Ce livre c’est donc une histoire de famille, au singulier, donc. Mais également une histoire de familles. Celles des Valery et des Jason. Des familles qui n'appartiennent pas au même monde puisque la première est réelle et la seconde de l'ordre de la fiction. De surcroît, une mer les sépare, des terres aussi.
CNI a rencontré les deux auteurs.
- Christine Bretonnier-Andreani, vos liens avec la Corse ?
- Je suis originaire du village de Pietra di Verde. Ce village a développé mon imaginaire d’enfant bien avant ma découverte de Giono et c’est sans doute cela qui m’a permis d’explorer l’ensemble de l’œuvre de Giono, de l’étudier et de développer deux thèses sur les récits de Giono. Je suis professeur agrégé de lettres modernes, essayiste et poète, spécialiste des écrivains du XXe siècle, titulaire de deux doctorats sur Giono, le premier soutenu à la Sorbonne sous la direction de Henri Godard et le second à Denis Diderot sous la direction de Julia Kristeva. J’ai également écrit un article «Giono et la Corse » pour la revue Giono 2021.
- Marc…
- Corse d’origine, je suis né dans l’île en 1950, où j’ai longtemps vécu. Retraité de l’Education Nationale en 2013, je réside, depuis, à Pietra di Verde, mon village natal.
- Christine, pourquoi ce livre sur Giono
- Après Nietzsche qui inaugura la série avec «Nietzsche et la Corse » de Thierry Ottaviani, parler de Giono et la Corse tient du paradoxe car il est attesté que Giono n’a jamais mis le pied en Corse. Cet essai n’aurait donc jamais dû voir le jour. Or, les circonstances en ont décidé autrement. Il n’y a pas de honte à le reconnaître, seule la rencontre avec Marc Giorgi a été déterminante et la discussion que nous avons eue sur les affinités et les ressemblances entre les membres de sa famille et les personnages de Giono m’a permis aussitôt de lever le paradoxe : les ancêtres de Marc Giorgi s’incarnaient dans les personnages ; des êtres de chair et de sang entamaient leur transmutation ; leur sang se changeait en encre. Les Valery dialoguaient alors avec les Jason des Deux cavaliers de l’orage ; le village de Pietra di Verde entrait en résonance avec les Hautes-Collines de Giono.
- Marc, la rencontre avec Christine ?
- J’ai été contacté en février 2020 par Christine qui est une spécialiste reconnue de l’œuvre de Jean Giono. C’est avec joie que j’ai accepté sa proposition de collaborer à l’écriture d’un livre sur Giono et la Corse.
- Christine, le rapport entre Giono et la Corse ?
- Comment les lieux forgent les cœurs, les passions et les caractères ? Entre Echo et contrepoint, cet essai propose une réflexion sur la représentation de l’espace dans les univers fictionnels, dont il sonde les liens intimes avec la réalité. Mes thèses sont centrées sur le Giono deuxième manière, et, plus particulièrement : Deux cavaliers de l’orage ainsi qu’Ennemonde et les Récits inachevés : Cœurs, Passions, Caractères, … Cet essai porte, en grande partie, sur ces textes de Giono. Il s’agit pour moi, dans cet essai, de sonder les espaces humains (l’espace et le lieu confluant dans les « espaces humains ») que les arts mimétiques agencent par et dans les textes gioniens et de les mettre en perspective avec la réalité géographique à laquelle sont confrontés les habitants de Pietra di Verde. Gille Deleuze n’a cessé de répéter que « le devenir est géographique ». On retiendra que pour Deleuze « ce qui compte, c’est le devenir-présent : la géographie et pas l’histoire, le milieu et pas le début ni la fin, l’herbe qui est au milieu et qui pousse par le milieu » (Gilles Deleuze, Claire Parnet, Dialogues)
- Comment l'écriture s'est-elle articulée avec Marc Giorgi ?
- C’est dans ce village de Pietra di Verde que nous jouions, mes cousins Jean-Guy et Charles-Eric Talamoni et moi-même, lorsque nous étions enfants et que nos familles nous installaient dans la maison de mes grands-parents et arrière-grands-parents pour l’été. Lorsque j’ai demandé à mon cousin à qui je pouvais m’adresser à Pietra di Verde pour nourrir les correspondances entre les personnages de Giono et les villageois de Pietra di Verde, Charles-Éric a indiqué Marc Giorgi que j’ai aussitôt contacté. Nous avons d’abord échangé par téléphone pendant les premiers mois de 2020 et j‘ai conseillé à Marc Giorgi les textes de Giono autour desquels je comptais articuler cet essai. Ensuite, comme je viens dans mon appartement de Bastia tous les étés, nous nous sommes rencontrés avec Marc à Pietra di Verde, dans sa maison, et nous avons élaboré le plan et les thèmes autour desquels l’essai devait s’articuler. Nous avons réalisé comme cela trois séances de travail aux mois de Juillet et d’août 2020 et nous avons poursuivi nos échanges par téléphone pour terminer cet essai. Nous sommes toujours en contact téléphonique avec Marc Giorgi car de ce travail d’écriture en commun est née une précieuse amitié entre nous. Une fois l'essai terminé, j'ai demandé à mon cousin Jean-Guy Talamoni d'en rédiger la préface, ce qu'il a volontiers accepté.
