- Vous avez qualifié la remise du rapport sur l’autonomie de « moment historique » et annoncé un débat à l’Assemblée de Corse fin juin. En quoi est-il important ?
- Le débat aura lieu sur le fondement de ce rapport et sur le fondement aussi d’un rapport plus général que présentera le Conseil exécutif de Corse après une large consultation. Le rapport remis aujourd’hui par Romain Colonna, au nom de la Commission des compétences législatives et réglementaires, est important parce qu’il rappelle ce qu’est une véritable autonomie, c’est-à-dire un transfert de pouvoir législatif. Il rappelle également que l’autonomie est vécue au quotidien par des dizaines de millions d’Européens, notamment d’insulaires en Méditerranée, et que cela fonctionne très bien. C’est un travail précieux qui intervient à un moment décisif.
- Ce rapport conclut que l’autonomie de la Corse est compatible avec la Constitution française. Invoquer des lignes rouges pour la rejeter serait de mauvaise foi ?
- Oui ! Ce rapport démontre que ce qui était présenté, en début de processus, comme des lignes rouges, n’en sont véritablement pas dans la mesure où, y compris dans le cadre de la Constitution française actuelle, des statuts de résident sont reconnus, des statuts d’officialité, notamment des langues kanakes, et de large pratique de langues qui ne sont pas le français sont reconnus, tout comme des particularités d’accès préférentiels à la propriété foncière, identiques au statut de résident. Quand Emmanuel Macron dit : « Je ne veux pas créer pour la Corse deux catégories de citoyens », il est démontré dans ce rapport que coexistent déjà, dans la République française actuelle, deux, voire trois, citoyennetés.
- Ce rapport affirme que l’autonomie est faisable, mais quelle autonomie et avec quel périmètre ?
- Le principe de l’autonomie, que nous souhaitons, est une autonomie la plus large possible. Les compétences régaliennes ont vocation, dans le cadre du statut d’autonomie, à rester dans le domaine de l’État. Toutes les autres ont vocation à être transférées, soit immédiatement, soit progressivement, à la Collectivité de Corse. Cela doit être l’objet de la deuxième phase du processus, mais d’abord mettons-nous bien d’accord, dans les jours et les semaines à venir, sur ce qu’est l’autonomie que nous souhaitons obtenir. Il n’y aura pas d’autonomie réelle au plan politique sans autonomie fiscale, ni sans les moyens fiscaux, budgétaires et humains qui nous permettent de l’assumer.
- Présenter ce rapport la veille de la réunion de Beauvau, est-ce une manière de répondre au gouvernement qui critique votre absence de projet ?
- Le concept d’autonomie, pour lequel nous nous battons, est connu, a été validé par les urnes à plusieurs reprises et placé au cœur des débats politiques insulaires depuis un demi-siècle. Ce rapport vient rappeler ce qu’il est véritablement. Nous aurons l’occasion d’inscrire cette revendication institutionnelle dans une perspective politique, économique, sociale plus large. Ce sera l’objet du rapport que présentera le Conseil exécutif de Corse. Un véritable statut d’autonomie est une pièce de la solution politique globale que nous nous sommes donnés les conditions de construire et d’obtenir.
- Vous demandez à Gérald Darmanin de donner des gages dès la réunion de mercredi. Lesquels ?
- Il est important que la réunion de demain à Paris vienne confirmer l’état d’esprit qui était celui annoncé par le ministre Darmanin, au nom du Président de la République et de l’État, au début du processus, c’est-à-dire la volonté de donner à ce processus une véritable dimension historique. Le rendez-vous de demain porte sur le foncier. Nous aurons l’occasion de dire comment nous abordons la question foncière qui ne peut certainement pas se résoudre à des discussions techniques. Ce qui se joue à travers la question foncière et immobilière est fondamental et stratégique, c’est la lutte contre la spéculation, mais c’est aussi l’existence d’un lien indéfectible entre le peuple Corse et sa terre. La porte d’entrée est, comme nous l’avons demandé, de reconnaître constitutionnellement l’existence de ce lien indéfectible. De cette reconnaissance-là, découle tout le reste, y compris le statut de résident ou le transfert de la fiscalité des successions. Mais avant d’aborder le foncier, nous allons, comme je l’ai dit, demander à Gérald Darmanin, si oui, ou non, le gouvernement et l’État entendent respecter les engagements qui sont les leurs et prendre en compte la revendication qui nous porte et qui a été validée par le suffrage universel.
