Jean-Christophe Angelini, conseiller exécutif et président de l’ADEC (Agence de développement économique de la Corse).
- Pourquoi avoir fait voter deux rapports qui parlent du même sujet ?
- Ils parlent du même sujet, mais avec deux points d’entrée différents. Le premier est un rapport sans vote qui fixe dans le détail tous les projets liés au déploiement concret d’une ambition numérique pour la Corse à court terme. Le numérique revêt un intérêt stratégique, économique et technique. Il est indispensable, aujourd’hui, aux entreprises, aussi bien à celles qui ont fait le choix d’évoluer dans l’intérieur ou dans les zones rurales qu’à celles qui évoluent dans les zones attractives ou plus peuplées. L’idée est de poser, du « .Corsica », porté sur les fonds baptismaux il y a quelques temps, au Schéma directeur territorial d’aménagement numérique, tous les actes qui constituent la politique numérique et l’ambition numérique de la Collectivité territoriale depuis décembre 2015.
- Le second rapport est, justement, le SDTAN. Quel en est précisément l’objet ?
- Il s’agit de la phase 1 du SDTAN qui lance des marchés de travaux et des Délégations de service public (DSP) affermo-concessives dans le domaine notamment de la fibre optique et de la téléphonie. En septembre, nous aurons, d’ailleurs, un débat et un vote sur le principe de la DSP. Nous commencerons, ensuite, à regarder à qui le marché sera attribué. L’idée est de résorber plus structurellement la fracture numérique et de rattraper une bonne partie du retard que nous avons accumulé ces dernières années. Pour cela, nous avons décidé de mettre sur la table un investissement de plus de 60 millions €.
- Ces deux rapports font le même consternant constat de fracture numérique. Pourquoi l’île accuse-t-elle un tel retard ?
- La Corse est particulièrement en retard parce qu’elle a connu, historiquement, de lourdes difficultés au niveau de la couverture et de la desserte de son territoire. Il faut reconnaître que l’île, dans les années 2005, a initié un certain nombre de parcours techniques. L’Assemblée a, en 2012, voté les SDTAN, mais, malheureusement, depuis lors, rien n’a avancé. Résultat : près de 20 % des entreprises et des territoires ne sont pas connectés. Près de 30 % dans le rural. Des dizaines de zones blanches sont dans l’incapacité de bénéficier d’une desserte acceptable pour Internet et pour le téléphone mobile.
- Qu’est-ce qui a bloqué sous l’ancienne mandature ?
- Je pense que, sur le plan collectif, l’Exécutif de l’ancienne mandature a clairement manqué de volonté politique. Il ne considérait pas ce sujet comme prioritaire. Or, ce sujet-là l’était et le demeure. Je crains que le temps perdu ne puisse pas, aujourd’hui, être complètement rattrapé, même si, fort heureusement, nous n’avons pas perdu les financements et nous n’avons pas à mettre en œuvre des procédés condamnés d’un point de vue technique. Ils demeurent, pour l’essentiel, d’actualité et véritablement pertinents. Il n’y a pas de retard rédhibitoire, mais il y a quand même un regret : celui d’avoir gâché ces quelques années qui auraient pu être dédiées au développement du numérique. Nous aurions pu alors, sous cette mandature, entamer une nouvelle phase.
- Quels sont les besoins ?
- La Corse aura, au cours des années qui viennent, besoin de 5 à 10 millions € par an pour entretenir et moderniser son réseau sur l’ensemble du territoire. Nous aurions pu dédier ce temps et cet argent à autre chose ! Inutile toutefois de regretter. Regardons devant nous et avançons ! Je me réjouis que le rapport ait été voté à l’unanimité. Il appelle maintenant d’autres types de développement au cours des prochaines années.
- Quel est l’enjeu pour la Corse ?
