Gilles Simeoni, leader d'Inseme per a Corsica, conseiller territorial et maire de Bastia, entouré de Jean-Félix Acquaviva, maire de lozzi, de Hyacinthe Vanni, conseiller territorial Femu a Corsica, et de Jean-Baptiste Arena, maire-adjoint de Patrimoniu. Etaient, également, présents des élus et des militants venus de toute l’île, notamment Dominique Villard-Angeli, conseillère municipale de Prunelli-di-Fiumorbu, Guy Profizi, Anne-Laure Santucci, Ange Pastinelli, Marceau Simeoni et Marie-Madeleine Molini.
- Pourquoi votre mouvement, Inseme per a Corsica, ressent-il le besoin de réagir après la proposition de Bernard Cazeneuve et Marylise Lebranchu ?
- L’importance du moment mérite d’être soulignée. Nous sommes à la fin d’un cycle qui a débuté en mars 2010 avec les élections territoriales et s’est poursuivi avec toutes les évolutions politiques qu’a connues la société corse. Nous avons fait notre part de chemin. Nous avons construit des rapports politiques nouveaux. Nous avons identifié les problèmes. Nous proposons des solutions. Nous avons recherché un compromis historique sur un certain nombre de points entre différentes forces, hier opposées, et l’avons concrétisé par des votes majoritaires sur le principe de la révision constitutionnelle, la coofficialité de la langue corse, le transfert de la compétence fiscale, le statut de résident, le PADDUC… La question a été clairement posée à l’Etat. A-t-il ou pas la volonté d’ouvrir un véritable dialogue et de créer les perspectives d’une solution politique et d’une sortie par le haut de la crise que subit la Corse depuis 50 ans ? Nous attendions sa réponse.
- N’étiez-vous pas inquiet de la rigidité de Paris ?
- Oui ! A Femu a Corsica, nous l’avons dit à plusieurs reprises : notre inquiétude était forte. Des signes avant-coureurs nourrissaient notre pessimisme. Par exemple : le silence total du président de la République, les déclarations souvent provocatrices de Manuel Valls ou de Bernard Cazeneuve, la forme, également, de la dernière visite gouvernementale… Jusqu’au dernier moment, les élus de la CTC ont tout ignoré de l’organisation de cette visite et du contenu de la proposition ! Tous ces indices, malheureusement, laissaient présager le contenu de la position de l’Etat, exprimée par les deux ministres. Sous le vernis de la bonhomie et de la courtoisie, c'est une totale fermeture sur l’essentiel des points qui, pour nous, sont fondamentaux.
- Le « Chiche ! », lancé par Bernard Cazeneuve, ne résume-t-il pas, à lui seul, le gouffre existant entre vos attentes et la désinvolture avec laquelle l’Etat les traite ?
- Il est certain qu’il est une marque de refus total de laisser, ne serait-ce qu’entrevoir, la possibilité d’une solution ! Cela pose un vrai problème de démocratie. Dire aux Corses que, quelques soient les majorités qu’ils construisent, quelques soient les consensus qu’ils dégagent, des questions resteront en dehors du champ du débat, c’est mépriser la démocratie ! C’est exactement l’attitude de l’Etat ! Cela nous renvoie, à 50 ans d’intervalle, aux fameuses paroles de Liber Bou qui disait « Même 200 000 Corses autonomistes ne feront pas changer la Constitution ! ». Aujourd’hui, Bernard Cazeneuve nous dit que, même si la grande majorité des Corses sont d’accord sur la coofficialité, sur la nécessité d’une politique foncière et sur la préservation du régime fiscal issu des Arrêtés Miot, cela est exclu !
- Pourquoi dites-vous que la proposition de collectivité unique est un piège, « un sabotage » ? Le mot est fort !
- Nous sommes obligés de constater que le calendrier proposé est très incertain et aléatoire. On nous propose de voter par référendum sur la seule question de la réforme institutionnelle ! Nous avons toujours défendu le principe du référendum, mais par rapport à un package global, une solution d’ensemble qui intègre toutes les délibérations votées par la CTC, y compris le principe d’une révision constitutionnelle. Là, oui, le référendum a un sens ! C’est une question fondamentale. Les Corses doivent y répondre par « Oui » ou « Non », valider ou non la solution d’ensemble proposée. Nous demander de choisir entre une réforme aux contours incertains et un référendum réduit à une question, qui n’a rien à voir avec celle que nous voulons poser, est une forme de malice et de piège !
- Comment comptez-vous faire plier l’Etat ?