- La position de l’Etat sur le foncier et le scénario des gardes à vue, récurrent avant chaque réunion, ne sont pas vraiment de bon augure ?
- Ce sont des signes qui sont effectivement négatifs et que nous interprétons comme tels. Qu’il s’agisse d’interpellations ou d’audiencements d’affaires sur appel du Parquet général à la veille de nos débats, qu’il s’agisse des documents sur le foncier communiqués par le gouvernement et qui, manifestement, ne sont pas à la hauteur des enjeux et remettent en cause l’existence même des logiques de spéculation que, malheureusement, nous subissons au quotidien, que ce soit le report, quelque fois difficilement compréhensible, des réunions qui sont programmées… Tout cela, effectivement, nous inquiète ! Raison de plus pour que Gérald Darmanin, le gouvernement et l’État clarifient sans ambiguïté leur position.
- Partez-vous confiant à Paris ?
- Je suis confiant parce qu’il faut réussir. Il n’y a pas d’alternative heureuse à l’échec ! Mais pour réussir, il faut être deux. Du côté de la Corse et des Corses, nous sommes prêts. Nous arrivons avec nos arguments, notre légitimité avec des rapports et des propositions que nous avons reçu mandat de soutenir. Si le gouvernement et l’État veulent réussir, c’est à eux d'apporter la réponse. Il y a l’échéance du 14 juillet. Si l’État ferme la porte au dialogue, au processus, et donc au suffrage universel, nous en tirerons les conséquences et nous serons dans une autre phase politique.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Le débat aura lieu sur le fondement de ce rapport et sur le fondement aussi d’un rapport plus général que présentera le Conseil exécutif de Corse après une large consultation. Le rapport remis aujourd’hui par Romain Colonna, au nom de la Commission des compétences législatives et réglementaires, est important parce qu’il rappelle ce qu’est une véritable autonomie, c’est-à-dire un transfert de pouvoir législatif. Il rappelle également que l’autonomie est vécue au quotidien par des dizaines de millions d’Européens, notamment d’insulaires en Méditerranée, et que cela fonctionne très bien. C’est un travail précieux qui intervient à un moment décisif.
- Ce rapport conclut que l’autonomie de la Corse est compatible avec la Constitution française. Invoquer des lignes rouges pour la rejeter serait de mauvaise foi ?
- Oui ! Ce rapport démontre que ce qui était présenté, en début de processus, comme des lignes rouges, n’en sont véritablement pas dans la mesure où, y compris dans le cadre de la Constitution française actuelle, des statuts de résident sont reconnus, des statuts d’officialité, notamment des langues kanakes, et de large pratique de langues qui ne sont pas le français sont reconnus, tout comme des particularités d’accès préférentiels à la propriété foncière, identiques au statut de résident. Quand Emmanuel Macron dit : « Je ne veux pas créer pour la Corse deux catégories de citoyens », il est démontré dans ce rapport que coexistent déjà, dans la République française actuelle, deux, voire trois, citoyennetés.
- Ce rapport affirme que l’autonomie est faisable, mais quelle autonomie et avec quel périmètre ?
