Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse. Photo Michel Luccioni.
- Comment réagissez-vous à la décision de la droite de faire cavalier seul lors de la prochaine réunion de Beauvau ?
- Je prends acte de cette décision qui ne m’étonne pas. Politiquement, les dernières semaines ont démontré que nous avions des points de désaccord extrêmement importants avec la droite. Par exemple, nous voulons l’inscription d’un titre spécifique consacré à la Corse dans la Constitution, la droite n’en veut pas. Nous voulons un statut d’autonomie, la droite, après avoir affirmé qu’elle était favorable à une discussion sur l’autonomie, s’est alignée sur la position de son sénateur, Jean-Jacques Panunzi, et n’y est plus favorable. Nous nous battons pour la reconnaissance du peuple Corse, la droite considère que le peuple Corse n’existe pas. Nous défendons la coofficialité de la langue corse, Jean Martin Mondoloni, qui était pour, est maintenant contre. Nous considérons que le jugement du tribunal administratif annulant les articles premiers du règlement intérieur de l’assemblée de Corse et du Conseil exécutif est révoltant et qu’il revient à interdire la langue corse et à l’exclure des débats, la droite considère que ce jugement n’a pas de portée et est sans gravité. Nous luttons contre la spéculation foncière et immobilière, les députés nationalistes font adopter un texte à l’Assemblée nationale, le sénateur de droite fait tout pour qu’il ne soit pas voté au Sénat. Quand nous déposons une demande d’adaptation législative et réglementaire pour encadrer le prix du carburant dans l’île, la droite vote contre. Son attitude d’aujourd’hui n’est donc pas une surprise. Il y a entre nous des divergences fondamentales. C’est normal en démocratie.
- Vous plaidiez « pour rechercher l’accord chaque fois que possible sur les éléments essentiels », la droite annonce qu’elle fera ses propres propositions. Donc, des copies séparées ?
- Si la droite veut faire ses propres propositions, c’est son choix et je le respecte. Nous autres nationalistes, nous avons notre propre vision politique et un idéal – la terre, la langue et le peuple - pour lequel nous nous battons depuis des décennies. Nous faisons des propositions de portée constitutionnelle et des propositions de portée économique, sociale et culturelle. Comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, nous avons vocation à essayer de convaincre le plus grand nombre et de faire partager ces propositions le plus largement possible, de les porter d’abord et de façon naturelle, autant que possible, avec l’ensemble des forces nationalistes. Ensuite, avec l’ensemble des forces politiques et des forces vives qui se reconnaissent dans ce travail et qui veulent contribuer à élaborer une solution politique. Si la droite ne veut pas faire ce bout de chemin avec nous, si elle ne veut même pas essayer de le faire, c’est son choix politique. Dont acte.
- Le ver n’était-il pas dans le fruit lorsque la droite estimait qu’il fallait s’unir autour du « plus petit dénominateur commun » et que vous lui opposiez le fait majoritaire ?
- La volonté d’élargir le plus possible et de rechercher des convergences reste, pour moi, un objectif important qui n’est pas remis en cause. Ceci dit, il ne faut pas confondre la recherche de convergences avec un prétendu alignement sur le plus petit dénominateur commun pour avancer parce que le plus petit dénominateur commun, au sens où l’entend la droite, nous conduirait à renoncer à nos idées, nos demandes, nos propositions qui sont, pour nous, fondamentales. Ce processus doit venir reconnaître l’existence d’un peuple. Il doit permettre de construire une solution politique globale et de déboucher sur un statut d’autonomie. Il doit permettre de mettre en œuvre des réponses dans le domaine économique, social, culturel et sociétal. Il faut que les propositions de la Corse soient à la hauteur de ses enjeux-là. Si trouver un petit dénominateur commun, c’est renoncer à l’essentiel de ce pourquoi nous nous battons depuis des décennies, ce n’est pas envisageable !
- Ne craigniez-vous pas que l’Etat n’instrumentalise ces divergences et ne s’appuie sur la la droite, comme l’a fait Darmanin à Calvi, pour reculer sur l’autonomie ?