- A très court terme, c’est de connecter l’ensemble des zones et points de l’île. Entre 30 000 à 40 000 prises permettront de bénéficier de la fibre optique jusque dans les maisons et 12 000 foyers seront raccordés dans les dix principaux bassins de vie. C’est, plus prosaïquement, d’injecter 60 millions € d’investissements dans l’économie locale sur trois ans. D’une manière plus générale, c’est de bénéficier d’une couverture qui permettra aux entreprises aussi bien qu’aux résidents d’être connectés au haut et très haut débit partout.
- Dans trois ans, n’y aura-t-il plus de zones blanches en Corse ?
- Il y aura peut-être encore des zones blanches, mais, pour l’essentiel, le retard aura été rattrapé.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Ils parlent du même sujet, mais avec deux points d’entrée différents. Le premier est un rapport sans vote qui fixe dans le détail tous les projets liés au déploiement concret d’une ambition numérique pour la Corse à court terme. Le numérique revêt un intérêt stratégique, économique et technique. Il est indispensable, aujourd’hui, aux entreprises, aussi bien à celles qui ont fait le choix d’évoluer dans l’intérieur ou dans les zones rurales qu’à celles qui évoluent dans les zones attractives ou plus peuplées. L’idée est de poser, du « .Corsica », porté sur les fonds baptismaux il y a quelques temps, au Schéma directeur territorial d’aménagement numérique, tous les actes qui constituent la politique numérique et l’ambition numérique de la Collectivité territoriale depuis décembre 2015.
- Le second rapport est, justement, le SDTAN. Quel en est précisément l’objet ?
- Il s’agit de la phase 1 du SDTAN qui lance des marchés de travaux et des Délégations de service public (DSP) affermo-concessives dans le domaine notamment de la fibre optique et de la téléphonie. En septembre, nous aurons, d’ailleurs, un débat et un vote sur le principe de la DSP. Nous commencerons, ensuite, à regarder à qui le marché sera attribué. L’idée est de résorber plus structurellement la fracture numérique et de rattraper une bonne partie du retard que nous avons accumulé ces dernières années. Pour cela, nous avons décidé de mettre sur la table un investissement de plus de 60 millions €.
- Ces deux rapports font le même consternant constat de fracture numérique. Pourquoi l’île accuse-t-elle un tel retard ?
- La Corse est particulièrement en retard parce qu’elle a connu, historiquement, de lourdes difficultés au niveau de la couverture et de la desserte de son territoire. Il faut reconnaître que l’île, dans les années 2005, a initié un certain nombre de parcours techniques. L’Assemblée a, en 2012, voté les SDTAN, mais, malheureusement, depuis lors, rien n’a avancé. Résultat : près de 20 % des entreprises et des territoires ne sont pas connectés. Près de 30 % dans le rural. Des dizaines de zones blanches sont dans l’incapacité de bénéficier d’une desserte acceptable pour Internet et pour le téléphone mobile.
- Qu’est-ce qui a bloqué sous l’ancienne mandature ?
- Je pense que, sur le plan collectif, l’Exécutif de l’ancienne mandature a clairement manqué de volonté politique. Il ne considérait pas ce sujet comme prioritaire. Or, ce sujet-là l’était et le demeure. Je crains que le temps perdu ne puisse pas, aujourd’hui, être complètement rattrapé, même si, fort heureusement, nous n’avons pas perdu les financements et nous n’avons pas à mettre en œuvre des procédés condamnés d’un point de vue technique. Ils demeurent, pour l’essentiel, d’actualité et véritablement pertinents. Il n’y a pas de retard rédhibitoire, mais il y a quand même un regret : celui d’avoir gâché ces quelques années qui auraient pu être dédiées au développement du numérique. Nous aurions pu alors, sous cette mandature, entamer une nouvelle phase.
- Quels sont les besoins ?