- Aujourd’hui, l’Etat dit clairement : « Non ! » à tout ce que nous avons construit. Cette attitude est inacceptable. Le renoncement à notre idéal est impensable. Nous avons fini d’être patients ! Alors comment faire pour construire un rapport de forces démocratiques qui nous permet d’obtenir que l’Etat valide ce que la Corse attend ? Il faut, bien sûr, continuer notre travail à la CTC, mais ce travail, à l’évidence, ne suffit pas ! Il faut renforcer la mobilisation populaire et l’implication de la société corse dans le processus en cours. Pour nous, cela se décline dans une stratégie en 5 points.
- Lesquels ?
- D’abord remettre notre mouvement, Inseme per a Corsica, au plus près du terrain et des attentes des acteurs économiques, sociaux et culturels. C’est un travail que nous ferons dans chaque région et dans chaque village jusqu’à notre assemblée générale du 18 avril prochain. Elle fixera le cap stratégique jusqu’aux élections territoriales et au-delà. Dans le même temps, nous voulons renforcer la structuration et l’opérationnalité de Femu a Corsica.
- L’importance du moment mérite d’être soulignée. Nous sommes à la fin d’un cycle qui a débuté en mars 2010 avec les élections territoriales et s’est poursuivi avec toutes les évolutions politiques qu’a connues la société corse. Nous avons fait notre part de chemin. Nous avons construit des rapports politiques nouveaux. Nous avons identifié les problèmes. Nous proposons des solutions. Nous avons recherché un compromis historique sur un certain nombre de points entre différentes forces, hier opposées, et l’avons concrétisé par des votes majoritaires sur le principe de la révision constitutionnelle, la coofficialité de la langue corse, le transfert de la compétence fiscale, le statut de résident, le PADDUC… La question a été clairement posée à l’Etat. A-t-il ou pas la volonté d’ouvrir un véritable dialogue et de créer les perspectives d’une solution politique et d’une sortie par le haut de la crise que subit la Corse depuis 50 ans ? Nous attendions sa réponse.
- N’étiez-vous pas inquiet de la rigidité de Paris ?
- Oui ! A Femu a Corsica, nous l’avons dit à plusieurs reprises : notre inquiétude était forte. Des signes avant-coureurs nourrissaient notre pessimisme. Par exemple : le silence total du président de la République, les déclarations souvent provocatrices de Manuel Valls ou de Bernard Cazeneuve, la forme, également, de la dernière visite gouvernementale… Jusqu’au dernier moment, les élus de la CTC ont tout ignoré de l’organisation de cette visite et du contenu de la proposition ! Tous ces indices, malheureusement, laissaient présager le contenu de la position de l’Etat, exprimée par les deux ministres. Sous le vernis de la bonhomie et de la courtoisie, c'est une totale fermeture sur l’essentiel des points qui, pour nous, sont fondamentaux.
- Le « Chiche ! », lancé par Bernard Cazeneuve, ne résume-t-il pas, à lui seul, le gouffre existant entre vos attentes et la désinvolture avec laquelle l’Etat les traite ?
- Il est certain qu’il est une marque de refus total de laisser, ne serait-ce qu’entrevoir, la possibilité d’une solution ! Cela pose un vrai problème de démocratie. Dire aux Corses que, quelques soient les majorités qu’ils construisent, quelques soient les consensus qu’ils dégagent, des questions resteront en dehors du champ du débat, c’est mépriser la démocratie ! C’est exactement l’attitude de l’Etat ! Cela nous renvoie, à 50 ans d’intervalle, aux fameuses paroles de Liber Bou qui disait « Même 200 000 Corses autonomistes ne feront pas changer la Constitution ! ». Aujourd’hui, Bernard Cazeneuve nous dit que, même si la grande majorité des Corses sont d’accord sur la coofficialité, sur la nécessité d’une politique foncière et sur la préservation du régime fiscal issu des Arrêtés Miot, cela est exclu !
- Pourquoi dites-vous que la proposition de collectivité unique est un piège, « un sabotage » ? Le mot est fort !
- Nous sommes obligés de constater que le calendrier proposé est très incertain et aléatoire. On nous propose de voter par référendum sur la seule question de la réforme institutionnelle ! Nous avons toujours défendu le principe du référendum, mais par rapport à un package global, une solution d’ensemble qui intègre toutes les délibérations votées par la CTC, y compris le principe d’une révision constitutionnelle. Là, oui, le référendum a un sens ! C’est une question fondamentale. Les Corses doivent y répondre par « Oui » ou « Non », valider ou non la solution d’ensemble proposée. Nous demander de choisir entre une réforme aux contours incertains et un référendum réduit à une question, qui n’a rien à voir avec celle que nous voulons poser, est une forme de malice et de piège !