- Le principe de l’autonomie, que nous souhaitons, est une autonomie la plus large possible. Les compétences régaliennes ont vocation, dans le cadre du statut d’autonomie, à rester dans le domaine de l’État. Toutes les autres ont vocation à être transférées, soit immédiatement, soit progressivement, à la Collectivité de Corse. Cela doit être l’objet de la deuxième phase du processus, mais d’abord mettons-nous bien d’accord, dans les jours et les semaines à venir, sur ce qu’est l’autonomie que nous souhaitons obtenir. Il n’y aura pas d’autonomie réelle au plan politique sans autonomie fiscale, ni sans les moyens fiscaux, budgétaires et humains qui nous permettent de l’assumer.
- Présenter ce rapport la veille de la réunion de Beauvau, est-ce une manière de répondre au gouvernement qui critique votre absence de projet ?
- Le concept d’autonomie, pour lequel nous nous battons, est connu, a été validé par les urnes à plusieurs reprises et placé au cœur des débats politiques insulaires depuis un demi-siècle. Ce rapport vient rappeler ce qu’il est véritablement. Nous aurons l’occasion d’inscrire cette revendication institutionnelle dans une perspective politique, économique, sociale plus large. Ce sera l’objet du rapport que présentera le Conseil exécutif de Corse. Un véritable statut d’autonomie est une pièce de la solution politique globale que nous nous sommes donnés les conditions de construire et d’obtenir.
- Vous demandez à Gérald Darmanin de donner des gages dès la réunion de mercredi. Lesquels ?
- Il est important que la réunion de demain à Paris vienne confirmer l’état d’esprit qui était celui annoncé par le ministre Darmanin, au nom du Président de la République et de l’État, au début du processus, c’est-à-dire la volonté de donner à ce processus une véritable dimension historique. Le rendez-vous de demain porte sur le foncier. Nous aurons l’occasion de dire comment nous abordons la question foncière qui ne peut certainement pas se résoudre à des discussions techniques. Ce qui se joue à travers la question foncière et immobilière est fondamental et stratégique, c’est la lutte contre la spéculation, mais c’est aussi l’existence d’un lien indéfectible entre le peuple Corse et sa terre. La porte d’entrée est, comme nous l’avons demandé, de reconnaître constitutionnellement l’existence de ce lien indéfectible. De cette reconnaissance-là, découle tout le reste, y compris le statut de résident ou le transfert de la fiscalité des successions. Mais avant d’aborder le foncier, nous allons, comme je l’ai dit, demander à Gérald Darmanin, si oui, ou non, le gouvernement et l’État entendent respecter les engagements qui sont les leurs et prendre en compte la revendication qui nous porte et qui a été validée par le suffrage universel.
- La position de l’Etat sur le foncier et le scénario des gardes à vue, récurrent avant chaque réunion, ne sont pas vraiment de bon augure ?
- Ce sont des signes qui sont effectivement négatifs et que nous interprétons comme tels. Qu’il s’agisse d’interpellations ou d’audiencements d’affaires sur appel du Parquet général à la veille de nos débats, qu’il s’agisse des documents sur le foncier communiqués par le gouvernement et qui, manifestement, ne sont pas à la hauteur des enjeux et remettent en cause l’existence même des logiques de spéculation que, malheureusement, nous subissons au quotidien, que ce soit le report, quelque fois difficilement compréhensible, des réunions qui sont programmées… Tout cela, effectivement, nous inquiète ! Raison de plus pour que Gérald Darmanin, le gouvernement et l’État clarifient sans ambiguïté leur position.
- Partez-vous confiant à Paris ?
- Je suis confiant parce qu’il faut réussir. Il n’y a pas d’alternative heureuse à l’échec ! Mais pour réussir, il faut être deux. Du côté de la Corse et des Corses, nous sommes prêts. Nous arrivons avec nos arguments, notre légitimité avec des rapports et des propositions que nous avons reçu mandat de soutenir. Si le gouvernement et l’État veulent réussir, c’est à eux d'apporter la réponse. Il y a l’échéance du 14 juillet. Si l’État ferme la porte au dialogue, au processus, et donc au suffrage universel, nous en tirerons les conséquences et nous serons dans une autre phase politique.
Propos recueillis par Nicole MARI.