- Je ne fais pas de procès d’intention, ni aux uns, ni aux autres. On verra bien dans les semaines à venir si cette position participe d’une stratégie concertée, ou d’un choix qui a été fait à partir de la Corse uniquement par les forces de droite. J’ai toujours dit qu’il était normal et naturel d’écouter tout le monde et de chercher à impliquer non seulement l’ensemble des forces politiques représentées à l’Assemblée de Corse, mais aussi l’ensemble des forces politiques de l’île, et au-delà, l’ensemble des forces vives. Cela a toujours été ma volonté pour essayer de sortir de cette logique de conflits. Mais cette volonté d’impliquer tout le monde ne peut pas déboucher sur une unanimité de façade. On ne peut pas nous dire que nous n’avancerons pas si nous ne sommes pas totalement d’accord entre nous. C’est la négation du fait démocratique ! En démocratie, il y a une majorité et une minorité, et c’est le fait majoritaire qui l’emporte.
- La droite pointe du doigt « la césure » entre ceux qui condamnent les violences et ceux qui ne les condamnent pas ». Cela semble être un facteur aggravant ?
- C’est un argument affligeant ! Je n’ai pas de leçon à recevoir de la droite sur ce sujet ! J’ai exprimé ma solidarité aussi bien aux maires d’Afa et d’Appiettu qu’à Simone Guerrini. Je dis de façon très claire depuis des années qu’il ne peut pas y avoir d’autre chemin que celui de la démocratie. Non seulement je l’ai dit et répété, mais je l’ai démontré en permanence par mes choix. J’essaye, à travers chacun de mes engagements et de mes décisions, de contribuer à la paix. Là où nous en sommes dans notre histoire collective, alors que la solution est à portée de main et que la paix est à consolider, notre responsabilité est de faire comprendre à celles et ceux qui commettent ces actes qu’ils sont inacceptables et incompréhensibles et que ce chemin-là ne peut conduire qu’à une impasse. Se servir de ses actes pour venir me faire un procès d’intention est indigne ! C’est une façon d’instrumentaliser - comme ce fut malheureusement le cas pendant des décennies - pour se barricader dans l’immobilisme et le conservatisme !
Propos recueillis par Nicole Mari.
- Je prends acte de cette décision qui ne m’étonne pas. Politiquement, les dernières semaines ont démontré que nous avions des points de désaccord extrêmement importants avec la droite. Par exemple, nous voulons l’inscription d’un titre spécifique consacré à la Corse dans la Constitution, la droite n’en veut pas. Nous voulons un statut d’autonomie, la droite, après avoir affirmé qu’elle était favorable à une discussion sur l’autonomie, s’est alignée sur la position de son sénateur, Jean-Jacques Panunzi, et n’y est plus favorable. Nous nous battons pour la reconnaissance du peuple Corse, la droite considère que le peuple Corse n’existe pas. Nous défendons la coofficialité de la langue corse, Jean Martin Mondoloni, qui était pour, est maintenant contre. Nous considérons que le jugement du tribunal administratif annulant les articles premiers du règlement intérieur de l’assemblée de Corse et du Conseil exécutif est révoltant et qu’il revient à interdire la langue corse et à l’exclure des débats, la droite considère que ce jugement n’a pas de portée et est sans gravité. Nous luttons contre la spéculation foncière et immobilière, les députés nationalistes font adopter un texte à l’Assemblée nationale, le sénateur de droite fait tout pour qu’il ne soit pas voté au Sénat. Quand nous déposons une demande d’adaptation législative et réglementaire pour encadrer le prix du carburant dans l’île, la droite vote contre. Son attitude d’aujourd’hui n’est donc pas une surprise. Il y a entre nous des divergences fondamentales. C’est normal en démocratie.
- Vous plaidiez « pour rechercher l’accord chaque fois que possible sur les éléments essentiels », la droite annonce qu’elle fera ses propres propositions. Donc, des copies séparées ?