- Comment comptez-vous faire plier l’Etat ?
- Aujourd’hui, l’Etat dit clairement : « Non ! » à tout ce que nous avons construit. Cette attitude est inacceptable. Le renoncement à notre idéal est impensable. Nous avons fini d’être patients ! Alors comment faire pour construire un rapport de forces démocratiques qui nous permet d’obtenir que l’Etat valide ce que la Corse attend ? Il faut, bien sûr, continuer notre travail à la CTC, mais ce travail, à l’évidence, ne suffit pas ! Il faut renforcer la mobilisation populaire et l’implication de la société corse dans le processus en cours. Pour nous, cela se décline dans une stratégie en 5 points.
- Lesquels ?
- D’abord remettre notre mouvement, Inseme per a Corsica, au plus près du terrain et des attentes des acteurs économiques, sociaux et culturels. C’est un travail que nous ferons dans chaque région et dans chaque village jusqu’à notre assemblée générale du 18 avril prochain. Elle fixera le cap stratégique jusqu’aux élections territoriales et au-delà. Dans le même temps, nous voulons renforcer la structuration et l’opérationnalité de Femu a Corsica.
Gilles Simeoni, entouré de D. Villard-Angeli, de Jean-Félix Acquaviva, de Hyacinthe Vanni et d'Anne-Laure Santucci.
- Jean-Christophe Angelini impute l’échec de Femu Aiacciu au défaut de structuration de Femu à Corsica. Allez-vous y remédier dans le sens où il le demande ?
- Je ne pense pas que le résultat d’Aiacciu, incontestablement décevant et en retrait par rapport à nos capacités réelles, soit uniquement du à un défaut de structuration de Femu a Corsica. Les facteurs sont bien plus nombreux. Il nous appartiendra de les analyser ensemble, d’en discuter sereinement et d’en tirer les leçons. Ceci étant, la structuration de Femu a Corsica et son renforcement sont des objectifs que nous partageons avec le PNC. La forme du très large rassemblement qu’est Femu a Corsica correspond à la nécessité de nous élargir et d’accueillir des militants nouveaux, y compris des forces politiques qui, demain, auront vocation, à se rassembler autour de nous et à s’intégrer dans notre démarche.
- Femu a Corsica doit-il, à court terme, devenir un parti politique ?
- Ce n’est pas la réponse la plus adaptée aux enjeux de l’heure ! Au contraire, un fonctionnement véritablement démocratique, qui permet à chaque formation de conserver son identité propre et son rôle spécifique, est beaucoup plus adapté à ce qu’il faut faire. Nous devons construire une force politique ouverte sur l’ensemble des acteurs économiques, sociaux et culturels, une force capable d’avoir un rôle moteur dans l’alternative que nous essaierons de construire, notamment à l’occasion des élections territoriales. C’est là le véritable enjeu !
- Vous désirez, aussi, reconstruire des rapports de confiance avec les autres forces nationalistes. Vu la tension qui régit vos rapports actuels, comment comptez-vous faire ?
- La première étape est, justement, de reconstruire des rapports de confiance par des rencontres, des échanges, l’analyse de la situation... Il est paradoxal qu’aujourd’hui, les deux grandes composantes du mouvement national contractent, chacune, séparément, des alliances ou des accords politiques avec des forces traditionnelles sans être capables d’entretenir, entre elles, des relations apaisées et constructives. Cette situation, il faut l’améliorer rapidement dans l’intérêt de la Corse et de notre idéal commun. A Femu a Corsica, nous avons toujours dit que la solution politique à mettre en œuvre est la recherche d’une grande plateforme regroupant l’ensemble des Nationalistes et des forces de progrès. Pour y arriver, il faut renouer le dialogue avec les autres courants nationalistes et amplifier le dialogue avec les progressistes.
- Etes-vous prêts à une alliance avec les autres courants nationalistes pour les prochains scrutins ?
- Notre attitude dans les scrutins à-venir sera la traduction de la stratégie que nous aurons mise en place. Nous disons, aujourd’hui, sur quoi nous voulons la construire. Nous appelons les autres forces politiques à réfléchir et à se positionner. Je pense, notamment, aux forces de gauche et de droite qui revendiquent une volonté d’évolution, de progrès et de rupture avec le système claniste et clientéliste. Elles doivent, aujourd’hui, le signifier clairement par des discours et par des actes. Cela nous permettra de nous engager sur le chemin d’un partenariat renforcé.
- Est-ce un préalable à l’union ?