- Marc, votre collaboration à ce livre?
- Lors de nos premiers échanges téléphoniques, Christine m’a conseillé la lecture des textes de Giono sur lesquels elle comptait travailler. Nous en avons discuté longuement. Nous nous sommes rencontrés ensuite, chez moi, à Pietra di Verde, en juillet et août 2020. Au cours de trois séances de travail nous avons défini les thèmes qui allaient être développés et élaboré le plan de l’ouvrage. Nous avons ensuite continué à échanger par téléphone et par courriels pour finaliser notre projet. J’ai rédigé la partie qui décrit le village de Pietra di Verde en mettant l’accent sur l'opposition, d'une part, entre le caractère sauvage et rude de certains lieux, qui expliquent les caractères des individus, et, d'autre part, la beauté des paysages, en harmonie avec une certaine douceur de vie. J’ai également rédigé les épisodes qui relatent la vie de ses habitants à des époques plus ou moins anciennes ainsi que le destin exceptionnel de certains d’entre eux. Cette collaboration avec Christine a donné naissance à une précieuse amitié entre nous.
- La photo de couverture, Christine ?
- Si j’ai choisi cette maison si particulière pour illustrer la première de couverture de cet essai, c’est en raison de son inquiétante étrangeté et de son caractère inaccessible, fascinant et monstrueux. C’est également pour rendre hommage à ma mère qui a peint cette maison en 1959.
- Les Projets ?
- Avec Marc et un ami musicien, professeur de piano au conservatoire de Bastia, nous travaillons sur une lecture de certains des textes de l’essai entrecoupée de musique composée pour la circonstance par notre ami Damien Michel. Nous comptons organiser ce spectacle dans le village même de Pietra di Verde, soit directement dans l’église, soit sur le parvis de l’église, en fonction des conditions météorologiques et des contraintes liées à la pandémie de Covid-19, fin juillet ou début août 2021. Si notre lecture publique de Pietra di Verde, prévue pour fin juillet ou début août, fonctionne avec le public, nous essaierons de refaire ce spectacle à Bastia dans le magnifique théâtre qui surplombe le vieux port. Nous comptons également organiser des dédicaces cet été dans les librairies de Corse.
Éditions Maïa : https://www.editions-maia.com
CNI a rencontré les deux auteurs.
- Christine Bretonnier-Andreani, vos liens avec la Corse ?
- Je suis originaire du village de Pietra di Verde. Ce village a développé mon imaginaire d’enfant bien avant ma découverte de Giono et c’est sans doute cela qui m’a permis d’explorer l’ensemble de l’œuvre de Giono, de l’étudier et de développer deux thèses sur les récits de Giono. Je suis professeur agrégé de lettres modernes, essayiste et poète, spécialiste des écrivains du XXe siècle, titulaire de deux doctorats sur Giono, le premier soutenu à la Sorbonne sous la direction de Henri Godard et le second à Denis Diderot sous la direction de Julia Kristeva. J’ai également écrit un article «Giono et la Corse » pour la revue Giono 2021.
- Marc…
- Corse d’origine, je suis né dans l’île en 1950, où j’ai longtemps vécu. Retraité de l’Education Nationale en 2013, je réside, depuis, à Pietra di Verde, mon village natal.
- Christine, pourquoi ce livre sur Giono
- Après Nietzsche qui inaugura la série avec «Nietzsche et la Corse » de Thierry Ottaviani, parler de Giono et la Corse tient du paradoxe car il est attesté que Giono n’a jamais mis le pied en Corse. Cet essai n’aurait donc jamais dû voir le jour. Or, les circonstances en ont décidé autrement. Il n’y a pas de honte à le reconnaître, seule la rencontre avec Marc Giorgi a été déterminante et la discussion que nous avons eue sur les affinités et les ressemblances entre les membres de sa famille et les personnages de Giono m’a permis aussitôt de lever le paradoxe : les ancêtres de Marc Giorgi s’incarnaient dans les personnages ; des êtres de chair et de sang entamaient leur transmutation ; leur sang se changeait en encre. Les Valery dialoguaient alors avec les Jason des Deux cavaliers de l’orage ; le village de Pietra di Verde entrait en résonance avec les Hautes-Collines de Giono.
- Marc, la rencontre avec Christine ?
- J’ai été contacté en février 2020 par Christine qui est une spécialiste reconnue de l’œuvre de Jean Giono. C’est avec joie que j’ai accepté sa proposition de collaborer à l’écriture d’un livre sur Giono et la Corse.
- Christine, le rapport entre Giono et la Corse ?