- Si la droite veut faire ses propres propositions, c’est son choix et je le respecte. Nous autres nationalistes, nous avons notre propre vision politique et un idéal – la terre, la langue et le peuple - pour lequel nous nous battons depuis des décennies. Nous faisons des propositions de portée constitutionnelle et des propositions de portée économique, sociale et culturelle. Comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, nous avons vocation à essayer de convaincre le plus grand nombre et de faire partager ces propositions le plus largement possible, de les porter d’abord et de façon naturelle, autant que possible, avec l’ensemble des forces nationalistes. Ensuite, avec l’ensemble des forces politiques et des forces vives qui se reconnaissent dans ce travail et qui veulent contribuer à élaborer une solution politique. Si la droite ne veut pas faire ce bout de chemin avec nous, si elle ne veut même pas essayer de le faire, c’est son choix politique. Dont acte.
- Le ver n’était-il pas dans le fruit lorsque la droite estimait qu’il fallait s’unir autour du « plus petit dénominateur commun » et que vous lui opposiez le fait majoritaire ?
- La volonté d’élargir le plus possible et de rechercher des convergences reste, pour moi, un objectif important qui n’est pas remis en cause. Ceci dit, il ne faut pas confondre la recherche de convergences avec un prétendu alignement sur le plus petit dénominateur commun pour avancer parce que le plus petit dénominateur commun, au sens où l’entend la droite, nous conduirait à renoncer à nos idées, nos demandes, nos propositions qui sont, pour nous, fondamentales. Ce processus doit venir reconnaître l’existence d’un peuple. Il doit permettre de construire une solution politique globale et de déboucher sur un statut d’autonomie. Il doit permettre de mettre en œuvre des réponses dans le domaine économique, social, culturel et sociétal. Il faut que les propositions de la Corse soient à la hauteur de ses enjeux-là. Si trouver un petit dénominateur commun, c’est renoncer à l’essentiel de ce pourquoi nous nous battons depuis des décennies, ce n’est pas envisageable !
- Ne craigniez-vous pas que l’Etat n’instrumentalise ces divergences et ne s’appuie sur la la droite, comme l’a fait Darmanin à Calvi, pour reculer sur l’autonomie ?
- Je ne fais pas de procès d’intention, ni aux uns, ni aux autres. On verra bien dans les semaines à venir si cette position participe d’une stratégie concertée, ou d’un choix qui a été fait à partir de la Corse uniquement par les forces de droite. J’ai toujours dit qu’il était normal et naturel d’écouter tout le monde et de chercher à impliquer non seulement l’ensemble des forces politiques représentées à l’Assemblée de Corse, mais aussi l’ensemble des forces politiques de l’île, et au-delà, l’ensemble des forces vives. Cela a toujours été ma volonté pour essayer de sortir de cette logique de conflits. Mais cette volonté d’impliquer tout le monde ne peut pas déboucher sur une unanimité de façade. On ne peut pas nous dire que nous n’avancerons pas si nous ne sommes pas totalement d’accord entre nous. C’est la négation du fait démocratique ! En démocratie, il y a une majorité et une minorité, et c’est le fait majoritaire qui l’emporte.
- La droite pointe du doigt « la césure » entre ceux qui condamnent les violences et ceux qui ne les condamnent pas ». Cela semble être un facteur aggravant ?
- C’est un argument affligeant ! Je n’ai pas de leçon à recevoir de la droite sur ce sujet ! J’ai exprimé ma solidarité aussi bien aux maires d’Afa et d’Appiettu qu’à Simone Guerrini. Je dis de façon très claire depuis des années qu’il ne peut pas y avoir d’autre chemin que celui de la démocratie. Non seulement je l’ai dit et répété, mais je l’ai démontré en permanence par mes choix. J’essaye, à travers chacun de mes engagements et de mes décisions, de contribuer à la paix. Là où nous en sommes dans notre histoire collective, alors que la solution est à portée de main et que la paix est à consolider, notre responsabilité est de faire comprendre à celles et ceux qui commettent ces actes qu’ils sont inacceptables et incompréhensibles et que ce chemin-là ne peut conduire qu’à une impasse. Se servir de ses actes pour venir me faire un procès d’intention est indigne ! C’est une façon d’instrumentaliser - comme ce fut malheureusement le cas pendant des décennies - pour se barricader dans l’immobilisme et le conservatisme !
Propos recueillis par Nicole Mari.