- Pour moi, les évolutions politiques ne se posent jamais en termes de préalable ! Elles se posent en termes de conditions politiques à remplir pour être à la hauteur des enjeux. La première condition est, d’abord, de refuser la politique de fermeture de l’Etat. Quand on vote des évolutions que l’on croit indispensables, il faut se donner les moyens de les mettre en œuvre ! La deuxième est la nécessité d’une mise en cohérence. Quand on se prononce pour une alternative, pour l’émergence d’une société corse démocratique, d’un système politique ouvert et respirant, il faut rompre avec les pratiques anciennes, clientélistes et clanistes et avec un fonctionnement anti-démocratique. Il faut le dire et le faire !
- Jean-Christophe Angelini a dit un « Non » ferme à Paul Giacobbi et un « Non » global à la droite. Partagez-vous entièrement sa position ?
- Le problème n’est pas de dire « Non » à telle ou telle force politique, mais d’identifier des partenaires avec lesquels nous pouvons construire des accords au service de la Corse et de l’intérêt général. Nous sommes prêts à construire des accords avec l’ensemble des forces politiques, qu’elles viennent de gauche ou de droite, qui s’inscrivent dans une logique de projets sur des bases claires, des pratiques rénovées, un fonctionnement réellement démocratique et sur un certain nombre d’objectifs fondamentaux, notamment ceux qui ont fait l’objet de votes majoritaires ou unanimes à la CTC. Dans ces conditions, il est possible de passer un contrat de mandature, de gouvernance entre toutes les forces nationalistes et les forces de progrès.
- Pourquoi lancez-vous, en plus, un appel à la mobilisation populaire ?
- L’attitude de fermeture de l’Etat nous l’impose ! Tout le monde a compris qu’on ne pourra pas aller beaucoup plus loin au sein de la CTC. Pour construire un rapport de forces plus favorable avec l’Etat, il faut que toute la société corse s’implique. Pour cela, nous irons vers des acteurs de terrain, notamment ceux qui se sont battus eu sein du Collectif pour un statut fiscal dérogatoire, au sein du Cullettivu Parlemu Corsu pour la langue, du Collectif Stimu di stu paese… En respectant, bien sûr, leur totale autonomie, mais en essayant de construire des convergences autour de toutes les questions fondamentales que nous avons, ensemble, identifiées et des solutions que nous avons validées et que l’Etat se refuse, pour l’instant, d’envisager de mettre en œuvre !
- « Nous avons fini d’être patient ! » Qu’est-ce que cela signifie ?
- Nous avons longtemps attendu que les réponses viennent. Les réponses sont venues, mais elles ne sont pas à la hauteur des enjeux. Il nous appartient d’en tirer les conséquences. Même si notre sentiment oscille entre la révolte et la colère, l’attitude de fermeture de l’Etat ne nous conduira ni à l’excès, ni à la surenchère. Elle nous conforte, au contraire, dans notre choix de l’action exclusivement publique et démocratique. Pour autant, il est inenvisageable de renoncer à ce qui est, pour nous, essentiel et fondamental : le droit du peuple corse à l’existence !
Propos recueillis par Nicole MARI
- Je ne pense pas que le résultat d’Aiacciu, incontestablement décevant et en retrait par rapport à nos capacités réelles, soit uniquement du à un défaut de structuration de Femu a Corsica. Les facteurs sont bien plus nombreux. Il nous appartiendra de les analyser ensemble, d’en discuter sereinement et d’en tirer les leçons. Ceci étant, la structuration de Femu a Corsica et son renforcement sont des objectifs que nous partageons avec le PNC. La forme du très large rassemblement qu’est Femu a Corsica correspond à la nécessité de nous élargir et d’accueillir des militants nouveaux, y compris des forces politiques qui, demain, auront vocation, à se rassembler autour de nous et à s’intégrer dans notre démarche.
- Femu a Corsica doit-il, à court terme, devenir un parti politique ?
- Ce n’est pas la réponse la plus adaptée aux enjeux de l’heure ! Au contraire, un fonctionnement véritablement démocratique, qui permet à chaque formation de conserver son identité propre et son rôle spécifique, est beaucoup plus adapté à ce qu’il faut faire. Nous devons construire une force politique ouverte sur l’ensemble des acteurs économiques, sociaux et culturels, une force capable d’avoir un rôle moteur dans l’alternative que nous essaierons de construire, notamment à l’occasion des élections territoriales. C’est là le véritable enjeu !
- Vous désirez, aussi, reconstruire des rapports de confiance avec les autres forces nationalistes. Vu la tension qui régit vos rapports actuels, comment comptez-vous faire ?