- Comment les lieux forgent les cœurs, les passions et les caractères ? Entre Echo et contrepoint, cet essai propose une réflexion sur la représentation de l’espace dans les univers fictionnels, dont il sonde les liens intimes avec la réalité. Mes thèses sont centrées sur le Giono deuxième manière, et, plus particulièrement : Deux cavaliers de l’orage ainsi qu’Ennemonde et les Récits inachevés : Cœurs, Passions, Caractères, … Cet essai porte, en grande partie, sur ces textes de Giono. Il s’agit pour moi, dans cet essai, de sonder les espaces humains (l’espace et le lieu confluant dans les « espaces humains ») que les arts mimétiques agencent par et dans les textes gioniens et de les mettre en perspective avec la réalité géographique à laquelle sont confrontés les habitants de Pietra di Verde. Gille Deleuze n’a cessé de répéter que « le devenir est géographique ». On retiendra que pour Deleuze « ce qui compte, c’est le devenir-présent : la géographie et pas l’histoire, le milieu et pas le début ni la fin, l’herbe qui est au milieu et qui pousse par le milieu » (Gilles Deleuze, Claire Parnet, Dialogues)
- Comment l'écriture s'est-elle articulée avec Marc Giorgi ?
- C’est dans ce village de Pietra di Verde que nous jouions, mes cousins Jean-Guy et Charles-Eric Talamoni et moi-même, lorsque nous étions enfants et que nos familles nous installaient dans la maison de mes grands-parents et arrière-grands-parents pour l’été. Lorsque j’ai demandé à mon cousin à qui je pouvais m’adresser à Pietra di Verde pour nourrir les correspondances entre les personnages de Giono et les villageois de Pietra di Verde, Charles-Éric a indiqué Marc Giorgi que j’ai aussitôt contacté. Nous avons d’abord échangé par téléphone pendant les premiers mois de 2020 et j‘ai conseillé à Marc Giorgi les textes de Giono autour desquels je comptais articuler cet essai. Ensuite, comme je viens dans mon appartement de Bastia tous les étés, nous nous sommes rencontrés avec Marc à Pietra di Verde, dans sa maison, et nous avons élaboré le plan et les thèmes autour desquels l’essai devait s’articuler. Nous avons réalisé comme cela trois séances de travail aux mois de Juillet et d’août 2020 et nous avons poursuivi nos échanges par téléphone pour terminer cet essai. Nous sommes toujours en contact téléphonique avec Marc Giorgi car de ce travail d’écriture en commun est née une précieuse amitié entre nous. Une fois l'essai terminé, j'ai demandé à mon cousin Jean-Guy Talamoni d'en rédiger la préface, ce qu'il a volontiers accepté.
- Marc, votre collaboration à ce livre?
- Lors de nos premiers échanges téléphoniques, Christine m’a conseillé la lecture des textes de Giono sur lesquels elle comptait travailler. Nous en avons discuté longuement. Nous nous sommes rencontrés ensuite, chez moi, à Pietra di Verde, en juillet et août 2020. Au cours de trois séances de travail nous avons défini les thèmes qui allaient être développés et élaboré le plan de l’ouvrage. Nous avons ensuite continué à échanger par téléphone et par courriels pour finaliser notre projet. J’ai rédigé la partie qui décrit le village de Pietra di Verde en mettant l’accent sur l'opposition, d'une part, entre le caractère sauvage et rude de certains lieux, qui expliquent les caractères des individus, et, d'autre part, la beauté des paysages, en harmonie avec une certaine douceur de vie. J’ai également rédigé les épisodes qui relatent la vie de ses habitants à des époques plus ou moins anciennes ainsi que le destin exceptionnel de certains d’entre eux. Cette collaboration avec Christine a donné naissance à une précieuse amitié entre nous.
- La photo de couverture, Christine ?
- Si j’ai choisi cette maison si particulière pour illustrer la première de couverture de cet essai, c’est en raison de son inquiétante étrangeté et de son caractère inaccessible, fascinant et monstrueux. C’est également pour rendre hommage à ma mère qui a peint cette maison en 1959.
- Les Projets ?
- Avec Marc et un ami musicien, professeur de piano au conservatoire de Bastia, nous travaillons sur une lecture de certains des textes de l’essai entrecoupée de musique composée pour la circonstance par notre ami Damien Michel. Nous comptons organiser ce spectacle dans le village même de Pietra di Verde, soit directement dans l’église, soit sur le parvis de l’église, en fonction des conditions météorologiques et des contraintes liées à la pandémie de Covid-19, fin juillet ou début août 2021. Si notre lecture publique de Pietra di Verde, prévue pour fin juillet ou début août, fonctionne avec le public, nous essaierons de refaire ce spectacle à Bastia dans le magnifique théâtre qui surplombe le vieux port. Nous comptons également organiser des dédicaces cet été dans les librairies de Corse.
Éditions Maïa : https://www.editions-maia.com