons une sur le mur artificiel du Fango à Bastia. Ensuite, les gens peuvent pratiquer, tous seuls, sur une falaise naturelle. Le but de la formation est de les rendre autonomes.
Propos recueillis par Nicole MARI
Club alpin français de Haute-Corse
BP 611 Lupino Bastia Cedex
Renseignements : 06 11 81 13 75