- La première étape est, justement, de reconstruire des rapports de confiance par des rencontres, des échanges, l’analyse de la situation... Il est paradoxal qu’aujourd’hui, les deux grandes composantes du mouvement national contractent, chacune, séparément, des alliances ou des accords politiques avec des forces traditionnelles sans être capables d’entretenir, entre elles, des relations apaisées et constructives. Cette situation, il faut l’améliorer rapidement dans l’intérêt de la Corse et de notre idéal commun. A Femu a Corsica, nous avons toujours dit que la solution politique à mettre en œuvre est la recherche d’une grande plateforme regroupant l’ensemble des Nationalistes et des forces de progrès. Pour y arriver, il faut renouer le dialogue avec les autres courants nationalistes et amplifier le dialogue avec les progressistes.
- Etes-vous prêts à une alliance avec les autres courants nationalistes pour les prochains scrutins ?
- Notre attitude dans les scrutins à-venir sera la traduction de la stratégie que nous aurons mise en place. Nous disons, aujourd’hui, sur quoi nous voulons la construire. Nous appelons les autres forces politiques à réfléchir et à se positionner. Je pense, notamment, aux forces de gauche et de droite qui revendiquent une volonté d’évolution, de progrès et de rupture avec le système claniste et clientéliste. Elles doivent, aujourd’hui, le signifier clairement par des discours et par des actes. Cela nous permettra de nous engager sur le chemin d’un partenariat renforcé.
- Est-ce un préalable à l’union ?
- Pour moi, les évolutions politiques ne se posent jamais en termes de préalable ! Elles se posent en termes de conditions politiques à remplir pour être à la hauteur des enjeux. La première condition est, d’abord, de refuser la politique de fermeture de l’Etat. Quand on vote des évolutions que l’on croit indispensables, il faut se donner les moyens de les mettre en œuvre ! La deuxième est la nécessité d’une mise en cohérence. Quand on se prononce pour une alternative, pour l’émergence d’une société corse démocratique, d’un système politique ouvert et respirant, il faut rompre avec les pratiques anciennes, clientélistes et clanistes et avec un fonctionnement anti-démocratique. Il faut le dire et le faire !
- Jean-Christophe Angelini a dit un « Non » ferme à Paul Giacobbi et un « Non » global à la droite. Partagez-vous entièrement sa position ?
- Le problème n’est pas de dire « Non » à telle ou telle force politique, mais d’identifier des partenaires avec lesquels nous pouvons construire des accords au service de la Corse et de l’intérêt général. Nous sommes prêts à construire des accords avec l’ensemble des forces politiques, qu’elles viennent de gauche ou de droite, qui s’inscrivent dans une logique de projets sur des bases claires, des pratiques rénovées, un fonctionnement réellement démocratique et sur un certain nombre d’objectifs fondamentaux, notamment ceux qui ont fait l’objet de votes majoritaires ou unanimes à la CTC. Dans ces conditions, il est possible de passer un contrat de mandature, de gouvernance entre toutes les forces nationalistes et les forces de progrès.
- Pourquoi lancez-vous, en plus, un appel à la mobilisation populaire ?
- L’attitude de fermeture de l’Etat nous l’impose ! Tout le monde a compris qu’on ne pourra pas aller beaucoup plus loin au sein de la CTC. Pour construire un rapport de forces plus favorable avec l’Etat, il faut que toute la société corse s’implique. Pour cela, nous irons vers des acteurs de terrain, notamment ceux qui se sont battus eu sein du Collectif pour un statut fiscal dérogatoire, au sein du Cullettivu Parlemu Corsu pour la langue, du Collectif Stimu di stu paese… En respectant, bien sûr, leur totale autonomie, mais en essayant de construire des convergences autour de toutes les questions fondamentales que nous avons, ensemble, identifiées et des solutions que nous avons validées et que l’Etat se refuse, pour l’instant, d’envisager de mettre en œuvre !
- « Nous avons fini d’être patient ! » Qu’est-ce que cela signifie ?
- Nous avons longtemps attendu que les réponses viennent. Les réponses sont venues, mais elles ne sont pas à la hauteur des enjeux. Il nous appartient d’en tirer les conséquences. Même si notre sentiment oscille entre la révolte et la colère, l’attitude de fermeture de l’Etat ne nous conduira ni à l’excès, ni à la surenchère. Elle nous conforte, au contraire, dans notre choix de l’action exclusivement publique et démocratique. Pour autant, il est inenvisageable de renoncer à ce qui est, pour nous, essentiel et fondamental : le droit du peuple corse à l’existence !
Propos recueillis par Nicole MARI
Hyacinthe Vanni, Anne-Laure Santucci, Jean-Baptiste Arena et Ange Pastinelli.