Homme sympathique, de contact, et plein d’humour, Thomas Chabrol, réalisateur-acteur est arrivé ce mercredi midi sur le festival et nous a consacré un - long - temps pour échanger et nous parler de l’enfant « Chabrol / Audran » qu’il est dans l’âme mais aussi de la raison de sa présence sur le festival, juste avant de rejoindre tous les membres du jury pro et faire connaissance avec les jeunes du Jury étudiant.
« J’ai un 1/8ème de sang corse », nous confie-t-il. Sa grand-mère est née au village de Tolla où est d’ailleurs enterrée sa mère Stéphane Audran, décédée il y a an. Il s’appelle Thomas Chabrol, « un gars qui joue la comédie », dit-il d'un ton amusé. « J’ai eu ce qu’on appelle une bonne pioche. Mon père est Claude Chabrol et ma mère Stéphane Audran. »
La vie avec vos parents, comment était-ce ? :
« Mon père a toujours beaucoup travaillé sans en avoir l’air. Il faisait jusqu’à trois films en 18 mois, je baignais dans un rythme tel qu’à la maison il y régnait une certaine effervescence : un film en écriture, un film en montage et un film en tournage. Vivre avec eux, c’était aussi vivre leur métiers. Et puis comment les voir autrement ?»
Vous êtes acteur et réalisateur, une voie toute tracée ?
« Les deux choses que je savais faire étant jeune, c’était jouer et dessiner. Les deux ne me paraissaient pas d’ailleurs être un travail. Certains travails passionnants font qu’on n’a pas l’impression de travailler. J’ai commencé par tourner étant enfant, des figurations, puis dans des courts-métrages et enfin un premier long métrage avec mon père en 1976 dans Alice ou la Dernière Fugue. Nous avions ainsi de quoi parler en famille le dimanche ! Ma sœur est pareille, elle a d’ailleurs fait un superbe documentaire sur notre père qui est passé sur Arte dimanche. »
L’histoire en image, des souvenirs, qu’est-ce que ça vous fait ? :
« On a une veine formidable. Les images qui synthétisent nos souvenirs, ont été réalisées par les médias, par l’INA, les films, les photos sont une trace… En deux clics, les souvenirs sont là presque intactes. Découvrir mon père à 30 ans, qui bouge, bien filmé avec une belle lumière, avec image restaurée, c’est magnifique. À chaque fois, que je revois un film, c’est comme la Madeleine de Proust : je me rappelle instantanément des instants qu’on a passé sur le tournage. Il y a tout un tas de choses qui sont imprimées. Je me souviens que le maire du village de Tremolat en Dordogne, donnait une petite fête pour toute l’équipe, tout le monde était alcoolisé. Lors de la séquence de tournage, je ne sais pas si vous vous souvenez du film « Le Boucher », dans les grottes … sur cette séquence, mon père était donc « cuit ». La scène où Melle Hélène emmène ses élèves et le cadavre de la jeune mariée est découvert, dont le sang goutte sur la tartine de la petite fille, cette séquence-là, il se trouve que mon père était incapable de bouger. Il a dirigé la scène en surface dans la 404 de l’assistant qui faisait pour sa part « le chameau coureur » pour guider un peu la mise en scène. Il suffit que je revois le film pour que ces souvenirs remontent à la surface. Oui… »
Comment avez-vos été contacté pour présider le Jury pro du festival ? :
« Un plis discret… non bien sûr : un coup de fil, ça s’était un peu amorcé l’an dernier, quand je suis venu pour les obsèques de ma mère. Ça s’est concrétisé à la première occasion. »
Pourquoi avez-vous accepté ?
« Pourquoi voulez-vous que je refuse ?... C’est évidemment l’occasion de revenir ici. C’est toujours épatant de voir des films qu’on a pas forcément le loisir de voir quand ils sortent (quand ils n’ont pas la chance de sortir à Paris). Là au moins on est clientèle captive... trois ou quatre films par jour et je vous assure qu'on se régale dans tous les sens du terme. »
Le cinéma espagnol et latino ? vous connaissez bien ? :
« Certainement moins que le spécialistes. Mais en tout cas, je ne rate pas une occasion d’en voir. Il se trouve que j’ai tourné cette année dans un film en Colombie, une coproduction franco-colombienne, une histoire qui se passait au Mexique en 1863, un grand plaisir de travailler en Amérique-du sud avec une équipe passionnée de cinéma, qui bosse bien avec les moyens du bord. Décor sublime, à trois heures au nord de Bogotá, splendide. Villa de leyva, un village où le tourisme n’est arrivé que depuis une dizaine d’années. Après ce tournage, comment refuser de rejoindre le festival du film espagnol et latino-americain d’Ajaccio. »
Une préférence sur la programmation ?
« En tant que président du jury, motus, je ne peux pas vous en dire plus ! »
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