- La Corse aura, au cours des années qui viennent, besoin de 5 à 10 millions € par an pour entretenir et moderniser son réseau sur l’ensemble du territoire. Nous aurions pu dédier ce temps et cet argent à autre chose ! Inutile toutefois de regretter. Regardons devant nous et avançons ! Je me réjouis que le rapport ait été voté à l’unanimité. Il appelle maintenant d’autres types de développement au cours des prochaines années.
- Quel est l’enjeu pour la Corse ?
- A très court terme, c’est de connecter l’ensemble des zones et points de l’île. Entre 30 000 à 40 000 prises permettront de bénéficier de la fibre optique jusque dans les maisons et 12 000 foyers seront raccordés dans les dix principaux bassins de vie. C’est, plus prosaïquement, d’injecter 60 millions € d’investissements dans l’économie locale sur trois ans. D’une manière plus générale, c’est de bénéficier d’une couverture qui permettra aux entreprises aussi bien qu’aux résidents d’être connectés au haut et très haut débit partout.
- Dans trois ans, n’y aura-t-il plus de zones blanches en Corse ?
- Il y aura peut-être encore des zones blanches, mais, pour l’essentiel, le retard aura été rattrapé.
Propos recueillis par Nicole MARI.
Un constat accablant !
- Les habitants de l’île utilisent majoritairement le réseau téléphonique (technologie ADSL) pour accéder à Internet.
- 49,8 % des foyers sont éligibles à un débit supérieur à 8 Mbit/s et 62,8 % à un débit supérieur à 4 Mbit/s en dehors des agglomérations d’Ajaccio et de Bastia.
- A l’inverse, plus de 19,5 % des foyers et des entreprises ne disposent pas de débits supérieurs à 2Mbits/s. Ce taux atteint près de 27 % hors agglomérations de Bastia et d’Ajaccio. Or, le standard acceptable retenu par l’Etat pour un service haut débit est de 2 à 3 Mbit/s.
- Seulement 39% des foyers insulaires sont éligibles aux offres Triple Play2 (offre des opérateurs qui regroupe le téléphone, la télévision, l’internet) avec un service TV de qualité standard (SD à 4 Mbit/s) par un opérateur alternatif et 52% via une offre commercialisée par Orange / France Telecom.
- L’équipement des répartiteurs téléphoniques combiné au faible taux de raccordement en fibre optique des répartiteurs téléphoniques (ci-après NRA) de l’île affecte très fortement la qualité des offres de services effectivement délivrées aux foyers et aux entreprises.
- L’inéligibilité complète aux offres de services DSL concerne 0,5 % des lignes sur le territoire. Elles sont dispersées dans les zones fortement enclavées et très rurales.
- Les habitants de l’île utilisent majoritairement le réseau téléphonique (technologie ADSL) pour accéder à Internet.
- 49,8 % des foyers sont éligibles à un débit supérieur à 8 Mbit/s et 62,8 % à un débit supérieur à 4 Mbit/s en dehors des agglomérations d’Ajaccio et de Bastia.
- A l’inverse, plus de 19,5 % des foyers et des entreprises ne disposent pas de débits supérieurs à 2Mbits/s. Ce taux atteint près de 27 % hors agglomérations de Bastia et d’Ajaccio. Or, le standard acceptable retenu par l’Etat pour un service haut débit est de 2 à 3 Mbit/s.
- Seulement 39% des foyers insulaires sont éligibles aux offres Triple Play2 (offre des opérateurs qui regroupe le téléphone, la télévision, l’internet) avec un service TV de qualité standard (SD à 4 Mbit/s) par un opérateur alternatif et 52% via une offre commercialisée par Orange / France Telecom.
- L’équipement des répartiteurs téléphoniques combiné au faible taux de raccordement en fibre optique des répartiteurs téléphoniques (ci-après NRA) de l’île affecte très fortement la qualité des offres de services effectivement délivrées aux foyers et aux entreprises.
- L’inéligibilité complète aux offres de services DSL concerne 0,5 % des lignes sur le territoire. Elles sont dispersées dans les zones fortement enclavées et très rurales.